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JEUDI 25 NOVEMBRE 2010, A 13:02 PREMIERS FRIMAS Hier, pourtant, c'était l'été !
Aujourd'hui, ce matin, cette nuit même,
Un vent coléreux s'est échappé
Des steppes stériles, des montagnes sévères.
Il vient d'on ne sait où , là-bas, au bout du monde,
De la Bretagne grise où finit le beau temps.
Mon beau jardin se tord et geint
Et les feuilles roidissent, noircissent et tombent,
Et les sépales pâles de mes derniers rosiers
Se rouillent de douleur sous la pique du froid.
Mes dahlias attristés agonisent et se cassent
Et se crispent de peur les boutons d'hortensias.
Est-ce déjà l'hiver qui vient à petits pas,
Et les fêtes gourmandes qu'on attendra en vain ?
J'ai peur de l'heure qui vient et des heures d'hiver
Qui m'emprisonnent, me désolent et tiédissent mon pas.
Qu'il est loin le soleil, et la brise légère sur mon visage ouvert,
Qu'il est loin mon bonheur au cœur de mon jardin !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 24 NOVEMBRE 2010, A 20:22 INVITATION Viens chez moi pour un café,
Viens chez moi te reposer :
Chaque soir, la soupe est prête,
On crie tous à qui mieux mieux,
Viens chez moi pour faire la fête,
Viens chez moi pour rire un peu.
Je sers le vin au pichet,
Mais on le boira longtemps.
Ma cuisine est enfumée,
Et la nappe est en papier,
Il n'y a pas d'ortolans
Mais on chantera gaiement.
On est sur des tabourets,
Parfois même on est debout,
Viens chez moi, la table est prête
Viens chez moi car c'est chez nous.
Viens chez moi pour bavarder,
Viens chez moi pour l'amitié.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 17 NOVEMBRE 2010, A 20:19 NÉANT La terre est plate
Et bordée de néant :
J'ai peur de mes lacunes et de ma viduité
Et de la brume sur mes pensées.
La terre bascule et je crains de sombrer :
Il faut à mes pieds trop légers
Chausses de plomb
Et non sandales de papier.
Et tourne la terre
En une danse folle :
Valse de l'Ange en démence,
Vertige étrange dans l'ombre immense.
Je tourne sur moi-même,
Petit derviche articulé,
Tiré par des ficelles
Que je ne peux couper.
3 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 15 NOVEMBRE 2010, A 09:13 DESPERATE OUTWIFE Assise au bord de l'eau
Je pleure ma vie
Où les trésors se pétrifient.
Boue et miasmes,
C'est le regard d'autrui.
En moi coule, transparente et vive
Une eau domptée par les fouets du devoir,
Et la source cachée sourd au fond de mes os.
Cent fois, j'avale l'eau croupie du quotidien,
Et bête sous le joug,
Et machine imbécile,
M'enfonce jusqu'au cœur dans le gris du travail.
M'attend le papier blanc,
M'attend la toile blanche.
Autour de moi dansent les papillons de ville
Qui font la fête, rient, battent des ailes :
Mon pas pesant se traîne
Désespérément sur une vie stupide.
Je hais chefs et chefaillons,
Mandarins et tyranneaux,
Voisins, amis, familles
Qui me bouffent et me méprisent,
Attendent des miracles de mon sac à poussière,
Ferment à toute volée mon échappée timide,
Mes tentatives vaines et légères
Pour retrouver quelques instants volés
Ma pauvre toile blanche,
Mon pauvre papier blanc.
L'horreur est dans le quotidien,
Les chaussettes à laver et le poulet au four.
Mes poumons respirent avec le fumet du lapin,
Mon cœur bat au rythme du lave-linge,
Mon sang coule avec la serpillière,
Et mon balai énervé
Balaie aussi tout génie
Qui crépite avec les frites
Et pue de fatigue abrutie.
Le miroir au matin n'a pas de pitié :
J'y vois la gorgone en furie,
Echevelée et folle,
Les yeux exorbités de rêves interrompus.
Et quand je souris à mon image hâve
Apparaît, facétieux, le sourire d'E.T.
Je suis prisonnière des tâches domestiques,
Des leçons récitées et de l'aspirateur,
Des dossiers à remettre et du patron boudeur.
Le bagne quotidien me transforme en sorcière
Et me fait patauger dans l'horreur absolue.
Mon petit papier blanc,
Ma toile immaculée !
Il ne s'agit pour l'heure
Ni de vent frais, ni de rosiers en fleurs,
Ni de lecture, ni d'écriture, ni de peinture :
Le poème écrasé suinte comme la vie elle-même,
Laide et puante.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 11 NOVEMBRE 2010, A 11:10 L'AMOUR NIGAUD J'aime ton amour…
C'est un peu bêta, dit Nicolas.
Mais pourquoi l'érable
N'aimerait-il pas
La sève qui le nourrit ?
J'aime ton amour…
C'est un peu facile, a dit Basile,
Mais pourquoi la fleur
N'aimerait-elle pas
Le soleil qui l'épanouit ?
J'aime ton amour…
C'est un peu nigaud, dirait Renaud.
Mais pourquoi l'oiseau
N'aimerait-il pas
Le ciel où s'envoler ?
J'aime ton amour…
C'est un peu simpliste, me dit Baptiste,
Mais pourquoi le ver
Tout fragile et tout nu
N'aimerait-il pas sa terre ?
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 10 NOVEMBRE 2010, A 12:07 CE SOIR Ce soir, j'ose t'aimer :
En moi, un feu doré a remplacé la braise dormante,
Et les tièdes rameaux de ma raison desséchée,
Je les laisserai se consumer à ton amour.
Ce soir, j'ose t'aimer,
Ou bien plutôt me l'avouer.
Et je crois qu'avec mon amour,
Les malades aux lèvres pâles se dressent de leur lit,
Je crois qu'avec mon amour,
Les visages au regard triste
Trouveront le sourire et la joie.
