• Toi qui es doux et tendre

    Pour adoucir ma peau couverte de blessures,

    Toi dont la parole fraîche

    Embaume mes lèvres gercées,

    Toi qui chantes comme cigale en été

    Sous le bleu d’un ciel clair et joyeux,

    N’écoute pas mes paroles accablées

    Par le poids d’un passé malheureux ;

    Je ressemble au couchant de l’automne

    Dont l’horizon flamboie encore un peu :  

    J’attends le lendemain entre espoir et sourire,

    Lavée des ennuis aux ailes grises

    Et de l’abîme qui foudroie.   


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  • Dans l'écluse moirée

    La péniche s'avance,

    Fière du sable doré

    Pour une tour immense.

     

    On ferme les vantaux:

    L'eau s'engouffre en grondant,

    Et la péniche danse

    En montant sur les eaux.

     

    Sur le fleuve calmé

    La péniche s'en va,

    De son allure tranquille,

    S'en va vers la grand'ville

    Où l'on bat le béton.


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  • Tu le disais,

    Mais tu ne le dis plus.

     

    Tu parlais

    Mais tu ne parles plus.

     

    Tu le faisais,

    Mais tu ne le fais plus.

     

    Tu souriais,

    Mais tu ne souris plus.

     

    Tu chantais,

    Mais tu ne chantes plus.

     

    Adieu !


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  • -Frère, mon beau seigneur,

    Puisse Dieu en ce jour nouveau vous honorer !

     

    -Avec les chants des anges, frère Odulon,

    Pour votre politesse, soyez loué !

     

    -Beau sire, vous me flattez,

    Jamais en si gentil salut, je ne fus salué.

    Que Dieu vous bénisse, messire,

    En ce beau jour d'été ! 

     

    -En grande loyauté,

    Je vous aime,Odulon,

    Autant que notre mère vous aime !

     

    -Aussi beau que soleil de l'aube,

    Frère Hurion, vous éclairez ma journée,

    Et je serais félon

    Si je méconnaissais votre courage et votre dignité !

     

    -Mon bon seigneur,

    Par moi, ne soyez jamais irrité :

    Voulez-vous que demain,

    Nous cheminions ensemble ?

    A cheval, dans les prés verdoyants sur la vallée,

    En bonne compagnie pourrons chasser :

    Descendons de nos fières forteresses,

    Vous de Girsberg le château,

    Et moi du fort de Saint-Ulrich.

     

    -Bel ami, que le plus matinal de nous deux,

    D'un trait d'arbalète fiché dans le volet

    Eveille celui qui dort

    Derrière le volet clos

    De la chambre assombrie.

     

    -Frère, mon bel ami,

    Avec l'aide du Dieu vivant

    Et les trompes des anges,

    Je vous éveillerai le premier,

    N'attendant ni la cloche sonore,

    Ni le coq à l'ergot dressé.

     

    -Comte, vous voulez rire, je crois,

    Rire ou bien plaisanter !

    De Saint-Ulrich au château de Girsberg,

    Ma flèche sitôt cochée

    Dans le bois de votre volet clos

    Vous sortira du songe

    Où vous aimez vous prélasser !

     

    Le lendemain,

    Déjà vêtus du mantelé broché,

    Sur leurs épaules rondes et musclées,

    Les deux frères tout ensemble

    Ouvrirent leurs deux fenêtres,

    Et, d'un château à l'autre,

    La flèche rapide de l'agile Hurion

    Atteignit Odulon en plein cœur,

    Rougissant de sang pur

    L'olifan d'ivoire blanc

    Qui onc ne chanta plus.

     

    Odulon n'a senti ni peur, ni souffrance :

    Il tombe en pâmoison,

    Ses yeux pâlissent et se ferment,

    Il est mort à l'instant.

     

    -O, mon frère bien-aimé,

    Toi, vaillant chevalier preux et courtois,

    Sache que de la terre au ciel,

    Il n'y aura plus pour moi de jour en repos :

    J'ai perdu mon frère, mon ami,

    Je ne peux que gémir et pleurer !

     

    Il s' arrache à poignées les cheveux,

    Il crie sa grande peine,

    Il bat sa coulpe,

    Demande à Dieu merci…

    Hurion ne saurait assez

    Sur lui-même se venger,

    Meurtrier de son frère,

    Dans l'heure, sans confession et sans pardon,

    Il en meurt de chagrin…

     

    Père et Mère, pleurez le beau lignage,

    Pleurez sur vos deux fils,

    A grande douleur qui ne guérira pas.

    Frappez votre poitrine offerte,

    Et que Dieu vous protège,

    Et que les saints du Paradis

    Vous tendent les bras…

     

    Il n'y a plus de comtes à Ribeaupierre :

    Et ne restent à présent

    Sur les pitons escarpés des Vosges sombres

    Dressés comme des poings vengeurs

    Au-dessus de Ribeauvillé,

    Que des ruines de mur et un donjon carré

    Où souffle la complainte cruelle et éternelle

    Des deux frères qui s'aimaient tant d'amitié


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