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Par Genecomte le 3 Janvier 2015 à 12:44
Lire le matin est un plaisir bien coupable :
L'aspirateur est silencieux,
Le placard reste vide,
Le courriel égrène sa litanie.
Il faut voler du temps sans attendre le moment propice ,
Lire au feu rouge quelques vers de Verlaine,
Les répéter comme on suce une friandise jusqu'à l'arrêt suivant,
Lire les dernières lignes du dernier chapitre,
En touillant d'une main le potage sur le feu,
Lutter contre le marchand de sable bienveillant,
Pour tourner page après page l'essai passionnant,
Brandir dans le métro un vieux poche écorné,
Roi minable, roi détrôné parmi les écrans cliquetant.
Un bon livre est un train traversant le paysage,
Et quand il entre en gare, son voyage terminé,
On est nostalgique comme un lendemain de fête
Car le plaisir était dans le voyage.
Le livre lu repose sur l'étagère :
Nulle envie d'ouvrir un nouvel ouvrage,
Alors, on s'ennuie un peu, dans le vide,
En attendant l'autre livre qui mangera le temps.
La poésie de Geneviève,
le 3 janvier 2015
3 commentaires -
Par Genecomte le 2 Décembre 2014 à 14:31
Il y a dans le jardin
Un p’tit landau charmant,
Des brassières vont séchant
Su’fil à linge branlant.
Eliaz n’est pas au loin,
Il est mort à Verdun.
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Dans le jardin mouillé
Un p’tit vélo rouillé.
Dans le jardin chantant,
Un p’tit camion d’fer blanc.
Yves est parti un biau matin,
Mais pour mourir à Verdun.
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Il y a dans le jardin
Un arrosoir d’enfant.
Il y a dans le lavoir
Un petit canard blanc.
Merlin n’s’ra pas marin,
L’est ben mort à Verdun.
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Il y a dans le boudoir
Un bureau d’écolier,
Une plume a séché
Dans l’encrier cassé.
Brizh plus jamais n’écrira,
Brizh est mort au combat.
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Il y a dans le jardin
Un grand fauteuil d’osier,
Un canotier percé
Tombé dans les rosiers.
Brieuc n’est pas marié,
S’est juste fiancé.
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Il y a au cimetière
Cent mille cris de colère.
Des fronts pour les démons,
Du sang pour la nation.
Des noms et des prénoms
Pour une génération.
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Sur la place du village
Un monument gravé :
Cent noms qu’on a jetés
A la postérité.
N’ont eu que leur enfance,
Sont tous morts pour la France.
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Par Genecomte le 19 Novembre 2014 à 20:20
Ce soir, qu' y-a-t-il-donc à la télé?
Une attaque de banque,
De l'hémoglobine, un braquage,
Un tueur à gage,
Un témoin et son exécution.
Le pain moisit dans les tranchées,
Un tir d'obus effondre la tranchée.
Un déluge de feu et d'acier
Fauche un million d' hommes.
Mais aujourd'hui à la télé :
De fins limiers, des policiers, pas de quartiers !
Batailles de l'Aisne, de la Vesle, de l'Argonne,
Calais, Boulogne, Dunkerque,
Et le conflit s'étend, s'embourbe.
Les soldats tombent, criant maman en toutes langues
Et meurent dans les assauts inutiles.
Quel film iras-tu voir ce lundi ?
Un Scénario de feu et de sang,
Une Machine à tuer,
Un Mystérieux commando,
Attaque au vitriol dans un super-marché.
Sur le Chemin des Dames,
Cinq mille canons vont tonner.
Les tirailleurs sénégalais ne verront plus le pays,
Les femmes ont fauché les derniers blés,
Les cathédrales vont s'effondrer.
Quel nouveau jeu as-tu chargé ?
Terreur à l'hôpital,
La Vengeance invisible,
Piège fatal, le Suspect matraqué.
Verdun, Douaumont, pris et repris pour rien,
Des blessés, des morts,
Des hommes devenus fous,
Des poètes , des chercheurs, des artistes
Des gens de bien,
Assassinés, perdus pour l'humanité.
