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    MERCREDI 28 DÉCEMBRE 2011, A 10:53
    AU DONON
     

     

     

    En ce soir du mois d'août, il partit pour marcher,

    Et sans aimer la lune, il aima sa clarté.

    Paysage d'hiver par une nuit d'été,

    L'herbe de la prairie semblait être rasée,

    Et la rosée tremblait sous le rayon jauni

    D'une couche de givre dormant sur les paillis.

     

    Quand vint le vent frisquet, il put se réfugier

    Dans une clairière ouverte où paissaient quelques biches.

    Couleur de lysimaque, un ciel jaune s'étendait

    Aux sommets veloutés des montagnes si riches.

    La pluie pulvérisée sur les branches légères

    Des sapins argentés figeait l'ombre sévère.

     

    Tandis que, dominant et seul de sa race,

    De sa branche faîtière semblant une vraie croix

    Un hêtre dépassait un peuple d'arbres droits

    Qui luttaient sous le poids de leurs épines lasses.

    Et lui seul écoutait le murmure de la nuit,

    Sa marche encore lointaine mais de rêves éblouie.

     

     

     

    MARDI 27 DÉCEMBRE 2011, A 10:08
    QUAND ELLE ÉTAIT LÀ, ET PUIS, PAS LÀ.
     

     

     

    Absente,

    J'ai cultivé les phrases jolies

    S'évaporant de ses lèvres roses

    Comme une haleine chaude et douce.

     

    Présente,

    J'ai trop parlé de moi-même.

    S'échappant de mes lèvres caustiques,

    Les brumes et les critiques caracolaient :

    Je voulais être d'une absolue rigueur.

     

    Absente,

     Je me sentais tendresse,

    Présente, je me faisais raseur.

     

    Absente,

     J'étais obsédé par sa beauté :

    Sa peau de velours à peine dénudée,

     Son cou aussi gracile que la tige des fleurs.

    Son regard de myosotis pâle

    Faisait chavirer mon travail.

     

    Présente,

    Je marchais droit devant moi,

    Absente,

    Je posais ma paume forte

    Sur ses petits doigts légers.

     

    Je râlais pour des riens quand elle était là,

    Puis, quand elle était partie,

     Je rêvais à son sourire

    Que malgré moi, j'avais éteint.

     

    Elle est partie, j'ai tellement froid !

    J'ai peur du vide

    Que mes paroles arides ont creusé.

     

    Elle est partie, la reverrai-je ?

    Tout résonne et frissonne…

    J'ai froid dans mon cœur sec

    Qui chante sourd ou reste muet,

    Ce cœur vidé pleure

    Des épis mûrs et non coupés

    L'attente vaine.

     

     

     

    MARDI 27 DÉCEMBRE 2011, A 09:10
    QUELQUE SOIT SON NOM
     

     

     

    Entre nous deux,

    Et quelque soit son nom,

    Il se créera d'abord un silence,

    Et ce silence ressemblera à une attente.

    Puis, il y aura un certain regard,

    Et peut-être alors sa lèvre sourira…

     

    Enfin, il y aura une parole, une première parole,

    Et quelque soit son nom,

    Cette parole sera comme un cadeau.

    Vers ses yeux partiront des paroles

    Que son oreille n'entendra pas,

    Je recevrai des noms usés : train, livre, pain,

    Que seuls mes yeux entendront .

     

    Tout à l'heure, il me dira ce qu'il a fait aujourd'hui,

    Ce qu'il a fait hier, et puis avant-hier,

    Et doucement, j'entrerai dans sa vie,

    Quelque soit son nom.

     Doucement, doucement,

    Avec des mots de tous les jours,

    J'entrerai dans sa vie.

     

    Et si j'attends bien patiemment,

    Si j'attends que sa lèvre ait rendu mon sourire,

    Je sais qu'il me dira aussi

    Ce qu'il fera demain, après-demain,

    Et même ce qu'il fera  l'an prochain ;

    Quelque soit son nom,

    Il parlera de ses inavouables projets,

    Et mieux encore, il parlera de ses regrets.

     

    Je ne le connais pas,

    Il n'a pas encore de nom,

    Il n'a pas traversé mon chemin.

     

    Demain, demain peut-être,

    Je l'appellerai par ce nom,

    Il me dira bonjour en prononçant le mien :

    Alors, je saurai s'il peut entrer dans ma vie,

    S'il peut entrer doucement dans mon cœur.

    Ce nom sera le visage d'un ami.

    Il pèsera tout le poids de l'espoir,

    Quelque soit son nom.

     

     

     

    SAMEDI 24 DÉCEMBRE 2011, A 17:50
    CADEAU DE NOËL EN MAI
     

     

     

    Je n'avais ni cheval de bois,

    Ni lapin au tambourin,

    Ni landau, ni trottinette,

    Ni polichinelle sur une échelle.

    Je n'avais ni poupée ni poupon,

    Juste un vieil ours dans les bras :

    On me trouva trop grande pour ça !

     

    On me somma de le donner

    Y'a plein d'enfants qui n'auront rien,

    Va le porter chez les voisins,

    Le petit Jules n'a point d' papa.

     

    J'étais contente d'avoir grandi,

    Mais je revins très chagrinée.

    Mémé qui n'avait rien pour vivre,

    Voulut m'en consoler.

    Sou à sou , elle épargna son pécule :

    J'eus un nounours au mois de mai.

     

    Son poil est élimé,

    Ses jambes sont déformées,

    Son nez part de travers,

    Un œil est éraillé, les oreilles sont pliées.

    Recousu  par mes petits doigts maladroits,

    Les copeaux de bois

    S'échappent de son ventre percé,

    Ses vêtements serrés

    L'empêchent de sombrer !

