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    SAMEDI 25 FÉVRIER 2012, A 10:27
    LE CHAT
     

     

     

    Il n'y a pas toujours eu d'enfant chez moi,

    Mais un jour, il y en a eu dans mes bras,

    Un enfant câlin avec des yeux rieurs,

    Puis un enfant râleur

    Claquant les portes en de soudaines rages.

    Il n'y a pas toujours eu d'enfant chez moi,

    Mais il y a toujours eu un chat,

    Un chat ronronnant dans mes bras,

    Un chat se pelotonnant sur moi.

     

    Il y a eu longtemps un homme avec moi,

    Un homme à la voix de velours,

    Un homme m'enserrant dans ses bras.

    Puis, un homme qui ne me voyait plus,

    Me laissant seule avec mon chat.

    Il n'y a pas toujours eu d' homme chez moi,

    Mais il y a toujours eu un chat,

    Un chat ronronnant dans mes bras,

    Un chat se pelotonnant sur moi.

     

    Souvent, des amis sont venus pour boire,

    Et réchauffer mes frileuses veillées,

    Mais les hivers où la lune fait peur,

    J'ai attendu en pleurs que l'on sonne le soir.

    Je n'ai pas toujours eu d'amis chez moi,

    Mais j'ai toujours eu un chat,

    Un chat ronronnant dans mes bras,

    Un chat se pelotonnant sur moi…

     

     

     

     

     

    MARDI 21 FÉVRIER 2012, A 23:29
    ELECTIONS
     

     

     

    Personne ne parlera pour moi :

    Ni le journaliste bavard,

    Ni le copain ambitieux,

    Ni le voisin formaté.

     

    Personne ne parlera pour moi :

    Je sonderai les reins sans préjugés,

    J'écouterai avec lucidité le son vibrant

    Qui résonne en mon cœur.

     

    Pas même ne parlera pour moi l'ami :

    Ma vérité ne sera pas habillée,

    Ma justice ne sera pas aménagée,

    Mon choix se fera sans parti.

     

    Personne ne parlera pour moi,

    Personne ne s'assiéra dans mon fauteuil,

    Personne ne boira dans mon verre,

    Personne ne me dira pour qui je dois voter.

     

     

    SAMEDI 18 FÉVRIER 2012, A 09:25
    FIN D'HIVER.
     

     

     

    L'or silencieux des courageux crocus

    Et des rigides jonquilles

    Ont effleuré un éphémère printemps.

    Une bonne vieille pluie

    A glissé dans la nuit

    Un sentier odorant sur les terres mouillées,

    Et trempé les troncs verdis .

    L'hiver qui s'épuise écourte le sommeil

    Et les herbes foulées ouvrent

     De trompeuses senteurs d'avril :

    Mon visage attend les feuilles vertes

    Sur des arbustes encore noircis par le gel :

    Hélas, c'est encore et encore février.

     

     

    MERCREDI 15 FÉVRIER 2012, A 09:59
    BRUME D'HIVER
     

     

     

    A la couvée nocturne,

    Les images déliées n'existent plus.

    Sous les mousses de bruits,

    Les fleuves et les rivières n'avancent pas.

    Disparaissent aux aurores pâles

    Les nouvelles lumières éteintes par le silence.

    La présence haute des solitudes

    Captive les étoiles confondues par la ville.

    Endormeuse, livide,

    La lune ronde et triste

    Fermente face à la terre opaque.

    Mais au loin,

    Des oiseaux sans nid,

    Avec leurs ailes folles et leurs vols tremblants,

    Glissent sur les miroirs de l'air

    En poussant des cris de misère.

     

     

    MARDI 14 FÉVRIER 2012, A 21:08
    LE 14 FÉVRIER
     

     

     

     

     

     

    Il a suffi d'une rose,

    Il a suffi

    D'un message aux cent mille parfums,

    Il a suffi

    D'un ciel de lit clouté d'or.

    Il a suffi d'une musique,

    De quelques paroles murmurées.

    Il a suffi d'un regard, d'un sourire,

    D'une main pressée.

    Ce n'était rien,

    Juste un tout petit rien.

    Quand j'ai mis mes pas dans les tiens,

    Mon  cœur a valsé

    Sur un rythme à trois temps.