A mon propre bonheur, je réchauffe les mal-vêtus,
J'abreuve les assoiffés,
Les affamés, je les nourris.
A mon propre amour,
Tout se lève avec résolution
Et s'apprête à marcher et rire.
Les aveugles dessinent,
Les sourds écoutent la voix du rossignol.
Ce soir, j'ose t'aimer.
Ce soir,
Je prends sur moi toutes les misères des peuples ;
Je les regarde avec douceur et tendresse,
A la flamme de mon amour éveillé,
Je les transforme en étoiles vivantes,
En espoir, en confiance, en amitié,
Puisque je lance dans l'univers
Un peu plus d'amour partagé.
Ce soir, j'aime l'humanité.
3 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 09 NOVEMBRE 2010, A 13:33 DES TOUT PETITS SOUS Pour deux sous de soleil de tes yeux dorés,
Pour deux sous de soleil de tes yeux mordorés,
Donne-moi…
Pour trois sous de rivière de ton rire si franc,
Pour trois sous de cascade de ton rire d'enfant,
Ajoute un sou du fleuve d'eau de ton sourire,
Ajoute aussi la chaleur de ton bras,
Et donne-moi…
Un sou de ton pas ferme de rocher et de terre ,
Plus un euro de la surface plane où nage ton espoir,
Et encore une pièce pour la flèche directe
De ton regard si droit.
Pour tous ces sous,
Pour tous ces sous,
Charge-toi
De mon visage
Et de mon âme…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 09 NOVEMBRE 2010, A 10:14 LE VENT D'AUTOMNE Peu importe ce que pense le vent
Qui s'échappe en criant des horizons poudrés,
Peu importe sa rage, sa vague mugissante
Et sa fureur annoncée,
Si mes cheveux dansent,
Et glissent sans s'emmêler,
Si mon front goutte l'air purifié de froidure,
Si mes épaules rejetées
M'appellent à respirer,
Peu importe ce que le vent rumine,
Ce qu'il gronde entre ses lèvres rageuses,
Peu importe qu'il ricane
Et se moque de ma fragilité,
Peu importe qu'il se vante de m'avoir fait pleurer !
Mon corps s'emplit de rire
Et mon esprit se lave
Sous la violente rafale
Qui peut me faire tomber
Mais transforme mon jardin d'automne
En un camp du Drap d'or.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 08 NOVEMBRE 2010, A 11:04 QUELQUES FEUILLES MORTES J'étais seule au monde,
Orpheline et veuve de tout bonheur.
Je rêvais de toi sans te connaître,
Sans prononcer ton nom.
Un après-midi d'août, accablée,
Je t'ai rencontré sur un premier sentier…
L'ombre des feuilles était noire,
Noires étaient mes pensées.
L'eau du lac doucement clapotait,
Doucement nos voix s'écoutaient,
Et l'on entendait bruire les feuilles
Des peupliers affolés par le vent.
Tu étais seul au monde,
Seul et orphelin de tout bonheur,
Ton visage était grave et soucieux,
Tendu par une vie fermée.
Je t'ai parlé quand tu m'as regardée,
Et tu m'as écoutée quand je t'ai parlé.
Chaque jour de cette fin d'été,
Nous avons bu autant d'eau que d'espérance.
J'ai gardé tes paroles graves ou frivoles,
J'ai gardé l'eau qui jaillissait de tes lèvres,
J'ai gardé tes épaules qui se relevaient,
Tes jambes dépliées, ta marche vers moi.
La nuit, j'ai rêvé de ton image
Tendre au-dessus de mon visage.
J'ai mis ton nom sur mes lèvres ouvertes,
Je te parlais quand nous étions séparés.
Je n'étais plus ni veuve, ni orpheline,
J'ai pu écrire, boire et dormir,
J'ai accepté mon avenir,
Le regarder sans m'affoler…
J'ai mis dans mes pas titubants
Ton pas, ta marche verticale.
Tu as posé dans ma main
Ton cœur et ta main.
J'ai mis dans mon regard
Tes paupières fermées de tendresse,
Tu m'as parlé d'amour et de fête,
J'ai essuyé tes pleurs et j'ai reçu ta joie.
Et ton oreille a retenu mes secrets
Comme le coquillage retient le bruit des vagues.
Tu m'as sauvée de l'oubli
Et tu t'es mis à chanter…
*
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 05 NOVEMBRE 2010, A 22:35 LA PRINCESSE ET LE RENARD Si tu veux m'aimer,
Jamais plus, plus jamais,
Tu ne dormiras tranquille
Si tu ne sais où je suis,
Et plus jamais, jamais plus
Je ne dormirai tranquille
Si je te sais au loin,
Sur la route,
Si je te sais malade,
Si je te sais chagriné…
Jamais, jamais plus,
Si tu veux bien m'aimer,
Je ne pourrai me passer de ta parole,
Ni de tes bras autour de ma taille,
Ni de la bonté de ton regard,
Et si je veux t'aimer,
Jamais plus tu ne pourras oublier
La caresse de ma main,
Mon sourire à toi seul donné,
Mon abandon dans tes bras…
Et si tu veux de cet amour,
Jamais plus, jamais plus je ne veux
Attendre et attendre encore,
Je veux que ta flamme m'éblouisse,
Brûle mon propre désir,
Et si je t'aime, et si tu m'aimes,
Je te ferai oublier le ciel gris et la terre fangeuse,
J'effacerai tes cicatrices
Je te ferai accepter le passé.
Je ne te donnerai pas l'oubli,
Et tu ne me donneras pas l'oubli,
Mais la force de comprendre et de pardonner…
Jamais, plus jamais,
Tu ne pourras songer
Paisiblement, quotidiennement,
Sans que la pensée de notre amour
Remue en toi des vagues et des vagues
De tendresse et d'inquiétude,
Sans que la pensée de ta vie,
Sans que la pensée de ta survie,
Soient liées à la pensée de ma vie,
Soient liées à la pensée de ma survie…
Et plus jamais je n'entendrai
Le son ordinaire de ta voix,
Car cette voix sortira de l'ordinaire
Pour devenir un signe, un appel, un secret,
Et le son de ma voix
Pour toi sera signe, appel, confidence.
