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Par Genecomte le 15 Octobre 2012 à 14:22
DIMANCHE 01 JUILLET 2012, A 20:59 LE PHARE DE CORDOUAN Il n'y a plus de gardien au phare de Cordouan
Pour veiller sur les vagues et le vent,
Là où l'eau douce et l'eau salée
Viennent lécher la pierre monumentale,
En une danse fougueuse
Et des étreintes dangereuses.
Nul gardien aux yeux plissés
Sur les brumeux horizons
N'allumera les feux de poix,
N'allumera les feux de bois,
N'allumera les feux de goudron.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan
Pour veiller sur les flots mugissants,
Là où l'eau douce et l'eau salée
Viennent hurler leur colère et leur joie.
Adieu au Prince Noir,
Adieu à Michel de Montaigne,
Adieu à Louis de Foix.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan
Pour veiller sur les écumes blanches.
Nul gardien n'allumera jamais
Les feux de lourds charbons,
Les feux d'huile végétale,
Les feux d'huile d'olive ou de colza.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan :
Nulle prière ne s'élèvera plus
Dans l'église muette,
Nul cantique ne résonnera plus
Sur les pilastres sculptés
Et les douces volutes.
Nul psaume jamais plus ne glissera
Sur les rinceaux à feuilles d'acanthe.
L'église écoute les vagues rugissantes
Et les voix ténébreuses des hydres monstrueuses
A l'assaut des lanternes.
Il n'y a plus personne à Cordouan,
Dernier phare habité par de fiers gardiens.
Ils n'allumeront plus le fanal sauveur
Brûlant la graisse du blanc de baleines
Que d'héroïques pêcheurs
Chassaient de leur barque légère.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan :
Sur l'estuaire dangereux
En une valse lente,
En étreinte mortelle,
Flirtent les flots tendres et cruels.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan
Pour veiller sur la pierre immergée
Dans les gouffres effrayants.
Nul n'écoutera plus d'une oreille attentive
Le bruissement des vagues en un murmure las,
Et nul ne guettera l'aube nouvelle
Et la relève attendue.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan :
Comme les algues malodorantes,
Les vagues mugissantes, tout l'été déposeront
Dans la forteresse royale,
Des paquets de touristes vandales
Gravant leur nom sur les pierres sculptées.
Il n'y a plus de gardien à Cordouan
Pour lire le ciel et les horizons bleus :
Gardien, tu lis l'ondoyante litanie
D'une inconnue sans ancre et sans esquif
Qui te dit grand merci pour les marins sauvés .
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Par Genecomte le 15 Octobre 2012 à 13:00
VENDREDI 22 JUIN 2012, A 19:15 ARITHMÉTIQUE Si un cm carré, c'est un carré
D'un centimètre de côté,
Pourquoi ne pas mesurer un objet bien rond
Par des centimètres ronds ?
La page 9 du livre de mathématiques
S'appelle récréation :
On n'y voit que des additions,
Des divisions, des soustractions :
Ce sont de barbantes révisons
Où je ne trouve que d'insolubles solutions !
Encore bien pire dans le mensonge :
Pour réviser de mieux en mieux,
On appelle jeux la page onze
Mais je m'arrache tous les cheveux !
Le maître annonce une nouvelle splendide :
Aujourd'hui, on va simplifier les fractions !
Je les vois toutes irréductibles
Et je préfère le morpion !
Si j'applique la formule :
S= L x l, et S= b x h
Pourquoi la longueur du rectangle
Devient-elle une base,
Et pourquoi la largeur du rectangle
Devient-elle une hauteur ?
La page 142 m'enseigne les partages inégaux :
Cette leçon inique
Contredit l'éducation civique !
J'apprends l'usage du rapporteur
Mais j'en connais plus d'un dans la classe,
Pour mon malheur !
Il faut aussi calculer la durée d'un parcours,
Avec les arrêts et les poursuites.
Le radar veille et la police patrouille :
130, 50 ou 30 à l'heure,
Les kilomètres ne sont pas tous de même longueur.
