• Saison 2011-12

     

    MERCREDI 28 DÉCEMBRE 2011, A 10:53
    AU DONON
     

     

     

    En ce soir du mois d'août, il partit pour marcher,

    Et sans aimer la lune, il aima sa clarté.

    Paysage d'hiver par une nuit d'été,

    L'herbe de la prairie semblait être rasée,

    Et la rosée tremblait sous le rayon jauni

    D'une couche de givre dormant sur les paillis.

     

    Quand vint le vent frisquet, il put se réfugier

    Dans une clairière ouverte où paissaient quelques biches.

    Couleur de lysimaque, un ciel jaune s'étendait

    Aux sommets veloutés des montagnes si riches.

    La pluie pulvérisée sur les branches légères

    Des sapins argentés figeait l'ombre sévère.

     

    Tandis que, dominant et seul de sa race,

    De sa branche faîtière semblant une vraie croix

    Un hêtre dépassait un peuple d'arbres droits

    Qui luttaient sous le poids de leurs épines lasses.

    Et lui seul écoutait le murmure de la nuit,

    Sa marche encore lointaine mais de rêves éblouie.

     

     

     

    MARDI 27 DÉCEMBRE 2011, A 10:08
    QUAND ELLE ÉTAIT LÀ, ET PUIS, PAS LÀ.
     

     

     

    Absente,

    J'ai cultivé les phrases jolies

    S'évaporant de ses lèvres roses

    Comme une haleine chaude et douce.

     

    Présente,

    J'ai trop parlé de moi-même.

    S'échappant de mes lèvres caustiques,

    Les brumes et les critiques caracolaient :

    Je voulais être d'une absolue rigueur.

     

    Absente,

     Je me sentais tendresse,

    Présente, je me faisais raseur.

     

    Absente,

     J'étais obsédé par sa beauté :

    Sa peau de velours à peine dénudée,

     Son cou aussi gracile que la tige des fleurs.

    Son regard de myosotis pâle

    Faisait chavirer mon travail.

     

    Présente,

    Je marchais droit devant moi,

    Absente,

    Je posais ma paume forte

    Sur ses petits doigts légers.

     

    Je râlais pour des riens quand elle était là,

    Puis, quand elle était partie,

     Je rêvais à son sourire

    Que malgré moi, j'avais éteint.

     

    Elle est partie, j'ai tellement froid !

    J'ai peur du vide

    Que mes paroles arides ont creusé.

     

    Elle est partie, la reverrai-je ?

    Tout résonne et frissonne…

    J'ai froid dans mon cœur sec

    Qui chante sourd ou reste muet,

    Ce cœur vidé pleure

    Des épis mûrs et non coupés

    L'attente vaine.

     

     

     

    MARDI 27 DÉCEMBRE 2011, A 09:10
    QUELQUE SOIT SON NOM
     

     

     

    Entre nous deux,

    Et quelque soit son nom,

    Il se créera d'abord un silence,

    Et ce silence ressemblera à une attente.

    Puis, il y aura un certain regard,

    Et peut-être alors sa lèvre sourira…

     

    Enfin, il y aura une parole, une première parole,

    Et quelque soit son nom,

    Cette parole sera comme un cadeau.

    Vers ses yeux partiront des paroles

    Que son oreille n'entendra pas,

    Je recevrai des noms usés : train, livre, pain,

    Que seuls mes yeux entendront .

     

    Tout à l'heure, il me dira ce qu'il a fait aujourd'hui,

    Ce qu'il a fait hier, et puis avant-hier,

    Et doucement, j'entrerai dans sa vie,

    Quelque soit son nom.

     Doucement, doucement,

    Avec des mots de tous les jours,

    J'entrerai dans sa vie.

     

    Et si j'attends bien patiemment,

    Si j'attends que sa lèvre ait rendu mon sourire,

    Je sais qu'il me dira aussi

    Ce qu'il fera demain, après-demain,

    Et même ce qu'il fera  l'an prochain ;

    Quelque soit son nom,

    Il parlera de ses inavouables projets,

    Et mieux encore, il parlera de ses regrets.

