• Saison 2012-04

     

    LUNDI 30 AVRIL 2012, A 10:56
    SECOND TOUR ET CONTES DE FÉES.
     

     

     

    Je suis le Prince charmant,

    Versant à mains ouvertes

    Les diamants de mes poches percées.

     

    Je suis l'Ogre vorace

    Transformé en Souris

    Par un Chat plus malin que lui.

     

    Je suis le Loup caché

    Mettant sa veste retournée

    Pour croquer les gens confiants.

     

    Je suis le Petit Poucet,

    Jetant du pain rassis

    Aux oisillons affamés.

     

     

    MERCREDI 25 AVRIL 2012, A 20:30
    LE PUITS
     

     

     

    Dans le puits à la haute margelle,

    Si haute que, pour se pencher sur son eau,

    L'on doit gravir une volée de marches grises,

    Dans le puits à la haute margelle,

    Une eau repose

    A je ne sais quelle profondeur,

    Sombre et sans couleur.

     

    Si je me penche pour la regarder,

    Je vois le reflet de mon propre visage,

    Si je souris, j'entends l'eau susurrer,

    Et si je pleure sur ma vie,

     Il me parvient

    Du fond de la nuit

    Quelques sanglots mouillés.

     

    Parfois, je lance un appel

    Qui me revient comme un écho moqueur,

    Et l'eau qui effleure mon image

    Frémit comme un ami fidèle.

    Sous l'ondulation de l'onde profonde,

    Le regard est sans vie et la voix inaudible :

    Ce n'est que mon visage, sans âge et sans ami.

     

    Et sur le puits à la haute margelle,

     Les pigeons blancs avec leurs ailes rondes

    Viennent draper la coupole rouillée.

    Ils restent là, le soir,

     Et puis s'endorment un peu,

    Bercés de leurs voix chaudes

    Tendrement roucoulées.

     

    Mais un jour, au fil des saisons qui passent,

    Dans l'eau sombre du puits à la haute margelle,

    Lorsqu'il s'ennuie près des fleurs assoiffées,

    Fatigué du vif scintillement qu'il a donné l'été,

    Le soleil se faufile tout au fond de mon puits,

    Filtrant dans l'eau quelques points ajourés :

    Le soleil invente des étoiles.

     

     

     

    MARDI 24 AVRIL 2012, A 08:53
    AFFICHAGE ÉLECTORAL
     

     

     

    Sur les murs , sur les panneaux mouillés

    D'où tombent des lambeaux de papier,

    Des yeux nous regardent fixement

    Et suivent nos pas.

    Les candidats figés n'ont pas osé sourire.

    Pas d'air sévère, mais pas non plus d'euphorie :

    On leur a dicté ce regard

    Où ne passe nulle émotion.

    Ils ressemblent à ce qu'ils sont :

    Des candidats de papier .

    Le papier détrempé

    Leur donne un air si triste

    Qu'on voudrait recoller les affiches,

    Ou bien, les arracher.

     

    L'avidité des candidats altérés de pouvoir

    Sous les pluies nous attriste :

    On a placé des victimes  perdues

    Près des écoles où rient les petits enfants.

    Les apparences sont sans poids

     Et le papier se déchire

    Comme est déchirée la vérité.

     

    Les fronts blanchis ont perdu toute vie,

    Les images flétries pâlissent sous les pluies.

     

    On ne lira plus les slogans,

    Les programmes ou les formules :

    Pourtant, les JE se dressent sur leur queue

    Et proclament Roi le MOI sans couronne.

     

     

    MERCREDI 18 AVRIL 2012, A 11:00
    PETITES CHANSONS D'AUTREFOIS
     

     

     

    Fleur d'épine,

    Fleur de rose,

    Fleur de jadis

    Fleur d'autrefois,

    Ton nom ne valait pas cent écus

    Quand ton honneur était perdu.

     

    Fleur de rose,

    D'ailleurs ou d'ici,

    Fleur d'épine d'aujourd'hui,

    Ton nom s'étale sur les journaux,

    Toi qui ouvres tes pétales

    Sur le net,

    A la télé,

    Sur le papier glacé.

    Pour ton corps exposé

    Aux brûlants regards,

    Nulle ombre pour te cacher,

    Mais des milliers de dollars

    Sous les projecteurs insolents.

