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    Dans mes poèmes ne broutent plus

    Les bœufs placides dans les bocages...

     

    Plus de grinçantes charrettes,

    Ni forgerons, ni soubrettes, ni paysans.

     

    Le berger ne chante plus

    Le nom de sa brebis perdue.

     

    Nulle abeille sur les fleurs anodines

    Des parterres étranglés.

     

    Encore quelques lilas épars

    Taillés avec sévérité

    Dans les jardins exsangues,

     

    Encore quelques rosiers étiques

    Couchés sur le bord des trottoirs.

     

    Le béton pleure des larmes noires

    Pour que pleurent les enfants

    Qui ne jouent plus dans les petits chemins.

     

    On n'ouvre pas les fenêtres

    Pour faire entrer le soleil

    Car les alarmes veillent

    Sur les volets bien clos.

     

    Les vers-luisants ont éteint leur chandelle,

    Découragés par les puissants néons.

     

    Ni rêveries dans les étoiles,

    Ni chimères portées par le vent...

     

    Les blés lourds de la Brie sont vendus à l'encan

    Pour nourrir de grisaille les bouches vides

    Des promoteurs affamés.

     

    Il ne résonnera plus le cor au fond des bois,

    Ni le fifre joyeux,

    Ni la viole de gambe :

    Les moteurs fous ronronnent sur les routes livides.

     

    Se mirent dans les flaques

    Les carrosseries hâtives

    Qui ne vont nulle part...

     

     

     

     

     

     


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