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Madame Pub est une petite dame rigolote
Qui répond à Monsieur Blog avec fidélité ;
Son art de la répartie, digne des Salons passés,
Accompagne mes poésies d’attentives pensées,
En interlocutrice attentive et constante.
Monsieur Blog est romantique :
Il pleure souvent sur des causes perdues,
Exprime avec sincérité les sentiments profonds
Qu’il voudrait partager, dévoilant ses faiblesses
Ou ses ardentes passions :
Amour rimant avec toujours,
Villages paisibles, châteaux abandonnés,
Fleurs de printemps ou vent d’automne,
Eternité ou fuite des jours, sur tous les sujets,
Madame Pub répond avec ténacité.
Le dialogue est surprenant :
Vous allez pouvoir en juger.
Aux mots réveil et veille,
Madame Pub dit : cheminée.
Au mot froid, elle répond : poêle à bois.
J’avais peur du loup, dit monsieur Blog,
Et madame Pub compatissante,
Immédiatement de lui proposer :
Stage de confiance,
Et d’estime de soi.
Au motpommier, elle offre des fruits de mer,
A la prunelle des yeux,des verres incassables.
Au vent qui gronde,
Elle propose sans barguigner
L’installation d’une ventilation intégrée.
A la lecture du verbe dire ou parler,
Elle conseille
Les stages de prises de parole
Ou les cours du théâtre de l’atelier.
Si Monsieur Blog pose de multiples questions,
Avec beaucoup de points d’interrogation,
Madame Pub présente à domicile des livraisons,
Ou de multiples distractions.
La gentille Madame Pub,
A l’évocation des cadeaux de Noël,
Propose pour pas grand’chose
Une beauté dans un hôtel de luxe.
Il y a pire, ou plus dôle, c’est selon,
Quand un poème évoque la dépendance,
Madame Pub présente avec un certain aplomb
Des étiquettes à coudre, personnalisées.
Fouette, fouette, cocher,
C’est l’électro-ménager qu’il faut changer.
Et quand s’endorment les gens de ce morne village,
Madame Pub fait l’article
Des matelas à ressorts ou de confortables oreillers.
Pour élargir ma primitive pensée,
A la question existentielle posée:
Qui suis-je ? Qui suis-je ?
Madame Pub a la réponse importune:
Tests en ligne pour sept euros TTC.
3 commentaires -
Au premier mai, tireli-tirela,
Dans les rues de Lyon, de Paris,
Des gens marchaient, des gens manifestaient,
Des gens défilaient, hurlaient :
C’est coutume jolie
Au premier mai fleuri :
La gauche,
Et la gauche de la gauche,
Les poings levés,
Et la droite très droite,
Tenant bien haut des drapeaux tricolores,
Et, à gauche de la droite,
S’avançaient, bonasses, les modérés pondérés ;
Venaient disciplinés les cégétistes barbus,
Et, à gauche de la petite gauche,
Les effos enflammés de bannières dansantes.
Tous criaient, brandissant des slogans,
Passant bruyamment comme des wagons de marchandises :
Patati, patata, patati, patata.
Et je ne comprenais rien,
Rien de rien.
Mais ce soir, ce soir,
Dans mon jardin parfumé de giroflées,
J’ai entendu chanter
Le premier rossignol.
J’avais ouvert ma télé pour suivre les débats télévisés :
Les umepés baragouinaient,
Coupés par les mélanchoniens
Qui n’écoutaient pas les marinettes,
Et tous s’interpellaient,
Patati, patata, patati, patata…
Non, Monsieur !
Et moi, Madame !
Et le journaliste débordé disait timidement :
S’il vous plaît, laissez- le parler …
Mais le beau parleur épuisait son discours
Sur les ondes court-cicuitées
Par les paroles enchevêtrées ;
Et le journaliste disait :
S’il vous plaît, s’il vous plaît,
Les auditeurs ne comprendront rien,
Ecoutez les réponses, au moins !
Et moi, l’esprit obscurci de toutes ces parlottes,
Je ne comprenais rien, rien de rien.
J’ai donc pris ma télé-commande,
Et, souveraine, j’ai bouclé le débat : clac !
Je suis sortie dans mon petit jardin
Tout odorant des pluies printanières,
J’ai écouté, étonnée et ravie,
Le premier rossignol chantant sur le pommier fleuri.
J’ai tout compris, tout compris…
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