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    MARDI 30 MARS 2010, A 23:08
    HYPOCRISIE
     

     

    Garde-toi de pleurer

    O mon visage blanc,

    O ma bouche de cire

    Où se noie mon chagrin.

     

    Tu souris à la ronde

    Et parle pour tromper.

    La béance des mots

    Tord ta bouche hébétée.

     

    Parle, on t'écoute avec bienveillance

    Si tu souris au vent.

    Garde serrées tes lèvres

    Pour taire ton malheur.

     

    Ainsi, on t'écoute,

    On te cajole, on t'aime,

    Ainsi on t'invite,

    Tu fais joli dans le décor.

     

    Tes mots de perles blanches

    Ourlent tes phrases vaines ;

    Sèche tes larmes pures

    Scelle ton regard triste.

     

    Nul n'écouterait ta peine :

    Ferme ton cœur à double tour.

    Ouvre une bouche sèche

    Sur des mots mensongers.

     

    La vérité, nul ne la sait,

    Nul ne la veut.

    Il faut savoir parler en société

    Sans  gêner, sans crier.

     

    Et moi, je ne saurais dire

    Si je pleure de rire

    Ou souris de chagrin

    Car ma parole est morte,

     

    Vierge mon âme de tout désir

    Blanc mon visage,

    Blanc mon sourire de convention :

    Livide la vie qui me conduit.

     

     

    Interdit à l'homme de pleurer,

    A la parturiente de hurler,

    Au veuf de crier son chagrin,

    Au clochard de chanter son ivresse :

     

    Je revendique la simple liberté de crier,

    La liberté ancestrale  de gémir, de supplier,

    La liberté humaine d'anéantir mes peurs

    Par le sel de mes larmes que quelqu'un essuierait.

     

     

     

     

     

    MERCREDI 17 MARS 2010, A 22:35
    TCHERNOBYL ET CAETERA
     

     

     

    L'aubade à l'aube

    Du rossignol invisible

    Désolera plus encore

    Le bois massacré et bitumé,

    Et les décombres enterrés

    De la ville détruite.

     

    La terre ulcérée, variqueuse

    Taira son tourment

    Un millénaire encore,

    Mutilée, moribonde.

    Science et poèsie ont mêmes fumées blanches,

    Même utopie, même amnésie.

     

    Encore quelques centrales,

    Encore quelques panaches,

    Encore quelques gerbes brûlantes,

    Encore quelques déchets enfouis

    Au cœur du cœur de notre terre

    Pour nos bébés rafistolés de l'avenir.

     

     

     

     

     

     

     

     

    MARDI 16 MARS 2010, A 11:21
    REVANCHE
     

     

    Moi je pleure

    Et toi tu joues

    Et tu ouvres tes yeux doux.

     

    Toi tu chantes

    Et moi je geins

    Et tu fermes tes deux mains.

     

    Moi je crie

    Et toi tu ris

    Et tu fermes tes yeux gris.

     

    Moi je vis

    Et toi tu meurs

    Tu as joué pour du beurre.

     

     

    LUNDI 15 MARS 2010, A 23:44
    DIX APHORISMES SUR LE BONHEUR
     

     

    Mon bonheur passe par plusieurs chemins

    Qui ne se rencontrent pas.

     

       _______________________

     

    Mon bonheur est d'argile

    Mais la sculpture est belle.

     

    __________________________

     

    Mon bonheur est un vase empli de fleurs fanées.

     

    ---------------------------------------- 

     

    Si je colle un sourire sur mes lèvres

    Qui croira en mon malheur ?

     

    __________________________

     

    Mon bonheur sonne comme cloche d'église

    Toujours au loin se perd le tintement.

     

    ------------------------------------------

     

    Qui sait ? le bonheur viendra peut-être au printemps

    De la sève des arbres géants

    Ou de la violette cachée sous la feuille ?

     

    -----------------------------------------

     

    Mon bonheur est pour demain,

    Mais je vis aujourd'hui.

     

    ------------------------------------------

     

    Je veux bien croire au bonheur.

    Pour le malheur, il y a la réalité.

     

    --------------------------------------------

     

    Rire m'est aussi facile que pleurer.

    Mais une heure de rire est vite oubliée.

     

    -------------------------------------------

     

    J'envie les gens heureux :

    On les dit égoïstes et oublieux.

    Moi, je n'oublie pas grand-chose

    Des grandes causes et des petites gens

    Qui m'ont tant fait pleurer

    Et qui, hélas, m'ont rendue sage.

     

     

    VENDREDI 12 MARS 2010, A 10:28
    LA TÊTE À L'ENVERS
     

     

    Reprenons

         Le monde est à l'envers

         Ma tête est à l'endroit

    Non, reprenons

         Ma tête est à l'envers

         Le monde va tout droit

    Non, c'est pas ça

         Le monde est un enfer

         Ma tête est à l'étroit

    Non, reprenons

         Ma tête est en colère

         Le monde est une croix

    Non, reprenons

         Ma tête dégénère

         Le monde est aux abois

    Non, reprenons

         Ma tête est trop légère

         Le monde danse de joie

    Non, c'est pas ça

         L'univers est vulgaire

         Mon âme se fourvoie

    Non, reprenons

         Dans la vie, rien à faire

         On s'y perd quelquefois

    Non, reprenons

         Si le monde se perd

         Je serai nommé Roi.

     

     

    LUNDI 08 MARS 2010, A 11:40
    JOURNÉE DE LA FEMME
     

     

    Mais non, Seigneur, tu le sais bien,

    Je ne t'ai pas oublié.

    La petite a crié: un loup, maman !

    Et je me suis levée.

    Ce matin, oui, j'étais bien énervée.

    Mon cher lit douillet, comme j'aimerais

    Te retrouver pour quelques minutes encore,

    Des minutes volées !

     

    Mais il a fallu les habiller

    Et puis les faire déjeuner,

    Ces chers petits affamés.

    Le chocolat renversé, tu le sais, toi,

    Qui a bien pu le nettoyer ?

     

    Et puis vite, vite, il était l'heure :

    Chez moi, il est toujours l'heure

    De faire quelque chose d'urgent ou d'assez pressé,

    Quelque chose de barbant,

    Quelque chose d'utile,

    Très provisoire et surtout très  stupide.

     

    Eh non, il ne faut pas oublier le petit monstre

    Qui vous mord le poignet,

    La montre aux désirs totalitaires et permanents :

    Le matin, les aiguilles sont folles.

    A peine levés, il faut déjà partir !

     

    On ne peut pas non plus laisser

    La maison en chantier, les couettes à l'envers

    Les bols dans l'évier.

    On pourrait, dit le mari, mais le soir,

    On n'aurait plus envie de revenir…

     

    Et puis une fois partis, c'est encore pire !

    Mails, téléphones, rendez-vous à déplacer

    Réunions, concertations,

    Salut, ça va ? Bonjour, monsieur le Directeur !

    Bonjour, Monsieur l'Inspecteur,

    Bonjour, Monsieur le Contrôleur,

    Nicolas, t'as pas vu mon stylo,

    Mon dossier, mon café ?

     

    Quelle heure est-il ? Une heure ?

    Il faut nourrir la machine affamée,

    Juste de quoi continuer,

    Car c'est encore pire après :

    A trois heures, il est déjà six heures ;

    Il faut courir vers le foyer béni

    Que tu as béni, Seigneur!

     

    Vite, les petits, Maman est pressée de rentrer !

    La lecture, le cahier à signer, le cours de gym

    Et les montagnes à repasser.

    Et puis aussi, il faudra bien dîner,

    Et surtout, ne pas oublier les bons petits légumes

    Bien présentés, frais et vitaminés

    C'est bon pour la croissance, tous ces machins épluchés !

     

    Pour tes enfants chéris, Seigneur :

    (Et en un tourne-main,

    Il suffit de s'organiser, ben, voyons)

    Brosser, laver, rôtir,

    Bouillir, braiser, cuire à l'étouffée,

    Et de la bonne humeur pour  présenter!

     

    Ciel, mon mari !

    Le pauvre, il est épuisé.

    Coup de peigne, sourire, bisous,

    Et l'intérêt habituel et factice :

    Pour ton projet, ils ont marché ?

    Comment, mais ils ne te connaissent pas !

    Tu as  mérité cette promo plus que lui!

     

    Onze heures ! Je n'ai pas vu la soirée passer…

    Calin, dodo, et je m'endors hébétée,

    Satisfaite de cette belle journée.

    Comment, Seigneur, que me dis-tu ?

    Je ne t'ai pas prié ?

     

    Je le sais pourtant bien,

    Pas un seul moment ,tu n'as cessé de compter

    Les cheveux de ma tête.

    Non, Seigneur, je ne t'ai pas oublié

    Pas  une seule seconde,toi qui as mille bras,

    Toi qui es partout à la fois,

    Toi qui sais tout, vois tout, entends tout,

    Je n'ai cessé de t'envier !  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 07 MARS 2010, A 09:18
    JE SUIS UN ARCHAÏSME.
     

     

     

    Je suis un vivant archaïsme

    Qui lit Ronsard, Desnos et Mac Orlan.

    Je multiplie les illusions

    Mais je n'ai pas de carte bleue.

    Dans ma poche, ni portable, ni internet,

    Mais un caillou poli ramassé sur la grève.

     

    Plus perdue qu'un pavé sur le boulevard,

    J'erre de trottoir en boutique,

    Hébétée devant les brillantes  vitrines.