     

    Je ne le connais pas,

    Il n'a pas encore de nom,

    Il n'a pas traversé mon chemin.

     

    Demain, demain peut-être,

    Je l'appellerai par ce nom,

    Il me dira bonjour en prononçant le mien :

    Alors, je saurai s'il peut entrer dans ma vie,

    S'il peut entrer doucement dans mon cœur.

    Ce nom sera le visage d'un ami.

    Il pèsera tout le poids de l'espoir,

    Quelque soit son nom.

     

     

     

    SAMEDI 24 DÉCEMBRE 2011, A 17:50
    CADEAU DE NOËL EN MAI
     

     

     

    Je n'avais ni cheval de bois,

    Ni lapin au tambourin,

    Ni landau, ni trottinette,

    Ni polichinelle sur une échelle.

    Je n'avais ni poupée ni poupon,

    Juste un vieil ours dans les bras :

    On me trouva trop grande pour ça !

     

    On me somma de le donner

    Y'a plein d'enfants qui n'auront rien,

    Va le porter chez les voisins,

    Le petit Jules n'a point d' papa.

     

    J'étais contente d'avoir grandi,

    Mais je revins très chagrinée.

    Mémé qui n'avait rien pour vivre,

    Voulut m'en consoler.

    Sou à sou , elle épargna son pécule :

    J'eus un nounours au mois de mai.

     

    Son poil est élimé,

    Ses jambes sont déformées,

    Son nez part de travers,

    Un œil est éraillé, les oreilles sont pliées.

    Recousu  par mes petits doigts maladroits,

    Les copeaux de bois

    S'échappent de son ventre percé,

    Ses vêtements serrés

    L'empêchent de sombrer !

     

    C'est mon nounours :

    Il m'a suivie partout.

    Je le prête le soir

    Quand un enfant a peur du noir :

    Mémé donne sa voix

    A ce vieil ours délabré.

    Câlinant le vétuste joujou,

    Les enfants dont la chambre est un magasin

    De jouets rutilants et modernes

    S'en trouvent toujours consolés,

    Et moi, je pense à ma pauvre mémé…

     

     

     

     

    MARDI 20 DÉCEMBRE 2011, A 10:31
    PAROLES EN L'AIR
     

     

     

    J'ai parlé d'hirondelles et de libellules,

    J'ai parlé soirs d'été

    Et j'ai vécu de brumes

    Et de paroles châtrées.

    Quelques paroles en bleu ou noir,

    Que voulez-vous, je ne sais pas danser !

     

    Ma chanson triste,

    D'où vient-elle ?

    Il n'y a en moi ni soleil ni vent.

    J'écoute le grand souffle qui passe autour de moi,

    Je pourchasse les traces des plus petits émois,

    Que voulez-vous, je ne sais pas jouer !

     

    Ma parole s'essouffle et mon âme s'en va,

    J'habite un corps qui ne m'appartient pas.

    Je suis une oreille aux aguets,

    Une main tendue mais gantée,

    Un regard aux abois, un errant de la vie,

    Que voulez-vous, je ne sais pas aimer !

     

     

     

    VENDREDI 16 DÉCEMBRE 2011, A 11:27
    SOLITUDE MAIS PREMIER JANVIER
     

     

     

    Des murmures, des voix, des cris habitent les murs.

    Je perçois des sons, des syllabes, des mots :

    On parle quelque part,

    On bavarde, on écoute, on murmure,

    On prie ?

    Je discerne quelque chose…

    Des mots au milieu de sons,

    Des voix,

    Un appel…

    J'entends des silences chauds, riches,

    Des silences plus oppressants,

    Des silences qui sont des creux :

    Il y a quelque part des palabres,

    Une réplique,

    Un rire…

    Oui, là-bas, des gens se parlent, au loin,

    Des gens qui se regardent

    Des gens qui ont été invités :

    Ils sont tournés les uns vers les autres

    Autour d'une table ?

    Autour d'un verre ?

    On ouvre des cadeaux enrubannés, peut-être,

    On allume des guirlandes lumineuses,

    On partage un gâteau de fête ?