     

    C'est mon nounours :

    Il m'a suivie partout.

    Je le prête le soir

    Quand un enfant a peur du noir :

    Mémé donne sa voix

    A ce vieil ours délabré.

    Câlinant le vétuste joujou,

    Les enfants dont la chambre est un magasin

    De jouets rutilants et modernes

    S'en trouvent toujours consolés,

    Et moi, je pense à ma pauvre mémé…

     

     

     

     

    MARDI 20 DÉCEMBRE 2011, A 10:31
    PAROLES EN L'AIR
     

     

     

    J'ai parlé d'hirondelles et de libellules,

    J'ai parlé soirs d'été

    Et j'ai vécu de brumes

    Et de paroles châtrées.

    Quelques paroles en bleu ou noir,

    Que voulez-vous, je ne sais pas danser !

     

    Ma chanson triste,

    D'où vient-elle ?

    Il n'y a en moi ni soleil ni vent.

    J'écoute le grand souffle qui passe autour de moi,

    Je pourchasse les traces des plus petits émois,

    Que voulez-vous, je ne sais pas jouer !

     

    Ma parole s'essouffle et mon âme s'en va,

    J'habite un corps qui ne m'appartient pas.

    Je suis une oreille aux aguets,

    Une main tendue mais gantée,

    Un regard aux abois, un errant de la vie,

    Que voulez-vous, je ne sais pas aimer !

     

     

     

    VENDREDI 16 DÉCEMBRE 2011, A 11:27
    SOLITUDE MAIS PREMIER JANVIER
     

     

     

    Des murmures, des voix, des cris habitent les murs.

    Je perçois des sons, des syllabes, des mots :

    On parle quelque part,

    On bavarde, on écoute, on murmure,

    On prie ?

    Je discerne quelque chose…

    Des mots au milieu de sons,

    Des voix,

    Un appel…

    J'entends des silences chauds, riches,

    Des silences plus oppressants,

    Des silences qui sont des creux :

    Il y a quelque part des palabres,

    Une réplique,

    Un rire…

    Oui, là-bas, des gens se parlent, au loin,

    Des gens qui se regardent

    Des gens qui ont été invités :

    Ils sont tournés les uns vers les autres

    Autour d'une table ?

    Autour d'un verre ?

    On ouvre des cadeaux enrubannés, peut-être,

    On allume des guirlandes lumineuses,

    On partage un gâteau de fête ?

    Il y a une humanité derrière ce mur

    Où je me tiens pliée.

    Et moi , que dirais-je ?

    Pourquoi ? Pour qui ?

    Qu'aurais-je à dire que quelqu'un puisse écouter ?

    Avec qui partager mon verre ?

    Mon silence m'écrase :

    J'allume ma télé.

     

     

     

     

    JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011, A 20:32
    JEUNESSE
     

     

     

    Ainsi parlent les bouches d'ombre

           Qui ont vieilli.

    Ma bouche à moi est jeune,

           Elle se tait donc, parfois.

     

    Elles n'ont pas ma parole,

           Légère,

    Elles ont la sagesse

           Amère.

     

           Moi, je ris

    Quand elles sourient,

           Moi, je danse,

    Quand elles avancent.

           Moi, je m'élance

    Quand elles cheminent .

     

    Nous ne sommes plus de même feu,

    Nous ne sommes plus de même argile.

     

           Je chante

    Quand elles murmurent,

           Je pleure

    Quand elles oublient.

     

    Suis-je un ruisseau

    Face à cette eau dormante ?

    Quelle est ma chance,

    Face à mon essence qui s'en va,

     

    O, ma filante enfance ?

     

     

    JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011, A 19:35
    INSOMNIE
     

     

     

    Un soir de plus,

    La nuit viendra encore.

    Je ne tiens plus debout,

    Je ne veux me coucher,

    Et je me plains moi-même.

     

    Un soir encore,

    La nuit me guette,

    A pas menus,

    Le sourire carnassier,

    Il fait si noir en ma maison !

     

    Mais comment voulez-vous

    Que je dorme sans rêve ?

     

     

    MERCREDI 14 DÉCEMBRE 2011, A 21:21
    POÉSIE INCERTAINE
     

     

     

    Un jour de bel enthousiasme,

    J'écrivis un poème vif comme une chanson,

    En trois mots, quatre temps,

    Mémoire, rends-moi mon poème d'antan.

     

    Quatre mots pour un poème,

    M'en souviendrais-je encore ?

    Ciel, vent, rose de sable ? Le saurais-je ?

    Quatre mots de bruyère et de mer.

     

    Avec des doutes et des larmes salées,

    Des mots de tous les jours

    Pour des matins remplis de brume,

    Et des soirées près d'une cheminée.

     

    J'écrivis ce jour-là le plus doux des poèmes.

    Hélas, il s'est perdu  en s'envolant,

    Et j'ai perdu la clef des mots en quatre temps

    Qui parlaient doucement de la rose des vents.

     

    Sans me lasser, avec des mots plus acérés,

    Je cherche encore les bruyères mauves,

    Je cherche les marées bruissantes et salées

    Qui vous feront rêver en me lisant.

     

    J'ai oublié les mots jolis,

    Les rêves roses et les jardins du paradis,

    Mais j'ai gravé les titres amers

    Car je parlais d'amour, de peine et d'amitié.

     

     

     

    MERCREDI 14 DÉCEMBRE 2011, A 20:58
    SOUS L'ÉCORCE
     

     

     

    Terre, éternité,

    Ou seulement le mot toujours.

    Amours liées d'une lanière étincelante,

    Mais création d'une constante fragilité.