    Je sursaute quand tremblent les néons jaunes

    Et rentre en mon ghetto

    Quand les musiques de série

    Claquent mon visage blanc.

     

    Les affiches et les pubs

    Asphyxient mes pensées,

    Coupent ma chair et lacèrent mon âme.

    A vingt ou quarante ans, je ne suis pas d'ici :

    Ni venue tôt, ni venue tard

    Mais tombée des constellations

    Pour un bagne brillant qui m'est une prison.

     

    Je n'en suis pas complice,

    L'esprit torturé de lames rouges.

    Agressée par ce nouveau siècle qui chavire,

    Si je marche, je titube,

    Si je dors, je m'évanouis,

    Et si je parle, c'est pour crier

    Sans voix, comme dans un cauchemar.

     

     

     

    SAMEDI 06 MARS 2010, A 17:48
    SUPERSTITION
     

     

    L'eau qui sourd, ivre et glacée

    Au bas de ma maison,

    A petits pas légers de danseuse affolée,

    L'eau qui bruit dans la nuit,

    Contente et jaillissante,

    L'eau qui jase et saille des cavernes profondes

    Des entrailles fertiles et des rumeurs fécondes,

     

    Me donnera enfin l'amour et le bonheur

    Si je jette à son fil un fil de mes cheveux

    Sous la lune mordante, un beau matin d'avril,

    Le premier fil d'argent pour mieux conduire ma vie.

    Et je ferai trois vœux pour broyer le malheur :

    L'un de fermer les yeux, l'autre de tendre mes mains,

    Et le troisième enfin sera pour mon jardin.

     

     

     

     

     

    JEUDI 04 MARS 2010, A 19:43
    LA PETITE ÉGLISE,
     

     

    Adieu, petite église écrasée par les tours de verre,

    Les bureaux, les cinés, les néons ;

    La ville a grandi dans une chape étroite

    Qui obscurcit le ciel et rend l'homme méchant.

    Petite église accroupie, adieu,

    Tu t'enfonces dans la terre

    Et le béton t'avalera bientôt,

    Très content de ta disparition.

     

    Mais le germe est vivant

    Et bientôt, sous un soleil nouveau,

    Tu croîtras fièrement et jailliras de terre,

    Dominant les décombres du siècle passé.

    Les hommes alors pousseront ta porte de chêne,

    Le dos courbé par l'humilité,

    Les yeux cherchant la voie et la lumière,

    Le cœur empli d'espérance et de foi.

     

     

    JEUDI 04 MARS 2010, A 11:19
    LE DERNIER COMPTE
     

     

    J'ai compté sur mes doigts

    Un deux, trois.

    J'ai sauté sur mes pieds

    Sans pitié.

    J'ai chanté sur les toits

    Sans émoi.

    Et si j'avais dû attendre

    Pour t'entendre ?

    Et si j étais resté

    Pour aimer ?

    Un deux, trois

    Par ici.

    Huit, neuf, dix,

    Les dés sont jetés

    Sans compter.

    Celui qui restera pour moi

    Ce sera le dernier

    Car la roue a tourné.

     

     

     

     

    MARDI 02 MARS 2010, A 18:54
    ALOUETTE, Ô MON ÂME
     

     

    Calme-toi, mon âme inquiète,

    Pas plus que le duvet de l'oiseau,

    Pas plus que la brise légère

    Ne penchera ton âme

    Sur la balance qui oscille

    De l'amour vers le péché,

    Pas plus, tu ne pèseras dans la main de Dieu.

     

    Il est des âmes lourdes

    D'or ou de plomb

    Qui pèsent d'importance

    Sur le toit de l'humanité.

    De César à Hitler, de Socrate à Gandhi,

    Les âmes lourdes font leurs comptes

    Avec un Dieu vengeur, consolation des affligés.

     

    Mais mon âme légère,

    Quel fléau pourrait-elle faire pencher ?

    Mais mon âme insouciante,

    Pour quelle valeur pourrait-on l'échanger ?

    Pas plus que l'âme de l'enfant nouveau-né

    Ne pèse mon âme sur cette terre

    Que je n'ai fait qu'effleurer.

     

    Calme-toi donc, ô mon esprit chagrin

    O mon âme assoiffée de justice et de décomptes,

    Triste compagne de peu de poids,

    Tu as l'humilité sans la honte,

    Petit fétu de paille  oublié  sur la glèbe,

    L'alouette qui vole

    N'a pas plus à porter.

     

    Laisse ton chant striduler sans harmonie

    Et que la mort te soit légère :

    Tu as si peu vécu à travers tes années :

    Qui donc pourrait te réclamer un butin ?

    Qui donc te demanderait pour l'éternité

    L'alpha ou l'oméga ?

    Qui donc voudrait mesurer tes lieues et tes pas ?

     

    Laisse le souffle divin te diriger tout droit

    Vers les limbes nimbées de sainteté larvée ;

    Souffle ta bougie,

    Oublie le sel et le pain,

    Eteins ton corps,

    Petite âme craintive , l'Esprit de Dieu te pousse :

    Vole vers sa clarté.

     

     

     

     

    LUNDI 01 MARS 2010, A 23:45
    LE VENT DE BRETAGNE
     

     

    Le volet qui tape contre les pierres grises

    C'est le vent dehors qui t'appelle.

    Le volet grince et gémit

    La mer au loin blanchit la grève.

     

    Dors, petit enfant, dors, va rejoindre les rêves.

    Le volet tapera demain,

    Le volet grince et gémit :

    La mer n'est pas encore ton amie.

     

    Le volet tape et gémit,

    Dors, petit enfant, dors avec les elfes.

    N'écoute pas les appels du vent :

    Le diable rôde…

     

     

     

     

    LUNDI 01 MARS 2010, A 23:30
    CARMEN
     

     

    Comment peut- elle

    A la fois,

    Etre si chaude et si glacée,

    Peser si lourd et voltiger ?

     

    Comment peut- elle

    Susciter ton désir

    Et réveiller tes peurs,

    Te regarder et t'éviter ?

     

    Comment peut-elle ainsi

    Porter le rouge des amoureuses,

    Porter le noir des endeuillées

    Et magnifier la virginité ?

     

    Comment peut-elle s'enflammer

    De rouge et de sang

    Dans l'arène dorée,

    Sans oublier de s'éventer ?

     

    Couvrant ses petits souliers,

    Comment peut-elle mettre

    De si pesants volants

    Et dévoiler sa cuisse ombrée ?

     

    Devant les boléros serrés,

    Comment peut-elle crier d'amour

    Et détourner son majestueux  regard,

    En éclatant d'un rire dédaigneux ?

     

    Comment sa bouche sombre

    Peut-elle ainsi

    Etre cruelle et caressante,

    Donner et refuser ?

     

    Eloigne- toi si tu le peux,

    Car sur l'Espagne en fête,

    Le soleil brûle et danse

    Jusqu'à la nuit.

     

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    MERCREDI 24 FÉVRIER 2010, A 19:41
    EDFOU, TEMPLE DU DIEU HORUS
     

     

    Les portes du sanctuaire d'Edfou sont scellées chaque soir :

    Horus replie ses ailes bleutées et ferme ses yeux fatigués,

    Oubliant pour la nuit ses combats contre Seth.

     

    Les portes de cèdre s'ouvrent au lever du jour :

    Horus reprend sa course diurne au-dessus du désert.

    Il ouvre ses ailes et déploie ses bienfaits

    Sur la terre d'Egypte.

     

    Une plume jaune tombe sur la pierre

    Et la transforme en sable fertile.

    Une plume bleue se détache :

    Voici le lac Nasser.

    La plume d'un rouge flamboyant

    Tombe sur l'homme et lui donne la vie.

     

    La mythologie d'hier se mêle aux contes d'aujourd'hui.

     

    Ni son bec courbé et puissant,

    Ni sa dent acérée,

    Ni ses redoutables serres

    Ne lui donnent autant de force et de gloire

    Que sa vue perspicace et divine

    Qui est mesure, ordre et victoire.

     

    Son regard tranche le bien du mal

    Et répand chaque jour l'harmonie.

    Les portes d'Edfou se ferment chaque soir,

    Mais au matin, le dieu solaire reprend son vol,

    Sa quête inlassable et universelle.

     

     

     

     

     

     

    LUNDI 22 FÉVRIER 2010, A 19:35
    RAMSÈS, DEBOUT POUR TOUJOURS À ABOU SIMBEL
     

     

    Les yeux ouverts

    Sur son rêve de gloire et d'éternité,

    Ramsès songe :

    La poussière ne fait pas ciller son œil,

    Le vent ne dessèche pas sa lèvre,

    L'eau ne noie pas sa fièvre.

    Sa grandeur s'est muée en folie,

    Sa folie s'est figée dans le grès

    Dont il est prisonnier.

     

    Il ne voyagera pas au royaume des morts,

    Il ne trouvera jamais les portes de l'au-delà.

    Dans les colosses de pierre

    Son âme est ligotée chaque soir

    Pour une veillée funèbre,

    Cruelle et solennelle

    Où il entend son nom célébré par l'écho de sa propre voix.

     

    Parfois son rêve le conduit

    Sur les rives de l'Oronte en lointaine Syrie

    Avec ses valeureux guerriers lui apportant Qadesh.

    Il se console aussi en pensant à sa couche douce

    Où l'attendait Nefertari.

     

    Il ne trouvera pas le sommeil de la mort :

    Ses semelles plombées lui ont donné

    L'éternité terrestre et l'attente immobile

    Du souffle qui passe là-bas,

    Au-dessus des obélisques purs,

    Et qui s'en va par delà le lac

    Lier la terre avec le ciel

    En séparant les vivants des morts

    Pour leur donner la paix..