    Et sur trois petits mots

    Tendrement prononcés,

    J'ai fêté la Saint-Valentin.

     

     

    JEUDI 02 FÉVRIER 2012, A 18:15
    FÛT-ELLE FÉE?
     

     

     

    Fût-elle fée,

    Fût-elle reine ?

    Quatre gouttes de pluie

    Au bord de ses cheveux,

    Une larme, peut-être,

    Ou la rosée du jardin ?

     

    Fût-elle fée,

    Fût-elle reine,

    Son regard brillait,

    Sa lèvre semblait douce,

    Son pied dansait joliment,

    Et moi, je me sentais si bête !

     

    Fût-elle fée,

    Fût-elle reine,

    Comment la regarder,

    Et comment lui parler ?

    Il ne faut rien gâcher,

    Une fée, ça peut si bien s'envoler…

     

    Elle portait sur les épaules

    Des voiles de papillon,

    Des épaules ou des ailes ?

    Je n'osais m'approcher !

    Si proche et si lointaine,

    Je n'osais la frôler…

     

    Ses yeux gardaient des eaux vertes

    La profonde mélancolie,

    Je voulais la faire rire,

    Je ne pouvais parler.

     

    Fût-elle fée,

    Fût-elle reine,

    Elle n'aurait pu

    Avoir d'aussi longs cheveux,

    Ses boucles dorées où jouait la lumière,

     

    Je n'osais les toucher.

     

    Et puis, elle a marché sur le sentier,

    Sans avoir l'air de se presser :

    Je la suivis, la tête en l'air

    Je me faisais le pas léger.

    Et puis, elle a tourné la tête

    En souriant au petit chien qui la suivait…

     

     

    JEUDI 02 FÉVRIER 2012, A 17:43
    LE DON LE PLUS PARFAIT
     

     

     

    Tu m'as fait don du plus parfait sommeil,

    Celui où l'habitant des rêves était connu,

    Car ton visage se dessinait la nuit

     Devant mon ignorance.

     

    Tu m'as fait don du plus parfait sourire,

    Celui qui se transmet de visage en visage

    Et se répand en onde chaude

     Comme un soleil d'été sur les jardins.

     

    Tu m'as fait don du chant parfait,

    Celui qui s'enfuit de mes lèvres

    Quand je ne pense à rien,

    Et celui qui s'invente sur l'ivoire du piano.

     

    Tu m'as fait don du plus parfait poème,

    Celui que l'on écrit par terre ou dans un train,

    Attentif à la voix de l'oiseau

    Qui chante en soi sans savoir qui l'écoute.

     

     

     

     

     


    JEUDI 02 FÉVRIER 2012, A 17:07
    AVEU
     

     

    Aveu

     

    Sûrement, tu me l'as dit,

    Si bas, si bas,

    Sûrement, je l'ai senti,

    Si fort, si fort…

    Mais tes lèvres sont restées

    Fermées,serrées,

    Serrées, fermées,

    Et seulement, j'ai cru t'entendre…

     


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  •  

    JEUDI 26 JANVIER 2012, A 12:04
    RÉUSSIR
     

     

     

    Tu n'es pas compétitif,

    A cause de tes chaussures,

    De ta cravate,

    De ta montre,

    De ta bedaine,

    De ta dégaine…

     

    Tu n'es pas compétitif :

    Tu arrives juste à l'heure,

    Tu repars quand c'est l'heure !

    Tu fais tes huit heures

    Et tu t'en vas, comme ça !

     

    Tu n'es pas compétitif :

    Tu prévois tes congés,

    Tu prends tes R.T.T,

    Vraiment, tu manques de sérieux,

    On se demande quel est on jeu !

     

    Tu n'es pas compétitif.

    Tu n'as pas le verbe haut,

    Tu ne sais ni toiser, ni bafouer :

    Tu copines avec le gardien,

    Tu écoutes les plus anciens.

     

    Tu n'es pas compétitif :

    Tu n'emportes pas de dossiers,

    Tu prends le temps de déjeuner,

    Et même, tu dors toute la nuit

    Sans t'inquiéter !

     

    Tu n'es pas compétitif.

    Tu remplis juste ton contrat.

    En protégeant ta vie privée

    Tu t'es discrédité.

