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D-Day
Et moi, qu'aurais-je fait ?
C'est une question de mon enfance,
La grande question de mon adolescence,
L'éternelle question de mon présent vieillissant :
Et moi, qu'aurais-je fait ?
Je suis née après guerre,
Je n'ai jamais vu de combat,
Mais de livres en films,
De témoignages en débats,
J'ai fini par reconnaître
Jusqu'au bruit terrifiant des snipers
Et des avions bombardiers.
Et moi, qu'aurais-je fait ?
Aurais-je enfourché mon vélo
Pour porter au péril de ma vie
Des lettres interdites ?
Aurais-je vendu au prix fort
Le beurre et le lait des petits ?
C'est une question qui me taraude encore :
Et moi, qu'aurais-je fait en ces jours
De peur, de doute et de courage ?
Aurais-je caché le parachutiste
Ou volé sa solide toile
Pour y coudre de bonnes chemises ?
Aurais-je mis dans la rue
L'enfant pourchassé
En lui disant de se sauver ?
Aurais-je ainsi refermé ma porte,
L'esprit apaisé?
Aurais-je imprimé des affiches
Montrant le poing levé?
C'est une question inutile,
Une question pourtant primordiale
Quand on se permet de juger :
Il n'y a pas de réponse ;
Résistante, collabo, indifférente ?
Aurais-je pleuré après guerre
Et la tête tondue
L'Allemand aux cheveux de fée
Qui m'enlaçait et me consolait,
Lui qui avait tant d'amour
Et mourut en Normandie le D-Day ?
Qui peut dire où va le vent
Quand tourne la terre,
Quand valsent les continents ?
La poésie de Geneviève.
6 juin 2014
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Commentaires
1GéraldVendredi 6 Juin 2014 à 23:30bravo, mais qui peut dire s'il sera lâche ou héroïque à l'instant T, c'est une question à laquelle nul ne peut répondre avant d'y être confronté. La seule chose que je sais, c'est que quelque soit sa décision, elle le poursuivra toute sa vie.Répondre-
GenecomteSamedi 7 Juin 2014 à 08:27L'héroïsme de ma mère, ce fut de soigner ses patients, sans s'occuper de leur nationalité, et de couper en quatre les morceaux de sucre, pour que chacun ait sa part...
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GenecomteSamedi 7 Juin 2014 à 08:31L'héroïsme de ma mère, ce fut de soigner ses malades, sans s'occuper de leur nationalité, et de couper en quatre les morceaux de sucre, pour que chacun ait sa part...
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L'héroîsme de ma mère, ce fut de soigner tous les malades, sans s'occuper de leur nationalité, et de couper les morceaux de sucre en quatre, pour que chacun ait sa part...3aliceSamedi 7 Juin 2014 à 11:14question grave, s'il en est, qui a le mérite d'être posée, simplement, honnêtement. Une question que traite Sorj Chalendon dans ses romans reportage de guerre, en Irlande, Liban, Irak... Merci pour ces mots si simples et si touchants. Il semble que la propension à s'interroger, douter, nuancer, relativiser..., gagne au fur et à mesure que s'éloigne les souvenirs de l'événement. Un effet du temps ? de la mémoire ? aptitude au pardon ? Boris Cyrulnik en parle aussi très bien dans ses écrits auto biographiques... Alice-
Je ne connais pas cet écrivain, Chalendon; merci de me proposer, donc, cette rencontre littéraire ! Enfant, je me voyais bien page, princesse, savant, architecte, soldat glorieux, mais la part de rêve ne m'empêchait pas de me demander quel aurait pu être mon rôle pendant cette guerre dont on parlait beaucoup autour de moi. Choisir Pétain ou l'amour d'un Allemand était commenté à notre table comme des erreurs et non des fautes ...
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C'est tellement long de faire un homme! Comment peut-on torturer, massacrer, anéantir dans des combats ou des guerres alors que la vie est si fragile... Les images du monde blessent la mère qui est en moi, pour toutes ces vies fauchées. Anniversaire du D-Day, centenaire de la grande guerre, reportages sur l'Afrique, comment ne pas penser à ces années d'enfance où les mères allaitaient, surveillaient, éduquaient leurs petits, et le gâchis énorme de ces carnages?
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