     

     

     

    DIMANCHE 21 FÉVRIER 2010, A 10:13
    TOMBEAU DU ROI DJESER
     

     

    Le Roi Djeser erre sans fin

    Dans son palais de pierre grise

    Et de sable brûlant.

    On l'entend parfois crier le nom d'Imhotep,

    Et pleurer à grands sanglots bruyants

    La si longue famine

    Qui décima son peuple chéri.

    Il implore le dieu Knoum compatissant

    Et cherche de ses yeux brûlés

    Memphis la bien-aimée de son royaume unifié.

    Puis il retourne en sa chambre triste,

    Et guette pendant des heures

    Le chant du Nil où il aimait se baigner

    Parmi les lotus en fleurs.

    Aspiré par les effluves du fleuve révéré,

    Il gravit parfois les marches de son tombeau

    A pas lourds et pesants

    Et s'assied pensif sur les berges odorantes,

    Lavant son âme fatiguée de l'éternelle errance

    Sous le soleil implacable.

     

     

    VENDREDI 19 FÉVRIER 2010, A 12:35
    AUTREFOIS,
     

     

    Autrefois, il y avait des rossignols,

    Il y avait, tête bêche sous les feuilles d'aulne,

    Des moustiques ligotés dans leurs longues pattes.

     

    Il y avait des chalets silencieux

    Où l'on tendait l'oreille

    Vers les secrets de la nuit.

     

    Il y avait les sombres pénombres

     

    Autrefois, c'était un cri d'oie sauvage,

    C'était le soleil qui s'enroulait

    Aux vrilles de la vigne.

     

    Il y avait la lumière et les ombres.

     

    Autrefois, si le sommeil ne venait pas ;

    L'aube grise et rosée haletait

    De mille joies  précoces.

     

    Il y avait le jour et la nuit sombre.

     

    Et le fleuve chantant du bruit de ses eaux vives

    Emanait au printemps

    D'une âcre et fade odeur.

     

    Aujourd'hui, la ville est sombre le jour,

    Elle  est lumière toute la nuit :

    Même les passereaux se sont enfuis.

     

    C'est la ville sans nids et sans terriers,

    La ville sans fleurs ni fougères,

    La ville tremblante sous trop de bruit.

     

    Le ciel  profond est gris mais sans nuage,

    Nulle étoile ne brille au-dessus des néons :

    Ciel et terre aujourd'hui se cognent au béton.

               

     

     

     

     

    JEUDI 18 FÉVRIER 2010, A 10:41
    BANLIEUE
     

     

    Tu peux toujours parler des étoiles

    Et du firmament infini.

     

    Tu peux chanter les forêts, les montagnes,

    Et les sentiers parfumés.

     

    Tu peux parler du fleuve jaune

    Et des jonques dorées.

     

    Ces mensonges-là te font rêver

    Mais ta vie est ailleurs :

     

    Ta banlieue morne est bétonnée,

    Tes rêves ligotés, ta poésie asséchée.

     

    Il y a juste un arbre devant ta fenêtre,

    Fier et courageux pour abriter deux merles,

     

    Une palombe grise, un sansonnet bavard,

    Et ton espoir infini pour une vie plus belle.

     

     

     

    JEUDI 18 FÉVRIER 2010, A 10:10
    NOUS N'IRONS PLUS AU BOIS.
     

     

    Nous n'irons plus au bois,

    Les lauriers sont coupés,

    Nous n'irons plus au bois,

    Nos jambes sont sciées,

    Et nos bras,

     

    Nos bras chargés autrefois

    D'enfants, de fleurs et de lumière,

    Nos pauvres bras vidés

    De sang, de sève et d'amour,

    Nos bras coupés

     

    Ne savent plus s'élever vers le ciel

    Pour prier saints et saintes

    Reposant au firmament.

    Nos mains creusent la terre, inlassablement.

    Trouveront-elles un jour le trésor ?

     

     

    MERCREDI 17 FÉVRIER 2010, A 16:54
    PEINDRE OU ÉCRIRE?
     

     

    Comme c'est facile,

        Mon ami,

    De prendre un peu de rose, un peu de bleu,

    De tremper ton pinceau

    Pour dessiner tout l'univers !

     

    Comme c'est facile,

        Mon ami,

    De peindre sur la toile

    Des noirs moroses, des idées folles,

    Et d'y trouver la joie !

     

    Comme c'est facile,

        Mon ami,

    Une aquarelle, un beau pastel

    En deux petits mouvements

    Qui font passer le temps !

     

    Mais comme tu peines,

        Mon ami,

    Les mots en bout de plume,

    Les mots au bord du cœur,

    Comme tu peines !

     

     

     

     

     

     

     

     

    MARDI 16 FÉVRIER 2010, A 13:19
    LA CENT ET UNIÈME LETTRE D'AMOUR.
     

     

    Tous les deux, on s'allongerait côte à côte,

    On s'allongera tous deux côte à côte,

    On s'allongera sans bouger, sans rien dire,

    Sans bouger, sans rien dire.

    Tu mettrais ton visage contre mon visage,

    Tu mettras ton visage contre mon visage.

    Tu sentirais mon souffle près de ta joue,

    Tu sentiras mon souffle près de ta joue.

     

    Je respirerai ton souffle léger et pur.

    Tu poseras ta  lèvre sur ma lèvre

    Et je boirai ta lèvre sur ma lèvre.

    J'embrasserai ta paupière close

    Ta paupière fermée et priante,

    Ta paupière ombrée, douce et priante.

    Et toujours ton souffle dans mon souffle

    Et ta lèvre sur ma lèvre.

     

    Tes bras m'enserreraient, m'enserreront tout entière,

    Tes bras si grands, si protecteurs, si rassurants

    Qu'ils m'enveloppent jusqu'au cœur,

    Jusqu'à toucher mon âme,

    Tes bras me tiennent et me soutiennent,

    Me soutenaient, me soutiendront.

    Et la caresse de ta main,

    Non, je ne peux la dire,

     

    Ta main si douce qui m'est réconfort

    Qui m'est parole, amour et confiance,

    Ta main qui me recrée

    Comme le peintre dessine,

    Ta main qui me soulage de mes maux,

    Ta main qui efface mes douleurs,

    Ta main qui embellit mon corps

    En épousant mes courbes.

     

    On s'allongerait côte à côte,

    Sans bouger, sans rien dire.

    On s'allongera côte à côte,

    Sans parler, sans rien dire,

    Les jambes nouées, les mains serrées,

    Le cœur noué et bien serré,

    L'un contre l'autre,

    Sans bouger,sans parole inutile.

     

    Tes cuisses longues et noueuses

    Mes cuisses petites et rondes

    Côte à côte, sans bouger, sans frémir,

    Juste un souffle commun

    Léger et pur,

    Un seul souffle pour deux,

    Un seul souffle pour deux

    Et une mesure commune.

     

    Ta poitrine me soulevant

    Comme la houle soulève un esquif.

    Ta poitrine comme un coffre

    Empli de trésors merveilleux

    Me soulèverait, me soulèvera

    D'un souffle léger et pur.

    Allongés côte à côte,

    Bien serrés dans notre amour précieux.

     

    J'écouterai alors ta voix, étrange sous mon oreille

    Bien collée contre toi pour d'étranges musiques.

    Côte à côte, pour vivre enfin

    Demain, demain.

    Et comment survivre à cette nuit si longue,

    Cette nuit qui jamais ne finit ?

    Et puis encore des heures et des heures d'attente,

    Des heures et des heures de journée ?

    .

     

    Demain,

    C'est tellement loin, demain !

    Qui ose ainsi nous séparer,

    Oter l'eau à la plante,

    Séparer la racine de la terre,

    Nous faire dormir ainsi

    Loin, loin l'un de l'autre

    Et loin de la certitude du lendemain ?

     

     

     

     

    SAMEDI 13 FÉVRIER 2010, A 18:28
    DÉMISSION
     

     

    Que fais-tu là, petite,

    Devant ton écran noir

    Et ton journal ouvert

    Et ta porte fermée ?

    Que fais-tu là, petite,

    A regarder la foule

    Hurler des mots vengeurs ?

    Que fais-tu là, assise,

    Ton chat sur les genoux

    Et ton livre à la main,

    A pleurer Héloïse,

    A tricoter des riens ?

    Que fais-tu dans la rue

    Les yeux couchés à terre

    Pour ne voir ni l'affiche

    Ni le rapeur râleur,

    Ni la violence rose

    Ni la pâleur du vieux,

    Ni l'apatride exsangue,

    Ni la main qui se tend ?

    Que fais-tu là, petite,

    A trier devant l'urne,

    Tout le mauvais du pire

    Et te laver les mains ?

    Que fais-tu là, petite

    A doucement chanter,

    Doucement tu respires,

    Doucement tu expires…

     

    Si petite sois-tu

    Tu peux encore crier .

     

     

    DIMANCHE 07 FÉVRIER 2010, A 20:37
    LE COQUILLAGE
     

     

    Je ne vois rien :mes yeux se sont fermés.

    Je joue, je cours, je ris et j'étudie,

    Paupières closes, lèvres pincées.

    Les yeux rivés sur mes pensées moroses.

     

    Je ne vois rien :aveugle je suis devenue

    Et sourde, et muette, et malheureuse aussi,

    Repliée comme un coquillage vide

    Où chante encore la mer.