Les nombres complexes
Parfois sont tout petits,
Les nombres entiers
Parfois sont très grands ;
Les virgules aiment l'alignement,
Les chiffres se mettent en rangs,
Mais, comment faire,
Quand le zéro est devant ?
Qu'en déduisez-vous,
Me demande le livre spécieux ?
Je déduis ce que j'ôte
Et le vendeur fait un rabais.
Mais si, le calcul est fort utile
Pour s'offrir le monde,
Ou des babioles futiles !
Si tu as pu les épargner,
Compte les sous de ton porte-monnaie
Pour acheter les trois bonbons convoités :
Le capital n'a plus d'intérêt
Quand la tire-lire est cassée !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 09 JUIN 2012, A 13:16 LE POTAGER DE MONSIEUR CAILLEBOTTE Au printemps, à peine la terre est-elle réchauffée
Par un soleil encore timide
Que les carottes sont semées,
En lignes parallèles,
Tracées par le cordeau déroulé.
Les caïeux d'échalotes rosées,
D'une main délicate et maternelle,
En mars sont confiés à la terre.
Dès juillet, sitôt les longues feuilles desséchées,
On récoltera les bulbes oblongs,
Pour coucher au soleil les touffes encore humides,
Comme des jeunes filles séchant leur peau bronzée
Sur les blondes plages de l'été.
On les prendrait pour des sédentaires enracinés,
Mais quelques plants se déplacent pour copiner :
Thym, fraisier, persil, pourpier
Sont des rebelles
Qui se promènent où bon leur semble,
Se moquant bien du jardinier !
Les courges et les courgettes,
Semées par petits poquets,
Doivent être dorlotées tout le printemps :
Assoiffées, elles boivent comme un homme
Mais elles pourrissent sous trop de pluie ;
Les petites limaces noires et les escargots voraces
Dévoreront les jeunes pousses,
Ou bien, les tiges ligneuses et envahissantes,
Donneront d'énormes feuilles,
Grosses comme des plateaux à tarte,
Qui cacheront le soleil nourricier
Aux pauvres fruits avortés.
Les pieds tortueux des tomates
Dont les lianes cassantes sont soutenues
Par de solides tuteurs en bois
Sont veillés par les soucis et les œillets odorants :
Leur parfum trompeur
Eloigne les insectes piqueurs.
En août sont semés les oignons de printemps,
« Doux des Cévennes »,
« Long de Florence »,
Ronds et dodus
Sous leurs multiples jupons dorés.
Les choux généreux et variés,
Toute l'année se cultivent au potager :
Oiseaux, pucerons et altises
Auront ainsi tous les jours à manger !
Choux de printemps semés en automne,
Choux de l'été à la rapide croissance,
Choux d'automne et d'hiver
Que les gelées décorent de perles fines,
Choux cabus, choux pommés,
Choux de Milan à la robe bleutée,
Choux-fleurs protégés par leurs robustes feuilles,
Brocolis élégants singeant le pin parasol,
Les choux de nos jardins ont oublié leur ancêtre bravache
Affrontant sans broncher
Les embruns de nos côtes sauvages.
Les cloches de verre de Monsieur Caillebotte
Brillent sur ses tableaux admirés,
Mais dans le potager rénové,
Elles étincellent au petit jour,
Protégeant comme de coûteux joyaux
Les plantules fragiles et tendres,
Au cou tendu vers la lumière.
Venez donc un dimanche d'été
Vous promener au bord de l'Yerres ;
Mettez un chapeau de paille,
Une capeline vaporeuse,
Une canne à bout ferré,
Prenez une ombrelle ajourée,
Vous flânerez dans le parc fleuri
Ou vous ferez un tour de barque
Sur la rivière douce et paisible.
Vous oublierez la sitone du pois
Qui grignote à grandes échancrures
Les feuilles délicates ;
Vous oublierez l'altise légère
Qui crible de trous radis et navets.
Vous oublierez la cicatelle écumeuse
Qui couvre de bave mousseuse
Lavandes et verges d'or.
