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    LUNDI 11 JUILLET 2011, A 18:37
    JADIS, IL Y EUT...
     

     

    Dis, tu le pensais ?

    Bien souvent pourtant,

    Tu le rêvais ?

     

    Dis, tu te souviens ?

    C'était, c'était,

    Oh, c'est très loin…

     

    Dis, l'avais-tu vu ?

    L'avais-tu reconnu

    Ce grand oiseau qui s'envolait ?

     

    On a coupé ses ailes,

    On a cassé son bec,

    On a rogné ses griffes.

     

    Cette phrase, c'était ?

    A peine quelques mots,

    A présent, juste une photo.

     

    Plus un regard

    Plus une main,

    Juste un soupir, hélas !

     

    Il y a, il y eut,

    Il n'y aura jamais plus.

    Oh, jadis, un petit mot qui ment…

     

     

     

     

    LUNDI 11 JUILLET 2011, A 18:30
    JAZENEUIL DANS LE POITOU
     

     

    Aujourd'hui, je voudrais pouvoir créer

    Avec des mots de tous les jours

    Les pierres et les toitures de ce petit village,

    Créer une musique lente et douce,

    Une lente musique bien gentiment brodée

    De notes pures et douces et de mots détournés.

     

    Je voudrais accorder à mon regard

    Si belle mélodie

    Pour ces choses jolies et vues d'amour,

    Si belle mélodie à mes oreilles,

    Et si jolis regards sous mes paupières

    Que tout y serait vu, que tout y serait dit.

     

    Aujourd'hui, je voudrais pouvoir créer

    Un tendre pastel aux tons rouillés et doux,

    Un tableau si doucement précis de ces choses jolies

    Tant accordées aux contours de mon cœur

    Qu'au frisson de mes doigts

     Que chacun me lisant  le verrait.

     

    Aujourd'hui, je voudrais pouvoir le dire

    Ce village chéri tapi derrière un bois,

    Cerné de champs fleuris et de pâtis herbeux

    Où paît le bœuf docile à l'interdit galop.

    Le village sommeille sous la tuile ondulée

    Près des peupliers gris où murmure le vent.

     

    Les villageois ont mis prisonnier le ciel gris,

    Nous ont mis hors- la- loi, nous, étrangers curieux

    Qui avons arraché du vieux tronc vermoulu

    Près de la statue sainte et verdie de lichen

    L'inique obole : « Pour les âmes du Purgatoire »,

    Tant scandaleuse aux regards pieux.

     

    Dans le désert des rues, pas un homme ne bouge :

    C'est un pays de vent où s'étend le silence

    Comme une couverture de feutre.

    Les fenêtres se ferment sur le jour et la nuit

    Sur des rideaux jaunis de coton ouvragé

    Où ne filtre que le  regard des chats hébétés.

     

    J'aurais voulu chanter, crier,

    Peindre, écrire, gribouiller :

    Ce village m'enchante et je ne sais donner

    Son regard qui dans le mien s'est jeté

    Lorsque la lente plaine à midi s'est découverte

    Sur la vallée jaunie de ce village endormi.

     

    Aveuglée par des talus herbeux,

    J'ai découvert enfin ce village au nom d'oiseau,

    Au nom  de petit animal d'os légers et de plumes,

    Un nom de nid douillet près des bruissements d'eau,

    Jazeneuil le doux, Jazeneuil gentil

    Pépiant dans le Poitou.

     

     

     

    LUNDI 11 JUILLET 2011, A 13:04
    L'AUBE SUR LE PETIT VOILIER
     

     

     

    Au petit matin,

    Après des heures bruyantes

    Où les flots tapaient rageusement

    La coque frêle de mon petit voilier,

    Dans une mer calmée

    Au jusant de l'aurore,

    Au rythme lent de mon bateau bercé,

    J'écoute bruire l'eau chantante

    Qu' agitent d'un mol ondoiement

    Diamants et pépites de l'eau.