Quel cadeau pour Noël cette année ?
Ewen aura son bateau de pirate,
Un costume de flibustier.
Pour son cousin gringalet,
Puisqu'il est si gentil,
Le Père Noël trouvera un fusil,
Une mitraillette, un pistolet,
Une arme qui fasse vrai : pan pan pan !.
La terre est polluée par les armes chimiques,
Dans les cratères bleuissent encore les aciers.
Et quel bouquin dans la vitrine ?
Le Monstre sanguinaire,
Traque en montagne, Violence sur les proies.
Et quelle affiche sur le bus ?
Encore un monstre aux yeux injectés,
Un soldat défiguré.
Centenaire de la Grande Guerre :
On a ouvert des musées,
Des stèles se sont élevées vers le ciel
Pour que nos vétérans ne soient pas oubliés.
On a pleuré l'horreur d'une guerre cruelle,
Dans les journaux, dans les écoles, à la télé, au ciné ;
On a déposé des fleurs rouges, bleues et blanches
Au pied des monuments de nos villages,
Mais on adore toujours autant la souffrance et la mort.
Alors, je crie ma colère.
4 commentaires -
Par Genecomte le 7 Novembre 2014 à 10:57
Il faut le dire au futur
Et le penser au présent
Devant le miroir grossissant
Qui ne pardonne rien.
Mais ce sera sans larmes amères,
Plutôt un sourire en coin,
Car personne ne le dira
Mais vieillir, c'est aussi aussi très bien !
Faire risette à un bébé dans sa poussette
Sans que sa mère ne se mette à trembler ,
Le sentant en grand danger d'être enlevé.
Sourire au jeune homme qui vient de libérer sa place,
Au voisin de palier,
A l'inconnu sur le marché,
Sans soulever aucune ambiguïté.
Chanter à tue-tête un cantique,
Une mélopée, un tube yé-yé,
Esquisser des pas de country
Après un apéritif entre amis,
Et susciter un regard amusé mais poli.
Pleurer sans honte dans la salle de ciné
Emue par un mélo démodé,
Marcher d'un pas décidé
Sans souffrir sur des talons effilés.
Partir sur un coup de cœur
Pour Rome ou Barfleur,
Et se nourrir tout le mois
D'immondes pâtés de foie.
Aller en avant-première
Aux soldes privées
En évitant l'heure du déjeuner.
Parler à mes fleurs,
A mon chat,
Interroger mon armoire ouverte
En hésitant sur le choix.
Jouer du piano à minuit,
Lire un bouquin la nuit,
Déjeuner à quinze heures,
Jeûner une Sainte journée.
Zapper vingt fois la soirée,
En insultant tout haut ma télé,
Choisir le silence ou le bruit,
Rêver dans l'ombre des songes
A de nouveaux projets.
Ecouter le son de mon cœur
Qui bat toujours, toujours
Tel un fidèle ami,
Ce cœur qui sonne
Comme un joyeux carillon
Accroché au portail d'un jardin fleuri.
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Par Genecomte le 19 Août 2014 à 11:03
Beaucoup plus, hier,
J'ai eu beaucoup plus qu'un soleil sur une plage .
Alors que râlaient les promeneurs frustrés
Enveloppés de pulls et d'impers froissés par le vent,
De l'horizon brumeux me vint un opéra :
D'est en ouest s'élançait sur le bleu prometteur
L'arc-en-ciel délavé et menteur,
Le ciel se partageant la pluie et les grêlons.
Beaucoup plus, hier,
J'ai eu beaucoup plus qu'un soleil dorant ma peau.
Au loin, sur une bande sablonneuse
Où la mer venait lécher les flaques,
Une lumière grise flottait,
Là-bas, entre ciel et mer,
Aérienne, brillante, et d'un voilage fin,
Tissée de mille gouttelettes en suspension légère,
Et le ciel hésitait, entre rire et pleurer.
Le 19 août 2014
La poésie de Geneviève
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