Et les silences entre nous seront paroles,
Et les silences s'enrichiront au lieu de se détruire,
Et les silences deviendront complicité et paix…
Et si tu veux m'aimer,
Jamais plus, jamais plus,
Mon grand lit ne me paraîtra confortable et douillet,
Et jamais plus,
Si je sais bien t'aimer,
Ton lit ne te paraîtra refuge douillet.
Ton bras me manquera,
Mon bras te manquera,
Et toute la place vide sera ruelle glacée,
Et la nuit sera froide, longue et cruelle…
Eh bien, nous le savons,
Le renard pleurera
Quand le Petit Prince disparaîtra.
Et si tu veux m'aimer,
Des jours et des jours de lumière,
Et si tu veux m'aimer,
Des nuits et des années lumières,
Un jour, nous pleurerons,
Toi, ou moi,
Parce que les blés dorés
Seront couchés par le vent,
Parce que les roses offertes
Un jour seront fanées,
Parce que l'océan tout-à-coup
Pour l'un de nous sera tempête,
Parce que l'air sera devenu lourd
Sous les orages d'un été…
Mais la vie sera belle encore quelques années,
Et riche, et puissante, et créative.
Il y aura la genèse à inventer,
Il y aura le soir et le matin,
Il y aura le lundi et le dimanche,
Et le calendrier rempli,
Les amis de passage,
La fête et les rires,
Les pleurs à essuyer ensemble,
Et les enfants à promener.
Les mots prononcés seront entendus,
Les regards auront un sens,
Les projets verront leur dénouement,
Les vacances s'appelleront découvertes,
Les voyages s'appelleront rencontres.
Alors la vie reprendra sa vraie place,
Si tu veux m'aimer,
Si je veux t'aimer,
Si nous nous aimons tous deux…
2 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 05 NOVEMBRE 2010, A 08:33 VERS UN NOUVEAU CHEMIN Mes mains se sont vidées,
Mon corps n'est plus habité.
Un désert jaune et caillouteux
Me blesse à chaque pas.
Tantôt un soleil dur et cruel
Me brûle les paupières
Et vrille mon cerveau,
Tantôt une pluie raide et tranchante
Liquéfie mes pensées,
Détrempe peau, os et muscles,
Et fait plier mon dos qui se courbe
Et me lance à genoux,
En une prière muette et effarée…
Et pourtant, dans mes artères
Où circule avec lenteur
Un sang transparent
Comme une sève de rosier,
Un petit germe s'est glissé.
En mes veines bleutées
Coule un sang porteur d'une autre vie,
Et c'est comme un trésor caché
Qui tinte doucement,
Une mélodie légère et frémissante
Posée quelque part en mon corps,
Chantant tout doucement
Comme le ferait une mère
Pour son enfant malade,
Chantant tout doucement
Pour éteindre ses pleurs,
Chantant tout doucement
De peur qu'on l'entende chanter,
Chantant tout doucement
Pour m'insuffler la vie…
Je porte en moi ce trésor caché,
Qui porte peut-être le nom : attente,
Qui porte sans doute le nom : confiance,
Qui porte enfin le nom : espoir.
Je relève la tête
Et j'accomplis ces gestes extraordinaires :
Ouvrir mes mains, sourire, parler, écrire.
Avec timidité mais pleine d'espérance,
Je regarde les jours à venir.
Le soleil dorera ma peau au lieu de la brûler,
La pluie m'abreuvera au lieu de me noyer,
Je marcherai bien droite
Sur un nouveau sentier,
Je trouverai dans la forêt tutélaire
Un plus large chemin,
Où les arbres solides
M'envelopperont de leur ombre légère…
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MARDI 26 OCTOBRE 2010, A 12:27 FLORE L'iris
Sur ses robes violines ont grimpé trois chenilles jaunes.
La pensée
Elle boude et fait la moue, engoncée dans ses velours.
L'œillet
Franges en bouquets.
Le lys martagon
Les joues enflées, il soigne sa rubéole.
La tulipe
Buvez à ma santé !
L'ancolie
Un essaim de papillons embrassés.
Le lupin
Eteignez donc ces cierges !
Le liseron
Farandole de danseuses en tutu rose et blanc.
Le chèvre-feuille
Tiens, de gros moustiques blancs !
La giroflée
Jolie, mais rouillée, dommage !
L'hortensia
Un chou-fleur très coquet.
La sauge
Elle est sortie du feu de l'enfer.
Le muguet
De petites dents de lait.
Le pois de senteur
Les jeunes moniales ont accroché leurs petites coiffes au portemanteau.
Le callas
L'orchestre de saxophones, très digne.
L'anémone
Une grosse araignée au cœur d'un berceau.
Le bleuet
Dans sa bouche, dix langues bleues de serpent.
Le nénuphar
Les confettis sont tombés dans l'étang.
Le dahlia pompon
Il y a beaucoup de poufs à papillons, par ici !
Le glaïeul
En garde, toutes ces épées vertes !
Le diélytra, cœur de Marie
Secoué de sanglots, de son cœur tombent des larmes roses.
Le tritoma
Eteignoir tout rouge de la flamme qu'il veut éteindre.
Le pétunia
Quel estomac doit-il toujours gaver, avec ses grands entonnoirs ?
Le cyclamen
C'est la coiffe retroussée d'une Hollandaise aux joues bien roses.
La nivéole
C'est ici qu'on fabrique les balles de ping-pong.
Le gouet
Il se croit dans une église, près du maître-autel, bien sûr !
La soldanelle
Petit soldat casqué, c'est encore ton tour de garde !
La ficaire
Maladie de foie ?
Le lotier corniculé
Bébé dragon à gueule rouge.
La linaigrette
Un bec, un plumetis : c'est un oiseau tout petit.
Les iris le long du fossé
Voilà le couvent de bonnes sœurs !