    Cependant, l'oiseau passe en riant

    Près des îles encore pâles

    Où le soleil s'étale

    Dans le lointain blanchi de l'horizon.


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    LUNDI 20 JUIN 2011, A 19:12
    LE CERISIER
     

     

    Il est parti au bout du monde,

    Là-bas, là-bas, très loin,

    Pour voir les soleils orange

    Tomber derrière l'océan gris.

     

    Dans le grand silence de midi,

    Le téléphone a sonné :

    « Et comment va le cerisier ? »

     

    Il ne verra plus les enfants

    Mettre nappes blanches

    Et bougies parfumées

    Pour célébrer les années.

     

    Dans le grand silence de midi,

    Le téléphone a sonné :

    « Le cerisier est-il déjà fleuri ? »

     

    Il a claqué la portillon sur notre vie

    En choisissant un nouvel horizon ;

    Il porte chaque jour de lourdes valises,

    Le poids de nos larmes séchées.

     

    Dans le grand silence de midi,

    Le téléphone a sonné :

    « Le cerisier a-t-il porté des fruits ? »

     

     

    LUNDI 20 JUIN 2011, A 18:56
    FIDELIS
     

     

     

     

     

     

    Tu t'étonnes d'avoir traversé tant d'années

    Sous le regard de Dieu qui ne t'a pas quitté ;

    Tu t'étonnes d'avoir fait un si long voyage

    Guidé par ton Seigneur qui ne t'a pas lâché ;

    Tu t'étonnes d'avoir essuyé tant de larmes

    Et d'avoir tellement chanté, souri, dansé ;

    Tu t'étonnes lorsque ton visage

    Dans le miroir te regarde

    Et voit quelqu'un d'autre qui a grandi, mûri, vieilli ;

    Tu t'étonnes que Dieu te garde près de Lui,

    Toi, l'enfant confiant,

    L'enfant fidèle,

    L'enfant émerveillé.

     

     

     

     

    MERCREDI 08 JUIN 2011, A 19:28
    L'HYPER-MARCHÉ D'À CÔTÉ
     

     

    Dans l'hyper-marché d'à côté,

    Il y a de grandes allées,

    Et des caddis poussifs

    Où braillent des bébés indignés.

     

    Dans les allées de  l'hyper-marché ,

    Il y a des jeunes à casquette

    Qui lorgnent bonbons et canettes

    En jappant comme des chiots mal sevrés.

     

    Dans le brouhaha de l'hyper-marché,

    Il y a des petites dames endimanchées

    Ayant choisi l'heure des ruées

    Pour rompre la solitude quotidienne.

     

    Devant la console de l'hyper-marché,

    On entend sonner le portable

    D'un monsieur bien incapable

    De choisir la roquette ou la frisée.

     

    Dans l'hyper-marché d'à côté,

    Un vendeur surexcité

    Hurle à pleins poumons les mirobolantes

    Ristournes, sur les boîtes de thon.

     

    Dans les caddis démesurés,

    Il y a des bottes de radis jaunies,

    Des bananes pré-emballées

    Qu'aucun soleil n'a jamais mûries.

     

    Et des kilos de papiers,

    De cartons, de plastiques à jeter

    Pour emballer, ensacher, embouteiller,

    Mais qu'il faudra bien sûr payer…

     

     

     

     

     

    MERCREDI 08 JUIN 2011, A 10:46
    LES SOUHAITS RIDICULES.
     

     

    Je me voudrais souriante et belle,

    Des fleurs dans les cheveux dénoués.

     

    Je me voudrais un ventre de sardine

    Et des mains veloutées.

     

    Au pied, des chaussons de danse

    Et des rubans perlés tout autour de mon cou.

     

    Je voudrais pouvoir escalader les rochers,

    Dévaler promptement de blanches montagnes.

     

    Je voudrais conduire sereinement ma voile

    Sur l'océan toujours agité.