     

    Caressée et polie, mais pliée de douleur,

    Nul ne pourra déplier la coquille blanchie

    Qui perd sa nacre et sa douceur,

    Au fil des vagues violentes et lentes,

     

    Au fil des jours qui m'usent et qui m'effritent

    Je deviens sable souple,

    Sable mouvant, sable stérile,

    Sur moi la mer s'acharne et me rend au néant.

     

     

     

     

     


    DIMANCHE 07 FÉVRIER 2010, A 19:56
    LE MARCHÉ
     

     

    M'enfuyant du marché

    Aux gorges arrogantes,

    Bousculant les chalands,

    Mon bras lourd de denrées,

    Heureuse, les mains frémissantes,

    Joyeuse, les doigts frissonnants,

    Dans mon panier de jonc

    Au milieu des salades,

    Des oranges râpeuses,

    Des endives dorées,

    J'ai posé doucement

    Noir, pourpre et violine,

    Précieux et inutile

    Et les pétales enflés,

    Un bouquet d'anémones

    Pour nourrir mes pensées,

    Et d'un pas plus léger

    Poser en ma maison

    Une idée du bonheur

    Qui me fera chanter.

     


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  •  

    VENDREDI 29 JANVIER 2010, A 20:25
    MÉLODIES OUBLIÉES
     

     

    L'ariette oubliée des temps passés

    Chante une mélodie légère,

    Les doigts s'envolent sur le clavier,

    Le petit air est enjoué.

     

    La barcarolle caracole

    Et dansent les notes frêles,

    Le musicien a froid aux mains,

    L'été est encore loin.

     

    La romance doucement geint

    Et la trille se plaint.

    L'Italien pleure sur le piano

    Des mots d'amour en solo.

     

    Ecoutez bien la complainte

    Du pauvre petit cheval blanc,

    Le vieux berger a du chagrin,

    Sa voix s'éteint dans le matin.

     

     

     

     

    MERCREDI 27 JANVIER 2010, A 23:01
    MACHO
     

     

    De coquecigrues en balivernes

    T'en auras tant dit de fadaises

    De sornettes en calembredaines

    T'en auras parlé à ton aise.

     

    De fariboles en billevesées

    T'en auras encore ajouté

    De bêtises en balançoires

    Y'en a toujours jusqu'au soir.

     

    T'es qu'une buse, t'es qu'une sotte

    Une bêtasse, une bourrique

    Une bedole, une pauv'cruche

    Qui m'en radote même la nuit.

     

    C'est ma déveine

    C'est mon guignon

    Que ta bouche toujours ouverte

    Déverse autant de chansons.

     

    Petite gourdiflotte

    Petite gourgandine,

    Insupportable pipelette,

    Ferme ta bouche   et ta bavette.

     

    Enfin, enfin, comprends enfin

    Des rubans, des jarretières

    De la poudre et de la soie,

    Ok, mais sois belle et tais-toi !

     

    .

     

     

     

     

    MARDI 26 JANVIER 2010, A 11:41
    LES LETTRES
     

     

    Pour le nourrisson qu'on gave de tendresse

    Les seuls lettres vraiment importantes

    Sont celles chantées par sa maman

    Dodo, l'enfant do.

     

    Pour l'enfançon  sans détresse,

    Les seules lettres super importantes

    Sont les lettres calligraphiées de la  super maîtresse

    Qu'il faut super imiter.

     

    Pour l'étudiant licencié,

    Les lettres essentielles

    Sont celles qu'il écrit en secret

    A sa jolie dulcinée.

     

    Pour le petit prof déprimé,

    Les lettres plutôt importantes

    Sont celles qui vont s'imprimer

    Sur les résultats des lycées.

     

    Pour l'académicien pontifiant et bougon,

    Les lettres définitivement importantes

    Sont celles qui le loueront

    Dans sa posthume renommée.

     

    Pour le journaliste du bitume,

    Les seules lettres vraiment importantes

    Sont celles qui s'additionnent à la une

    Et font vendre du papier.

     

    Pour moi, poète du lendemain

    Qui remet chaque jour les lignes à taper,

    Les seules lettres importantes

    Sont celles que je ne peux écrire,

     

    Qui s'entortillent et s'entre-bouchonnent

    Dans ma pauvre tête échauffée,

    Et que mes mains trop inquiètes

    N'oseront jamais étaler.

     

     

     

    JEUDI 21 JANVIER 2010, A 20:38
    PRAJÂPATI
     

     

    Le Verbe est tout ce qu'il possède :

    Avec le Verbe, il emplit l'univers.

     

    La parole s'élance et remplit l'espace

    D'un satellite à la terre,

     

    D'un fleuve à l'océan,

    Des étoiles éteintes et lumineuses,

     

    Des montagnes enneigées

    Au plus profond des enfers.

     

    Prajâpati, le seigneur créateur

    Par le Verbe a créé la terre.

     

    Prajâpati, le seigneur de l'univers

    Par la parole a créé l'espace.

     

    Prajâpati, le dieu de l'absolu

    Par les sons  a créé le ciel.

     

    Prajâpati, maître de l'énergie

    A insufflé la vie par le cri.

     

    Le Verbe est tout ce qu'il possède,

    Avec le Verbe, il emplit l'univers.

     

    Et l'homme à son image

    Ecoute, parle, chante, écrit,

     

    Homme et dieu par le Verbe,

    De toute éternité, il est esprit.

     

     

     

    MERCREDI 20 JANVIER 2010, A 20:57
    HAÏTI
     

     

    Sur la nappe damassée,

    La bonne assiette de soupe

    Et des couverts d'argent ;

    Des bougies parfumées,

    Un verre de frais vin blanc.

     

    La télé ouvre sa fenêtre

    Sur le soleil d'Haïti :

    Des pierres, une main, un cri.

    Je bois mon frais vin blanc.

     

    Dans mon fauteuil capitonné

    Je ressasse ma dure journée.

    J'attends un film rigolo ou stressant,

    Je grignote sans y penser

    De jolis chocolats noirs ou blancs.

     

    La télé ferme sa fenêtre

    Sur le soleil noir d'Haïti.

    Plus de pierres, plus de main, plus de cri :

    J'ai mangé tous mes chocolats blancs.

     

     

     

    DIMANCHE 17 JANVIER 2010, A 11:51
    DEMAIN
     

     

    Demain, sans doute, demain,

    Je pourrai de nouveau

    Goûter le sel, goûter

    L'amer et le sucré,

    Goûter autour d'une table

    Avec de joyeux amis,

    Le vin et l'eau,

    Le rire et les larmes.

     

    Demain, oui, demain,

    Si mes lèvres savent encore sourire,

    Si mon cœur sait encore battre,

    Je pourrai de nouveau

    Plaisanter pour un rien,

    Parler pour parler,

    M'étonner d'un regard,

    Admirer sans comprendre,

    Aimer sans questionner.

     

    Aujourd'hui, aujourd'hui,

      seul compte le présent,

    Où seule s'éveille la nuit,

    Aujourd'hui, je dors,

    Mais mon sommeil me trouve debout

    Prête à m'affaler,

    Prête à renoncer,

    A tout, sauf à dormir si je suis allongée,

    A tout, sauf à vivre si je suis éveillée.

     

     

     

    MERCREDI 13 JANVIER 2010, A 16:00
    COMME UN CHIEN,
     

     

    Je voudrais me coucher par terre comme un chien,

    Le museau sur les pattes,

    Les yeux fermés,

    Et qu'entre le visiteur,

    Et qu'entrent le voleur,

    L'enfant et sa nounou,

    La grand'mère et son chat.

    Rester couché sur le paillasson

    Aussi immobile que le chien de faïence

    Figé sur la cheminée,

     

    Aussi inutile,aussi transparent.

    A peine ouvrir une paupière lourde et paresseuse

    Sur le vent déplacé par la porte ouverte .

    Ne rien voir, ne rien penser,

    Ou du moins, faire semblant,

    Et que sonne l'horloge, et que sonnent les portables,

    Et que défilent les clips assourdissants à la télé,

    Et que passent et s'oublient les films couronnés,

    Et que braillent chanteurs et journalistes

    Parlant de foot, de cyclones et d'amours mortes...

     

    Ne plus voir les larmes des hommes,

    Ne plus entendre leur rire

    Aussi loin, aussi proches soient-ils.

    Hier pourtant, j'écartais mes ailes de mouette blanche,

    Hier, je flottais au vent joyeux.

    Dominant du regard océan et falaise,

    J'étais l'oiseau planant sous les nuages clairs,

    J'étais l'oiseau dansant au soleil levant.

    Aujourd'hui,j'ai perdu mes plumes blanches et légères,

    Sur le seuil poussiéreux, je suis devenu chien.

     

    Et maintenant, laissez-moi dormir

    Entre mes pattes douces,

    Réglant mon rêve noir

    Sur le souffle de ma truffe mouillée.

    Ne caressez au passage

    Ni mes oreilles inquiètes agitées de tremblements,

    Ni le poil de mon échine maigre,

    Ni mon cou arrondi sur mes peurs...

    Je veux seulement dormir au chaud

    Près d'une porte qui s'ouvre.