Vous oublierez le puceron lanigère
Qui dépose délicatement sur les pommiers
De petits flocons laiteux,
Et même le perce-oreille détesté des enfants
Qui découpe avec acharnement méchant
Les pétales fruités,
Vous entendrez piailler joyeusement les oiseaux,
Et surtout les perruches coquines
Qui dansent sur vos têtes un ballet vert et bleu.
Et puis, poussant la porte du potager,
Vous viendrez respirer la sarriette rosée
Qui parfume les fèves ;
Sur l'hysope toujours verte,
Vous verrez butiner papillons et abeilles ;
Vous cueillerez la bourrache bleue
Pour en confire les fleurs comme des violettes.
L'estragon et la civette,
La coriandre et l'anis,
La marjolaine et l'origan odorants
Vous donneront envie de chanter.
Venez donc un dimanche
Pour cette charmante promenade :
Parfois, au détour d'une allée,
Vous verrez un étrange personnage,
Un dessinateur inspiré par les volutes du volubilis,
Suçant son crayon comme un élève appliqué.
Ou bien, un chevalet abandonné
Oscille sous le vent malicieux,
Et les guêpes pourtant effrontées
Rient d'entendre un juron étouffé.
Plus loin, une toile est abandonnée
Par le peintre fatigué
Des odeurs entêtantes d'huile et de térébinthe.
Avec un copain jardinier,
Il s'offre dans la serre un petit verre glacé.
L'aquarelliste hésite,
Entre le vert de vessie et le vert olive,
Pour donner vie aux artichauts,
Il lui faut du violet et du brun.
Bien sûr, il n'en a pas sur sa palette,
Il lui faudra des heures pour l'inventer.
Le potager se pare de tableaux
Qui sont les miroirs de la vérité implantée !
Par pleines poignées odorantes et fleuries
Vous récolterez aux portes de Paris,
Tout le bonheur offert par ce potager
Et ses courageux jardiniers…
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Par Genecomte le 15 Octobre 2012 à 12:58
LUNDI 14 MAI 2012, A 19:26 LA P'TITE BÊTE Quelle est cette petite bête
Qui monte, monte, monte,
Et ne me fait pas du tout rigoler ?
Cette petite bête est une tique
Aux crochets acérés,
Plantés méchamment
Sur ma peau douce et dorée.
La p'tite bête,
C'est le prix du paquet de café,
Le p'tit noir du comptoir
Dont je n'veux pas m'passer.
La p'tite bête qui monte, monte, monte,
Porte le joli prénom que voici : Inflation.
La petite bête,
C'est la plaquette de chocolat
Qui contient tout,
Sauf le cacao, trop cher à importer.
Quelle est cette petite bête qui monte ?
C'est le prix de ma santé :
Je paie le forfait hospitalier,
La consultation sur-taxée,
La complémentaire explosée !
Oh ! la méchante bébête,
Elle est bien accrochée,
Mon sang déjà contaminé.
La bête se promène ,
Dans les rayons du super-marché.
Le bœuf a mis des ailes en or,
Et le veau gras s'est envolé.
Le poisson frais, ou bien pané
Grimpe les escaliers.
Même le dimanche, plus de poule au pot :
Je paie la traçabilité.
Quelle est cette petite bête
Qui monte, monte, monte ?
Le prix du baril a flambé,
Ma carte bleue s'est asséchée
Pour nourrir ma voiture assoiffée.
Il fait très froid chez mes amis,
La cuve à fioul n'est plus remplie.
On ne joue plus aux tarots :
Il faut danser, sauter, gigoter,
Chauffer son lit avec une bouillotte,
Et boire un grog comme autrefois.
Mangez, mangez fruits et légumes
Si vous pouvez les cultiver :
Mais pas question de les acheter.
Tomates acides, concombres mous,
Radis creusés, triste scarole,
Même les patates ont augmenté,
La soupe est claire dans les foyers.