     

    Je voudrais que me regardent des yeux dorés

    Remplis d'amour ou d'amitié.

     

    Je voudrais trouver des fontaines

    Où coulerait l'éternité…

     

     

    MERCREDI 08 JUIN 2011, A 10:30
    NON, JE NE T'AIMERAI PAS...
     

     

              

    Non, je ne t'aimerai pas

    Pour meubler le grand silence

    Qui souffle un vent glacé en ma maison.

     

    Je t'aimerai

    Parce que ta parole

    Fera écho à mes paroles...

     

     

    Non, je ne t'aimerai pas

    De peur d'être seule

    Autour de la table cernée de chaises vides.

     

    Je t'aimerai

    Pour partager avec toi

    Mon repas et mon rire…

     

     

    Non, je ne t'aimerai pas

    Parce que j'ai peur du noir,

    Des ombres malfaisantes et des rêves agités.

     

    Je t'aimerai

    Parce qu'avec toi,

    La nuit sera douce et  profonde…

     

     

    MERCREDI 08 JUIN 2011, A 10:19
    SEMER
     

     

                           

    Garde en tes mains

    Quelques paroles entendues

    Au hasard des chemins.

     

    Ouvre ta main

    Pour jeter sur la terre aride

    Les mots précieux que tu as gardés…


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    MARDI 03 MAI 2011, A 11:59
    J'EN AI ASSEZ!
     

     

     

    J'en ai assez,

    Assez de ma télé

    Qui ne me donne à voir

    Que des images tristes,

    Qui ne me donne à écouter

    Que des clameurs stridentes,

    Qui ne me donne pour penser

    Que des paroles vides,

    Des paroles grises,

    Des paroles voilées

    Des paroles censurées.

     

    Les chanteurs hurleurs,

     Les journalistes prolixes,

    Les messieurs –météo

    Parlent avec des excitations de D.J

    Et je peine à trouver le fil de leur pensée.

     

     

    Hier, j'ai vu encore sur mon écran rageur

    Les incendies, les crimes, les inondations.

    Mon pain fut trempé de larmes

    Quand les tours ont été frappées

    Par des avions furieux.

     

    L'eau de mon verre devient amère

    Quand sur l'écran apparaît le visage

    Des otages, des orphelins, des affamés.

     

    Chaque jour, je vois la forfaiture et l'esbroufe,

    Chaque jour s'étalent sur ma nappe blanche

    Les vies fracassées,

    Et s'invitent à ma table

    Les escrocs de tout acabit.

     

    C'est pourquoi

    Je prends ma télé-commande en horreur :

    J'éteins l'écran violeur de vie.

    Je sors dans mon petit jardin :

    Je m'y crève et m'y ressource

    A biner, sarcler, serfouir.

     

    Je sème des radis,  repique les fraisiers,

    Je bouture,  je greffe, je marcotte,

    J'amende ma terre  et je noircis mes mains,

    Et puis, bien fatiguée,

    Je m'assieds au soleil dans mon fauteuil d'osier

    Pour surveiller les milliers de graines

    Semées pour tout l'été :

    J'attends que les petites pousses vertes

    Me redonnent envie de vivre et d'espérer…

     

     

     

    LUNDI 02 MAI 2011, A 23:53
    SANS TE CHERCHER
     

     

     

    Je te rencontrerai sans te chercher

    Car ton bras s'est creusé pour que j'y repose.

     

    Dans tes yeux, je pourrais me noyer

    Mais ta présence est le silence.

     

    Le regard que d'autres posent sur toi

    M'empêchent de te rêver,

     

    Ton grand silence et tes lèvres serrées

    M'empêchent de te  comprendre.

