• Saison 2012-06

     

    VENDREDI 22 JUIN 2012, A 19:15
    ARITHMÉTIQUE
     

     

    Si un cm carré, c'est un carré

    D'un centimètre de côté,

    Pourquoi ne pas mesurer un objet bien rond

    Par des centimètres ronds ?

     

    La page 9 du livre de mathématiques

    S'appelle récréation :

    On n'y voit que des additions,

    Des divisions, des soustractions :

    Ce sont de barbantes révisons 

    Où je ne trouve que d'insolubles solutions !

     

    Encore bien pire dans le mensonge :

    Pour réviser de mieux en mieux,

    On appelle jeux la page onze 

    Mais je m'arrache tous les cheveux !

     

    Le maître annonce une nouvelle splendide :

    Aujourd'hui, on va simplifier les fractions !

    Je les vois toutes irréductibles

    Et je préfère le morpion !

     

    Si j'applique la formule :

    S= L x l, et S= b x h

    Pourquoi la longueur du rectangle

    Devient-elle une base,

    Et pourquoi la largeur du rectangle

    Devient-elle  une hauteur ?

     

    La page 142 m'enseigne les partages inégaux :

    Cette leçon inique

    Contredit l'éducation civique !

    J'apprends l'usage du rapporteur

    Mais j'en connais plus d'un dans la classe,

    Pour mon malheur !

     

    Il faut aussi calculer la durée d'un parcours,

    Avec les arrêts et les poursuites.

    Le radar veille et la police patrouille :

    130, 50 ou 30 à l'heure,

    Les kilomètres ne sont pas tous de même longueur.

     

    Les nombres complexes

    Parfois sont tout petits,

    Les nombres entiers

    Parfois sont très grands ;

    Les virgules aiment l'alignement,

    Les chiffres se mettent en rangs,

    Mais, comment faire,

    Quand le zéro est devant ?

     

    Qu'en déduisez-vous,

    Me demande le livre spécieux ?

    Je déduis ce que j'ôte

    Et le vendeur fait un rabais.

     

    Mais si, le calcul est fort utile

    Pour s'offrir le monde,

    Ou des babioles futiles !

    Si tu as pu les épargner,

    Compte les sous de ton porte-monnaie

    Pour acheter les trois bonbons convoités :

    Le capital n'a plus d'intérêt

    Quand la tire-lire est cassée !

     

     

     

     

    SAMEDI 09 JUIN 2012, A 13:16
    LE POTAGER DE MONSIEUR CAILLEBOTTE
     

     

     

    Au printemps, à peine la terre est-elle réchauffée

    Par un soleil encore timide

    Que les carottes sont semées,

    En lignes parallèles,

    Tracées par le cordeau déroulé.

     

    Les caïeux d'échalotes rosées,

    D'une main délicate et maternelle,

    En mars sont confiés à la terre.

    Dès juillet, sitôt les longues feuilles desséchées,

    On récoltera les bulbes oblongs,

    Pour coucher au soleil les touffes encore humides,

    Comme des jeunes filles séchant leur peau bronzée

    Sur les blondes plages de l'été.

     

    On les prendrait pour des sédentaires enracinés,

    Mais quelques plants se déplacent pour copiner :

    Thym, fraisier, persil, pourpier

    Sont des rebelles

    Qui se promènent où bon leur semble,

    Se moquant bien du jardinier !

     

    Les courges et les courgettes,

     Semées par petits poquets,

    Doivent être dorlotées tout le printemps :

    Assoiffées, elles boivent comme un homme

    Mais elles pourrissent sous trop de pluie ;

    Les petites limaces noires et les escargots voraces

    Dévoreront les jeunes pousses,

    Ou bien, les tiges ligneuses et envahissantes,

    Donneront d'énormes feuilles,

    Grosses comme des plateaux à tarte,

    Qui cacheront le soleil nourricier

    Aux pauvres fruits avortés.

     

    Les pieds tortueux des tomates

    Dont les lianes cassantes sont soutenues

    Par de solides tuteurs en bois

    Sont veillés par les soucis et les œillets odorants : 

    Leur parfum trompeur

    Eloigne les insectes piqueurs.