     

     

     

     

    LUNDI 11 JANVIER 2010, A 12:41
    L'HOMME DEBOUT
     

     

    L'homme debout  (musée d'archéologie de Nemours)

     

    Dans la pierre ou sur les feuilles d'agave,

    Sur les peaux de cerf bien tannées

    Et sur les vélins transparents,

    Au fond des grottes des Eyzies

    Ou dans la tombe de Dame Hao à Xiaotun,

    Dans la brûlure du désert

    Ou sous les vertes frondaisons,

    Moi, l'homme debout,

    J'ai voulu dessiner, écrire,

    Dessiner, écrire et écrire toujours,

    Encore et encore,

     

    En points groupés,

    En bâtonnets sévères et droits,

    En sillons, en hiératique,

    En pictogrammes,

    En inscriptions oraculaires,

    En caroline, en lettres capitales,

    En arabesques,

    De gauche à droite, de haut en bas,

    Ou tout à l'envers, la tête en l'air,

    La main posée, la main levée

    Ou frappant sur la touche froide,

    Toujours et toujours,

    Pour signer de mon nom 

    L'intelligence de l'homme,

     

    Moi, l'homme debout,

    J'ai trouvé le caillou, la craie et l'encre,

    L'os et l'ivoire, le bambou et la soie,

    Le fusain noir, le clavier blanc,

    Pour signer de mon nom,

    De mon nom d'enfant de Dieu

    L'esprit, le génie et le courage,

    La bêtise et la méchanceté,

    La pensée exprimée, partagée, contestée,

    Le bien et le mal,

    Le pardon et le génocide,

    Le mariage et la répudiation,

    Moi, l'homme debout,

    J'ai pu procréer et mourir,

    J'ai pu vivre misère et magnificence,

    J'ai pu ouvrir les mers et conquérir la lune rousse,

     

    Rien, rien d'autre ne m'a fait avancer

    Que ce désir permanent d'écrire,

    D'écrire et d'écrire

    Avec plume ou clavier

    Pour signer mon fulgurant passage

    Sur cette terre hospitalière,

    Remuer le cœur d'une femme,

    Traverser fleuves et océans,

    Etablir lois et décrets,

    Jeter l'espoir ou le désespoir,

    L'éloquence et le mensonge,

    La vie, la mort,

     

    Moi, l'homme debout,

    J'ai la mission d'écrire,

    La passion des mots,

    Le culte de la pensée,

    Et  le désir puissant de fixer pour toujours

    Ma brève destinée

    Sur cette terre  où tournent les heures,

    Et qui me donne argile, peau, encre,

    Juste pour quelques mots

    Soufflés par mon esprit divin,

    Quelques mots écrits

    Qui me séparent de l'animal

    Muet pour toujours

    Et pour toujours soumis, pourchassé, domestiqué.

     

    Je suis vivant, je suis  debout,

    J'écris, je suis libre et éternel.

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 03 JANVIER 2010, A 23:27
    LE GRAND SILENCE
     

     

    Au vent qui m'enveloppe

    Jamais je ne dirai de dormir;

    A la vague impatiente,

    A la rivière bruissante,

    Jamais je ne dirai de se taire:

    Et ma parole, il faut la baillonner,

    Ou attendre patiemment dans la nuit

    Qu'une étoile me fasse signe.

     

     

    DIMANCHE 03 JANVIER 2010, A 12:32
    ESTAMPE JAPONAISE
     

     

    Estampe japonaise Surimono, vœu du 3 janvier.

     

    Qui sait où partent

    Sur ce bateau trop chargé

    Les sept divinités du bonheur

    Qu'un dragon malicieux conduit ?

     

    Qui sait où les mènent

    Vents et marées ,

    Qui sait où trouver les îles

    Où boire l'eau de l'espoir ?

     

    Qui choisira la bonne route,

    Celle qui conduit au bonheur,

    Qui noiera sa boussole

    En préférant le vent ?

     

    Elles partent bien habillées,

    Les cheveux lisses et la soie brillante,

    Entassées sans bagages ni sacs de riz

    Vers l'aventure de la vie.

     

    Emmenez-moi, déesses du bonheur,

    Je promets d'être sage et de vous écouter,

    Et je promets de croire

    A des orients dorés.

     

     

     

    SAMEDI 02 JANVIER 2010, A 09:38
    LA VILLE ET LE NOUVEL AN
     

     

    Poussée par la folie

    Des néons, des tams-tams,

    Folie des fringues, des jeux, des miroirs,

    Je cours la ville, aux abois,

    N'osant hurler ma lassitude

    Et zappant les vitrines

    Qui blessent mes yeux.

     

    Sur moi s'écroulent

    Consommation, lumière et bruit.

    Mon sang à ma tempe

    Tape à mesure, brûlé de fièvre.

    Je suis la proie chassée, convoitée, piégée

    Des vendeuses fielleuses

    Et des baratineurs.

     

    Où puis-je poser mon pied

    Dans l'herbe verte, douce et tendre,

    Et  goûter à la source qui me rafraîchira

    Froide, pure, exquise?

     

     

     

    VENDREDI 01 JANVIER 2010, A 17:14
    DERNIERE PRIÈRE POUR LA NOUVELLE ANNÉE
     

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Toi qui connais le nombre de mes jours,

    Toi qui as sondé mon cœur,

    Toi qui comptes mes cheveux fous ?

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Toi qui me donnes l'eau, la lumière et le pain,

    Toi qui étends sur moi ta main

    Lorsque la nuit s'accroupit

    Sur mon dos fatigué

    Sur mes pensées figées ?

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Et quel sens a pour toi une nouvelle année,

    Toi, l'éternel dans cette immensité ?

     

    Quel vœu ferai-je pour mon Seigneur,

    Lui qui m'a donné

    L'arbre de la forêt,

    La fleur sur le talus,

    Mon chien fidèle et mon chat engourdi ?

     

    Quel vœu ferai-je pour mon Seigneur,

    Lui qui m'a donné

    La mer et le chant des baleines,

    La neige et les glaciers bleutés ?

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Toi qui m'as donné une si belle terre

    Où chaque pièce a son unique place ?

     

    Je fais vœu pour cette année nouvelle

    De ne plus abîmer ta  création,

    De ne plus en abuser,

    De ne plus la détruire

    Car c'est un merveilleux puzzle

    Où je suis moi-même imbriquée.

     

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    JEUDI 31 DÉCEMBRE 2009, A 17:22
    DEUXIÈME PRIÈRE POUR LA NOUVELLE ANNÉE
     

     

    Je donnerais beaucoup, Seigneur,

    Et mon chant, et ma voix,

    Pour t'oublier un peu,

    Douter de toi,

    Renoncer à ta présence,

    Etre sûre de ton absence.

    Pour une fois seulement,

    Une heure pour un rire d'ivresse,

    Un cri de désespoir,

    Un dimanche pour célébrer le culte de mon corps :

    Footing et sauna, tennis et cinéma.

    Un mois pour tempêter contre moi-même

    Contre l'enfant, l'ado, le collègue,

    Et les vieillards, et les politicards

    Et tous les autres forcément imparfaits,

    Forcément agaçants

    Qui me renvoient mon imparfaite image

    Une année plutôt, où j'enfourcherai le cheval d'égoïsme

    Cornu et fougueux,

    Les narines fumantes de désirs refoulés. 

    Une décennie encore pour réaliser

    Mes rêves les plus fous.

     

    Je donnerais beaucoup, Seigneur,

    Pour qu'une fois seulement,

    Dans ma vie de mille et un soupirs,

    Vers toi, Seigneur, mille et un sourires,

    Vers toi, Seigneur, un millier de  chansons,

    Vers toi, Seigneur, des millions de  clameurs,

    Vers toi, Seigneur, l'essor de mon âme,

    Portée vers toi, Seigneur, par brise ou par zéphyr,

    Par l'impétueux aquilon,

    Par l'autan desséché,

    Par le mistral qui caracole,

    Par la bise coupante ou le baiser du vent,

    Vers toi, Seigneur, toujours portée au ciel

    Là-haut, trop haut pour moi,

    Trop haut perchée.

    Mon nom même, Seigneur,

    A tes lèvres toujours prononcé,

    Toujours appelé.

     

    Oublie-moi un peu Seigneur,

    Une heure, un jour, un mois peut-être,

    Car ta présence s'impose

    Et lors, s'impose  ma vie.

     

     

     

    JEUDI 31 DÉCEMBRE 2009, A 07:29
    PREMIÈRE PRIÈRE POUR LA NOUVELLE ANNÉE
     

     

    Je suis entré dans le temple, Seigneur, la synagogue et l'église

    Je t'ai parlé, Seigneur, je me suis incliné,

    Je t'ai prié, Seigneur, j'ai psalmodié ton nom trois fois saint.

    J'ai appelé sur moi ta bénédiction, ton regard, ta providence,

    Et toujours, toujours, Seigneur,

    Tu m'as regardé, écouté, répondu.

     

    J'ai cru en ta présence. J'ai cru en mes prières

    Et plus d'une fois, le souffle de ton esprit

    Est descendu en moi,

    Chaleur réconfortante ou langues de feu brûlantes,

    Mais au seuil de cette année,

    Oublie-moi,Seigneur, oublie-moi car tu as trop à faire.

     

    Les martyrs, les saints et les prophètes

    Tu les as beaucoup aimés.

    Vois comme leur vie fut dure,

    Leur destinée cruelle :

    Par le glaive d'Abraham, tu as éprouvé sa fidélité

    Et dépouillé Job qui clamait tes louanges.

     

    Le 31 décembre pose un couvercle sur cette année

    Qui fut acide à mes dents agacées.

    Les pauvres ont encore faim, les esseulés ont soif,

    Les migrants poursuivent leur marche éperdue

    Les mendiants quêtent dans les rues,

    Dans les déserts n'ont pas fleuri les amandiers.

