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Accordailles d'antan
Roule, roule la patache,
Fouette, fouette, cocher au bras léger.
Dring, dring chantent les clochettes glacées
Pour avertir au loin les valets endormis,
Loin, loin , au bout d’une allée de platanes,
Dans le château noyé de brume,
Aux terrasses bien vite éclairées.
Le bruit du roulage réveillera aussi
L’aboiement furieux des chiens
Dans les chenils grillagés.
Ah ! les jolies demoiselles
Aux doigts gantés de soie,
Posant avec une esquisse délicatesse
Sur le marchepied déplié
Un escarpin brodé de roses !
Roule et grince le cabriolet
Et l’évêque endormi sur ses patenôtres,
Là voici bienvenue, l’éternelle aventure
Des gens qui vont se rencontrer,
Des messieurs au gibus moiré,
Des rombières attifées d’engrelures,
De dentelles au fuseau,d’aigrettes courroucées.
Vous tous, écoutez le bruissement des soies,
Sentez les odeurs de chapon dressé :
Le maître reçoit avec cérémonie
Le fiancé joufflu et débonnaire
Recommandé par Tante Simone.
On ne le connaît pas, mais on en dit beaucoup :
Il a de grandes terres et bien de l’entregent.
L’oeil effronté de la promise un peu fanée
Le jauge car c’est du blé sur pied ;
Elle minaude comme une rosière
Sortie récemment du couvent.
Essuyant ses yeux secs,
Ployant son cou grassouillet,
Elle dira oui à tout, et puis merci maman.
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