     

    En août sont semés les oignons de printemps,

    « Doux des Cévennes »,

    « Long de Florence »,

    Ronds et dodus

    Sous leurs multiples jupons dorés.

     

    Les choux généreux et variés,

    Toute l'année se cultivent au potager :

    Oiseaux, pucerons et altises

    Auront ainsi tous les jours à manger !

    Choux de printemps semés en automne,

    Choux de l'été à la rapide croissance,

    Choux d'automne et d'hiver

    Que les gelées décorent de perles fines,

    Choux cabus, choux pommés,

    Choux de Milan à la robe bleutée,

    Choux-fleurs protégés par leurs robustes feuilles,

    Brocolis élégants singeant le pin parasol,

    Les choux de nos jardins ont oublié leur ancêtre bravache

    Affrontant sans broncher

    Les embruns de nos côtes sauvages.

     

    Les cloches de verre de Monsieur Caillebotte

    Brillent sur ses tableaux admirés,

    Mais dans le potager rénové,

    Elles étincellent au petit jour,

    Protégeant comme de coûteux joyaux

    Les plantules fragiles et tendres,

    Au cou tendu vers la lumière.

     

    Venez donc un dimanche d'été

    Vous promener au bord de l'Yerres ;

    Mettez un chapeau de paille,

    Une capeline vaporeuse,

    Une canne à bout ferré,

    Prenez une ombrelle ajourée,

    Vous flânerez dans le parc fleuri

    Ou vous ferez un tour de barque

    Sur la rivière douce et paisible.

     

    Vous oublierez la sitone du pois

    Qui grignote à grandes échancrures

    Les feuilles délicates ;

    Vous oublierez l'altise légère

    Qui crible de trous radis et navets.

    Vous oublierez la cicatelle écumeuse

    Qui couvre de bave mousseuse

    Lavandes et verges d'or.

    Vous oublierez le puceron lanigère

    Qui dépose délicatement sur les pommiers

    De petits flocons laiteux,

    Et même le perce-oreille détesté des enfants

    Qui découpe avec acharnement méchant

    Les pétales fruités,

    Vous entendrez piailler joyeusement les oiseaux,

    Et surtout les perruches coquines

    Qui dansent sur vos têtes un ballet vert et bleu.

     

     

    Et puis, poussant la porte du potager,

    Vous viendrez respirer la sarriette rosée

    Qui parfume les fèves ;

    Sur l'hysope toujours verte,

    Vous verrez butiner papillons et abeilles ;

    Vous cueillerez la bourrache bleue

    Pour en confire les fleurs comme des violettes.

    L'estragon et la civette,

    La coriandre et l'anis,

    La marjolaine et l'origan odorants

    Vous donneront envie de chanter.

     

    Venez donc un dimanche

    Pour cette charmante promenade :

    Parfois, au détour d'une allée,

    Vous verrez un étrange personnage,

    Un dessinateur inspiré par les volutes du volubilis,

     Suçant son crayon comme un élève appliqué.

    Ou bien, un chevalet abandonné

    Oscille sous le vent malicieux,

    Et les guêpes pourtant effrontées

    Rient d'entendre un juron étouffé.

    Plus loin, une toile est abandonnée

    Par le peintre fatigué

    Des odeurs entêtantes d'huile et de térébinthe.

    Avec un copain jardinier,

    Il s'offre dans la serre un petit verre glacé.

    L'aquarelliste hésite,

    Entre le vert de vessie et le vert olive,

    Pour donner vie aux artichauts,

    Il lui faut du violet et du brun.

    Bien sûr, il n'en a pas sur sa palette,

    Il lui faudra des heures pour l'inventer.

    Le potager se pare de tableaux

    Qui sont les miroirs de la vérité implantée !

     

     

    Par pleines poignées odorantes et fleuries

    Vous récolterez aux portes de Paris,

    Tout le bonheur offert par ce potager

    Et ses courageux jardiniers…

     

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