     

    Mille vœux s'échapperont des lèvres cette nuit,

    Des vœux pour ceux qu'on aime et qu'on voudrait heureux.

    Courriel, voix ou papier,

    Tous ces vœux gagneront le ciel comme bulles légères.

    Mon vœu pour moi est simple, unique et désespéré :

    Laisse-moi rêver, Seigneur, au moins le premier janvier

     

     

     

    MARDI 29 DÉCEMBRE 2009, A 22:25
    VIEUX DICTIONNAIRES
     

     

    Vous en craquerez peut-être,

    Pauvres étagères de hêtre,

    Mais vraiment, non, je ne veux jeter aucun livre.

     

    Mes préférés sont les plus vieux et les plus inutiles

    Ceux dont la couverture est arrachée,

    Ceux dont on n'a plus le titre,

    Ceux dont les pages sont détachées.

     

    Je ne jetterai pas une poupée au bras avulsié,

    A la tête brinquebalante

    A l'œil énucléé,

    Je ne jetterai pas non plus mon papier.

                Bigre, t'es démodée !

     

    Mon préféré est un vieux dictionnaire

    J'en ai dix neufs, mais je m'en sers

    Pour le plaisir de feuilleter

    Du papier missel à peine écorné.

     

    Avec des mots qu'on ne dit plus

    Et sans les mots que j'abomine

    Avec des croquis démodés

    Et le passé que j'aveignis.

            Parle verlan !

     

    C'est le poète qui me le dit

    Ou nos républicains de la primaire ?

    Ma fille, prends ton rouet et file

    Ton ordinateur a craché.

    Reprogrammez le logiciel !

     

    On voit dans la campagne sommeillante

    Le bœuf attaché au travail,

    Le sonnailler marche devant l'agneau,

    Le lavandier met ses houseaux.

     

    Le schlitteur descend le lourd sapin,

    Sa femme remplit la huche à pain,

    Le fils pipe l'oiseau de grand matin,

    La fille donne au bourrin son picotin

            Aie, aie, aie, les reins !

     

    Quand les enfants de Marie jettent des roses sur l'ostensoir

    Le porte-dieu est à côté du porte –dais

    Qui suit le porte-croix précédé du porte-crosse

    Car le porte-bannière a préféré le porte-bobèche .

          C.R.S  et pavés ?

     

    Le militaire au shako effrangé suit la rocade stratégique

    Pour aller voir les riz-pain-sel du Mozambique

    Et leur mendier la rocambole authentique

    Avant d'aller coucher dans le pailler.

          Et l'air conditionné ?

     

    Le plumeau de la chambrière à la journée

    Effleure le plumier de l'écrivassier

    Qui trempe sa plume d'acier (sergent-major )

    Dans l'encrier de buis sculpté.

         Zut ! mon imprimante est bloquée !

     

    On traverse la Manche en picoteux,

    On prend les flots sur le sacolève du Levant,

    On gobelotte en phaéton plein de gueuses,

    On use ses godillots en marchant .

         Et vive mon 4-4 !

     

    Le paravent suit la parasolerie

    Où les parapluies abritent une famille entière,

    Le pétrole sert à l'éclairage,

    Les images s'animent au cinématographe.

          Achète un I-pod !

     

    On voit aussi dans mon dico un pied de chèvre épaté

    Et de lourds pieds de biche à la poignée de bois.

    On met les poucettes au prisonnier

    On reçoit les étrennes du bonhomme Janvier !

        C'est une pub ?

     

    L'Algérie est colonie française

    Et je suis de Seine et Oise,

    On cultive l'armoise aux Pays-Bas,

    New York est La Nouvelle Amsterdam.

     

    La Bohème est fière de Prague,

    Les Anglais boudent en Palestine,

    Les Mosellans parlent allemand,

    On vend le riz de Cochinchine.

    Combien de morts inutiles !

     

    On mange les feuilles de roquette,

    Des fèves vertes à la sarriette,

    Du pâté d'alouette pour Guillaumette

    Des raves cuites dans l'aneth .

         Oh !  oh !Mac Donald !

     

    Vieux dictionnaire, tu m'enchantes

    Et  cernes mon front de souvenirs,

    L'or des mots doux et durs que prononce parfois

    Feu mon grand-père dans tes pages bruissantes…

           J'ai vraiment rien pigé !

     

     

     

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2009, A 20:03
    MATIN D’HIVER
     

     

    Quand le matin s'éveille

    J'aime tôt me lever

    Et marcher dans les grandes plaines.

    J'aime voir s'empourprer les bosquets de roseaux

    Et s'embraser de feu sous les jets de soleil.

    L'hiver sans eux est triste de grisaille

    Mais la lumière jaillit

    Et sous la coupole rose de l'air brumeux

    Les matins appuient leur flanc

    Contre les terres rougies.

    Ici, tout semble rouillé comme un fer

    Abandonné aux hasards de la pluie,

    Et le socle immense de la terre

    Défriche inlassablement les heures mêlées

    Mes pas me portent toujours

    Vers l'arche blonde d'une eau passante

    Agenouillée sur les cailloux crémeux.

    Elle envoie chaque instant vers les cieux

    Ses prières mouillées d'espoir.

    Au ras de l'eau,

    Près des vases huileuses frôlées par les tritons

    Les fresques mouchetées d'un courant immobile

    Dessinent des yeux pleins de confiance.

    Puis, quand les heures descendent

    Sur les berges blafardes,

    Les peupliers peignent des songes.

    Et l'onde dénouée se gorge de flocons d'or

    Précipités du ciel en poudroiements perlés,

    Etoiles sans chaleur

    Qui s'endorment

    Lorsque l'aube s'évase.

    Dans la campagne,

    Les chênes pensifs gravement veillent,

    Leur ramure crénelée couverte de feuilles

    Marcescentes convolutées et sèches

    Les jardins endormis

    Attendent pour l'été

    Le concert des rosiers à vif.

    En automne, on a planté

    Près des pivoines aux paupières closes

    Des iris au regard de violet velours

    Qui jailliront en flèches dès le premier soleil .

    Et le romarin bleu refleurira

     Pour enivrer les guêpes brunes,

    Oui, le soleil sèmera sa poudre de mimosa

    Egrenée par les vents tièdes d'avril.

    Les yeux fendus de malice,

    Un lézard parcheminé

    Filera des fils d'or

    Sur une branlante muraille.

    Hélas, je  rêve seulement, quand, vers midi,

    La fourrure moelleuse de cette fin décembre

    Caresse mon visage en oubliant quelques heures

    La morsure détestée de la bise cruelle.

    Je rêve pourtant aux papillons pliés

    Qui en secret s'exercent

    A faire frémir de beauté

    Le petit peuple des insectes.

     

     

    DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2009, A 19:58
    LA NAISSANCE
     

     

    Grâce à quoi je demeure

    Grâce à quoi je survis.

     

    Une aube légère

    Dans un bébé tout neuf

    Grâce à quoi je demeure

    Grâce à quoi je survis.

     

    Un regard malicieux

    Une exigence pleine

    Et des mains potelées

    Qui pétrissent mon cœur.

     

    Grâce à quoi j'aime enfin

    Grâce à quoi je vieillis

    Une aube légère

    Et un regard nouveau.

     

    Car j'ai donné naissance

    Et j ai donné la vie

    Plus le droit )à présent

    De dormir.

     

    Grâce à quoi je demeure

    Grâce à quoi je survis.

     

     

    DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2009, A 10:47
    VIRELAI DU TEMPS JADIS
     

     

    Au temps que toute chose est gaie

    Vire chante, virelai

    Au temps que toute chose est gaie

    De la rosée des champs

    Ma lèvre a tout goûté,

    De la rosée des champs

    A la grande marée.

     

    Lors vint à ma bouche

    Chanson qu'ainsi j'écris

    Lors vint aussi à mon cœur

    Paroles claires de mon bonheur.

    L'hiver qui pèse nuit et jour

    Ce que c'est que décembre qui dure

    Sans cesser d'aller, sans séjour,

    Sans se laisser prendre cassure

    L'hiver m'a devancée.

     

    Mon âme encore ensoleillée

    Voit la blanc neige, voit le chagrin,

    Et tant de joie en elle est fière

    Que mon regard en est serein

    Vœu donc ferai pour terre entière

    Où hommes sont comme rameaux,

    Au printemps ils se délectent

    Et que la sève les humecte

    Pour que verts et fleuris

    Vivent tous et chacun depuis,

    Et soit en eux le Paradis...

     

     

    MARDI 08 DÉCEMBRE 2009, A 14:57
    MENDICITÉ
     

     

    T'as pas cent balles?

    C'est pour brouter

    Sur l'beau gazon de l'Evêché.

     

    T'as pas cent ronds

    Pour écouter

    Tous les flonflons de l'orphéon?

     

    T'as pas cent thunes

    C'est pour buller

    Sous les soleils  de l'Elysée?

     

    T'as pas cent sous

    C'est pour chanter

    Mon pauv'copain qu'est sidayé?

     

    T'as pas d'l'oseille?

    C'est pour l'appel

    D'une jolie fille su'mail

     

    T'as pas d'galette

    Pour jouer les riches

    Au grand hôtel?

     

    Si t'as l'grisbi , t'as des amis

    On ira boire

    Au Paradis.

     

    Donne des quibus

    J'prends l'autobus!

    Pour le taxi, faut trop d'radis!

     

     

    T'as une minute

    Qu'on boive un pot,

    Qu'on s'dise un mot, même en argot?