    Un jour suffit à faire ou à défaire,

    Un jour construit,

    Un jour mûrit,

    Un jour meurtrit.

    Peine ou bonheur, les fruits diffèrent :

    Magie des regards et des mots,

    Parfois, sorcellerie.

    Quand le fruit est rongé 

    Le noyau se dénude, découvrant sa beauté :

    L'écorce était bien belle,

     Et  plus beau le noyau.

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 20:32
    LES INFOS DE CE JOUR
     

     

     

     

    Sur mon petit écran

    Et sur le vieux papier,

    Tout un jeu désaccordé,

    Un feu qui couve sans brûler.

     

    Des années, des siècles de sagesse

    Ont été oubliés :

    On peint sur des cailloux,

    On écrit sur les nuages qui passent,

    Là-bas, bien loin des foules

    Tendues vers leur écran.

     

    On grave le verre déjà dépoli,

    Et les cœurs blancs

    N'ont plus assez de mouchoirs

    Pour se consoler des chiens écrasés.

     

    Dans la boue, les incroyants

    Vont se laver,

    De fiel,

    Les mécréants vont se nourrir.

     

    Tandis qu'on amuse le public

    Avec des simagrées de clown,

    Les étendues salées

    Autrefois appelées mers

    Font périr les alevins,

    Et l'on efface l'espérance

    Des enfants qui auraient

    L'outrecuidance de naître.

     

    Sur de nouveaux sentiers

    Qu'on a baptisés routes,

    Routes de l'information standardisée,

    Toute une confortable banalité.

     

    On ne peut même plus se plaindre,

    On est trop habitué.

    Pas de lunettes, pas de loupes,

    Ne plus rien voir, juste écouter

    La fuite de la pensée.

     

    Soutenir des ombres,

    Flatter la bêtise,

    Epaissir les rire :

    Les mouvements intérieurs restent cachés

    Puisqu'il faut s'unir

     En une unique pensée.

     

    Gare à l'incandescent propos,

    Gare au merle blanc

    Et au cygne noir

    Qui n'amusent  et ne sont acceptés

     Que dans les contes de fées.

     

    Il ne faut pas troubler les ombres,

    Ne pas effrayer les abeilles mourantes,

    Ne pas salir les déchets,

    Mais de ces décrets morbides,

    Le plus hypocrite est

    De  ne pas réveiller l'homme

    Dont l'ennuyeuse pensée pourrait

    Déranger l'ordre établi

    Par des experts aux yeux pochés.

      

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:43
    UNE QUESTION
     

     

     

    Une question ?

    -Je n'ai pas de question en moi.

     

    Une réponse ?

    -En moi, nulle réponse.

     

    Un souhait ?

    -Juste un vide,

     

    Un vide immense

    Un vide empli de sommeil.

     

    La nuit ?

    -Sans l'aube nouvelle.

     

    -Alors, éteins ta solitude

    Et rêve !

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:27
    LE GRAVIER
     

     

     

    Un gravier gris,

    Un gravier pointu,

    Un gravier tout petit,

    Un gravier bien coupant,

    Un gravier sur le joli chemin

    S'est niché dans mon cœur,

     

    Saurais-tu me l'ôter ?

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:07
    LE TEMPS DES FÊTES,
     

     

     

    Mais qu'importent vos peurs

    Ou vos agitations de fourmis engluées,

    Et qu'importent vos pleurs

    Devant les horizons bouchés,

     

    Sonnez tous,

    Lourds carillons de bronze,

    Sonnez,

    Cloches et clochetons des hameaux !

     

    Chantez vos joyeuses chansons,

    Petits enfants emmitouflés,

    Dansez,

    Lucioles sur les balcons !

     

    Voici venir le temps des fêtes !

    Que la Noël et même l'an nouveau

    Ceignent vos fronts soucieux

    De lumineux diadèmes !

     

     

    LUNDI 05 DÉCEMBRE 2011, A 09:52
    ET MÊME SI !
     

     

     

    Et même si,

    Sur le trottoir décoré, chauffé,

    Illuminé pour Noël,

    Dorment de pauvres bougres,

     Sur des cartons mouillés,

     

    Et même si,

    Devant les épiceries sociales

    Et les soupes populaires

    S'allonge un serpent de ventres affamés,

     

    Et même si,

    Dans l'hôpital sonore

    Gémit la vieille dame abandonnée,

     

    Et même si,

    L'oppression

    Couvre le bruit des bottes

    Et de la corruption,

     

    Et même si,

    Les traders véreux

    D'un doigt agile

    Entassent des écus d'or,

     

    Et même si,

    Des illusionnistes

    Prétentieux et cupides,

    Avec un sourire carnassier

    Vendent des pommes vides,

     

    Je sèmerai à Noël mes grains de folie

    Conservés dans des pochons de soie,

    Légers mais bien solides,

    Pour faire germer l'espérance et la sérénité

    Et moissonner tout l'hiver un peu de joie.

     

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    MARDI 22 NOVEMBRE 2011, A 12:31
    LA ROUTE DU THÉ
     

     

     

    Il y a 3000ans,

    Shen Nong goûta l'eau teintée

    Par les feuilles tombées du camélia :

    L'eau brune et troublée

    Lui donna force et sagesse,

    Alors, la terre chaude, humide et pentue

    S'ouvrit aux plantations de thé.

     

    L'herbe amère aux mille vertus,

    Connue depuis des millénaires

    A traversé la mer de Chine,

    Franchissant les océans sur d'élégants clippers,

    Sillonnant l'Asie en longues caravanes .

     

     

    La forêt primaire de Java

    Voile de brume les coteaux assiégés de fougères

    Jusqu'à la côte où flotte encore

    Une odeur de muscade.