Achetez une voiture à pédales,
Une trottinette, un vélo rouge,
Compostez vos déchets
Pour éviter la chère poubelle,
Habitez à la campagne une cabane en bois,
Creusez un puits, bâtissez une citerne :
Oubliez Fée Electricité : c'est une sorcière !
Dormez dès potron-minet.
La p'tite bête, sur ma peau parcheminée
Continue son chemin.
Bientôt, je serai totalement contaminée,
Avec des douleurs, des faiblesses et des paralysies.
La tique dévore ma carte bleue,
Mon confort et ma vie :
C'est la faute à la pénurie,
C'est la faute au soleil, à la pluie,
C'est la faute à la sur-production,
Sans oublier les mondiales tensions…
2 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 09 MAI 2012, A 10:13 LA PETITE MÉSANGE La pluie peut bien glisser
Sur ma vitre mouillée,
Le vent peut bien chanter
Dans ma cheminée grondeuse,
En pépiant d'une voix heureuse,
Dressée sur la ganivelle de châtaignier
De mon petit jardin,
La mésange tout étonnée
Découvre le monde entier
Qu'elle s'octroie par son chant.
L'oiseau nouveau-né,
Encore ébouriffé
Et tremblant sur ses pattes grêles,
M'ordonne de sortir
Dans le frais matin
Où m'attend le printemps.
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Par Genecomte le 15 Octobre 2012 à 12:57
LUNDI 30 AVRIL 2012, A 10:56 SECOND TOUR ET CONTES DE FÉES. Je suis le Prince charmant,
Versant à mains ouvertes
Les diamants de mes poches percées.
Je suis l'Ogre vorace
Transformé en Souris
Par un Chat plus malin que lui.
Je suis le Loup caché
Mettant sa veste retournée
Pour croquer les gens confiants.
Je suis le Petit Poucet,
Jetant du pain rassis
Aux oisillons affamés.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 25 AVRIL 2012, A 20:30 LE PUITS Dans le puits à la haute margelle,
Si haute que, pour se pencher sur son eau,
L'on doit gravir une volée de marches grises,
Dans le puits à la haute margelle,
Une eau repose
A je ne sais quelle profondeur,
Sombre et sans couleur.
Si je me penche pour la regarder,
Je vois le reflet de mon propre visage,
Si je souris, j'entends l'eau susurrer,
Et si je pleure sur ma vie,
Il me parvient
Du fond de la nuit
Quelques sanglots mouillés.
Parfois, je lance un appel
Qui me revient comme un écho moqueur,
Et l'eau qui effleure mon image
Frémit comme un ami fidèle.
Sous l'ondulation de l'onde profonde,
Le regard est sans vie et la voix inaudible :
Ce n'est que mon visage, sans âge et sans ami.
Et sur le puits à la haute margelle,
Les pigeons blancs avec leurs ailes rondes
Viennent draper la coupole rouillée.
Ils restent là, le soir,
Et puis s'endorment un peu,
Bercés de leurs voix chaudes
Tendrement roucoulées.
Mais un jour, au fil des saisons qui passent,
Dans l'eau sombre du puits à la haute margelle,
Lorsqu'il s'ennuie près des fleurs assoiffées,
Fatigué du vif scintillement qu'il a donné l'été,
Le soleil se faufile tout au fond de mon puits,
Filtrant dans l'eau quelques points ajourés :
Le soleil invente des étoiles.
4 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 24 AVRIL 2012, A 08:53 AFFICHAGE ÉLECTORAL Sur les murs , sur les panneaux mouillés
D'où tombent des lambeaux de papier,
Des yeux nous regardent fixement
Et suivent nos pas.
Les candidats figés n'ont pas osé sourire.
Pas d'air sévère, mais pas non plus d'euphorie :
On leur a dicté ce regard
Où ne passe nulle émotion.
Ils ressemblent à ce qu'ils sont :
Des candidats de papier .
Le papier détrempé
Leur donne un air si triste
Qu'on voudrait recoller les affiches,
Ou bien, les arracher.