Le lis tigrinum
Dans un jardin vert, il y a une vasque rose d'où s'échappe en jet d'eau une fontaine d'étamines.
La rose
« Je suis la plus belle, la pus belle, la plus belle ! Ah, je me meurs ! »
Le bouton d'or
Pour dire la messe, son calice pur.
La campanule
Et pour sonner matines, ses clochettes.
Le myosotis
Il entend tous les secrets de la terre, avec ses petites oreilles de souris.
La pâquerette
Bébé joufflu, avec son bonnet autour de ses joues rondes.
Le lin
« Je vous assure que je vais me trouver mal ! »
Le tussilage
-Allez, du balai !
L'ancolie
Elle a des ailes d'hirondelle.
L'edelweiss
Un peu trop poudré , ce masque vénitien.
La tulipe
Turban coloré d'un élégant cheik arabe.
Le dahlia
Quelle tignasse ! Jamais un peigne dans ses cheveux !
La violette
Lèvres retroussées, elle dit avec dédain : ma chère !
L'orchidée des prairies
Les petits clowns font leur cirque !
Le séneçon
« Je deviens vieux, quelle barbe ! »
Le pissenlit
Quel tour de force, attraper un nuage !
Le serpolet
C'est la chenille qui redémarre…
La gentiane lutea
Que feras-tu de ton panier d'étoiles ?
La gueule de loup
Miam !
Le pissenlit
Pauvre dragon qui ne fait même pas peur, et surtout pas aux petits enfants !Pourtant, ça lui arrive à lui aussi de cracher un peu de fumée !
Terminé pour ce matin, à toi de jouer maintenant !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 23 OCTOBRE 2010, A 15:46 TROP, C'EST TROP! A trop vouloir prévoir,
N'a pas su voyager.
A trop vouloir diriger,
N'a pas su divaguer.
A trop vouloir étudier,
N'a pas su s'étonner.
A trop vouloir parler,
N'a pas su écouter.
A trop vouloir chanter,
N'a jamais pu pleurer.
A trop vouloir aimer,
N'a pas su se donner.
A trop vouloir, n'est-ce pas !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 17 OCTOBRE 2010, A 21:05 LE GRAND DÉPART Et dans la chambre pâle,
Dolente, elle est couchée :
Blanches mains et blanc visage.
Au creux du lit,
Volent les âges.
Sans bruit, elle s'en va,
A petits pas.
Au creux du lit, sa vie s'envole,
Car dans la chambre pâle,
Souffrante, elle est couchée.
Son regard est blotti
Au feston de ses cils :
Parle-moi, parle-nous,
Dis-moi, dis-moi, dis –nous
Une dernière fois.
Au creux du lit,
Sa voix s'étiole,
Sa vie s'en va, mais sans parole.
Sa vie s'en va. Elle s'envole
Comme l'oiseau apeuré.
Voir le soleil, encore un peu,
Voir les jonquilles,
Et sentir les premières violettes…
Mais dans la chambre pâle,
Malade, elle est couchée.
Des vapeurs de douleur
Font ondoyer le lit.
Chacun entre et se tait, sourit,
Et pleure, et sort timidement.
Au creux du lit vole sa vie.
Même en plein jour,
C'est la peur de la grande nuit.
Ne brillent ni étoile, ni lumière,
Car dans la chambre pâle,
Mourante, elle est couchée.
Ici, c'est la pâleur du lit
Où s'endormiront bientôt
Tous ses méchants soucis.
Les fioles et les seringues
Elle n'en a plus besoin.
Dans la chambre attristée
On vient la regarder :
On caresse sa main,
On essuie une larme,
On lui dit : à demain !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 17 OCTOBRE 2010, A 14:09 NOTRE PÈRE L'enfant
Notre Père qui es aux cieux
Dans les nuages, je vois parfois des lapins,
Mais Toi, je ne t'ai jamais vu ; j'aimerais bien !
Donne-nous aujourd'hui notre pain
Mais donne-moi d'abord quelques bonbons,
Des rouges, surtout !
Je ferai peur à ma mamie,
Je lui dirai que j'ai mal au cœur !
Comme nous pardonnons aussi,
A ceux qui nous ont offensés.
Je veux bien pardonner à Maxence,
Mais je lui dirai pas !
Et je lui ferai un croche-patte à la récré,
Juste pour rigoler !
Mais délivre-nous du mal
ça me fait mal,
Que je tombe tout le temps de vélo !
Fais-moi grandir un peu plus vite,
Que je fasse des dérapages un peu bien,
Comme mon grand frère !
Amen !
L'ado
Que ton règne vienne
Le règne de Dieu, ce serait chouette !
Tout le monde il est gentil,
Même pas en rêve,
ça serait méga barbant !
Que ta volonté soit faite
Un coup de gueule ou un coup de poing,
ça règle pas grand'chose,
ça détend quand même,
Et on sait qui respecter !
Amen !
Le philosophe
Mais délivre-nous du mal
Le mal, le bien, qu'est-ce ?
Eros, Méphisto, le Veau d'Or ?
Une époque ? Un lieu ? Une culture ?
« L'homme n'est ni ange ni bête… »
Qui décide ? Qui choisit ?
Détermination ? Hasard ?
Amen !
La rebelle
Que ta volonté soit faite sur la terre
Moi, on ne me commande pas !
Fais-ci, fais-ça !
Le premier patron qui me parle sur ce ton,
Je le jette !
Et si c'est comme avec le paternel dans le temps,
Autant lui dire tout de suite,
À votre petit Jésus :
Moi, je suis libre,
Je fais exactement ce qui me plaît,
Et la volonté de Dieu, hein,
Qui la connaît ?
C'est peut-être que je sois libre !
T'as quelque chose à dire à ça ?
Amen !
La mère
Donne-nous notre pain de ce jour
Donne-moi du bois sec
De la farine de manioc et de l'eau
Pour cuire mes galettes.
Donne-moi un fruit mûr
Pour en verser le jus
Dans le gosier desséché de mon enfant.