     

    Tes yeux encore fermés

    M'empêcheht de te parler :

     

    Je t'aime,

    Mais je suis un glissement sur ta surface…


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    SAMEDI 30 AVRIL 2011, A 17:23
    COUSU DE FIL BLANC
     

     

            

     

    Comme le fil d'une épée,

    Au fil des jours

    Tranchés par le fil des Parques,

    De fil en aiguille,

    Tu as de mon discours perdu le fil

    Quand nous voguions au fil de l'eau,

    Le jour où tu as découvert

    Un fil de lin

    Dans les fils noirs de mes cheveux,

    Et le fil de notre vie d'aimés

    Qui ne tenait sans doute qu'à un fil

    S'est alors cassé pour toujours.

     

     

     

    DIMANCHE 24 AVRIL 2011, A 21:03
    LES CLOCHES DE PÂQUES
     

     

    Les cloches de Pâques

     

     

    Je vous fais cadeau en ce jour de Pâques d'un poème que j'avais écrit pour mes parents lorsque j'avais dix ans, et qui m'avait été largement  inspiré par un poème d' Henri de Régnier : Les cloches.

    Je singeais donc ce grand poète, et , grâce au plagiat, je découvrais alors avec une ineffable joie le plaisir des mots, de la musique et de l'émotion partagée par la magie de l'écriture.

    . Ce fut mon premier poème, en vers évidemment,  et depuis, je n'ai jamais cessé de noircir mes cahiers de poésies diverses qui m'accompagnèrent comme des amis fidèles.

    Joyeuses Pâques à tous !

     

                                  Les cloches de Pâques

     

    Ce matin de Pâques est si beau, si tranquille

    Que tous les carillons qui l'ont à l'aube éveillé

    De leur mélodie pure, de leur musique vive,

    Longtemps ont fait vibrer le grand ciel bleu où vibre

    Un trille de cristal en un galop mouillé.

     

    Puis c'est un grand silence accablant les ramures :

    Le soleil verse ses rayons à flots. Un peu

    De sa lumière accablante, éblouissante, dure

    Frappe les cloches. Et dans le vent qui brûle leur murmure

    Elles semblent fondre la rosée de l'herbe en feu.

     

    Seule, la rumeur de chaque cloche chante ce soir ;

    Laissant se heurter entre eux les appels d'airain,

    La musique résonne, caressant les ombres,

    Elle gronde puis s'éteint en des mélodies sombres

    Et s'épuise : la nuit l'a reprise de sa main…

     

     

    SAMEDI 09 AVRIL 2011, A 15:47
    AMBIGUÏTÉ
     

     

    Je suis de celle

    Qui montre un visage avenant.

    Je suis de celle

    Qui sourit à l'inconnu.

    Je suis de celle

    Qui escalade les montagnes.

    Je suis de celle

    Qui se jette dans l'océan rageur.

     

    Je suis de celle

    Dont le visage est fatigué.

    Je suis de celle

    Dont le sourire est près des larmes.

    Je suis de celle

    Dont le pas tremble sur le chemin.

    Je suis de celle

    Qui par trois fois s'est noyée.

     

     

     

    JEUDI 07 AVRIL 2011, A 10:02
    Y-A-T-IL ENCORE?
     

     

     

    Peut-être y-a-t-il encore

    Pour toi,

    Pour moi,

    Un printemps

    Où s'ouvriront les lilas blancs ?

     

    Peut-être y-a-t-il encore

    Pour toi,

    Pour moi,

    Du vent dans nos cheveux,

    Du sable sur nos doigts ?

     

    Peut-être y-a-t-il encore

    Un chemin dans la montagne,

    Une fenêtre éclairée ,

    Quelqu'un pour nous sourire

    Et nous ouvrir les bras ?

     

    Peut-être y-aura-t-il encore

    Assez de force en nous

    Pour surfer sur le grand océan ?

     

     

     

    JEUDI 07 AVRIL 2011, A 09:43
    RUPTURE
     

     

          

    C'est avec une hache

    Qu'il a coupé ma vie.

    C'est avec une hache

    Qu'il a tranché mon tronc,

    Ce tronc qui supportait

    Depuis quarante années

    Tant de feuilles et tant de fruits !