    Tu encours donc notre mépris,

    Puisqu'on n'a plus d'estime pour toi,

    Tu partiras quand on le voudra.

     

     

    MERCREDI 18 JANVIER 2012, A 19:35
    LE BON VIEUX CALENDRIER
     

     

     

    Rando, photo, pastel,

    Piscine, débat, repas,

    La vie passe,

    Elle passe,

     Et puis,

    Il faut jeter le calendrier.

     

    Enfants, courrier, apéro,

    Concert et médecin,

    Passe la vie,

    Passent nos vies,

    La réunion, la répé,

    La banque et le ciné.

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en noir

    Sur mon calendrier.

    La conférence et le repas,

    La sécu, le notaire, les adieux.

     

    La vie sur mon calendrier :

    Radio, danse,

    Chat du voisin à garder,

    Voiture au garage,

    Bricolage et vernissage,

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en noir

    Sur mon calendrier,

    Avec des mots de tous les jours,

    Avec des bandeaux sur les yeux.

     

     

    La vie s'écrit sur le calendrier,

    Mais ne montre ni les larmes amères,

    Ni les sourires crispés,

    Ni la densité des retrouvailles,

    Ni les  rires complices.

     

    Avec des mots creux qui sont

    Autant de mensonges,

    Avec des injonctions qui provoquent

    Des douleurs dont on ne guérit pas,

    La vie s'échappe sur le calendrier usé.

     

    Comme des jours sans lumière,

    Certaines cases sont restées vides :

    Elles portent en leur silence

    Le poids de la solitude

    Ou le regret des égoïsmes.

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en noir

    Sur mon calendrier,

    Ce calendrier qui se déguise en clown,

    En fée, en marionnette, en Prométhée.

     

     

    Galette, anniversaire, voyage,

    Peinture, amis, resto,

    Le bonheur ne se grave pas avec des mots.

    Hosto, dispute, chagrin,

    Le malheur s'enterre au fond des cœurs.

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en rose

    Sur mon nouveau calendrier.

    Passent, passeront mes journées,

    Au feu, au feu, le vieux calendrier !

     

     

     

     

     

     

    JEUDI 05 JANVIER 2012, A 10:40
    CIEL D'HIVER
     

     

     

    Il est orange, il est violet,

    Il est profond et il est grand,

    Fluide près du liquide,

    Musique proche du vent.

     

    Il est léger, il est pesant,

    Il est profond et il est grand,

    Ce ciel mouvant,

    Ce ciel changeant.

     

    Et sans ailes, s'envole,

    Et sans voiles, navigue,

    Ciel nuageux,

    Ciel nébuleux.

     

    Partir, c'est son désir,

    Et respirer la vague,

    Et attirer l'odeur,

    Senteur de la terre,

    Sillon mouillé,

    Ou l'onde de la mer,

    Sillon lavé.

     

    Cette brume chagrine

    Et cette pluie maligne,

    Vibrent là-bas

    Sur les grands bois.

     

    Cette nuée tout en résine,

    Susurre le bruissement

    Des feuilles sèches.

    Se voile le soleil-roi

    De cidre doux

    Et de pomme dorée,

    Dans cette brusque averse,

    Que tout ce plomb déverse

    Pour retrouver

    Ses yeux d'azur.

     

    A l'occident, pourtant,

    La terre sent le maïs et la paille,

    Ciel couchant,

    Ciel ténébreux et ruisselant

    De rayons d'or,

    De longues tiges

    Et larges feuilles

    De ciel mouvant,

    De ciel changeant.

     

     

    MERCREDI 04 JANVIER 2012, A 11:28
    VIEILLESSE
     

     

     

    Voilà,

    Voilà ce petit mot

    Tout racorni,

    Voilà,

    Voilà ce petit mot

    Tout défraîchi.

     

    Voilà,

    Voilà ce petit mot

    Tout édenté,

    Tout hébété,

    Tout rabougri.

     

    Voilà,

    Ce petit mot

    Tout tremblotant,

    Tout chevrotant,

    Voilà, voilà.

     

    Le voici,

    Ce mot banni,

    Le voici,

    Ce mot courbé,

    Secoué,

    Abandonné.