    Il y a une humanité derrière ce mur

    Où je me tiens pliée.

    Et moi , que dirais-je ?

    Pourquoi ? Pour qui ?

    Qu'aurais-je à dire que quelqu'un puisse écouter ?

    Avec qui partager mon verre ?

    Mon silence m'écrase :

    J'allume ma télé.

     

     

     

     

    JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011, A 20:32
    JEUNESSE
     

     

     

    Ainsi parlent les bouches d'ombre

           Qui ont vieilli.

    Ma bouche à moi est jeune,

           Elle se tait donc, parfois.

     

    Elles n'ont pas ma parole,

           Légère,

    Elles ont la sagesse

           Amère.

     

           Moi, je ris

    Quand elles sourient,

           Moi, je danse,

    Quand elles avancent.

           Moi, je m'élance

    Quand elles cheminent .

     

    Nous ne sommes plus de même feu,

    Nous ne sommes plus de même argile.

     

           Je chante

    Quand elles murmurent,

           Je pleure

    Quand elles oublient.

     

    Suis-je un ruisseau

    Face à cette eau dormante ?

    Quelle est ma chance,

    Face à mon essence qui s'en va,

     

    O, ma filante enfance ?

     

     

    JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011, A 19:35
    INSOMNIE
     

     

     

    Un soir de plus,

    La nuit viendra encore.

    Je ne tiens plus debout,

    Je ne veux me coucher,

    Et je me plains moi-même.

     

    Un soir encore,

    La nuit me guette,

    A pas menus,

    Le sourire carnassier,

    Il fait si noir en ma maison !

     

    Mais comment voulez-vous

    Que je dorme sans rêve ?

     

     

    MERCREDI 14 DÉCEMBRE 2011, A 21:21
    POÉSIE INCERTAINE
     

     

     

    Un jour de bel enthousiasme,

    J'écrivis un poème vif comme une chanson,

    En trois mots, quatre temps,

    Mémoire, rends-moi mon poème d'antan.

     

    Quatre mots pour un poème,

    M'en souviendrais-je encore ?

    Ciel, vent, rose de sable ? Le saurais-je ?

    Quatre mots de bruyère et de mer.

     

    Avec des doutes et des larmes salées,

    Des mots de tous les jours

    Pour des matins remplis de brume,

    Et des soirées près d'une cheminée.

     

    J'écrivis ce jour-là le plus doux des poèmes.

    Hélas, il s'est perdu  en s'envolant,

    Et j'ai perdu la clef des mots en quatre temps

    Qui parlaient doucement de la rose des vents.

     

    Sans me lasser, avec des mots plus acérés,

    Je cherche encore les bruyères mauves,

    Je cherche les marées bruissantes et salées

    Qui vous feront rêver en me lisant.

     

    J'ai oublié les mots jolis,

    Les rêves roses et les jardins du paradis,

    Mais j'ai gravé les titres amers

    Car je parlais d'amour, de peine et d'amitié.

     

     

     

    MERCREDI 14 DÉCEMBRE 2011, A 20:58
    SOUS L'ÉCORCE
     

     

     

    Terre, éternité,

    Ou seulement le mot toujours.

    Amours liées d'une lanière étincelante,

    Mais création d'une constante fragilité.

    Un jour suffit à faire ou à défaire,

    Un jour construit,

    Un jour mûrit,

    Un jour meurtrit.

    Peine ou bonheur, les fruits diffèrent :

    Magie des regards et des mots,

    Parfois, sorcellerie.

    Quand le fruit est rongé 

    Le noyau se dénude, découvrant sa beauté :

    L'écorce était bien belle,

     Et  plus beau le noyau.

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 20:32
    LES INFOS DE CE JOUR
     

     

     

     

    Sur mon petit écran

    Et sur le vieux papier,

    Tout un jeu désaccordé,

    Un feu qui couve sans brûler.

     

    Des années, des siècles de sagesse

    Ont été oubliés :

    On peint sur des cailloux,

    On écrit sur les nuages qui passent,

    Là-bas, bien loin des foules

    Tendues vers leur écran.