     

    Et ma sève a coulé dans la terre fertile

    Jusqu'à mes racines cachées :

    Sur la souche noircie

    Des rameaux tendres et frais

    Ont déjà repoussé…

     

     

    MERCREDI 06 AVRIL 2011, A 10:14
    QUELQUE PART
     

     

     

    Quelque part, quelque part,

    Il y a des obus et du sang répandu.

    Quelque part, quelque part,

    Il y a des cris tout blancs

    Dans des hôpitaux bondés.

     

    Quelque part,

    Il y a de grands hangars

    Où dorment des jeunes gens abandonnés

    Que porte encore l'espoir

    De n'être plus des clandestins émigrés.

     

    Quelque part,

    Il y a des enfants perdus

    Dans des internats luxueux,

    Ou des pleurs dans les cours de récré

    D'enfants par des enfants molestés.

     

    Quelque part,

     Il  y a une femme épuisée

    Lavant à grande eau des volées d'escaliers.

    Quelque part, sur des chantiers clandestins

    Les casques ruissellent sous les pluies glacées.

     

    Quelque part,

     Dans un grand bureau vide,

    Il y a un comptable désespéré

    Devant des chiffres qui s'alignent

    Et un ordinateur muet.

     

    Quelque part,

    Quelquepart,

    Il y a des frontières infranchissables,

    Celles qui séparent le grand malheur

    Des petits bonheurs espérés.

     

     

    MERCREDI 06 AVRIL 2011, A 09:50
    EN BAS DES MARCHES
     

     

       

    Il tend la main,

    Assis sur un carton,

    La tête un peu penchée,

    La voix un peu éraillée.

     

    Il mendie quelques piécettes,

    Déploie sa main rugueuse,

    Montrant sa pancarte pelucheuse

    Pour réclamer à manger.

     

    C'est le dixième ou le vingtième

    Croisé sur les trottoirs de Paris :

    Mon cœur n'a plus de peine,

    Il est juste exaspéré.

     

    Mes yeux fixent les vitrines

    Où m'accuse ma triste bobine :

    Je sais tout à fait pourquoi

    Je ne suis pas fière de moi !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    MERCREDI 06 AVRIL 2011, A 09:35
    PLUS LOIN
     

     

    Plus loin, plus loin,

    Il y a une autre route,

     

    Plus loin, plus loin,

    Il y a un autre village,

     

    Plus loin, plus loin,

    Il y a une autre maison,

     

    Plus loin, plus loin,

    Il y a un autre amour,

     

    Plus loin, plus loin,

    Il y a une autre vie.

     

    Il te suffit d'ouvrir cette porte

    Et de jeter les clefs,

     

    De marcher devant toi

    Sans regarder le passé…                    

     


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    VENDREDI 18 MARS 2011, A 11:43
    JAPON
     

     

               

    Le poète inscrit la création du monde

    Dans la main de Dieu :

    Il chante les psaumes et les louanges,

    Il reconnaît les prophètes

    Et leur prête son verbe et sa plume.

     

    Le poète chante la gloire des héros,

    Il porte les drapeaux des luttes et des causes ;

    Il dénonce les  fléaux, les guerres, les génocides ;

    Il peint avec des larmes d'encre les déluges

    Qui recouvrent les pâtures et les feux qui brûlent les cieux.

     

    Le poète chante la ballade des pendus :

    Il demande la grâce des condamnés ;

     Le poète dévoile, dénonce, accuse

    Et prône l'exil quand le tyran s'assied

    Sur un trône de plomb.

     

    Le poète ferme les yeux des enfants

    Et pleure avec la mère désespérée.

    Le poète caresse les mains abîmées

    Et sauve de l'oubli ou de la folie

    Les prisonniers politiques isolés.

     

    Pour faire entendre sa voix ,

    Le poète prend les mots et les envoie de par le monde

    Chargés de sens, d'émotion, d'humanité.