     

    Y'a plus d'écus

    Y'a plus d'pétrole

    Y'a des euros, moi, c'est zéro!

     

     

     

     

     

     

     

    MARDI 08 DÉCEMBRE 2009, A 00:11
    A TOUTES LES FEMMES EXILÉES PAR LA MISÈRE OU LA GUERRE
     

     

    Exode des femmes

    Pliées de peur, de honte et de chagrin,

    Je ne suis plus qu'une feuille abîmée ;

    Je me dessèche sur la terre glaciale ou brûlante,

    Accroupie pour des prières muettes et sans dieu.

    Je suis un cocon mort replié sur un cœur figé

    Et mes ailes flétries ne voleront jamais.

    J'ai bu de l'eau croupie

    Tiédissant dans un fossé de bord de route

    Et je n'ai vu ni le ciel bleu

    Ni l'or de l'Orient rompant le grand silence

    Ni la pluie étoilée claquant sur le pavé

    Ni la terre enneigée attendant le printemps

    Ni les avions d'argent glissant dans les nuages.

    Sèche et nue, et seule et vidée de larmes ;

    Feuille tombée de l'arbre bouillant de sève,

    Quand Dieu jeta du Paradis,

    Eve ma sœur douloureuse,

    Eve ma mère humiliée,

    Eve ma fille souillée,

    Eve ma bien-aimée privée de lumière,

    De mots, de justice.

    O douleur des femmes aux entrailles déchirées

    Proies de l'ogre affamé,

    Proies des Eglises saintes et muettes,

    Proies des bébés haineux et dévorants,

    Vous et vos pères majestueux,

    Vous et vos fiers maris

    Caressant vos cheveux dénoués

    En murmurant des mots d'amour

    Qui bleuissent leurs lèvres

    Et brisent votre crâne,

    Qu'avez-vous donc appris en traversant les siècles ?

    Femmes aux paumes calleuses,

    Femmes aux doigts noués,

    Femmes aux dents éclatées

    Par les paroles de haine,

    Par les vipères sifflantes qui nouent votre parole,

    Femmes aux épaules sèches

    Que nul bras n'a protégées

    Femmes, mes sœurs aux lèvres cousues,

    Femmes, mes sœurs cachées,

    Mes sœurs de misère,

    Mes sœurs d'injustice,

    Mes sœurs pitoyables,

    Vous qui cherchez dans la poussière et le sable et la glace

    Le bois pour vous chauffer,

    Le grain pour vous nourrir, la miette, l'eau,

    Vous qui offrez vos mains à vos fils désarmés,

    Vous qui suintez les larmes, le lait, le sang,

    Vous toutes mes sœurs divines,

    Chantez, chantez, chantez

    Vos Requiem in pace.


     



     

     


    MERCREDI 02 DÉCEMBRE 2009, A 15:15
    STRING ET BURKA
     

     

    Et pour cacher sa nudité

    Elle avait mis sur son petit devant

    Un triangle de soie trop étroit.

    Elle avait mis sur son petit derrière

    Un cordon de ficelle dorée

    Mais pour cacher sa nudité

    Ce n'était pas assez.

     

    Elle avait mis alors

    Sur ses petits vallons bien ronds

    Une culotte à fleurs en coton très serré

    Qui cachait son petit devant

    Qui cachait son petit derrière

    Mais pour cacher sa nudité

    Ce n'était pas assez, le pantalon fut demandé.

     

    Pour se baigner dans les flots

    Un petit haut à balconnet

    Un petit bas sous le nombril

    Mais pour cacher sa nudité

    La blancheur de sa gorge

    Et sa jambe galbée

    Ce n'était pas assez, elle se baigna toute habillée.

     

    Pour marcher dans les rues de Kaboul

    Pour marcher dans les rues de Paris, d'Istanbul

    Elle avait mis sous ses genoux

    L'ourlet de sa jupe évasée

    Mais pas de collant gris.

    C'était loin d'être assez

    Elle a reçu cinquante coups de fouet.

     

    Pour aller au marché

    Elle avait caché ses cheveux de feu

    D'un joli foulard bien noué

    Ce n'était pas assez

    Et pour cacher sa nudité

    Il fallut mettre aussi

    La longue robe noire sur ses souliers de fée.

     

    Et pour cacher sa nudité

    Pour éviter les regards appuyés

    Elle partit grillagée, verrouillée, enterrée

    De la tête jusqu'aux pieds, la burka s'imposa.

    De noire toute vêtue

    Juste un fantôme dans les rues

    Qui la verrait pleurer ?

     


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    LUNDI 30 NOVEMBRE 2009, A 18:18
    LE BONHEUR VERT
     

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    On dit fleur ou fruit

    Et des arômes et des douceurs de pétales et de pulpe

    S'exhalent et m'enlacent.

    Douces et vireuses

    Elles me disent : sois heureux.

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Je dis vent et bourrasque

    Et brise qui murmure

    Et coulis qui s'éteint.

    La girouette qui geint

    Apaise mes colères

    Et me souffle tout bas : sois heureux

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile.

    Cascade et eau dormante me coroient et me ripent.

    Et jaillissent et ondulent

    Des sources et des étangs.

    Je m'immerge et me trempe

    Et l'eau suinte pour moi : sois heureux..

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Prendre l'arbre à plein bras

    Et planter, et semer

    Chanter sous la tonnelle, danser dans  le vallon .

    Chenus ou filardeaux, douçains et sauvageons

    Les sylves ont fredonné pour moi : sois heureux.

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Je claironne : soleil, se réveillent Osiris, Phébus et Mithra

    Qui de forces dorées couronnent l'univers étincelant,

    Et réveillent mes yeux endormis sur mes rêves

    Effacent de ma nuit mes brûlantes  peines

    Et d'or et de lumière clament très fort : sois heureux

     

    Chanvre, plainte et déchirure

    Et velours ou tendresse

    Et clémence ou satin,

    Que te louangent toutes les fleurs, toutes les eaux,

    Tous les vents, tous les fruits, et les arbres dressés

    Et le soleil radieux et les racines obscures.

     

    Que la nature toujours à ton oreille vigilante,

    Doucereuse et pateline

    Cassante et dévorante

    En une mélopée gracieuse, en un cri proclamé

    Te dise, oui, te dise :

    Homme, sois heureux..

     

     

    LUNDI 30 NOVEMBRE 2009, A 12:55
    JARDIN
     

     

    Et tu pourrais sans doute

    Descendre en ton jardin

    Marcher dans l'herbe douce

    Caresser le matin.

     

    Et tu pourrais ainsi

    D'une timide main

    Effleurer la rose rouge

    Qui a fleuri ce matin.

     

    Un petit homme a baillé:

    C'était un nain de jardin..

    La rose rouge est fanée

    Le petit homme est tombé .

     

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 16:25
    L' ÉPERVIER
     

     

    As-tu vu au bord de la falaise

    Le petit épervier immobile et vibrant?

    Suspendu entre ciel et mer,

    IL hésitait sur sa destinée

    Et poussait un long cri plaintif

    Que la vague au loin étouffait...

    Comme j'aimerais ainsi me pendre dans le vent

    Et  croire atteindre les nuages blancs,

    Et croire entendre encore et encore

    L'herbe pousser sous mes pieds!

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 16:07
    SAGESSE
     

     

    J'ai pensé être reine

    Vivre un soleil doré.

    J'ai pensé être flot,

    Bateau errant et vogue sans galère;

    J'ai pensé être sainte

    Couronnée d'une épine ambitieuse.

    J'ai pensé être maudite

    Bateau en dérive et vogue le flot

    Qui nourrit savants et génies;

    J'ai pensé être sage

    Vivre sans heurt, sans blessure

    Les yeux fermés, la bouche close

    Et faire danser les idées rudes:

    Foi, bonté, droiture,

    Des mots oubliés, des mots démodés

    Petit roseau plié, j'ai bien courbé ma tige

    Ni sainte, ni reine, ni sage

    Sans combat mais cousue de blessures

    Et vogue mon bateau sur l'unique océan

    Centre de l'univers où mon Dieu m'a conduite.

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 15:58
    PRONOMS PERSONNELS
     

     

    De toi à moi

    Ou lui ou toi

    C'est toi ou moi

    Ou lui et moi

     

    De elle à moi

    Ou elle  ou moi

    c'est elle et toi

    Et toi sans moi

     

    De toi à elle

    Ou elle et toi

    C'est elle ou moi

    Et  elle sans toi

     

    Et nous sans elle

    Et nous sans vous

    Et vous sans nous

    Et nous pour nous.

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 10:21
    PARIS
     

     

    Parfois, ne vous moquez pas,

    Je quitte mon jardin, lassée de mes herbes mouvantes

    Et du grand ciel qui ne me répond pas.

    Parfois, ne vous moquez pas,

    Je me sens irrésistiblement appelée

    Par la foule et le bruit

    Et le métro grinçant,

    Et les trottoirs bondés.

    Je marche dans les rues

    Choisissant avec soin

    La bousculade et les encombrements,

    Les néons lumineux et les moteurs rageurs.

    Oh, ne vous moquez pas,

    Je m'assieds sur un quai de métro

    Aux pires stations, aux heures de presse,

    Et les piétons qui me bousculent sans s'excuser

    Me rendent à mon humanité.

    J'aime ce bain de foule où je me sens unique

    Et membre d'un grand corps, frère de tous mes frères

    Clodos et pédégés, minettes et croulants.

    Je suis l'homme régnant sur terre

    Couronné, vainqueur, immortel.

