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Saison 2010-02
MERCREDI 24 FÉVRIER 2010, A 19:41 EDFOU, TEMPLE DU DIEU HORUS Les portes du sanctuaire d'Edfou sont scellées chaque soir :
Horus replie ses ailes bleutées et ferme ses yeux fatigués,
Oubliant pour la nuit ses combats contre Seth.
Les portes de cèdre s'ouvrent au lever du jour :
Horus reprend sa course diurne au-dessus du désert.
Il ouvre ses ailes et déploie ses bienfaits
Sur la terre d'Egypte.
Une plume jaune tombe sur la pierre
Et la transforme en sable fertile.
Une plume bleue se détache :
Voici le lac Nasser.
La plume d'un rouge flamboyant
Tombe sur l'homme et lui donne la vie.
La mythologie d'hier se mêle aux contes d'aujourd'hui.
Ni son bec courbé et puissant,
Ni sa dent acérée,
Ni ses redoutables serres
Ne lui donnent autant de force et de gloire
Que sa vue perspicace et divine
Qui est mesure, ordre et victoire.
Son regard tranche le bien du mal
Et répand chaque jour l'harmonie.
Les portes d'Edfou se ferment chaque soir,
Mais au matin, le dieu solaire reprend son vol,
Sa quête inlassable et universelle.
2 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 22 FÉVRIER 2010, A 19:35 RAMSÈS, DEBOUT POUR TOUJOURS À ABOU SIMBEL Les yeux ouverts
Sur son rêve de gloire et d'éternité,
Ramsès songe :
La poussière ne fait pas ciller son œil,
Le vent ne dessèche pas sa lèvre,
L'eau ne noie pas sa fièvre.
Sa grandeur s'est muée en folie,
Sa folie s'est figée dans le grès
Dont il est prisonnier.
Il ne voyagera pas au royaume des morts,
Il ne trouvera jamais les portes de l'au-delà.
Dans les colosses de pierre
Son âme est ligotée chaque soir
Pour une veillée funèbre,
Cruelle et solennelle
Où il entend son nom célébré par l'écho de sa propre voix.
Parfois son rêve le conduit
Sur les rives de l'Oronte en lointaine Syrie
Avec ses valeureux guerriers lui apportant Qadesh.
Il se console aussi en pensant à sa couche douce
Où l'attendait Nefertari.
Il ne trouvera pas le sommeil de la mort :
Ses semelles plombées lui ont donné
L'éternité terrestre et l'attente immobile
Du souffle qui passe là-bas,
Au-dessus des obélisques purs,
Et qui s'en va par delà le lac
Lier la terre avec le ciel
En séparant les vivants des morts
Pour leur donner la paix..
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 21 FÉVRIER 2010, A 10:13 TOMBEAU DU ROI DJESER Le Roi Djeser erre sans fin
Dans son palais de pierre grise
Et de sable brûlant.
On l'entend parfois crier le nom d'Imhotep,
Et pleurer à grands sanglots bruyants
La si longue famine
Qui décima son peuple chéri.
Il implore le dieu Knoum compatissant
Et cherche de ses yeux brûlés
Memphis la bien-aimée de son royaume unifié.
Puis il retourne en sa chambre triste,
Et guette pendant des heures
Le chant du Nil où il aimait se baigner
Parmi les lotus en fleurs.
Aspiré par les effluves du fleuve révéré,
Il gravit parfois les marches de son tombeau
A pas lourds et pesants
Et s'assied pensif sur les berges odorantes,
Lavant son âme fatiguée de l'éternelle errance
Sous le soleil implacable.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 19 FÉVRIER 2010, A 12:35 AUTREFOIS, Autrefois, il y avait des rossignols,
Il y avait, tête bêche sous les feuilles d'aulne,
Des moustiques ligotés dans leurs longues pattes.
Il y avait des chalets silencieux
Où l'on tendait l'oreille
Vers les secrets de la nuit.
Il y avait les sombres pénombres
Autrefois, c'était un cri d'oie sauvage,
C'était le soleil qui s'enroulait
Aux vrilles de la vigne.