    Qui suis-je pour oser prendre des mots ?

    Qui suis-je pour oser ce titre qui nous déchire ?

     

    Le poète s'appelle Bouddha, Sénèque, Gandhi,

    Tagore, Rilke, Martin Gray,

    Le poète s'appelle Mère Teresa de Calcutta,

    Le poète s'appelle Saint-Mathieu, Sénèque,

     Jean de Meung, Frère Roger,Victor Hugo.

     

    Qui chantera aujourd'hui

    La splendeur du mont Fudji

    Coiffé de neige immaculée ?

    Qui chantera en avril prochain

    Les cerisiers fleuris ?

     

    Quelle fleur remplacera le chrysanthème

     Aux seize pétales fanés ?

    Et quand verra-t-on danser

    Les petits bateaux dans les anses abritées 

    Mais à présent dévastées ?

     

    Qui pêchera le cœur léger

     L'éperlan du lac Yamanakako ?

    Qui goûtera sans peur

    Les mandarines, les poires et les raisins ?

    Qui pourra admirer sans frémir

    Les rizières étagées où mûrira le grain empoisonné ?

     

    Qui viendra applaudir les marionnettes Bunraku

    Et rire des facéties du théâtre Kabuki ?

     Leurs tissus chamarrés et leurs décors somptueux

    Feront-ils oublier pour quelques précieuses minutes

    Cette marée de bois, de voitures, de maisons,

    De corps gonflés ?

     

    Remerciera-t-on encore, les mains jointes ?

    Les Bouddhas de bois peint au visage hiératique ?

     

    Viendra-t-on plier le genou à Nara ?

    Le temple du divorce de Tokeiji

    Deviendra-t-il le temple d' inconsolables veuves ?

     

    Les eaux bouillonnantes de la grande vallée

    Effaceront-elles  de leur vapeur sulfurée

    Les blessures infligées  et la maladie tentaculaire ?

     

    Quelle nouvelle divinité aura assez de puissance

    Pour être priée lors de l'ouverture d'un chantier ?

     

    En juillet, qui allumera le cœur réjoui

    Les milliers de lanternes du lac d'Ashi ?

     

    Les enfants sauront-ils ouvrir des yeux émerveillés

    Quand défilera la procession des seigneurs féodaux

    Et de leurs vassaux ?

     

    Qui pourra se baigner dans le lac Chuzenji

    Bordé de bois touffus sans craindre pour sa vie ?

     

    Fera-t-on encore la fête dans les sanctuaires Shinto

    Pour fêter le jour de l'an 2012 ?

     

    Qui chantera sans pleurer l'hymne national japonais ?

                  Kimi ga yo wa

                  Chiyo ni yachiyo ni

                  Sazare ishi no

                  Iwao to nari te

                  Koke no musu made.

     

    Que ton règne heureux dure dix mille ans

    Règne, Seigneur, jusqu'à ce que les pierres

    Unies pas l'âge se transforment en rochers puissants

    Dont les flancs vénérables se couvriront de mousses.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    SAMEDI 05 MARS 2011, A 16:20
    LE QUAI
     

     

     

    Quand tu m'attendras sur le quai,

    Les yeux fermés sur ton attente,

    Quand tu m'attendras sur le quai,

    Les mains serrées sur ton espoir,

    Il n'y aura autour de toi

    Que des ombres mouvantes et silencieuses.

     

    Avant même que les portes ne s'ouvrent,

    Mon ombre sera déjà là,

    Une ombre penchée vers toi

    Qui te prendra le bras sans te parler,

    Une ombre douce et silencieuse,

    Où mon visage te sourira.

     

    Et puis, nous partirons dans la nuit fraternelle,

    Emus et maladroits, on marchera sur le pavé luisant

    Sans voir les autres passants.

    Sur le seuil mouillé de larmes et de pluie,

    Longtemps, on se parlera,

    Intimidés devant la porte ouverte…


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