L'avidité des candidats altérés de pouvoir
Sous les pluies nous attriste :
On a placé des victimes perdues
Près des écoles où rient les petits enfants.
Les apparences sont sans poids
Et le papier se déchire
Comme est déchirée la vérité.
Les fronts blanchis ont perdu toute vie,
Les images flétries pâlissent sous les pluies.
On ne lira plus les slogans,
Les programmes ou les formules :
Pourtant, les JE se dressent sur leur queue
Et proclament Roi le MOI sans couronne.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 18 AVRIL 2012, A 11:00 PETITES CHANSONS D'AUTREFOIS Fleur d'épine,
Fleur de rose,
Fleur de jadis
Fleur d'autrefois,
Ton nom ne valait pas cent écus
Quand ton honneur était perdu.
Fleur de rose,
D'ailleurs ou d'ici,
Fleur d'épine d'aujourd'hui,
Ton nom s'étale sur les journaux,
Toi qui ouvres tes pétales
Sur le net,
A la télé,
Sur le papier glacé.
Pour ton corps exposé
Aux brûlants regards,
Nulle ombre pour te cacher,
Mais des milliers de dollars
Sous les projecteurs insolents.
Ni pudeur démodée,
Ni honte avouée,
Juste un motif de fierté.
Gentil coqu'licot, Mesdames,
Gentil coqu'licot, Messieurs :
J'ai descendu dans mon jardin
Pour y cueillir du romarin.
Sur ma main ne s'est posé aucun rossignol,
Mais sur le sol, un étourneau bavard
Est venu me dire trois mots verlan :
Que les hommes ne valent rien
Et les garçons encore moins bien,
Gentil coqu'licot, Messieurs.
Des dames, me dit peu de bien,
Et des d'moiselles jamais vues,
Me dit qu'il n'y en avait plus.
Nous n'irons plus au bois,
Les lauriers sont coupés,
Les marronniers,
Les châtaigniers,
Et les tilleuls,
Les vignes et les vergers.
Les amoureux n'iront plus s'y cacher :
On a bâti mille logements,
On a bétonné les jardins.
Voyez comme on danse,
Comme on balance,
Comme on rappe dans les cages d'escalier.
Nous n'irons plus au bois,
Nous irons faire des courses
Avec un beau caddy
En guise de panier.
La douce Jeanne, la bergère
A perdu son gagne-pain,
Mais les loups dans les bois de béton
Sont de plus en plus vilains.
Ils mangent petits garçons, petites filles
Qu'on ne laisse plus sans collier :
En voiture, faut les accompagner ;
Nul jeu dans les rues,
Nulle partie de cache-cache
Dans les ruelles inanimées.
En voiture, toujours sanglés,
Petits enfants, vous n'irez plus au bois,
Vos jambes sont coupées.
Dors,
Min p'tit Quinquin,
Min p'tit pouchin,
T'as pu ton biau sarrau,
Ni d'pantalon d'drap blau,
Ni d'gilet d'lain' ben chiau.
Dans l'magasin du grand cent' commercial,
Ti trouv'ras jeans et colon léger,
J'tacatrai un nouveau portable,
Ti diras merci pour l'heur,
Mais ti voudras d'main la dernière Nitendo.
Ti crois qu'jai les mains plein'd'écus,
Ti t'crois un p'tit Milord !
Mais mi, j'ai pu d'suc à gogo,
J'ai l'chômage qui m'chagrine
Que j'crains d'vir arriver l'jour,
Et je n'dors point,
Et je n'dors point,
Point j'qu'à d'main.
A la claire fontaine,
M'en allant promener,
J'ai trouvé l'eau si belle
Que je voulus m'baigner.
Il y a longtemps que l'eau coule
Mais elle est trop polluée.
Le fleuve et la rivière
Cachent des métaux malsains,
La truite et l'écrevisse
S'élèvent dans des bassins.
Il y a longtemps que l'eau coule,
Mais elle est trop polluée.
