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Attentif à ta parole
Même dans les ténèbres,
Attentif aux lueurs du jour
Même en hiver...
Les vallées sombres ont aussi leur lumière
Et l'herbe qui se courbe
Pourtant jette au vent
Des milliers de grains gonflés.
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Le bout du monde
Où est-il, le bout du monde ?
Le bout du monde est en Bretagne
Perché sur les ajoncs courbés et jaunis
Où chantent les hirondelles de mer.
Où est-il, le bout du monde ?
Le bout du monde est dans les Landes
Où les dunes frissonnent sous le vent,
Déplaçant grain par grain
La côte mangée par l'océan.
Le bout du monde est en Australie
Dans le Tnorala qui saigne encore
De la blessure d'une météore,
Rouge, enflammé, et pour toujours stérile.
Où est- il, le bout du monde ?
Le bout du monde est en Cornouailles
Gravé dans les murs de granit
Où s'incrustent les mousses verdies.
Dans la violence du marché d'Adjamé
Où tremblent les cris des mutins en colère,
Et le marigot de la forêt de Banco
Chaque jour entend le chant des fanicos.
Le bout du monde est en Normandie
Dans les flancs rebondis des vaches aux yeux de biche :
Elles élaguent d'une bouche gourmande
Dans l'herbe grasse les pommiers rabougris.
Le bout du monde est en Antartique
Ceinturé d'un anneau glacial
Et découpé en parts comme un gateau convoité.
Où est-il, le bout du monde ?
Le bout du monde en Sibérie :
Quelques épicéas et pins tordus
Se plaignent de douleur
Dans les sphaignes rougies.
Les favelas de Rio , au bout du Nouveau Monde,
Grimpent comme des lierres sur de vieux troncs,
A l'assaut des instables collines,
Enormes termitières que l'eau fait s'écrouler.
Il est où, le bout du monde ?
Tout autour de la terre et dans les nuées du ciel ?
Dans les étoiles inaccessibles
Ou sur le chemin de l'école ?
Il est où, pour celui qui navigue
Une année sur un frêle bateau ?
Pour celle qui ne veut plus se lever ?
Au fond d'un verre toujours vidé ?
Il est où, le bout du monde,
Pour ceux qui ne savent pas déchiffrer ,
Quand les mots sont des rébus ?
Il est où ?
Le bout du monde
Au bout du chagrin,
Au bout des paroles ravalées,
Au bout des gestes oubliés ?
Le bout du monde est au bout de la vie,
Le dernier souffle,le dernier râle,
Un océan inconnu à traverser,
Le bout du monde.....
Geneviève Comte
le 26 mai 2017
Chagrin d'amour dure toute la vie
Le sang séché a fermé laplaie,
La blessure est fermée,
Nulle douleur pour raviver la peine.
Reste une cicatrice, à peinevisible,
Rappel constant et pour toujours
D'un vrai chagrin d'amour ;
Reste une cicatrice toute blanche,
Sourire ironique
Pour qui voudrait oublier.
La poésie de Geneviève
le 8 février 2017
Née trop tard
Après les pluies d'étoiles et les blizzards du ciel,
Née après les poussières lumineuses créant la vie en dansant,
Née après les lueurs s'organisant en tourbillons pour accueillir la vie.
Née trop tard
Après les Tables de la loi ordonnant le monde,
Après les fronts éclairés par la conscience de l'homme sacré.
Née trop tard
Après les Platon et les Socrate affinant la pensée,
Créant par le Verbe les prémices de la démocratie.
Née trop tard
Après les moines défricheurs ouvrant leurs dortoirs
Aux orphelins, aux affamés,
Gelant leurs doigts sur les parchemins noircis.
Née trop tard
Après les grands explorateurs confiant leur rêve
A la rose des vents, éblouis par les horizons bleus.
Née trop tard
Après les Monet, les Caillebotte usant leurs yeux
Sur les chevalets dressés dans les champs de coquelicots vermeil.
Née ce jour
Quand les libraires ferment leurs volets aveuglés,
Quand les poètes hurlent des onomatopées,
Quand les peintres jettent sur les toiles des seaux de peinture fraîche.
Née ce jour
Quand on coupe les ailes des abeilles,
Quand la terre est vitrifiée, bétonnée, raclée,
Quand on crève les yeux pour préférer les cécités,
Quand les idées s'assèchent sur des sables arides..
Née ce jour
Quand les villages sont aussi déserts que les pensées,
Quand on se bat pour démolir les fontaines et tarir l'eau ,
Quand les hordes de loups
Viennent croquer nos paisibles troupeaux.
Née trop tard
Quand le progrès s'évanouit dans la nuit
Rongé par un ouragan monstrueux.
Qui guettera encore le frisson de la fleur
Offrant ses pétales fragiles au soleil du matin ?
Qui laissera le papillon sortir de sa chrysalide ?
La poésie de Geneviève
Le 4 août 2016
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Conversation en sens unique
Et puis, elle me dit comme ça :
-Dans la maison, chez mes parents, il y avait quatorze pièces.