    Non, ne vous moquez pas, Paris parfois m'appelle

    Ou Londres, Sao Paulo, Rome et Milan.

    Et je m'échappe de mes prisons

    Dans un rire, une danse, un opéra

    Quand je marche sur le bitume

    Vibrant des mille cœurs qui battent

    Au rythme de mes pas.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:47
    MA MAISON
     

     

    J'habite une maison haute

    Ou règne une belle harmonie

    Du lin de Cogolin, des toiles peintes

    Et des fleurs un peu assoupies.

     

    Une chambre à baldaquin

    Un parquet ciré sous l'alcôve

    Des porte-plumes, un guéridon fragile

    Et des cache-pots sous les amandiers nains.

     

    Au salon, des médaillons empire

    Des figurines en biscuit sous  l'opalescence des lampes

    Un portrait sépia du prince impérial

    Une horloge  qui ne sait pas compter.

     

    Une collection de chats hiératiques

    Sur la commode palissandre

    Et des aquarelles pâlies

    Encadrées de dorure mouchetée

     

    Une salle de bain carrelée

    Une vasque en pâte de verre

    Une  psyché bancale

    Et des fontaines en col de cygne.

     

    Une grande cuisine dallée

    Avec des poutres raides et un évier carré

    Une rangée de cafetières étiques

    Et le fourneau paré de céramiques .

     

    Entrez, entrez dans ma maison

    Elle est faite pour vous, visiteurs et amis

    Moi, j'ai ma niche et ma pâtée

    Dans un bureau empoussiéré.

     

    Des livres couchés, des livres étranglés

    Des revues lues, découpées, des crayons rongés

    Des papiers à classer, à trier, à jeter

    Des papiers à relire, des papiers pour pleurer.

     

    Pagaille, désordre et fatras

    Pêle-mêle d'ouvrages brochés

    Capharnaum de lettres et d'épîtres

    De missives à corriger, de messages à poster

     

    C'est dans cette confusion plumitive

    Cette misère domestique

    Que je scribouille, que je tartine,

    Que je découvre mes chansons.

     

    Je me vautre dans les phrases alanguies

    Je me ventrouille dans le sucre des mots

    Je me vitule dans les papiers noircis

    Je me barbouille d'encres séchées.

     

    De ce chaos,

    De cette bauge,

    De ce repaire,

    De ce terrier,

    De ce cloaque de papier ,

     

    Je vois, moi, mille colombes s'échapper.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:40
    MARIAGE D’AMOUR
     

     

    Si tu veux, oui, pourquoi pas

    Sans doute en blanc, en tulle et dentelle

    Noeud papillon, chapeaux de rêve

    Orgue  vainqueur, repas de fête.

     

    Si tu veux, oui, pourquoi pas

    Je serai demain à ton bras

    Chansons d'amour, refrains coquins

    Et nos parents un peu chagrins.

     

    Pour le meilleur et pour la joie

    Mais seulement pour aujourd'hui

    Si tu le veux, oui, pourquoi pas

    Nous croire liés la bague au doigt.

     

    On louerait tout pour de rire

    Le maire enrubanné et la calèche en fleurs

    On louerait seulement la journée de bonheur

    On n'aurait pas besoin de divorcer.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:34
    EDUCATION
     

     

    Un et un deux

    Deux et un trois

    Trois fois trois neuf

    Je, tu, il, nous, vous, ils

    Le pistil, les étamines

    Hugues Capet

    Robert le Pieux

    Henri 4 et Ravaillac

    La fourmi n'est pas prêteuse

    Sur un tapis de Turquie

    Le couvert se trouva mis

    Bijou, caillou, chou, genou

    Mais où est donc Ornicar,

    L'âge du capitaine point d'interrogation

    Le diamètre , les équations

    Rosa, rosa, rosam

    My taylor is rich

    Desayuno u cena

    Frites et purée-jambon

    Ravaudage et lessive

    Courses et maman-taxi

    Marivaudage et bavardage

    Sont les vraies mamelles de la femme

    Qui tricote au jour le jour

    Les heures perdues, les heures jetées

    Et ne voit pas d'ouvrage avancer

    Chers petits à éduquer

    Il faudra recommencer  encore et toujours

    Je bêtifie, tu bêtifies, vous bêtifiez

    C'est le destin des mères phagocitées

    Meurs, mourons, mourez.

     

     

    MARDI 24 NOVEMBRE 2009, A 19:19
    OBÉISSANCE
     

     

    Elle avait appris à dire

    Oui, madame et oui, monsieur

    Elle avait appris à se tenir à table

    Elle avait appris à ne pas crier.

     

    On lui avait dit: sois sage et tais-toi,

    Elle était sage, elle se taisait.

    On lui avait dit: obéis-moi

    Et elle obéissait.

     

    C'était à dix, c'était à vingt,

    A trente et quarante ans, la vie, la vie,

    Elle était sage et bien docile

    Tout un chacun l'aimait.

     

    Et puis des oui madame, des oui monsieur

    Elle eut un jour assez

    Elle voulut vivre et dire: je veux

    Mais la chanson était fêlée.

     

    Vole, bel oiseau vole

    Et sauve-moi de moi

    Qu'un tourbillon de plumes

    Libère la foi qui dort en moi.

     

     

    MARDI 24 NOVEMBRE 2009, A 16:02
    BROCANTE
     

     

    Le musicien est mort en juin

    Le vieux piano est à vendre

    Tout habillé de poussière argentée

    Entre un frigo et une télé.

    Les touches pleurent quand le client les frappe

    Le brocanteur n'a pas de cœur

    Le musicien est mort en juin  

    Le piano pleure, et meurt

    Il meurt de chagrin.

     

     

    LUNDI 23 NOVEMBRE 2009, A 18:31
    NOUVELLE JOURNÉE
     

     

    Le  jour se levait

    Lorsqu'une pensée lui troua l'esprit ,

    Comme une chiure de mouche

    Sur une vitre fraîchement lavée :

    Ma vie sera toujours une entreprise inachevée.

    Le jour se levait

    Avec cette idée

    Aussi débilitante que rigoureusement exacte.

    Il aurait fallu se rendormir,

    Rêver de nouveau à des prairies en fleurs,

    A des couronnes de mariée,

    A des plages de sable blanc.

    Au lieu de quoi,

    Elle se jeta hors de son lit

    Et se prépara à affronter une réalité

    Aussi pesante qu'une sinusite.

     

     

    DIMANCHE 22 NOVEMBRE 2009, A 14:18
    BÉATITUDES
     

     

    Centrales empoisonnées

    Bateaux de plutonium,

    Ozone troué

    Sida, vétusté, corruption,  L.S.D.

    Violence et insanité

    Internet rose et truqué

    Faim et chômage

    Guerres et suicides

    Racismes et intégrismes

    Mensonges et perversité,

     

    Ouvrir ou fermer les yeux

    Est mon seul choix.

     

    Non, je ne peux pas croire

    Que l'oiseau ne chantera plus,

    Et je ne peux pas croire

    Que mes yeux dessillés

    Ne verront que le Diable

    Portant en croupe

    L ‘humanité bafouée ;

     

    Nous verrons l'espérance dans les yeux des bébés

    Nous verrons les enfants jouer

    Nous verrons le printemps jaillir sous la lumière.

     

    Nous verrons les malades se lever en riant

    Nous verrons l'océan où dansent les dauphins

    Nous verrons les blés dorer dans les déserts

     

    Nous verrons l'alouette chanter sous le soleil

    Nous verrons le chômeur debout tôt le matin

    Nous verrons le poète éteindre les écrans.

     

    Nous verrons les ministres servir l'humanité

    Nous verrons des lois justes et des journaux ouverts

    Nous entendrons des chants, des prières, des pardons.

     

    Et des prophètes à nouveau parleront

    Que nous saurons écouter avec déférence

    Et des savants chercheront, pour trouver la vérité de la vie.

     

    Non, je ne peux pas croire

    Que la terre se dessèche

    Que le ciel m'asphyxie

     

    Je ne peux pas croire

    Ceux qui brament, ceux qui grondent

    Et que les hommes de bien se taisent,

    Liés de peur, de lâcheté.

     

    Je fais ma part de chemin

    J'écoute l'homme en moi.

     

    Socrate, Marc Aurèle,  Saint- Thomas, Spinoza,

    Montesquieu et Voltaire, Goethe et Hugo,

    Darwin et Claude Bernard, Jaspers et Gandhi,

    Bâillonneront les nouveaux loups hurleurs

    Qui ne pourront ni mordre ni tuer.

     

    Une sève de chêne

    Sourd de nos veines bleutées

    Attendant le printemps et guettant la lumière

    Pour jaillir et réclamer ses droits. 

     

     

    SAMEDI 21 NOVEMBRE 2009, A 20:43
    UNE ALLÉE
     

     

    Il y a bien une barrière blanche

    Et une allée cernée de fleurs;

    Il y a même au bout  une maison,

    Et une porte bleue sous la lucarne ouverte,

    Et une main de cuivre pour appeler l'ami.

    Pourtant le vent  m'emporte

    Vers mes chimères et mes folies;

    Je ne fais que passer

    Tel un duvet de fleur

    Effleurant cette terre

    Sans jamais me poser. 

     

     


    SAMEDI 21 NOVEMBRE 2009, A 20:28
    PAPIER, ESPOIR ET PAPIER .
     

     

    Avec une feuille de papier,

    Livre ou journal,

    Canson pour dessiner,

    Cahier pour travailler,

    Les jours sont plus supportables

    Et le réveil, au matin,

    Plus probable .

     


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