Donne au potager de mon petit enclos
Un peu de pluie,
Et quelques bouses sèches,
Afin qu'à la nouvelle lune
Mon petit n'ait plus ce ventre tendu !
Amen !
Le vieux
Notre père qui es aux cieux
Accepteras-tu que je t'y rejoigne ?
Je suis si fatigué, usé jusqu'au désespoir…
La vie est trop longue quand elle n'a plus de sel…
Que ton nom soit sanctifié
C'est vrai, je jurais un peu autrefois,
J'avais le sang chaud, je m'énervais pour rien !
Mais ça, je n'ai jamais blasphémé, tu peux me croire !
Ou bien, j'ai oublié…
Que ta volonté soit faite
Si ta volonté, c'est de me faire clamser
Après la Marie,
Faut que tu réfléchisses un peu :
Tu me vois avec une étrangère qui me dirait :
« Allons, Pépé, faut te changer ! »
En m'ôtant le cigare des lèvres ?
Pardonne-nous nos offenses
Bon, j'offense plus grand'monde depuis cinq ans !
Tout'façon, je vois quasiment personne,
Même les enfants, y me laissent seul,
Et quand ils viennent, ils causent à leur mère.
Moi, je compte pour du beurre,
Tout ça depuis ma trachéo !
On m'emmène pas plus faire les commissions,
Ça serait pourtant une bonne sortie !
Et ne nous soumets pas à la tentation
Pas de danger, mais j'aimerais bien !
La dernière tentation,
C'est le tabac, le sel, le sucre,
Et un peu de gnole, aussi !
On me cache même les bouteilles entamées !
Chienne de vie, c'est pas une vie !
Tous pareils, des chiens pour un chien !
Mon Dieu, donne-moi un peu de tentation
Une dernière fois,
Que je me sente encore vivant !
Amen !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 16 OCTOBRE 2010, A 17:47 AUBE EN BOURGOGNE Jamais le ciel ne fut
Si pâle.
J'entends les hulottes blotties
Qui gémissent sous les broussailles.
Jamais le ciel ne fut
Si rose.
L étang éveillé
Palpite sous des reflets mauves.
Jamais la pierre des maisons ne fut
Si blanche.
La poussière de l'aube fait grincer
La lanterne éteinte sous le portail.
Jamais l'horizon ne fut
Aussi joyeux.
Les vignes vendangées dorment
Dans une brume rousse.
Jamais la terre ne fut
Aussi enivrante.
Mon sommeil a glissé sur la nuit.
Sur la forêt pèse une brume lourde :
Et ce matin d'octobre,
J'ai trouvé par ma fenêtre ouverte
Le coassement moqueur d'un rayon de soleil,
Au rire trompeur
Pour me faire croire
Au retour de l'été.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 05 OCTOBRE 2010, A 11:21 QUEL MOIS POUR UNE NOUVELLE ANNÉE? L'année commence en septembre
Avec la trousse des écoliers,
Les listes au judo, au caté,
Les billes, les cartes à échanger.
L'année commence en octobre
Avec les vignes vendangées,
L'espoir d'un jus coloré et fruité
Qui réjouira les fins gosiers.
L'année commence en décembre
Avec l'avalanche de cadeaux,
Le sapin dressé dans un seau
Et les maisons illuminées.
L'année commence en janvier :
On prend de bonnes résolutions,
On en fera des collections
Qui resteront sur le papier.
L'année commence en février :
Enfin les skis et les descentes !
Il faut chercher les meilleures pentes
Et s'épuiser sans se casser !
L'année commence au mois de mars
Quand les crocus montrent leur nez.
On voit s'ouvrir les camélias,
Il faut tailler les hortensias.
L'année commence au mois d'avril :
Ne te découvre pas d'un fil.
Tombe la pluie encore glacée,
L'hiver bientôt sera passé.
En mai naissent les petites filles
Dans les jardins remplis de roses.
Les fleurs blanchissent les coteaux,
Le vent frémit sur le hameau.
En juin bûchent les étudiants
Qui se condamnent au dernier bagne :
Les révisions sont très austères,
Les résultats sont un mystère !
L'année s'élance vers juillet
Quand on a pris le sac à dos :
On enjambe toutes les clôtures,
Pour de fabuleuses aventures…
En août, on marche les pieds nus
A la rencontre d'inconnus.
Les parasols peuplent la plage,
Dans le lointain gronde l'orage.
Le premier jour est un sentier
Eclairé par trente bougies :
Une à une, elles guident nos vies
Et nous font traverser l'année…
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LUNDI 04 OCTOBRE 2010, A 11:32 AOÛT IMPLACABLE Le mois d'août est un tissu léger
Qui danse autour de mes jambes
Et des teintes rosées sur mon cou dénudé.
Comme des paupières fermées sur des yeux fatigués,
Les magasins ont tiré les rideaux,
Et dans les rues désertes roulent quelques vélos.
On a bouclé toutes les persiennes :
Plus de voisins et plus de pain :
Même les oiseaux désertent mon jardin.
La pelouse désespérée a jauni,
Le ruisseau est tari au creux du vallon.
Dans le pré communal ont fleuri les chardons.
Le soleil grille muscles et pensées
Et mon corps indolent cherche la méridienne
Pour rêvasser à l'ombre des pommiers.
Le sommeil filtre derrière mes yeux
Des images embrumées de plage ou de montagne :
Août sans vacances me déracine et m'écrase…
Pour partir, il faut attendre encore un peu
Dans l'ennui et l'abrutissement
De journées saturées de siestes et de mouches piqueuses.
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MARDI 28 SEPTEMBRE 2010, A 12:10 JUILLET Si l'on me demandait,
Si l'on me demandait,
Je dirais que c'était loin d'ici,
Si l'on me demandait…
Que c'était en juillet,
Si l'on me demandait,
Qu'il faisait assez sombre
Et qu'il faisait frisquet…
Que l'air était léger,
Que nous avions marché.