     

    Laissé aux longs ennuis,

    Aux longues nuits,

    Aux tristes siestes,

    Laissé aux longs soupirs,

    Aux souvenirs.

     

    Voilà, voilà,

    Ce petit mot

    De l'être mis au passé :

    J'étais, je fus,

    Hélas,

    Je le suis

    Vieux, vieux, vieux…

     

     

    LUNDI 02 JANVIER 2012, A 17:56
    AMEN
     

     

     

    Oui, je le veux

    Crier pour naître,

    Respirer,dormir,

    Ouvrir les yeux,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Grandir et jouer,

    Apprendre et inventer,

    Courir et chanter,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Compter et réciter,

     Ressentir et  comprendre,

    Danser de joie, aimer la vie,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Dans un cri, donner la vie,

    Puis chaque jour

    M'en dessaisir un peu,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    A pas menus,

    Par l'âge un brin courbée,

    Vieillir sans soupirer,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Un soir, fermer les yeux,

    Trouver la paix,

    Rencontrer Dieu.

    Amen.

     

     

     

     


    LUNDI 02 JANVIER 2012, A 12:04
    NOUVELLE ANNÉE
     

     

     

    Prends-le,

    Viens, il va falloir te lever

    Et sourire malgré les soucis.

    Prends-le,

    Viens, il va falloir travailler,

    Et régler un à un les problèmes

    Qui reviendront demain.

    Prends-le,

    Viens, il va falloir te dominer,

    Parler avec patience,

    Faire preuve d'autorité,

    Discerner le bon du pire,

    Alors que le fauteuil t'attend

    Et Mendelssohn pour te bercer.

    Prends-le,

    Viens, il va falloir salir tes mains,

    Oublier ta fatigue,

    Oublier tes muscles endoloris.

    Prends-le,

    Viens, il te faudra beaucoup donner

    Quand bien même tes mains seront vides.

    Prends-le,

    Viens, voici la nouvelle année

    Et son corso fleuri de bonnes décisions,

    Ses processions chantantes de bons vœux,

    Ses pèlerinages pieux

     De rencontres difficiles et de pardons.

    Prends-le,

    Ton courage … et viens.

     


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    MARDI 03 MAI 2011, A 11:59
    J'EN AI ASSEZ!
     

     

     

    J'en ai assez,

    Assez de ma télé

    Qui ne me donne à voir

    Que des images tristes,

    Qui ne me donne à écouter

    Que des clameurs stridentes,

    Qui ne me donne pour penser

    Que des paroles vides,

    Des paroles grises,

    Des paroles voilées

    Des paroles censurées.

     

    Les chanteurs hurleurs,

     Les journalistes prolixes,

    Les messieurs –météo

    Parlent avec des excitations de D.J

    Et je peine à trouver le fil de leur pensée.

     

     

    Hier, j'ai vu encore sur mon écran rageur

    Les incendies, les crimes, les inondations.

    Mon pain fut trempé de larmes

    Quand les tours ont été frappées

    Par des avions furieux.

     

    L'eau de mon verre devient amère

    Quand sur l'écran apparaît le visage

    Des otages, des orphelins, des affamés.

     

    Chaque jour, je vois la forfaiture et l'esbroufe,

    Chaque jour s'étalent sur ma nappe blanche

    Les vies fracassées,

    Et s'invitent à ma table

    Les escrocs de tout acabit.

     

    C'est pourquoi

    Je prends ma télé-commande en horreur :

    J'éteins l'écran violeur de vie.

    Je sors dans mon petit jardin :

    Je m'y crève et m'y ressource

    A biner, sarcler, serfouir.

     

    Je sème des radis,  repique les fraisiers,

    Je bouture,  je greffe, je marcotte,

    J'amende ma terre  et je noircis mes mains,

    Et puis, bien fatiguée,

    Je m'assieds au soleil dans mon fauteuil d'osier

    Pour surveiller les milliers de graines

    Semées pour tout l'été :

    J'attends que les petites pousses vertes

    Me redonnent envie de vivre et d'espérer…

     

     

     


    LUNDI 02 MAI 2011, A 23:53
    SANS TE CHERCHER
     

     

     

    Je te rencontrerai sans te chercher

    Car ton bras s'est creusé pour que j'y repose.