Chante, rossignol, chante,
Chante si tu peux rêver,
Toi qui as le cœur gai,
Tu as le cœur à rire,
Moi, je l'ai à pleurer.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG
MARDI 17 AVRIL 2012, A 10:25 S'ASSEOIR S'asseoir sur un banc
Dans un parc fleuri,
Regarder pédaler les enfants,
Sourire au bonheur du passant…
S'asseoir à la terrasse d'un café
Protégé de la bise d'une écharpe enroulée,
Regarder courir les gens,
Les gens pressés qui n'ont pas de temps…
S'asseoir dans une ville inconnue
Sur les marches d'un escalier de pierre,
Ereinté d'avoir tant marché
En découvrant des monuments jamais vus…
S'asseoir dans son fauteuil préféré,
Le chat roulé sur les genoux,
La truffe du chien aux yeux de velours
Sur la main tenant un livre d'amour…
S'asseoir dans une église sombre,
Laisser l'émotion vous gagner,
Penser à ceux qu'on a aimés
Dont l'ombre protège pour l'éternité…
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Par Genecomte le 15 Octobre 2012 à 12:54
MERCREDI 28 MARS 2012, A 15:11 LE GRAND ROI BALTHAZAR Pour boire le vin impie dans les vases sacrés
Le Roi Balthazar donna en son palais
Un festin magnifique pour les grands de ce monde.
Mille vinrent s'allonger près des tables fumantes,
Vêtus de soie légère et chamarrée.
Les poignards damassés luisaient sur leur ventre tendu,
Et leurs yeux se voilaient de désirs violents
A la vue des danseuses lascives…
Il coulait des amphores toujours plus de vin
Et les hanaps vidés se remplissaient souvent.
Quand les vapeurs d'alcool embrumèrent
Sa tête enrubannée,
Balthazar fit venir dans la salle enfumée
Les vases d'or et d'argent aux prières gravées,
Les vases sacrés du Temple de Jérusalem,
Jadis volés par le Roi de Chaldée,
Nabuchodonosor à la puissante armée,
Qui détruisit le Royaume de Juda
Ne laissant des murailles que de tristes amas.
Du Temple vénéré s'emparant des richesses,
Confondant l'or sacré et l'or de ses idoles
Par son désir de gloire et sa cupidité,
Pour boire le vin impie jusqu'à l'ivresse folle,
Balthazar, son fils, par forfanterie d'impiété
Fit apporter en somptueux cortège
Les vases rutilants lisérés de rubis
Aux grands de son royaume qu'il avait invités
Pour une orgie de mets, de boisson et de chair.
En grande pompe entrèrent dans la salle
Où le repas devenait orgie, les Princes de sang
Et les émirs enturbannés aux plastrons rutilants
Venus d'Egypte et même d'Arabie,
Tenant en main comme des amis précieux
Des faucons aux yeux fous et vingt tigres d'Asie.
Pour boire le vin impie dans les vases sacrés
Volés jadis par grande impureté,
Balthazar fit porter aux grands de son royaume
Les Saints vases du Temple luisant sous les flambeaux.
Les esclaves, dont les muscles huilés
Brillaient à la clarté des lampes,
Apportèrent les vases aux épouses jalouses
Dont les vermeilles joues et les lèvres offertes
Se coloraient sous l'alcool enivrant.
Il les fit apporter aussi aux noires concubines
Dont les voiles transparents dévoilaient, impudiques,
Les douces courbes ambrées .
Aux amis du Royaume, il les fit apporter,
A leurs épouses aux yeux cernés de khôl,
A leurs concubines avides et rieuses,
Il fit apporter les Saints vases du Temple
Pour boire le vin impie dans les vases sacrés.
Ils burent et s'enivrèrent, et les ventres pansus
Sur les damas brochés se tendaient ;
Abrutis de vin lourd et voluptueux,
Ils entonnèrent des chants et des louanges
A la gloire des idoles silencieuses.
Ils louèrent leurs dieux d'or et d'argent,
Ils louèrent leurs dieux de bronze et de fer,
Ils louèrent leurs dieux de bois et de pierre,
Les dieux vivant dans les palais fastueux,
Les dieux trônant sur l'agora des villes,
Les dieux marquant les carrefours des chemins.