C'était un bel été,
Si l'on me demandait…
Et nous avions parlé,
Et nous avions chanté,
Sur des sentiers pentus,
Si l'on me demandait…
Sur une herbe séchée
Nous avions bien parlé,
Et la nuit s'étira sans que passent les heures,
Si l'on me demandait…
Que des étoiles folles
Dans le ciel éclataient,
Qu'une cloche au village,
Dans un lointain sonnait…
Et qu'il m'a dit trois mots
Ecoutés en tremblant,
Trois mots pour une éternité,
Si l'on me demandait…
Mais j'ai demandé trop,
Si l'on me demandait,
Car je croyais alors
A la force des mots…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 28 SEPTEMBRE 2010, A 11:26 JUIN Et voici ma préférée,
Ma fluette, ma fragile,
Celle qui ne tient pas dans un vase d'eau fraîche,
Celle qui ne tient pas dans mes cheveux,
Celle qui rampe, et court,
Et envahit prés et chemins.
Comme je t'aime, mon joyeux bouton d'or,
Malicieux trolle des prairies,
Né des étoiles en fleurs
Ou de la lune tombée sur mon jardin.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 09:22 LE MOIS DE MAI Et l'angélus au loin se répand au jardin,
Notes fêlées et cassées par le vent ;
Splendeur du temps qui coule
Et qui s'égoutte et que j'écoute
Au cœur de mon jardin.
En mai, épanouie de joie verte
Et de bonheur en fleur, je vis
Sous le soleil léger,
Sous le vent,
Sous la pluie,
Je regarde et j'admire
Les pétales fragiles qui s'ouvrent
En rêvant de lumière.
O douces, les mousses vertes
Sur les pierres disjointes,
Et glissants les pavés miroitant sous la pluie.
La glycine me donne, mauve et violine,
L'aquarelle pastelle et parfaite à mes yeux ;
Et la giroflée d'or, et de fête, et de feu
D'odeurs lourdes et captives
Appelle les bourdons consciencieux.
O, mon pommier fleuri de promesses rosées,
Léger de fleurs, pesant bientôt de fruits,
Tu es l'arbre biblique.
Je prie en regardant, seule, de mes yeux souriant,
Un jardin de printemps éclairé de sépales
Et de duvet mousseux, et d'ailes pépiantes,
O, mon petit jardin ouvert sous le ciel clair,
De rosée le matin, source perlée de vie.
Je t'admire en silence, mes yeux d'enfant ouverts,
Les mains fermées pour mieux prier la terre
Et rendre grâce de ce bonheur donné.
En mai, je suis silence,
Je suis espoir, liberté, envol, lumière ;
Chante avec moi la vie dans mon jardin fleuri,
Chante l'amour,
O, mon Dieu créateur
D'herbe et de pâquerette !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:48 AVRIL « Soldanelle, petit soldat aux jambes grêles,
Que gardes-tu sous ton casque violet ?
- Je surveille les névés de l'Oisans
Qui pleurent sous les soleils d'avril.
- Bientôt gagneront la mer
Où voguent les bateaux blancs. »
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:31 MARS: LE SAULE Et voici l'espérance :c'est un bâton aride,
Une branche bien raide sur l'arbre racorni :
Pas de sève, pas de sang.
Mais sur le rameau brun, un duvet de poussin
Qui crève une coquille verte :
C'est le chaton de saule dont le bourron explose,
C'est l'espérance verte annonçant le printemps,
C'est joie de ma rivière
Qui s'en va fredonnant.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:03 FÉVRIER : CENDRES La mort triomphe
Et l'Esprit a soufflé ;
Passe, passera…
Sous la terre lassée
Ton corps flétri disparaîtra ;
Passe, passera…
C'est l'âme qui s'envole
Quand le corps a sombré ;
Passe, passera…
Cendres, tu es poussière,
Cendres, tu es lumière,
Cendres, tu es diamant…
Passe, passera ta vie,
Ici-bas, passe, passera,
La dernière ou la première,
Passe, passera,
Et ton âme,
Et ton âme restera…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2010, A 15:20 JANVIER La route toujours me semble longue
Pour attendre demain
Et surtout l'an prochain…
Blanche est ma route,
Long le chemin.
La vie s'allonge toujours trop loin
Pour voir grandir l'enfant
Ou d'ennui, périr chaque matin.
Longue est la route,
Blanc le chemin.
Mon cri s'échappe avec la nuit
Dans mes rêves sans trêve
Et mes éveils chagrins.
Les heures s'égrènent à petits pas :
Vide ma vie, vide ma main…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2010, A 15:04 DÉCEMBRE Ils ont fait un bon gueuleton,
Et moi, et moi, et moi ?
Soir de Noël pour la bâfrée,
Sans moi, sans moi, sans moi.
Pour s'empiffrer ont préparé salmigondis ,
Dindes farcies et bûches grasses,
Pour la bamboche vins de pays ,
Et moi, et moi, et moi ?
Minuit venu, un vieux bonhomme,
Robe rouge et barbe blanche,
A présenté cent-vingt cadeaux enrubannés :
Mais rien pour moi, mais rien pour moi.
« Les anges dans nos campagnes »
Pas plus ne furent conviés,
Leurs ailes douces ne purent se déployer :
On festoya sans célébrer.
Misérable, je suis resté derrière les portes nues,
Ils s'amusaient, ils s'embrassaient sans m'inviter :
Personne n'a ouvert en criant à voix forte :
« Mais, entrez donc, petit Jésus ! »
Et toi, et toi, et toi ?
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 09 SEPTEMBRE 2010, A 10:37 NOVEMBRE: LA TOUSSAINT Et chacun aujourd'hui de penser au passé :
Nos morts, nos pauvres morts ont aussi leur journée.
On fête le cimetière en jaune et violacé,
Les chrysanthèmes pleurent et la grille a grincé.
Pour qui ces tombes blanches et ces croix astiquées ?
Le marbre est doux quand la douleur est forte
Et triste l'est plus encore la tombe abandonnée
Et la croix qui se penche avant de s'enterrer.