Il y avait la lumière et les ombres.
Autrefois, si le sommeil ne venait pas ;
L'aube grise et rosée haletait
De mille joies précoces.
Il y avait le jour et la nuit sombre.
Et le fleuve chantant du bruit de ses eaux vives
Emanait au printemps
D'une âcre et fade odeur.
Aujourd'hui, la ville est sombre le jour,
Elle est lumière toute la nuit :
Même les passereaux se sont enfuis.
C'est la ville sans nids et sans terriers,
La ville sans fleurs ni fougères,
La ville tremblante sous trop de bruit.
Le ciel profond est gris mais sans nuage,
Nulle étoile ne brille au-dessus des néons :
Ciel et terre aujourd'hui se cognent au béton.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 18 FÉVRIER 2010, A 10:41 BANLIEUE Tu peux toujours parler des étoiles
Et du firmament infini.
Tu peux chanter les forêts, les montagnes,
Et les sentiers parfumés.
Tu peux parler du fleuve jaune
Et des jonques dorées.
Ces mensonges-là te font rêver
Mais ta vie est ailleurs :
Ta banlieue morne est bétonnée,
Tes rêves ligotés, ta poésie asséchée.
Il y a juste un arbre devant ta fenêtre,
Fier et courageux pour abriter deux merles,
Une palombe grise, un sansonnet bavard,
Et ton espoir infini pour une vie plus belle.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 18 FÉVRIER 2010, A 10:10 NOUS N'IRONS PLUS AU BOIS. Nous n'irons plus au bois,
Les lauriers sont coupés,
Nous n'irons plus au bois,
Nos jambes sont sciées,
Et nos bras,
Nos bras chargés autrefois
D'enfants, de fleurs et de lumière,
Nos pauvres bras vidés
De sang, de sève et d'amour,
Nos bras coupés
Ne savent plus s'élever vers le ciel
Pour prier saints et saintes
Reposant au firmament.
Nos mains creusent la terre, inlassablement.
Trouveront-elles un jour le trésor ?
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 17 FÉVRIER 2010, A 16:54 PEINDRE OU ÉCRIRE? Comme c'est facile,
Mon ami,
De prendre un peu de rose, un peu de bleu,
De tremper ton pinceau
Pour dessiner tout l'univers !
Comme c'est facile,
Mon ami,
De peindre sur la toile
Des noirs moroses, des idées folles,
Et d'y trouver la joie !
Comme c'est facile,
Mon ami,
Une aquarelle, un beau pastel
En deux petits mouvements
Qui font passer le temps !
Mais comme tu peines,
Mon ami,
Les mots en bout de plume,
Les mots au bord du cœur,
Comme tu peines !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 16 FÉVRIER 2010, A 13:19 LA CENT ET UNIÈME LETTRE D'AMOUR. Tous les deux, on s'allongerait côte à côte,
On s'allongera tous deux côte à côte,
On s'allongera sans bouger, sans rien dire,
Sans bouger, sans rien dire.
Tu mettrais ton visage contre mon visage,
Tu mettras ton visage contre mon visage.
Tu sentirais mon souffle près de ta joue,
Tu sentiras mon souffle près de ta joue.
Je respirerai ton souffle léger et pur.
Tu poseras ta lèvre sur ma lèvre
Et je boirai ta lèvre sur ma lèvre.
J'embrasserai ta paupière close
Ta paupière fermée et priante,
Ta paupière ombrée, douce et priante.
Et toujours ton souffle dans mon souffle
Et ta lèvre sur ma lèvre.
Tes bras m'enserreraient, m'enserreront tout entière,
Tes bras si grands, si protecteurs, si rassurants
Qu'ils m'enveloppent jusqu'au cœur,
Jusqu'à toucher mon âme,
Tes bras me tiennent et me soutiennent,
Me soutenaient, me soutiendront.
Et la caresse de ta main,
Non, je ne peux la dire,
Ta main si douce qui m'est réconfort
Qui m'est parole, amour et confiance,
Ta main qui me recrée
Comme le peintre dessine,
Ta main qui me soulage de mes maux,
Ta main qui efface mes douleurs,
Ta main qui embellit mon corps
En épousant mes courbes.
