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Pygmalion et Galatée
Quand, vingt-neuf fois dans le ciel de Chypre,
La lune eut rempli son disque lumineux,
Pygmalion jeta un regard glacé sur Galatée.
Un à un, il lui ôta des doigts,
Nés sous son burin habile,
Les diamants et les jaspes ;
Un à un, il ôta les anneaux légers
De ses oreilles douces.
De son cou à la blancheur de neige,
Pygmalion détacha les lourds colliers de jade
Et les précieuses chaînes dont l’or scintillait.
Il déchira les tissus moirés
Qui ondulaient sur le corps inanimé de la reine déchue.
Dans le coffret d’ébène,
Il enferma les cadeaux jadis offerts
Avec amour et dévotion
A sa bien-aimée Galatée
Jadis aimée avec passion :
Fleurs aux pétales colorées,
Petits oiseaux légers,
Balles nuancées, larmes d’ambre,
Coquillages irisés.
Depuis longtemps déjà,
Le corps doux et parfait de Galatée
Ne connaissait plus les regards caressants.
Depuis longtemps déjà,
Ses lèvres avaient oublié les baisers ardents,
Et Vénus pleurait malgré l’offrande
De blanches génisses aux cornes recourbées.
Nulle main ne réchauffait de Galatée
La chair tiède et fragile,
Qui devenait froide et sèche
Sans l’étreinte lascive
Pygmalion, dans son canapé chaque soir un peu plus affalé,
Se reposait le journal à la main,
Ou, devant l’écran intarissable,
Ne voyait que son verre, attendait son repas.
Peu à peu, de l’ex bien-aimée,
Les traits du visage s’affaissent,
Elle n’est pas morte encore,
Mais son regard est vide.
Elle se tient dans un coin de la pièce,
Debout, abandonnée, figée sur son destin :
Elle redevient statue dont l’ivoire s’écaille.
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Commentaires
1GenecomteLundi 17 Juin 2013 à 11:24Si Pygmalion ne regarde plus Galatée, elle redevient statue de pîerre; messieurs, prenez soin de celle que vous aimez...Répondre
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