Ils burent et s'enivrèrent,
Buvant le vin impie dans les vases sacrés,
Les vases volés jadis au Temple vénéré.
Soudain, à la lueur des torches,
Sur le mur de la royale salle,
Apparurent des doigts sans qu'on y vît la main.
Les doigts s'approchent pour marquer dans la pierre
Des signes inconnus que nul ne reconnaît.
Quel est ce sortilège, quelle est cette magie
Qui fait trembler le Roi,
Qui fait trembler les seigneurs avinés
Qui vomissent de peur sur la moire
De leurs habits brochés ?
Quel est ce sortilège, quelle est cette magie
Qui fait trembler les épouses jalouses,
Qui fait trembler les concubines
Aux mains alourdies d'amantin ?
Quel est ce sortilège qui frappe d'une étrange stupeur
La salle où s'arrête soudain le festin ébranlé ?
Quel inquiétant silence fige danses et palabres ?
Balthazar, la voix troublée d'effroi
Se ressaisit pourtant.
Il demande qu'on fasse venir Daniel,
Daniel, le Juif déporté de Juda
Par le père du grand Roi,
Qui l'emmena, captif, avec ses frères de sang
Pour un cruel exil.
Es-tu Daniel, l'homme amené de Juda
Par le grand Roi, mon père,
Nabuchodonosor, second de la lignée,
Le plus grand des grands Rois ?
J'ai entendu dire dans mes quartiers
Où glissent en me servant mes fidèles esclaves
Que les dieux t'ont doté d'un étrange pouvoir,
D'une puissante clairvoyance qui te permet de voir
Les énigmes cachés, les songes et les présages.
Vois cette main qui grave sur ce mur
Les signes qui sont pour moi mystères inquiétants.
Dis-moi le sens de ces mots dessinés :
Tu seras pour cela bien récompensé :
Je t'accorderai la pourpre princière,
A ton cou, j'accrocherai collier d'or et de pierres
Qui flamboient à la lueur des torches.
Courbant la tête devant ton importance,
On te servira en grand apparat
Car tu seras de mon immense royaume
Le troisième homme le plus craint et le plus respecté.
Garde tes présents, répondit Daniel au grand Roi,
Pour les offrir au Dieu qui parle et qui juge.
Je déchiffrerai l'inscription céleste
Que Dieu pour ta gouverne t'a envoyée.
Roi Balthazar, tu t'es élevé contre ton Seigneur,
Tu t'es servi des vases sacrés pour boire le vin impie,
Toi, les puissants du royaume aux oreilles percées
De topaze et de rubis,
Vous, les épouses aux yeux cernés de khôl,
Vous, les concubines avides d'agates et de grenats,
Vous avez tous rendu grâce,
Vous avez chanté les louanges
A vos dieux d'or et d'argent,
A vos dieux de bronze et de fer,
A vos dieux de bois et de pierre,
A vos dieux vivant dans les palais somptueux,
A vos dieux trônant sur l'agora des villes,
A vos dieux marquant les carrefours des chemins.
A ces dieux sourds et aveugles,
Vous avez rendu gloire, et, comme des loups affamés,
Vous vous êtes empiffrés de mets rougis de sang.
L'œil engourdi de vin,
Vous avez profané les vases vénérés.
Toi, Balthazar, tu n'as pas célébré le Dieu vivant
Qui tient ton souffle dans sa main.
Au mur sont gravés trois mots :
Compté,
Pesé,
Partagé.
Compté : Dieu a compté les jours de ta vie
Et de ton règne éphémère,
Pesé : Dieu t'a pesé dans sa balance
Et t'a trouvé trop léger.
Partagé : ton royaume puissant sera divisé,
Tes ennemis, Mèdes et Perses
Se partageront tes restes,
Comme les coyotes aux dents acérées
S'arrachent la dépouille fumante
D'une brebis dépecée.