     

    Dans tes yeux, je pourrais me noyer

    Mais ta présence est le silence.

     

    Le regard que d'autres posent sur toi

    M'empêchent de te rêver,

     

    Ton grand silence et tes lèvres serrées

    M'empêchent de te  comprendre.

     

    Tes yeux encore fermés

    M'empêcheht de te parler :

     

    Je t'aime,

    Mais je suis un glissement sur ta surface…

     


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  •  

    MARDI 03 MAI 2011, A 11:59
    J'EN AI ASSEZ!
     

     

     

    J'en ai assez,

    Assez de ma télé

    Qui ne me donne à voir

    Que des images tristes,

    Qui ne me donne à écouter

    Que des clameurs stridentes,

    Qui ne me donne pour penser

    Que des paroles vides,

    Des paroles grises,

    Des paroles voilées

    Des paroles censurées.

     

    Les chanteurs hurleurs,

     Les journalistes prolixes,

    Les messieurs –météo

    Parlent avec des excitations de D.J

    Et je peine à trouver le fil de leur pensée.

     

     

    Hier, j'ai vu encore sur mon écran rageur

    Les incendies, les crimes, les inondations.

    Mon pain fut trempé de larmes

    Quand les tours ont été frappées

    Par des avions furieux.

     

    L'eau de mon verre devient amère

    Quand sur l'écran apparaît le visage

    Des otages, des orphelins, des affamés.

     

    Chaque jour, je vois la forfaiture et l'esbroufe,

    Chaque jour s'étalent sur ma nappe blanche

    Les vies fracassées,

    Et s'invitent à ma table

    Les escrocs de tout acabit.

     

    C'est pourquoi

    Je prends ma télé-commande en horreur :

    J'éteins l'écran violeur de vie.

    Je sors dans mon petit jardin :

    Je m'y crève et m'y ressource

    A biner, sarcler, serfouir.

     

    Je sème des radis,  repique les fraisiers,

    Je bouture,  je greffe, je marcotte,

    J'amende ma terre  et je noircis mes mains,

    Et puis, bien fatiguée,

    Je m'assieds au soleil dans mon fauteuil d'osier

    Pour surveiller les milliers de graines

    Semées pour tout l'été :

    J'attends que les petites pousses vertes

    Me redonnent envie de vivre et d'espérer…

     

     

     


    LUNDI 02 MAI 2011, A 23:53
    SANS TE CHERCHER
     

     

     

    Je te rencontrerai sans te chercher

    Car ton bras s'est creusé pour que j'y repose.

     

    Dans tes yeux, je pourrais me noyer

    Mais ta présence est le silence.

     

    Le regard que d'autres posent sur toi

    M'empêchent de te rêver,

     

    Ton grand silence et tes lèvres serrées

    M'empêchent de te  comprendre.

     

    Tes yeux encore fermés

    M'empêcheht de te parler :

     

    Je t'aime,

    Mais je suis un glissement sur ta surface…

     


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    LUNDI 12 AVRIL 2010, A 07:31
    TEMPÊTE XYNTHIA
     

     

    Je suis douce à leurs pieds tout l'été :

    Je les entends crier de joie

    Lorsque mon eau douce et chaude

    Frappe les mollets qui pataugent

    Dans des éclaboussements de rires .

     

    Je suis douce à leurs mains en été

    Quand ils brassent mon eau caressante

    Et s'allongent, les yeux pleins de soleil,

    Les cheveux dansant sur mes flots

    Comme des algues brunes.

     

    Je suis douce en été

    Lorsque munies de pelles rouges et de sceaux bigarrés,

    Les sérieuses fillettes cuisinent les gâteaux de sable,

    Les offrent aux grand-pères attendris

    Qui lèvent leurs lunettes embuées sur leur front dégarni.

     

    Mais en ce mois fatal de février,

    J'ai sucé l'ocre des sables,

    J'ai rongé le béton gris,

    J'ai croqué pierres et rochers,

    J'ai dévoré la digue comme un monstre affamé.

     

    Comme un galérien délivré de ses fers,

    Je me suis précipité vers la liberté,

    Vers les espaces infinis étendus devant moi .

    Comme un chien enragé,

    J'ai mordu toute vie.

