• Saison 2009-11

     

    LUNDI 30 NOVEMBRE 2009, A 18:18
    LE BONHEUR VERT
     

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    On dit fleur ou fruit

    Et des arômes et des douceurs de pétales et de pulpe

    S'exhalent et m'enlacent.

    Douces et vireuses

    Elles me disent : sois heureux.

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Je dis vent et bourrasque

    Et brise qui murmure

    Et coulis qui s'éteint.

    La girouette qui geint

    Apaise mes colères

    Et me souffle tout bas : sois heureux

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile.

    Cascade et eau dormante me coroient et me ripent.

    Et jaillissent et ondulent

    Des sources et des étangs.

    Je m'immerge et me trempe

    Et l'eau suinte pour moi : sois heureux..

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Prendre l'arbre à plein bras

    Et planter, et semer

    Chanter sous la tonnelle, danser dans  le vallon .

    Chenus ou filardeaux, douçains et sauvageons

    Les sylves ont fredonné pour moi : sois heureux.

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Je claironne : soleil, se réveillent Osiris, Phébus et Mithra

    Qui de forces dorées couronnent l'univers étincelant,

    Et réveillent mes yeux endormis sur mes rêves

    Effacent de ma nuit mes brûlantes  peines

    Et d'or et de lumière clament très fort : sois heureux

     

    Chanvre, plainte et déchirure

    Et velours ou tendresse

    Et clémence ou satin,

    Que te louangent toutes les fleurs, toutes les eaux,

    Tous les vents, tous les fruits, et les arbres dressés

    Et le soleil radieux et les racines obscures.

     

    Que la nature toujours à ton oreille vigilante,

    Doucereuse et pateline

    Cassante et dévorante

    En une mélopée gracieuse, en un cri proclamé

    Te dise, oui, te dise :

    Homme, sois heureux..

     

     

    LUNDI 30 NOVEMBRE 2009, A 12:55
    JARDIN
     

     

    Et tu pourrais sans doute

    Descendre en ton jardin

    Marcher dans l'herbe douce

    Caresser le matin.

     

    Et tu pourrais ainsi

    D'une timide main

    Effleurer la rose rouge

    Qui a fleuri ce matin.

     

    Un petit homme a baillé:

    C'était un nain de jardin..

    La rose rouge est fanée

    Le petit homme est tombé .

     

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 16:25
    L' ÉPERVIER
     

     

    As-tu vu au bord de la falaise

    Le petit épervier immobile et vibrant?

    Suspendu entre ciel et mer,

    IL hésitait sur sa destinée

    Et poussait un long cri plaintif

    Que la vague au loin étouffait...

    Comme j'aimerais ainsi me pendre dans le vent

    Et  croire atteindre les nuages blancs,

    Et croire entendre encore et encore

    L'herbe pousser sous mes pieds!

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 16:07
    SAGESSE
     

     

    J'ai pensé être reine

    Vivre un soleil doré.

    J'ai pensé être flot,

    Bateau errant et vogue sans galère;

    J'ai pensé être sainte

    Couronnée d'une épine ambitieuse.

    J'ai pensé être maudite

    Bateau en dérive et vogue le flot

    Qui nourrit savants et génies;

    J'ai pensé être sage

    Vivre sans heurt, sans blessure

    Les yeux fermés, la bouche close

    Et faire danser les idées rudes:

    Foi, bonté, droiture,

    Des mots oubliés, des mots démodés

    Petit roseau plié, j'ai bien courbé ma tige

    Ni sainte, ni reine, ni sage

    Sans combat mais cousue de blessures

    Et vogue mon bateau sur l'unique océan

    Centre de l'univers où mon Dieu m'a conduite.

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 15:58
    PRONOMS PERSONNELS
     

     

    De toi à moi

    Ou lui ou toi

    C'est toi ou moi

    Ou lui et moi

     

    De elle à moi

    Ou elle  ou moi

    c'est elle et toi

    Et toi sans moi

     

    De toi à elle

    Ou elle et toi

    C'est elle ou moi

    Et  elle sans toi

     

    Et nous sans elle

    Et nous sans vous

    Et vous sans nous

    Et nous pour nous.

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 10:21
    PARIS
     

     

    Parfois, ne vous moquez pas,

    Je quitte mon jardin, lassée de mes herbes mouvantes

    Et du grand ciel qui ne me répond pas.

    Parfois, ne vous moquez pas,

    Je me sens irrésistiblement appelée

    Par la foule et le bruit

    Et le métro grinçant,

    Et les trottoirs bondés.

    Je marche dans les rues

    Choisissant avec soin

    La bousculade et les encombrements,

    Les néons lumineux et les moteurs rageurs.

    Oh, ne vous moquez pas,

    Je m'assieds sur un quai de métro

    Aux pires stations, aux heures de presse,

    Et les piétons qui me bousculent sans s'excuser

    Me rendent à mon humanité.