    Mais, sur les pentes volcaniques du Mont Kerinci

    Pousse le savoureux thé noir

    Entre les jardins verts de Sumatra.

     

     

    Les ruelles étroites de Darjeeling

    Dominent les jardins du camélia

    Aux feuilles souples et brillantes.
    Le tortillard à vapeur relie la terre au ciel

    Au milieu des théiers à la senteur de pomme.

     

    Dans les plaines de l'Inde arrosées de mousson

    Flotte parfois le soir une odeur de jasmin.

     

     

    A Taïwan pousse le thé Wu Long

    Au feuillage bleu-vert,

    Si doux au palais.
    Les pagodes agrippées

    Sur les versants enveloppés de brouillards

    Font retentir dans la vallée le gong des prières
    Sans chasser l'insecte piqueur de l'oolong

    Qui prend ainsi un goût de miel.

     

     

    Au Kenya, dans ce berceau de notre humanité

    S'invente une agriculture réfléchie :

    Utilisant avec sagesse les énergies,

    Elle a le souci de respecter

    Les hommes, la terre et le thé.

     

    Au bord de la vallée du Rift

    Tapissée d'euphorbes,

    Plantée d'acacias aux maigres bras,

    Ondule à l'infini

     Un immense tapis d'un vert éclatant.
    Les maisonnettes blanches s'alignent sagement,

    Arrosées par d'abondantes pluies, abreuvant

     La plante toujours assoiffée .

     

    Après avoir escaladé

    Une montagne de dossiers à régler,

    Après avoir gelé mes mains

    Derrière la poussette du petit dernier,

    Après avoir pleuré à sanglots redoublés

    Sur la tombe fleurie de mon ami,

    Je prends entre mes doigts fatigués

    La tasse chaude au parfum de bois,

    De fruits ou de fleurs,

    Je remercie l'or vert aux mille saveurs,

    L'or qui me console et me réchauffe,

    L'or qui fait parler mes amis,

    L'or qui me redonne force et courage ,

    Je remercie la main délicate

     Qui a cueilli pour moi la feuille du thé béni.

     

     

     

     

     

     

     

    MERCREDI 09 NOVEMBRE 2011, A 20:21
    BON ANNIVERSAIRE, ETIENNE
     

     

     

    Etienne est le berger des ombres

    Qui rôdent dans la nuit.

    Etienne est le portier des tombes

    Qui s'ouvrent après minuit…

     

    Etienne , en quête d'absolu,

    Se passionne pour l'entéléchie.

    Il sonde le supranaturel

    Dans une réflexion approfondie.

     

    Il parle du Comte de Saint- Germain,

    Et s'intéresse aux cabalistes,

    Il étudie les alchimistes

    En admirant les bohémiens.

     

    Il examine à la loupe les empreintes

    Des démons, des farfadets,

    Des dracs, des elfes  et des lutins

    Qui disparaissent chaque matin.

     

    Dans la brume et les brouillards,

    Il guette d'un œil patient

    Esprits frappeurs et revenants

    Qui voyagent avec les gobelins.

     

    Tout ce monde s'anime et vit,

    Quand tout s'endort et semble sans vie,

    Mais Etienne n'est jamais surpris

    Par les errances des âmes en sursis.

     

    Sa dure journée de peintre achevée,

    Quand il a embelli de volutes et de festons

    Ses enduits, ses badigeons,

    Notre ami entre dans un cercle magique,

     

    Etienne devient :

    Le chercheur ensorcelé de l'invisible !

     

     

     

     

    MARDI 08 NOVEMBRE 2011, A 18:23
    PONCTUATION
     

     

    Je suis née avec un point d'exclamation,

    Les yeux arrondis sur un univers étonnant.

    Le cercle de famille, n'est-ce pas,

    S'est extasié sur mes ressemblances

    Avec des exclamations partagées !

     

    Puis, j'ai grandi

    En posant tant et tant de questions,

    Avec tant et tant de points d'interrogation :

    Avant ? Comment ? Pourquoi ? Pour qui ?

    Des questions qui, parfois, brûlaient les lèvres,

    Et des réponses qui les séchaient.

     

    Quand je l'ai connu,

    Le grand dadais aux cheveux longs,

    On a ouvert les deux points,

    A la ligne, ouvrons les guillemets :

    « Réponds-moi, parle-moi, « 

    -A la ligne, un tiret. 

     

    Et devenue maman,

    Avec des bisous sur les joues,

    Mais l'autorité dans la voix,

    J'ai dû poser les deux points sur les Ï,

    Et c'est ainsi, puisque je te le dis,

    Un point, c'est tout.

     

    Débarquée sur le quai des retraités,

    Mais pas encore usée,

    J'ai posé brièvement mes valises,

    Avec des points de suspension…

    Et j'ai repris mes points d'interrogation

    Pour savoir où diriger ma vie.

     

     

    SAMEDI 05 NOVEMBRE 2011, A 15:43
    BON ANNIVERSAIRE, JEAN
     

     

    Dans son isolement dont l'orbe rétrécit,

    Lorsqu'il semblait courbé sur ses soucis,

    Nous sentions qu'en secret, il nous aimait,

    Et que son cœur à petits pas s'ouvrait.

     

    Nous l'avons tellement attendu,

    Il s'avance enfin, les bras tendus,

    Vers nous, ses amis de toujours :

    C'est jour de fête quand il nous dit bonjour !

     

    Toutes ces années, il est resté fidèle

    Pour chanter parmi nous bravement :

    Il a fait tant et tant de concerts

    Dont sa famille aimante était si fière !

     

    Il vient vers nous avec sollicitude :

    Il n'y a en lui aucune lassitude.