Les dates bien gravées s'enfilent en chapelets
Psalmodiés par des hommes debout
Pour des hommes couchés :
Dure est la pierre et dure la souvenance.
Mon corps vient au secours de mon chagrin
Sur le tombeau impitoyable où je polis le grès,
Emue de me savoir mortelle et d'être apprivoisée
Par les monstres rieurs qui gisent sous mes pieds.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 06 SEPTEMBRE 2010, A 20:12 OCTOBRE L'automne une fois encore
Me précipite vers l'infinie tristesse
Des jours abandonnés.
Je guette, affligée,
La dernière feuille jaune
Où souffle un peu de vie,
Accrochée comme un pendu de cire
Sur mon poirier replié pour l'hiver.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG
LUNDI 06 SEPTEMBRE 2010, A 20:04 SEPTEMBRE Garde-toi d'être triste :
L'automne ne fait que commencer.
Que feras-tu au cœur de l'hiver
Quand tes arbres te feront peur ?
Je me brûlerai dans la ville,
Sur les néons, sur les vitrines ;
J'embrasserai le béton
Mais la forêt guettera mon retour.
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MARDI 31 AOÛT 2010, A 11:34 VILLAGE DES CAUSSES Dormez, gens de ce petit village,
Depuis midi, les volets sont fermés.
Dormez, gens du pays d'ici,
Du haut des tours cassées, les siècles ont défilé.
Près de l'église brune, le ruisseau toujours las
Grignote lentement une berge lassée,
Et l'arche du vieux pont berce une algue lascive
Et l'on entend sonner au loin le monastère.
Des dentelles de pierre, des dents de tissu fin,
Des parures de soie, des bonnets tuyautés
Et de clairs brodequins pour des pieds de poupée :
La marquise est partie, demeure son parfum.
Dormez, gens de cette vallée,
Le ciel toujours est gris sans vos chansons légères.
Les minuits se succèdent sur les toits fatigués,
Et dans vos tombes blanches,
Dormez sans vous soucier…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 29 AOÛT 2010, A 10:10 BOUQUET DE FLEURS Un bouquet de fleurs,
Quoi de plus éphémère ?
Un bouquet de fleurs,
Quelques jours de bonheur ?
Le plus beau des bouquets,
Fut le premier reçu,
Le plus joli cadeau
D'un monsieur généreux.
Plus tard, bien plus tard,
D'amoureux pleins d'attention,
J'ai reçu de très coûteuses roses,
Mais pas autant d'émotion.
Il n'y a pas deux jours,
Il n'y a pas deux mois,
Il n'y a pas dix ans,
Mais bien plus de trente ans.
J'étais jeune et morose :
Je pensais le matin
Qu'il y aurait encore
Sur mon petit jardin
De fines poudres blanches
Déposées par l'usine,
Et des fruits avortés
Sur l'abricotier nain.
Juste en été le chaud,
Et tout l'hiver la bise,
Tant de poussières grises
Annulant les saisons.
Pas un souffle d'air pur
Qu' on puisse respirer,
Pas une fleur ouverte
Qu'on puisse regarder.
Mais dans la chambre nue,
Dans la chambre sordide
Où j'alignais les vers,
Me prenant pour Musset,
Un miracle d'amour, de beauté,
De fraîcheur,
Un bouquet de printemps,
Fleurs éphémères jamais oubliées :
Trois branches de lilas blanc
Et trois tulipes roses,
Et un parfum léger
Transformant toute chose :
Bouquet de pauvre,
Mais bouquet de prince,
Offert par mon père chômeur
Pas vu depuis deux ans.
Si les fleurs ont fané,
En moi sont restées belles,
Et mon père décédé
Est encore bien vivant.
Pas cent roses écarlates,
Juste un simple bouquet,
Trois fleurs de lilas blanc
Et trois tulipes roses,
Un bouquet éternel,
Magnifique et puissant,
Merveille de l'amour
Imprimé pour toujours.
Trois fleurs de lilas blanc
Et trois tulipes roses,
Un très joli bouquet
Donné par mon papa.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 24 AOÛT 2010, A 09:20 MATIN SUR LA MARAIS POITEVIN D'une main boueuse, l'étang brasse la vase
Et murmure dans les berges broussailleuses.
Sort de la nuit sa bouche molle de terres gorgée,
Argile aux lourdes ombres, aux paupières bleuies.
Entends crier la hulotte roussie,
Monstre alarmé de son propre cri :
Il file ses ailes pesantes en claquant du papier
Pour se cacher dans les peupliers gris.
Livide et frêle, un bouleau blanc sort de la nuit,
Et gémit la hulotte éblouie de lumière.
Le guéret tout-à-coup se baigne de couleurs
Et l'on entend au loin un chien dans un fourré.
Le marais palpite en éveillant l'oiseau,
C'est un héron cendré au regard de violence :
Vois, de la plume au bec, il guette le soleil
Pour dévorer ses proies.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 24 AOÛT 2010, A 08:24 LA MEIJE Si haute, si blanche,
Si lointaine,
La Meije m'appelle par mon prénom,
Et j'entends la voix d'une amie.
Si blanche, si froide,
Si altière,
La Meije attire mon regard et mon pas,
Et je rejoins une amie.
Là se rejoignent mes rêves,
Là s'engloutissent mes peines,
Là se créent mes prières,
Là, j'embrasse l'univers.
Je peux boire à en être désaltérée,
Je peux manger à en être rassasiée,
Je peux penser sans une ombre d'angoisse,
Je pourrais y dormir à en être reposée.
C'est ici qu'il me faudrait mourir,
Mais c'est ici que j'ai envie de vivre.
Loi de mon corps fatigué de la marche,
Loi de mon esprit qui se nourrit de beauté.
Ici, je peux respirer
Ou cesser de respirer,
Ici, je peux venir avec des amis
Ou affronter seule l'Oisans tout entier.
Cette marche longue et fastidieuse
Pour mes jambes inexpertes
Me donne fatigue et bonheur,
Me donne des forces vives et joyeuses.