    J'aime ce bain de foule où je me sens unique

    Et membre d'un grand corps, frère de tous mes frères

    Clodos et pédégés, minettes et croulants.

    Je suis l'homme régnant sur terre

    Couronné, vainqueur, immortel.

    Non, ne vous moquez pas, Paris parfois m'appelle

    Ou Londres, Sao Paulo, Rome et Milan.

    Et je m'échappe de mes prisons

    Dans un rire, une danse, un opéra

    Quand je marche sur le bitume

    Vibrant des mille cœurs qui battent

    Au rythme de mes pas.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:47
    MA MAISON
     

     

    J'habite une maison haute

    Ou règne une belle harmonie

    Du lin de Cogolin, des toiles peintes

    Et des fleurs un peu assoupies.

     

    Une chambre à baldaquin

    Un parquet ciré sous l'alcôve

    Des porte-plumes, un guéridon fragile

    Et des cache-pots sous les amandiers nains.

     

    Au salon, des médaillons empire

    Des figurines en biscuit sous  l'opalescence des lampes

    Un portrait sépia du prince impérial

    Une horloge  qui ne sait pas compter.

     

    Une collection de chats hiératiques

    Sur la commode palissandre

    Et des aquarelles pâlies

    Encadrées de dorure mouchetée

     

    Une salle de bain carrelée

    Une vasque en pâte de verre

    Une  psyché bancale

    Et des fontaines en col de cygne.

     

    Une grande cuisine dallée

    Avec des poutres raides et un évier carré

    Une rangée de cafetières étiques

    Et le fourneau paré de céramiques .

     

    Entrez, entrez dans ma maison

    Elle est faite pour vous, visiteurs et amis

    Moi, j'ai ma niche et ma pâtée

    Dans un bureau empoussiéré.

     

    Des livres couchés, des livres étranglés

    Des revues lues, découpées, des crayons rongés

    Des papiers à classer, à trier, à jeter

    Des papiers à relire, des papiers pour pleurer.

     

    Pagaille, désordre et fatras

    Pêle-mêle d'ouvrages brochés

    Capharnaum de lettres et d'épîtres

    De missives à corriger, de messages à poster

     

    C'est dans cette confusion plumitive

    Cette misère domestique

    Que je scribouille, que je tartine,

    Que je découvre mes chansons.

     

    Je me vautre dans les phrases alanguies

    Je me ventrouille dans le sucre des mots

    Je me vitule dans les papiers noircis

    Je me barbouille d'encres séchées.

     

    De ce chaos,

    De cette bauge,

    De ce repaire,

    De ce terrier,

    De ce cloaque de papier ,

     

    Je vois, moi, mille colombes s'échapper.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:40
    MARIAGE D’AMOUR
     

     

    Si tu veux, oui, pourquoi pas

    Sans doute en blanc, en tulle et dentelle

    Noeud papillon, chapeaux de rêve

    Orgue  vainqueur, repas de fête.

     

    Si tu veux, oui, pourquoi pas

    Je serai demain à ton bras

    Chansons d'amour, refrains coquins

    Et nos parents un peu chagrins.

     

    Pour le meilleur et pour la joie

    Mais seulement pour aujourd'hui

    Si tu le veux, oui, pourquoi pas

    Nous croire liés la bague au doigt.

     

    On louerait tout pour de rire

    Le maire enrubanné et la calèche en fleurs

    On louerait seulement la journée de bonheur

    On n'aurait pas besoin de divorcer.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:34
    EDUCATION
     

     

    Un et un deux

    Deux et un trois

    Trois fois trois neuf

    Je, tu, il, nous, vous, ils

    Le pistil, les étamines

    Hugues Capet

    Robert le Pieux

    Henri 4 et Ravaillac

    La fourmi n'est pas prêteuse

    Sur un tapis de Turquie

    Le couvert se trouva mis

    Bijou, caillou, chou, genou

    Mais où est donc Ornicar,

    L'âge du capitaine point d'interrogation

    Le diamètre , les équations

    Rosa, rosa, rosam

    My taylor is rich

    Desayuno u cena

    Frites et purée-jambon

    Ravaudage et lessive

    Courses et maman-taxi

    Marivaudage et bavardage

    Sont les vraies mamelles de la femme

    Qui tricote au jour le jour

    Les heures perdues, les heures jetées

    Et ne voit pas d'ouvrage avancer

    Chers petits à éduquer

    Il faudra recommencer  encore et toujours

    Je bêtifie, tu bêtifies, vous bêtifiez

    C'est le destin des mères phagocitées

    Meurs, mourons, mourez.

     

     

    MARDI 24 NOVEMBRE 2009, A 19:19
    OBÉISSANCE
     

     

    Elle avait appris à dire

    Oui, madame et oui, monsieur

    Elle avait appris à se tenir à table

    Elle avait appris à ne pas crier.

     

    On lui avait dit: sois sage et tais-toi,

    Elle était sage, elle se taisait.

    On lui avait dit: obéis-moi

    Et elle obéissait.