    La Brénadienne est son soutien

    Mais Jean le  lui rend bien…

     

     

    VENDREDI 04 NOVEMBRE 2011, A 09:53
    C'EST COMME ÇA!
     

     

    A quoi bon ?

    Laisse couler.

    Et ben quoi ?

    Ferme-la.

     

    A quoi bon 

    Tout c' mouron ?

    Mais encore ?

    Ben, et alors ?

     

    A quoi bon tant d'histoires ?

    Après moi, n'est-ce pas ?   

    T'inquiète pas, vis ta vie,

    Amuse-toi !

     

    A quoi bon ?

    Pas tes oignons !

    D'toutes façons, on s'en fout,

    Y a eu pire autrefois ! 

     

    C'est ainsi,

    C'était écrit.

    Mais pourquoi pas ?

    Avec des si…

     

    T'inquiète pas,

    Roule toujours.

    Ca n' va pas,

    Mais c'est comme ça…

     

     

    JEUDI 03 NOVEMBRE 2011, A 12:40
    VAINCRE LA MORT
     

     

     

    Contre la mort,

    Une aquarelle brève,

    Un marbre sculpté,

    Un poème à pleurer ?

     

    Et pourquoi pas 

    Un chien peut-être,

    Des bêtes grosses ou petites

    A observer, à étudier, à câliner ?

     

    Contre la mort,

    Vous opterez peut-être

    Pour l'oiseau-lyre

    Et les délices de croire en l'éternité ?

     

     

    Une complainte ? Une ariette ?

    Une berceuse, une séguedille ?

    Et pourquoi pas les psaumes bibliques,

    Si ça peut vous consoler ?

     

    Et si vous préférez le sport,

    Vous avez un grand choix :

    Cabrioles et régates,

    Courbatures et premiers prix.

     

    Mais contre la mort,

    Vous avez aussi en magasin

    Bières et vins,

    Dévergondages et parfums.

     

    Certains de nos amis

    Accumulent draps de soie,

    Coffres-forts, et le pouvoir

    Qui préserve de toute mortalité.

     

    J'ai encore dans mes tiroirs

    Quelques lots de consolation :

    Pavot, médocs et hypnose

    Pour s'empêcher de penser.

     

    Mais plus sérieusement,

    Pour lutter conter cette saleté,

    Je ne propose qu'un seul remède :

    Crier !

     

    Il faut crier très fort,

    Pour empêcher les petites bulles

    De crever au-dedans de soi,

    Crier et les laisser s'échapper.

     

    Crie ! hurle ta peur

    Et le chagrin qui te dévore,

    Car c'est une violence inouïe

    De te vouloir dignement détaché.

     

    Va ! ton cri te transperce

    Et transperce tes amis,

    Mais coule à flots ton sang,

    Qu'ainsi se renouvelle…

     

     

    MERCREDI 02 NOVEMBRE 2011, A 12:22
    SUICIDE
     

     

     

    Même combat, même besogne,

    Vivre ou mourir, même débat :

    Trop dure la vie,

    Trop dure la mort,

    On ne pourrait choisir sans tort.

     

    A qui le dire quand c'est trop tard,

    Vivre, ou  courageusement,

    Avec force, avec rage,

    Faire semblant de vivre

    Car c'est le sang qui bat plus fort.

     

    Ma vie, sur une chaise

    Assise à mes côtés,

    Me regarde avec indifférence

    Et me passe sous le nez :

    Je ne peux plus marcher.

     

    Sans drapeau, sans patrie à défendre,

    Sans amis, sans fratries,

    Vivant sans haine et sans espoir,

    Je tue les heures à petite vie,

    Puis, définitivement, je m'endors…

     

     

    MERCREDI 02 NOVEMBRE 2011, A 11:54
    QUI ES-TU?
     

     

    Et toi, qui es-tu ?

    T'ai-je attendu 

    Toute une longue vie ?

    Sur un quai  désert?

    Au bout d'un chemin caillouteux ?

    Sur une plage puante d'algues poisseuses ?

     

    Quand mes yeux se sont-ils ouverts

    Sur la beauté du monde,

    Sur la beauté des regards ?

    Quand mon oreille a-t-elle entendu

    L'oiseau pépier en son nid ?

    Le bruissement de la feuille ?

    Le chant de l'âtre en hiver ?

     

    Un jour pourtant,

    Je suis sortie de ma chrysalide,

    J'ai déployé mes ailes colorées,

    J'ai parcouru l'univers.

     

    Toi que j'ai rencontré sur un fleuve

    Agité de crinières blanches,

    Toi qui connaissais la source et le delta,

    Parti et revenu,

    Quand t'ai-je rencontré pour la première fois ?

    Lors d'une marche,

    Lors d'un concert,

    Lors d'une fête ?

     

    Mais non, ma rencontre fut celle de ton rire,

    Celle de ta joie, celle de ta lumière.

    Sur ma route se sont croisées les étincelles

    Qui jaillissaient de ton amour,

    Toi qui fus devant moi,

    Toi qui avais grandi au même soleil,

    A la même lune d'ombre,

    Mais toi que je ne connaissais pas.

     

    A présent, je te suis,

    Tu me précèdes,

    Et notre route nous conduit toujours

    Vers d'autres rencontres,

    A la clarté de notre couple étoilé,

    Nous cheminons sous une voûte de lumière

    Avec des amis pour éclairer nos lampes.

     

    Au ciel, quelques nuages, sans doute,

    Et des mirages aussi,

    Mais parfaites sont ces heures précieuses

    Au soir de notre vie :

    Nous avons mis les voiles

    Sur un amour très blanc,

    Et nous nous sourions…

     

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  •  

    VENDREDI 21 OCTOBRE 2011, A 17:28
    RENONCEMENT
     

     

     

    Aller, venir

    Parler, lasser

    Courir, tomber

     

    Perdre sa foi

    Et renoncer.