On s'allongerait côte à côte,
Sans bouger, sans rien dire.
On s'allongera côte à côte,
Sans parler, sans rien dire,
Les jambes nouées, les mains serrées,
Le cœur noué et bien serré,
L'un contre l'autre,
Sans bouger,sans parole inutile.
Tes cuisses longues et noueuses
Mes cuisses petites et rondes
Côte à côte, sans bouger, sans frémir,
Juste un souffle commun
Léger et pur,
Un seul souffle pour deux,
Un seul souffle pour deux
Et une mesure commune.
Ta poitrine me soulevant
Comme la houle soulève un esquif.
Ta poitrine comme un coffre
Empli de trésors merveilleux
Me soulèverait, me soulèvera
D'un souffle léger et pur.
Allongés côte à côte,
Bien serrés dans notre amour précieux.
J'écouterai alors ta voix, étrange sous mon oreille
Bien collée contre toi pour d'étranges musiques.
Côte à côte, pour vivre enfin
Demain, demain.
Et comment survivre à cette nuit si longue,
Cette nuit qui jamais ne finit ?
Et puis encore des heures et des heures d'attente,
Des heures et des heures de journée ?
.
Demain,
C'est tellement loin, demain !
Qui ose ainsi nous séparer,
Oter l'eau à la plante,
Séparer la racine de la terre,
Nous faire dormir ainsi
Loin, loin l'un de l'autre
Et loin de la certitude du lendemain ?
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 13 FÉVRIER 2010, A 18:28 DÉMISSION Que fais-tu là, petite,
Devant ton écran noir
Et ton journal ouvert
Et ta porte fermée ?
Que fais-tu là, petite,
A regarder la foule
Hurler des mots vengeurs ?
Que fais-tu là, assise,
Ton chat sur les genoux
Et ton livre à la main,
A pleurer Héloïse,
A tricoter des riens ?
Que fais-tu dans la rue
Les yeux couchés à terre
Pour ne voir ni l'affiche
Ni le rapeur râleur,
Ni la violence rose
Ni la pâleur du vieux,
Ni l'apatride exsangue,
Ni la main qui se tend ?
Que fais-tu là, petite,
A trier devant l'urne,
Tout le mauvais du pire
Et te laver les mains ?
Que fais-tu là, petite
A doucement chanter,
Doucement tu respires,
Doucement tu expires…
Si petite sois-tu
Tu peux encore crier .
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 07 FÉVRIER 2010, A 20:37 LE COQUILLAGE Je ne vois rien :mes yeux se sont fermés.
Je joue, je cours, je ris et j'étudie,
Paupières closes, lèvres pincées.
Les yeux rivés sur mes pensées moroses.
Je ne vois rien :aveugle je suis devenue
Et sourde, et muette, et malheureuse aussi,
Repliée comme un coquillage vide
Où chante encore la mer.
Caressée et polie, mais pliée de douleur,
Nul ne pourra déplier la coquille blanchie
Qui perd sa nacre et sa douceur,
Au fil des vagues violentes et lentes,
Au fil des jours qui m'usent et qui m'effritent
Je deviens sable souple,
Sable mouvant, sable stérile,
Sur moi la mer s'acharne et me rend au néant.
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0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG
DIMANCHE 07 FÉVRIER 2010, A 19:56 LE MARCHÉ M'enfuyant du marché
Aux gorges arrogantes,
Bousculant les chalands,
Mon bras lourd de denrées,
Heureuse, les mains frémissantes,
Joyeuse, les doigts frissonnants,
Dans mon panier de jonc
Au milieu des salades,
Des oranges râpeuses,
Des endives dorées,
J'ai posé doucement
Noir, pourpre et violine,
Précieux et inutile
Et les pétales enflés,
Un bouquet d'anémones
Pour nourrir mes pensées,
Et d'un pas plus léger
Poser en ma maison
Une idée du bonheur
Qui me fera chanter.
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