     

    On grave le verre déjà dépoli,

    Et les cœurs blancs

    N'ont plus assez de mouchoirs

    Pour se consoler des chiens écrasés.

     

    Dans la boue, les incroyants

    Vont se laver,

    De fiel,

    Les mécréants vont se nourrir.

     

    Tandis qu'on amuse le public

    Avec des simagrées de clown,

    Les étendues salées

    Autrefois appelées mers

    Font périr les alevins,

    Et l'on efface l'espérance

    Des enfants qui auraient

    L'outrecuidance de naître.

     

    Sur de nouveaux sentiers

    Qu'on a baptisés routes,

    Routes de l'information standardisée,

    Toute une confortable banalité.

     

    On ne peut même plus se plaindre,

    On est trop habitué.

    Pas de lunettes, pas de loupes,

    Ne plus rien voir, juste écouter

    La fuite de la pensée.

     

    Soutenir des ombres,

    Flatter la bêtise,

    Epaissir les rire :

    Les mouvements intérieurs restent cachés

    Puisqu'il faut s'unir

     En une unique pensée.

     

    Gare à l'incandescent propos,

    Gare au merle blanc

    Et au cygne noir

    Qui n'amusent  et ne sont acceptés

     Que dans les contes de fées.

     

    Il ne faut pas troubler les ombres,

    Ne pas effrayer les abeilles mourantes,

    Ne pas salir les déchets,

    Mais de ces décrets morbides,

    Le plus hypocrite est

    De  ne pas réveiller l'homme

    Dont l'ennuyeuse pensée pourrait

    Déranger l'ordre établi

    Par des experts aux yeux pochés.

      

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:43
    UNE QUESTION
     

     

     

    Une question ?

    -Je n'ai pas de question en moi.

     

    Une réponse ?

    -En moi, nulle réponse.

     

    Un souhait ?

    -Juste un vide,

     

    Un vide immense

    Un vide empli de sommeil.

     

    La nuit ?

    -Sans l'aube nouvelle.

     

    -Alors, éteins ta solitude

    Et rêve !

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:27
    LE GRAVIER
     

     

     

    Un gravier gris,

    Un gravier pointu,

    Un gravier tout petit,

    Un gravier bien coupant,

    Un gravier sur le joli chemin

    S'est niché dans mon cœur,

     

    Saurais-tu me l'ôter ?

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:07
    LE TEMPS DES FÊTES,
     

     

     

    Mais qu'importent vos peurs

    Ou vos agitations de fourmis engluées,

    Et qu'importent vos pleurs

    Devant les horizons bouchés,

     

    Sonnez tous,

    Lourds carillons de bronze,

    Sonnez,

    Cloches et clochetons des hameaux !

     

    Chantez vos joyeuses chansons,

    Petits enfants emmitouflés,

    Dansez,

    Lucioles sur les balcons !

     

    Voici venir le temps des fêtes !

    Que la Noël et même l'an nouveau

    Ceignent vos fronts soucieux

    De lumineux diadèmes !

     

     

    LUNDI 05 DÉCEMBRE 2011, A 09:52
    ET MÊME SI !
     

     

     

    Et même si,

    Sur le trottoir décoré, chauffé,

    Illuminé pour Noël,

    Dorment de pauvres bougres,

     Sur des cartons mouillés,

     

    Et même si,

    Devant les épiceries sociales

    Et les soupes populaires

    S'allonge un serpent de ventres affamés,

     

    Et même si,

    Dans l'hôpital sonore

    Gémit la vieille dame abandonnée,

     

    Et même si,

    L'oppression

    Couvre le bruit des bottes

    Et de la corruption,

     

    Et même si,

    Les traders véreux

    D'un doigt agile

    Entassent des écus d'or,

     

    Et même si,

    Des illusionnistes

    Prétentieux et cupides,

    Avec un sourire carnassier

    Vendent des pommes vides,

     

    Je sèmerai à Noël mes grains de folie

    Conservés dans des pochons de soie,

    Légers mais bien solides,

    Pour faire germer l'espérance et la sérénité

    Et moissonner tout l'hiver un peu de joie.

     

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