     

    Entasser, jeter

    Partir, rester

    Vaincre ou périr

     

    Perdre sa foi

    Et renoncer.

     

     

    VENDREDI 21 OCTOBRE 2011, A 11:52
    PREMIERS FLOCONS
     

     

    Demain, samedi viendra,

    Vite, vite, mange, dîne,

    Demain viendra le samedi,

    Le beau dimanche aussi.

    Vite, vite, range, dîne

    Vite, vite, les bottines !

     

    Partons vite nous promener,

    Car en montagne, il a neigé.

    Dans la voiture emmitouflés,

    Hop, hop, monte, roule,

    Dans la voiture emmenés,

    A tu-tête ,on peut chanter ! 

     

    Neige, tombe, neige, vole,

    Vite, vite, roule, roule,

    Hop, hop, tout de blanc,

    Toute folle, roule, roule,

    La voiture immaculée.

     

    Sur nos têtes, sous nos pieds,

    Neige goutte, neige vole,

    Hop, hop, sur la route transformée,

    La voiture a dérapé.

     

    Neige vive, neige folle,

    La voiture est cabossée.

    Hop, hop, la récré est terminée.

     

     

     

     

    VENDREDI 21 OCTOBRE 2011, A 11:01
    S'ORIENTER
     

     

     

    Voici à nouveau plus d'un seuil

    A l'entrée de mille portes ouvertes :

    Pour le verbe franchir, il faut beaucoup de mots.

    Dans ma vie, brève et éternelle,

    J'ai fait tellement de pas

    Et j'ai franchi tant de montagnes !

     

    A présent, je respire un air très pur,

    Enfin, je peux voir où je devais aller :

    Il y avait dans mon adolescence

    Tant d'espaces immenses,

    Il y avait pour ouvrir mes chemins

    Tant de routes , tant de carrefours !

     

    La question pour chacun se pose :

    Par où se diriger ?

     

    J'ai dessiné moi-même des frontières,

    J'ai dessiné les grilles où m'enfermer.

     

    Aujourd'hui, je ne choisis ni porte ni chemin,

    Je laisse le hasard, les astres, la providence :

    Je ne dirige rien et je m'y prends très bien.

     

    Les jours s'ouvrent tous les matins

    Sur un orient de feu :

    Mes pas savent à présent

    Qu'il y a toujours un autre chemin.

     

    Celui qui part pour marcher,

    Si sa marche est ouverte

    Sait aussi s'orienter :

    C'est ainsi que va ma prière.

     

     

     

    JEUDI 20 OCTOBRE 2011, A 09:50
    JUSTE
     

     

    Juste,

    Voici qu'il vient, l'automne,

    Juste, voici octobre, et puis ,

    Et puis, le grand vent de novembre,

    Et puis, et puis le noir des grandes nuits d'hiver :

    Juste, voici les sourdes mêlées,

    Les lourdes nuées grises,

    Les neiges poudreuses ,

    Et les grandes tablées qui nous consoleront

    Des grandes froidures

    Et de la  longue solitude.

     

    Juste,

    Voici qu'il est passé, l'été,

    L'été et sa vive clarté,

    L'été de l'espoir un peu déçu chaque année,

    L'été des grandes rencontres ,

    L'été des bonjours chaleureux et superficiels,

    L'été des châteaux, des musées, des jardins de simples.

    Juste , voici qu'il est parti très vite,

    L'été aux foudres jaunes,

    L'été des pluies diluviennes qui ruissellent sur les pavés

    Sans abreuver la terre.

     

    Juste,

    Comme un train que l'on voit passer

    Sans pouvoir y monter,

    Voici qu'il est parti au loin,

    Derrière les montagnes mauves,

    L'été fuyant de nos contrées mouillées.

    Il restera quelques photos à regarder

    En rêvant de paysages et de forêts,

    Du parasol sur la terrasse parfumée,

    Et de visages bruns qui vont nous manquer

    Tout au long d'un hiver silencieux.

     

     

     

    LUNDI 03 OCTOBRE 2011, A 10:31
    BERCEUSE POUR LE PETIT EWEN
     

     

    Le soir doux et lent

    Au soir chante merle

    Merle noir

    Et chante soir.

     

    Le soir pâle et clair,

    Le soir clair et doux,

    Doux il chante

    Chante merle noir.

     

    Le soir calme et lent,

    Lune rousse,

    Lente et pâle

    Douce au soir.

     

    Le soir file et chante,

    Le soir chante raine,

    Rainette douce

    Calme au soir.

     

    Le soir chante vive,

    Et brille source,

    Coule rousse

    Et dit « bonsoir ».

     

     

    LUNDI 03 OCTOBRE 2011, A 10:03
    L'AMOUR DÉÇU
     

     

     

     

    Voici déjà plus d'un passage franchi,

    Plus d'un visage caressé ,

    Plus d'une route avalée ;

    Voici déjà des milliers de pierres escaladées,

    Et tant de fleuves traversés !

     

    J'ai construit tant de ponts

    Sur tes eaux trop fangeuses,

    J'ai mis tant de bonté

    Dans les gestes de mes mains,

    Si douces, si douces !

     

    J'ai mis tant de regards

    Sur ces lignes d'horizon

    Où je voulais te rejoindre,

    Sur tes mouvantes eaux,

    Sur tes mouvants visages,

    Sur tes mouvants espoirs !

     

    Et voici que je te traverse,

    Sans que mon pied ne s'arrête,

    Sans que ma main ne s'agrippe

    A des regrets du passé…

     

    Et voici que je ne puis entrer

    A travers tes voix et tes visages multiples

    Dans les paysages de ton âme.