Comme le sel fond dans l'eau
Sans qu'un seul grain n'apparaisse,
Ton royaume, Balthazar, sera dissous
Dans l'Empire qui s'étendra
De l'Egypte à genoux jusqu'aux confins de l'Indus.
Ainsi mourra le second empire des Assyriens :
Cyrus délivrera les Juifs captifs à Babylone…
Ne prenant ni lame, ni glaive,
Ils marcheront dans le sable et la pierre ;
Ils reverront leur lointaine patrie
Pour rebâtir à Jérusalem le Temple détruit.
Ils fondront l'or et l'argent
Dans les creusets de pierre,
Pour replacer dans le Saint des Saints
Aiguières nouvelles et vases sacrés.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 17 MARS 2012, A 12:59 LES BALCONS DU PÈRE CANTOCHE C'est une petite fille derrière la balustrade,
Une fille gracile aux grandes nattes dorées :
Elle surveille les miraculeuses graines de souci
Qu'elle a semées hier dans un joli pot de grès,
Mais hélas, les graines n'ont pas encore germé.
La jeune fille a attendu patiemment
Que partent ses parents :
Ses yeux cernés de noir se plissent sur le lointain,
Ses lèvres roses sourient sur un rêve inavoué.
Elle penche son corps léger, en étirant sa nuque,
Au loin vrombit un moteur pétaradant.
Ses grosses jambes dilatées ne peuvent plus la porter.
Elle épluche des pois verts en murmurant un chant,
Attendant devant sa fenêtre de voir quelques passants.
La durée du jour sur ce balcon semble une éternité :
Elle est vieille et sourde, impotente et usée,
Elle respire le soleil pour mieux se réchauffer.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 11 MARS 2012, A 21:47 DE QUOI TU T'MÊLES? M'enfin, tu t'mêles de quoi ?
Un plâtre sur le pied,
Pauvre voisin handicapé !
Je pars en course,
Monsieur, voulez-vous du pain,
Pour aujourd'hui ?
Pour demain ?
De quoi tu t'mêles ?
J' me mêle de toi.
Mais, de quoi tu t'mêles
Encore une fois ?
Amie, les traits tirés,
Le regard attristé :
On va se faire un p'tit café ,
Histoire de bavarder,
Histoire de causer ?
De quoi tu t'mêles ?
J'me mêle de tout,
J'me mêle de toi !
Même le chien dans la rue,
Le chien fatigué et perdu :
Montre ton joli collier,
Viens manger la sousoupe !
De quoi j'me mêle ?
J'me mêle de tout,
Même des toutous.
A l'enfant capricieux,
J'fais les gros yeux,
A l'enfant souriant,
Un clin d'œil amusé,
Un p'tit bonjour au petit vieux,
Un p'tit coucou
Au facteur grincheux.
De quoi j'me mêle ?
J'me mêle de tout,
J'me mêle de toi.
L'oiseau hors du nid,
La guêpe engluée,
Faut que j'aille les sauver.
J'lis les journaux,
J'prends les infos,
Tout m'intéresse,
La politique et les contes de fée.
Tout compte pour moi,
Greffer les rosiers avec un jardinier,
Comprendre les frontières avec un historien,
Je m'intéresse à tout,
A toute l'humanité.
J'me mêle de tout,
De tout, de tout,
Et même de toi.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 01 MARS 2012, A 10:40 SOLEIL DU MATIN Coffre d'ébène, le ciel aux mille clous étoilés
Du Levant, une clef…
Un soupir, une fumée, la nuit s'échappe,
Et lentement transpire
La mousseline des rêves,
Et lentement se déchirent
Les noires dentelles des cauchemars crochetés.
Sur le clocher du village,
Un flocon de mohair blanche.
Gongs soudains :
Premiers du magicien,
Seconds de la fée…
Etiré, illimité,
Un clair foulard de soie
A l'horizon se drape.
Au plus loin, sur le dos arrondi des vallons,
La danse des voiles mauves
Et des châles dorés,
Sous le précieux scintillement
D'un énorme rubis taillé.
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