-Oui, mais je m'en fous. Chez moi, il y en avait deux, on était très heureux.
Elle ajoute :
- On allait en vacances sur la côte, dans un hôtel, je ne te dis pas !
-C'est bon, ne dis rien ! Je campe avec un petit réchaud pas trop lourd.
-Et cet homme, si tu avais vu son chalet à Megève...
-Rien vu, et pas envie. On n'y voit pas un bouquetin...
-Mon fils, le directeur...
-Je le connais, celui-là, pas grand'chose de plus qu'un employé au smic avec des primes s'il a bien vendu.
Et elle ajoute un autre jour :
-Le repas, c'était quelque chose, tous les serveurs en tenue !
-J'adore les pique-nique.
-Ils m'ont même volé mon collier, tu sais, avec six rangs de perles !
- Je porte ma petite croix de baptème.
-Mon ex, il prenait l'avion comme toi...
-Comme moi le RER, bon, j'aime bien traîner dans Paris.
-Pas de chance ce jour-là, plus de place en première !
-Le co-voiturage, c'est très sympa.
Je pourrais lui dire à chaque phrase :
Oui, mais je m'en fous.
Je ne réponds rien, sauf dans ma tête.
De toute façon, elle ne comprendrait pas :
Son cœur est aussi plat qu'une carte bancaire.
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Emigrés sur les bateaux ivres.
Leurs yeux vidés d'espoir
Verront se dresser au loin les roches acérées .
Ils sauront que jamais, ils n'atteindront le port.
Ils dormiront sur le sable doré,
Mais leur corps sur la grève échoué
Sentira les relents de poisson pourri,
Mais leur vie s'arrachera sur le silex effrité.
La vague de la mer devait les faire vivre :
Elle les transperce.
L'onde violente apporte sur les sables gris
Tant d'embarcations échouées,
Tant de navires, de vaisseaux,
Tant de barques fragiles, tant de grands bâtiments,
Par la mer portés, lavés,
Lacérés, dégonflés,
La mer qui nourrit
S'infiltre dans les narines, flotte dans les poumons,
Flèches d'eau comme les flèches d'une armée invincible
Qui tue dans un bruit de sanglot...
Immensité salée,
Immensité de la mer maternelle,
La mer qui donne à profusion
Les poissons, les coquillages, et le sel.
Le pas des errants se portent vers l'eau,
Le pas des désespérés viennent vers le sillon,
Vers le levain qui donne au loin le pain,
Vers ces terres où l'on devient riche,
Vers ces terres où coule le vin,
Où dansent les champs de blé.
Vivants ou noyés, ils ont ce rêve,
Vivants ou enterrés,
Loin de leurs guerres fratricides,
Loin des ruines, loin des déserts de pierres et de sable,
Ils ont cru en l'avenir.
Ils ont une main large et forte pour travailler,
Ou des membres d'enfant gracile ;
Ils ont au cœur des flammes rouges de colère,
Ou la passivité des abandonnés.
Il leur faudrait des ailes plus que des avirons,
Il leur faudrait la folie plus que la foi :
Ils sont entrés dans la mer sans un pleur,
Ils ont gardé les larmes pour ceux qui sont restés.
Pas de tombeau, pas de chant pour dernier adieu :
Des cris de bêtes .
Ils ne marcheront pas, ils ne nageront pas,
Nulle musique et nulle fleur,
Pas même un nom .
Juste l'oubli.
La poésie de Geneviève
la 30 avril 2016
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Demain, premier jour de mai
Et voici de nouveau le soir :
Chacun va dans sa chambre,
Lové sur sa pensée.
Chacun va dans son rêve,
Et moi, comme chaque soir,
Je m'assieds derrière mon bureau,
Dans l'attente du poème
Qui coulera dans ce jour endormi.
Ma fenêtre est ouverte :
Le rossignol chantera-t-il ce soir ?
Le jour s'est écoulé doucement,
D'une manière souple et belle
Comme il se doit en mai.
Voici le soir, dans une coupelle d'or.
Après le vent violent d'hier
Où le ciel réclamait sa colère,
Blanches et alourdies de pollen
Les pétales du poirier ont jonché le sol,
En s'éparpillant sur les herbes jaunes.
Brutalement, les arbres ont défleuri,
Brutalement sont apparus des bouquets verts
Sous le soleil et sous la pluie.
C'est ainsi que ce matin,
Les arbres ont enjambé leur ombre,
Ainsi, le peupliers se sont approché de ma fenêtre,
Pour saisir le chant du piano .
L'attente est longue le soir,
Je n'entends pas le rossignol.
Chantera-t-il cette nuit ?
J'écoute le bruissement des arbres,
Comme d'autres écoutent,
Dans leurs oreilles bouchées,
La musique des robots,
Car ce chant des feuilles m'a manqué tout l'hiver,
Comme manquerait la présence d'un ami fidèle.
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