    Ton univers sans eau ni oasis,

    Sans carte ni boussole,

    Sans chemin, je m'y perds…

     

     

    LUNDI 03 OCTOBRE 2011, A 09:36
    ALOUETTE
     

     

     

     

    Danse, chante,

    Je suis si jeune sous le soleil !

    Danse, chante,

    Je suis si vive aux clairs rayons !

     

    Vole, vire,

    Alouette je suis, alouette envolée,

    Vole, vire,

    Je suis au ciel lancée.

     

    Et découvre, animée,

    Le vert des monts, le vert des plaines,

    Et découvre et recouvre

    Les secrets dévoilés.

     

    Et mon secret,

    O fleur, qui le connaît ?

    Et mon secret,

    O fleur, c'est de rêver…

     

    Et moi je chante, et moi, je ris,

    Tu es joyeux sous ton silence,

    Et tu endors tous les silences,

    Dès que tes lèvres ont remué.

     

     

     

     

    LUNDI 03 OCTOBRE 2011, A 09:21
    HIER, L'ÉTÉ INDIEN
     

     

     

    L'été boudeur de cette année

    Vient à nouveau nous taquiner.

    Pourtant, quand je m'éveille au blanc des lits,

    Je crois sentir l'arrivée de l'automne :

    La pelouse est mouillée de brume,

    Le froid du matin tardif

    Racle mes fraisiers pâles

    Où bourdonnent quelques guêpes agitées.

     

    Encore quelques repas sur la terrasse

    Ombrée très tôt le soir,

    Encore quelques fleurs attristées,

    Encore quelques tomates sur des tiges séchées,

    Mais le fruitier déjà regorge de fruits,

    Mais les allées bruissent sous les feuilles roussies.

     

    Hélas, s'il fait beau ces jours-ci,

    C'est pour mieux me tromper :

    Enfermée tout le jour dans un bureau aveugle,

    Si le soleil revient, c'est juste pour mon jardin.

     

    Il a fait chaud hier

    Et je n'en ai rien su,

    Que la senteur de menthe et de verveine

    Sur le chemin du retour, le soir,

    Après d'interminables heures d'enfermement

     

     


    LUNDI 03 OCTOBRE 2011, A 08:57
    CE SOIR, CHANTE ENCORE
     

     

     

     

    Ce soir, chante encore,

    Doux rossignol invisible,

     

    Et dans les herbes molles,

    Crissez, les grillons noirs.

     

    Ce soir, dormez lune ébahie,

    Dormez dans les nuées où vous semblez flotter.

     

    Dans la luzerne fanée,

    Sous les folles étoiles,

     

    Repose-toi, mon âme

    Et vois vibrer l'air gris. 

     


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    DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 2011, A 20:19
    POLITIQUE ET CHAMPAGNE
     

     

     

    Et voici, qu'une fois de plus, nous refaisons le monde,

    Comme nous le voulions

    Quand nous avions du cœur au ventre :

    Nous voulons tous un monde meilleur

    Mais le meilleur pour l'un est ineptie pour l'autre.

    Voici que l'on jette dans nos assiettes

    L'amertume de nos échecs passés.

    Le vin aigre de nos idéaux politiques

    De nos verres brisés se répand

    Sur la nappe immaculée.

    Les paroles se croisent

    Et les oreilles se ferment :

    On boit sa coupe de champagne

    En évitant pour quelques minutes encore

    L'invective ou l'injure,

    Mais les regards acérés

    Sont plus coupants que le couteau à viande.

     

     

    DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 2011, A 19:53
    RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
     

     

    Le climat du ciel a changé :

    Je pourrai peut-être le croire,

     

    Quand je verrai du haut des tours Notre-Dame

    Tout Paris s'étendre à mes pieds

    Sans son halo de brume grise.

     

    Le climat du ciel a changé :

    Je pourrai peut-être le croire,

     

    Quand je verrai au bord du lac de Vassivière

    Les mamies abritant leur maillot

    Sous un parasol brûlé par le soleil.

     

    Le climat du ciel a changé :

    C'est ce qu'il me faudra penser,

     

    Quand je verrai dans mon jardin frileux

    Survivre tout un hiver

    Les géraniums odorants,

    Les dahlias échevelés.

     

    Le climat du ciel a changé :

    Les grands savants peuvent s'inquiéter.

     

    Je pourrai un jour le penser,

    Quand je verrai

    Dans les forêts vosgiennes

    Eucalyptus et bananiers.

     

    Quand ma cheminée aujourd'hui affamée

    N'avalera plus les stères de bois,

    Quand j'userai mes vieux nu-pieds,

    Quand j'oublierai en février dans mes tiroirs

    Mes gants doublés de soie,

    Quand j'entrerai dans le grand océan

    Sans frissonner de froid…

     

    En attendant, on me le dit assez ;

    « Mais, mon Dieu , est-il possible

    D'être aussi bête ! » 


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    DIMANCHE 21 AOÛT 2011, A 10:18
    PARTIR, ET PUIS, REVENIR.
     

     

    Partir, et puis, revenir…

     

    Partie au loin,

    Loin vers des espaces ouverts.

    Partie des jours et des jours,

    Loin des poussières de ma ville.

    Partie pour des prairies offertes,

    Des vallons verts,

    Des forêts de bouleaux.

     

    Il y a là-bas, et puis il y a ici,

    Des pierres et du béton,

    Du bruit et de l'agitation.

    Des maisons bâties, posées, tassées,

    Et pas d'étoiles à regarder le soir.