     

    Ni pudeur démodée,

    Ni honte avouée,

    Juste un motif de fierté.

     

     

    Gentil coqu'licot, Mesdames,

    Gentil coqu'licot, Messieurs :

    J'ai descendu dans mon jardin

    Pour y cueillir du romarin.

    Sur ma main ne s'est posé aucun rossignol,

    Mais sur le sol, un étourneau bavard

    Est venu me dire trois mots verlan :

    Que les hommes ne valent rien

    Et les garçons encore moins bien,

    Gentil coqu'licot, Messieurs.

    Des dames, me dit peu de bien,

    Et des d'moiselles jamais vues,

    Me dit qu'il n'y en avait plus.

     

     

    Nous n'irons plus au bois,

    Les lauriers sont coupés,

    Les marronniers,

    Les châtaigniers,

    Et les tilleuls,

    Les vignes et les vergers.

    Les amoureux n'iront plus s'y cacher :

    On a bâti mille logements,

    On a bétonné les jardins.

     

     

    Voyez comme on danse,

    Comme on balance,

    Comme on rappe dans les cages d'escalier.

     

    Nous n'irons plus au bois,

    Nous irons faire des courses

    Avec un beau caddy

    En guise de panier.

    La douce Jeanne, la bergère

    A perdu son gagne-pain,

    Mais les loups dans les bois de béton

    Sont de plus en plus vilains.

    Ils mangent petits garçons, petites filles

    Qu'on ne laisse plus sans collier :

    En voiture, faut les accompagner ;

    Nul jeu dans les rues,

    Nulle partie de cache-cache

    Dans les ruelles inanimées.

    En voiture, toujours sanglés,

    Petits enfants, vous n'irez plus au bois,

    Vos jambes sont coupées.

     

     

    Dors,

    Min p'tit Quinquin,

    Min p'tit pouchin,

    T'as pu ton biau sarrau,

    Ni d'pantalon d'drap blau,

    Ni d'gilet d'lain' ben chiau.

     

    Dans l'magasin du grand cent' commercial,

    Ti trouv'ras jeans et colon léger,

    J'tacatrai un nouveau portable,

    Ti diras merci pour l'heur,

    Mais ti voudras d'main la dernière Nitendo.

    Ti crois qu'jai les mains plein'd'écus,

    Ti  t'crois un p'tit Milord !

    Mais mi, j'ai pu d'suc à gogo,

    J'ai l'chômage qui m'chagrine

    Que j'crains d'vir arriver l'jour,

    Et je n'dors point,

    Et je n'dors point,

    Point j'qu'à d'main.

     

     

    A la claire fontaine,

    M'en allant promener,

    J'ai trouvé l'eau si belle

    Que je voulus m'baigner.

     

    Il y a longtemps que l'eau coule

    Mais elle est trop polluée.

     

    Le fleuve et la rivière

    Cachent des métaux malsains,

    La truite et l'écrevisse

    S'élèvent dans des bassins.

     

    Il y a longtemps que l'eau coule,

    Mais elle est trop polluée.

     

    Chante, rossignol, chante,

    Chante si tu peux rêver,

    Toi qui as le cœur gai,

    Tu as le cœur à rire,

    Moi, je l'ai à pleurer.

     

     

     

     

     


    MARDI 17 AVRIL 2012, A 10:25
    S'ASSEOIR
     

     

     

     

    S'asseoir sur un banc

    Dans un parc fleuri,

    Regarder pédaler les enfants,

    Sourire au bonheur du passant…

     

    S'asseoir à la terrasse d'un café

    Protégé de la bise d'une écharpe enroulée,

    Regarder courir les gens,

    Les gens pressés qui n'ont pas de temps…

     

    S'asseoir dans une ville inconnue

    Sur les marches d'un escalier de pierre,

    Ereinté d'avoir tant marché

    En découvrant des monuments jamais vus…

     

    S'asseoir dans son fauteuil préféré,

    Le chat roulé sur les genoux,

    La truffe du chien aux yeux de velours

    Sur la main tenant un livre d'amour…

     

    S'asseoir dans une église sombre,

    Laisser l'émotion vous gagner,

    Penser à ceux qu'on a aimés

    Dont l'ombre protège pour l'éternité…

     


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