     

    C'était à dix, c'était à vingt,

    A trente et quarante ans, la vie, la vie,

    Elle était sage et bien docile

    Tout un chacun l'aimait.

     

    Et puis des oui madame, des oui monsieur

    Elle eut un jour assez

    Elle voulut vivre et dire: je veux

    Mais la chanson était fêlée.

     

    Vole, bel oiseau vole

    Et sauve-moi de moi

    Qu'un tourbillon de plumes

    Libère la foi qui dort en moi.

     

     

    MARDI 24 NOVEMBRE 2009, A 16:02
    BROCANTE
     

     

    Le musicien est mort en juin

    Le vieux piano est à vendre

    Tout habillé de poussière argentée

    Entre un frigo et une télé.

    Les touches pleurent quand le client les frappe

    Le brocanteur n'a pas de cœur

    Le musicien est mort en juin  

    Le piano pleure, et meurt

    Il meurt de chagrin.

     

     

    LUNDI 23 NOVEMBRE 2009, A 18:31
    NOUVELLE JOURNÉE
     

     

    Le  jour se levait

    Lorsqu'une pensée lui troua l'esprit ,

    Comme une chiure de mouche

    Sur une vitre fraîchement lavée :

    Ma vie sera toujours une entreprise inachevée.

    Le jour se levait

    Avec cette idée

    Aussi débilitante que rigoureusement exacte.

    Il aurait fallu se rendormir,

    Rêver de nouveau à des prairies en fleurs,

    A des couronnes de mariée,

    A des plages de sable blanc.

    Au lieu de quoi,

    Elle se jeta hors de son lit

    Et se prépara à affronter une réalité

    Aussi pesante qu'une sinusite.

     

     

    DIMANCHE 22 NOVEMBRE 2009, A 14:18
    BÉATITUDES
     

     

    Centrales empoisonnées

    Bateaux de plutonium,

    Ozone troué

    Sida, vétusté, corruption,  L.S.D.

    Violence et insanité

    Internet rose et truqué

    Faim et chômage

    Guerres et suicides

    Racismes et intégrismes

    Mensonges et perversité,

     

    Ouvrir ou fermer les yeux

    Est mon seul choix.

     

    Non, je ne peux pas croire

    Que l'oiseau ne chantera plus,

    Et je ne peux pas croire

    Que mes yeux dessillés

    Ne verront que le Diable

    Portant en croupe

    L ‘humanité bafouée ;

     

    Nous verrons l'espérance dans les yeux des bébés

    Nous verrons les enfants jouer

    Nous verrons le printemps jaillir sous la lumière.

     

    Nous verrons les malades se lever en riant

    Nous verrons l'océan où dansent les dauphins

    Nous verrons les blés dorer dans les déserts

     

    Nous verrons l'alouette chanter sous le soleil

    Nous verrons le chômeur debout tôt le matin

    Nous verrons le poète éteindre les écrans.

     

    Nous verrons les ministres servir l'humanité

    Nous verrons des lois justes et des journaux ouverts

    Nous entendrons des chants, des prières, des pardons.

     

    Et des prophètes à nouveau parleront

    Que nous saurons écouter avec déférence

    Et des savants chercheront, pour trouver la vérité de la vie.

     

    Non, je ne peux pas croire

    Que la terre se dessèche

    Que le ciel m'asphyxie

     

    Je ne peux pas croire

    Ceux qui brament, ceux qui grondent

    Et que les hommes de bien se taisent,

    Liés de peur, de lâcheté.

     

    Je fais ma part de chemin

    J'écoute l'homme en moi.

     

    Socrate, Marc Aurèle,  Saint- Thomas, Spinoza,

    Montesquieu et Voltaire, Goethe et Hugo,

    Darwin et Claude Bernard, Jaspers et Gandhi,

    Bâillonneront les nouveaux loups hurleurs

    Qui ne pourront ni mordre ni tuer.

     

    Une sève de chêne

    Sourd de nos veines bleutées

    Attendant le printemps et guettant la lumière

    Pour jaillir et réclamer ses droits. 

     

     

    SAMEDI 21 NOVEMBRE 2009, A 20:43
    UNE ALLÉE
     

     

    Il y a bien une barrière blanche

    Et une allée cernée de fleurs;

    Il y a même au bout  une maison,

    Et une porte bleue sous la lucarne ouverte,

    Et une main de cuivre pour appeler l'ami.

    Pourtant le vent  m'emporte

    Vers mes chimères et mes folies;

    Je ne fais que passer

    Tel un duvet de fleur

    Effleurant cette terre

    Sans jamais me poser. 

     

     


    SAMEDI 21 NOVEMBRE 2009, A 20:28
    PAPIER, ESPOIR ET PAPIER .
     

     

    Avec une feuille de papier,

    Livre ou journal,

    Canson pour dessiner,

    Cahier pour travailler,

    Les jours sont plus supportables

    Et le réveil, au matin,

    Plus probable .

     


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