     

    La marche de mon corps conduisant mon esprit,

    Mes yeux émerveillés d'une fleur sauvage,

    Mon oreille ravie par le chant de la grive,

    A tout cela, je dis adieu en un soupir.

     

    Je suis partie et revenue :

    Mes yeux se tournent vers la rue affolée,

    Et mon esprit retrouve

    Mon souci intact.

     

     

    JEUDI 11 AOÛT 2011, A 11:26
    LES PETITES ROBES
     

     

     

    Sur la photo sépia,

    Assise sur les genoux de mon papa,

    Je porte une robe à smocks

    A carreaux roses et blancs,

    Comme il se doit !

    Un gros nœud satiné dans les cheveux,

    Je suis bien sage et bien gentille :

    On partira demain par la nationale 7

    Voir la Mémé et Bon-Papa.

     

    En primaire, on porte une jupe plissée.

    Pour ne pas dénuder nos petits bras potelés,

    Le chemisier même l'été a de longues manches !

    L'hiver, un pull marin s'éclaire d'un col brodé

    Attaché par de minuscules boutons en écaille.

    Les socquettes blanches vont à la messe du dimanche,

    Mais en semaine, les vilaines chaussettes brunes

    Tricotées, reprisées, détricotées,  retricotées,

     Nous tombent sans cesse  sur les mollets.

     

    Devant la barrière de béton

    Protégeant les jardins des cités ouvrières,

    Un voisin plus riche a pris la photo

    D'une communiante un peu figée :

    Ma robe en organdi empesé

    S'évase sur trois jupons de coton.

    Le voile cache décemment mes cheveux bouclés

    Et je porte au poignet

    La première montre qu'on m'ait donnée.

     

    En sixième, c'est le jeu des blouses alternées

    Bleues ou bises, pour en changer,

    Avec son nom et sa classe brodés :

    Quand on fait une grosse bêtise,

    On cavale la blouse relevée sur la tête,

    La surgé ne peut pas nous coller !

    Le pantalon est interdit,

    La blouse est bien fermée,

    Les cheveux longs sont attachés…

     

    A la première surprise-party,

    La jupe est courte sur le panty :

    Si la dentelle se devine,

    Le décolleté est bien caché ;

    Mais pour l'emploi saisonnier

    Où s'alignent les colonnes de chiffres,

    Il faut les bas qui vous vrillent les mollets,

    Le porte-jartelles qui lâche en pleine rue,

    Le petit tailleur gris bien serré.

     

    Pour le mariage de mon amie,

    Ma sœur a crêpé sa choucroute

    Et m'a fait un chignon bouclé

    Tenu par trente épingles-neige

    Qui me torturent le crâne.

    Après le dîner arrivent les derniers invités :

    Les jeunes remettent leur jean effrangé,

    Car pour danser le twist, le bon ton

    Est la tenue débraillée.

     

    Où sont les guimpes et les béguins,

    Les cache-corsets ou les jaquettes,

    Les épaulettes et les combinaisons ?

    Nos robes ressemblent à des chiffons,

    On a le droit d'être mal ficelé,ou simplement décontracté :

    Vive les jeans et les joggings ;

    Pour l'heure, seul importe le confort;

    Chacun choisit ses vêtements, selon l'humeur et le moment,

    Ca n'empêche pas les compliments !

     

     

     

     

    VENDREDI 05 AOÛT 2011, A 10:57
    LES PETITES CHAUSSURES
     

     

     

    Pour fêter le premier janvier,

    Je mettrai des escarpins dorés,

    Mes orteils seront peinturlurés,

    Et sur ma gorge un peu trop décolletée,

    Je poserai  de très lourds colliers

    Qui tinteront avec l'année nouvelle…

     

    J'ai acheté hier

    Des mocassins tout blancs :

    A la terrasse d'un café parisien

    Je lirai les nouvelles du matin ;

    Ou bien l'été, sur la jetée,

    J'irai le soir me promener.

     

    Et comment ne pas résister

    A l'achat compulsif de chaussures rouges ?

    Sandales à boucles,

    Chaussons velus,

    Le rouge aux pieds me fait bouger,

    Le rouge me fait virevolter.

     

    Les souliers rouges,

    C'est mon enfance retrouvée,

    La joie de vivre et de courir chercher le pain,

    Le ballon prisonnier,

    Les sauts dans la marelle,

    Les chocolats dans le panier.

     

    Enfant, quand il faisait bien froid,

    Je détestais mes bottines à crochets,

    Noires et râpées, lourdes et tristes ;

    Mes moufles rayées me consolaient

    Mais laissaient mes doigts gelés

    Quand il fallait renouer les lacets mouillés.

     

    Pour le mariage de mon cousin,

    Je me percherai sur de très hauts talons :

    D'un beige élégant et tendre,

    Ils me feront la jambe longue,

    La démarche si  mal assurée,

    Que le tonton me donnera le bras.

     

    Si des amis m'emmènent

    Sur des sentiers de randonnée,

    Mes godillots lacés

    Seront marron dans la boue noire.

    On mâchera quelques pruneaux séchés,

    Et sur la mousse douce, on s'assiéra pour boire.

     

    Au  bal du petit village

    Où les flonflons s'accorderont,

    Mes espadrilles bayadère,

    A semelles compensées de corde tressée,

    Sur la place ombrée de platanes,

    Danseront la gigue ou la java.

     

    Quand j'ouvrirai de nouveau ma grille

    Pour dire adieu à mes invités du soir,

    Je trouverai le réconfort

    Dans mes pantoufles bleues, douces et fourrées ;

    Mais si l'ami reste pour le dernier verre,

    Je jouerai de ma mule rose à pompons veloutés,

     

    Et quand la nuit pas à pas  s'avancera,

    Mes pieds seront enfin dénudés…

     

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