     

    Comme une pouliche grisée par un nouvel herbage,

    Sans mors et sans licou, j'ai galopé vers le soleil levant ;

    Ivre de violence et de haine, j'ai charrié sable et sédiments,

    Je les ai lancés sur les routes plates, les jardins délicats

    Où pointaient les narcisses du printemps promis.

     

    Les serpents de mes sœurs monstrueuses

    Méduse, Euryale, Sthéno ont craché leur venin :

    Sous les portes fermées, sous les fenêtres closes,

     J'ai inséré mes langues salées de vipère venimeuse

    Et j'ai noyé le minéral, le végétal et l'homme endormi.

     

    Les pêcheurs ne vendront plus leur poisson,

    Les draps ne claqueront plus dans le vent des jardins,

    Les volets ne s'ouvriront plus sur des matins frisquets

    Où l'on partait bottés pour des récoltes sûres

    De moules chuintantes et d'huîtres qui vous coupaient les mains.

     

     

     

    Du sel de mes vagues folles, il restera les larmes,

    Les cris de peur et de colère et les sanglots désespérés.

    Vos maisons ne seront plus ni port, ni phare, ni havre :

    On rasera les murs que vous aviez bâtis 

    On rasera jusqu'à vos souvenirs.

     

     

    Pleins de rancœur et de peine,

    Vous serez exilés dans votre propre pays.

     

     

     

    MARDI 06 AVRIL 2010, A 10:19
    LA POUPÉE
     

     

    J'ai gardé la poupée dans le berceau.

    Je l'ai caressée,

    Habillée,

    Câlinée.

    Dans le léger berceau d'osier

    Dormait une poupée

    Dure et sèche,

    Froide et raide.

     

    Et je l'ai câlinée,

    Bercée, caressée.

    Elle était belle,

    Si belle,

    Habillée de velours et de soie.

    Un petit chaperon couvrait sa tête,

    Des petits chaussons abritaient ses petons.

     

    Ma belle poupée

    Dans son berceau d'osier,

    Je l'ai tant câlinée

    Et tant bercée !

    J'étais femme pourtant

    Et bien sûr, je me cachais…

     

    Je me cachais des regards de pitié

    Des regards qui se seraient trompés

    Car je n'étais pas folle

    Et mes gestes l'étaient.

    Mais cette douce folie

    M'aidaient à rester mère

    Et raisonnable, et sage, et vivante,

     

    Car mon bébé,

    Mon bébé de chair et de sang,

    Mon bébé nu et chaud

    N'habitait plus le berceau d'osier.

    Mon enfant était sous la terre

    Pour jamais, pour jamais.

    Je n'avais pas de larmes,

    Séchée par le chagrin.

     

     

     

    ;

     

     

    LUNDI 05 AVRIL 2010, A 11:01
    PÂQUES
     

     

    Chaque année qui passe

    M'apporte en automne ses feuilles dorées,

    Sa pelouse jonchée et crissante,

    Les apéritifs bavards sur la terrasse froide,

    Ses poires éclatées où butinent les guêpes attardées,

    Ses pommes rouges et les derniers soleils.

     

    Chaque année qui passe,

    Je m'en vais par les bois,

    Je longe une rivière,

    Et je peins la forêt

    Pour retenir l'insaisissable couleur

    Des ocres et des vermeilles

    Qui auréolent le front des arbres.

     

    Chaque année qui passe,

    L'hiver me semble éternel

    Avec ses pluies débilitantes

    Derrière mes fenêtres infranchissables,

    Ses journées froides et blanches,

    Le soleil rasant ou le ciel plombé,

    Et les arbres givrés où pleurent les mésanges.

     

    Chaque année qui passe au jardin,

    Je guette les bourgeons gonflés de vie,

    Mes jonquilles précoces,

    Mon camélia délicat

    Frôlés par des bourdons endormis

    La météo capricieuse et ses étonnantes surprises.

     

    Chaque année où revient le printemps,

    Où carillonnent les cloches de Pâques

    Suivies par les cris des enfants,

    Je me sens vivante et éternelle

    Prête à me confondre avec l'humus,

    Prête à enrichir les racines profondes

    Où revient chaque année la vie,

    La vie qui part de la terre

    Et touche ciel et lumière.


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