• Emigrés sur les bateaux ivres

    Emigrés sur les bateaux ivres.

     

     

    Leurs yeux vidés d'espoir

    Verront se dresser au loin les roches acérées .

    Ils sauront que jamais, ils n'atteindront le port.

     

    Ils dormiront sur le sable doré,

    Mais leur corps sur la grève échoué

    Sentira les relents de poisson pourri,

    Mais leur vie s'arrachera sur le silex effrité.

     

    La vague de la mer devait les faire vivre :

    Elle les transperce.

    L'onde violente apporte sur les sables gris

    Tant d'embarcations échouées,

    Tant de navires, de vaisseaux,

    Tant de barques fragiles, tant de grands bâtiments,

    Par la mer portés, lavés,

    Lacérés, dégonflés,

    La mer qui nourrit

    S'infiltre dans les narines, flotte dans les poumons,

    Flèches d'eau comme les flèches d'une armée invincible

    Qui tue dans un bruit de sanglot...

     

    Immensité salée,

    Immensité de la mer maternelle,

    La mer qui donne à profusion

    Les poissons, les coquillages, et le sel.

     

    Le pas des errants se portent vers l'eau,

    Le pas des désespérés viennent vers le sillon,

    Vers le levain qui donne au loin le pain,

    Vers ces terres où l'on devient riche,

    Vers ces terres où coule le vin,

    Où dansent les champs de blé.

     

    Vivants ou noyés, ils ont ce rêve,

    Vivants ou enterrés,

    Loin de leurs guerres fratricides,

    Loin des ruines, loin des déserts de pierres et de sable,

    Ils ont cru en l'avenir.

     

     

    Ils ont une main large et forte pour travailler,

    Ou des membres d'enfant gracile ;

    Ils ont au cœur des flammes rouges de colère,

    Ou la passivité des abandonnés.

     

    Il leur faudrait des ailes plus que des avirons,

    Il leur faudrait la folie plus que la foi :

    Ils sont entrés dans la mer sans un pleur,

    Ils ont gardé les larmes pour ceux qui sont restés.

     

    Pas de tombeau, pas de chant pour dernier adieu :

    Des cris de bêtes .

    Ils ne marcheront pas, ils ne nageront pas,

    Nulle musique et nulle fleur,

    Pas même un nom .

     

    Juste l'oubli.

     

    La poésie de Geneviève

    la 30 avril 2016

     

     

     

     


  • Commentaires

    1
    ISA G
    Dimanche 9 Octobre 2016 à 18:32

    Je retrouve ton site avec joie ...... Beau, triste ... et si bien dit ..... Isa

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