Mon visage ne se bute plus
Aux immeubles agressifs,
Mon oreille ne siffle plus
Au passage des motards pressés.
Mon visage ne se bute plus
Aux vitres d'une fausse vie,
Avec ses murs et ses donjons,
Ses meurtrières et ses oubliettes sombres.
Je gobe l'air léger
Comme le carpillon gobe la mouche,
Comme le papillon, j'étends mes ailes,
Et je suis sûre d'être éternelle.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 02 AOÛT 2010, A 11:20 MÉLI-MÉLO Car, dans ma tête en saladier
On a décidé de mêler les idées :
En moi, le doux et le sucré,
L'amer hiver et puis le bel été.
Une cohorte d'idées me ronge
Et je cherche où les placer :
La droite tourne à mes côtés,
La gauche est encore mal logée.
Dans mon esprit confus
Tout me semble illusion.
Les mots s'échappent de mon masque
Et s'envolent vers l'insane horizon.
Des aggraves et des anathèmes
J'en ai prononcé plein,
Mais j'aimerais me reposer
Sur des idées melliflues.
Avec les rides viendront la bonté,
La sagesse et l'espoir :
Je ne voudrais pas vieillir
Sans embrasser l'humanité.
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SAMEDI 31 JUILLET 2010, A 20:37 REGARDS C'est pour moi un homme,
La bouche grasse, le pied tordu,
Et l'œil vairon, et la peau grise,
La main trapue, l'oreille lapine,
Les ongles noirs, le dos bossu.
Et c'est aussi une femme,
Trop grosse, trop maigre, usée,
Trop ceci, et pas assez cela.
Devant moi se casse un Picasso
Que mon esprit retors piétine d'adjectifs
Péjoratifs, toujours, sous mon regard mauvais.
Qu'attends-tu, Seigneur,
Pour rassembler le puzzle
Et me présenter l'homme aimé de Dieu,
Dont le pied marche,
Dont l'œil regarde,
Dont la main créée,
Où l'esprit souffle, comme il soufflerait en moi
Si mes yeux n'étaient pas scellés
Par les préjugés, par l'indifférence,
Par la bêtise, l'ironie,
La haine tapageuse et stupide ?
Arlequin de triste comédie,
Je dois poser mon habit coloré :
Mettre l'habit de lumière, la robe du baptisé.
Les yeux alors ouverts sur la vérité de l'homme,
Je le verrai, fils bien-aimé de Dieu,
Source de mes paroles attentives,
Source de mes pensées bienveillantes,
Création divine née de l'amour et de l'universalité
Dont je suis une, petite, petite,
Mais pour l'éternité.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 27 JUILLET 2010, A 16:38 MEA CULPA, MEA MAXIMA CULPA Donc, Seigneur, tu veux aussi mon pardon.
Mon pardon que je ne peux pas donner,
Qui me ronge et m'empoisonne
Et me jette dehors dans le froid, dans la nuit.
Il faudrait donc, Seigneur, que j'efface et oublie
Ma cicatrice tiède et mon sang affolé ?
La paix viendra en moi quand j'aurai fait la place
A des sourires argentés,
Mais, habitée de haine, je me tiens mieux debout.
A toi, Seigneur, tant de fois, j'ai crié :
Ne me garde pas rigueur,
Je ne suis qu'un enfant troublé !
Aujourd'hui, je supplie ta force apaisante
Pour que je donne, pour que j'accorde mon pardon :
Qui le veuille le prenne.
En moi doit jaillir une eau bien plus légère,
Une eau qui chante et nourrisse mon âme,
Pauvre âme tâchée de souvenirs haineux,
De regrets vils, de pensées tortueuses,
Pauvre âme abîmée d'angoisse
Qui ne dit plus son nom
Et se cache sous des douleurs fugaces,
De migraines, de nausées,
Du mal de mal aimer.
Une année passera bientôt, et de l'automne rousse
Eclateront les lumières dorées :
Fais qu'à cette heure-là, mon pardon soit donné.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 25 JUILLET 2010, A 20:58 LES CADEAUX J'ai un cadeau pour toi,
Me dit la vague,
Juste un petit embrun salé
Pour y perdre ta larme.
J'ai un cadeau pour toi,
Me dit le vent,
Juste une légère brise
Pour rafraîchir ton front.
J'ai un cadeau pour toi,
Me dit l'orage,
Juste un boucan du diable
Qui cachera ton cri.
J'ai un cadeau pour toi,
Me dit la pluie,
Juste une goutte pure
Pour y laver ta peine.
J'ai un cadeau pour toi,
M'a dit le petit bois,
Quelques arbres géants
Pour perdre ta boussole inutile .
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 25 JUILLET 2010, A 20:35 UN QUOTIDIEN BIEN TRISTE Je suis debout dès le matin
Malgré mon désir de sommeil ;
Je me jette sur des livres vains
Malgré mon désir d'écrire ;
Je mange sans avoir faim,
Je bois sans désir d'ivresse.
Et quand je me glisse entre mes draps rêches,
Je n'espère ni dormir, ni rêver,
Mais seulement plonger dans un abîme sombre
D'où le soleil me tirera le lendemain.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 16 JUILLET 2010, A 10:31 VILLAGE PERDU D'AUVERGNE Descendant des montagnes,
Le cœur léger et les chaussures crottées,
Pendant des heures et des heures,
Je vis s'ouvrir de proche en proche
Au débouché de forêts closes
Et de gothiques sentiers
Des toits plombés sombrant sur le hameau.
Dormez village gris, village de grisaille,
Village grillagé,
Vos portes sont fermées,
Vos volets sont pincés.
J'ai longé, solitaire et déçue
Les maisons en enfilade raide,
Les maisons aux lèvres serrées,
Aux serrures bandées :
Dormez, village gris, village de grisaille,
Village grillagé.
Au gris des murs,
Des allées de platanes rapides et serrés
Vers l'escalier de pierre
D'un château endormi :
Les pelouses sont lavées,
Les fleurs interdites.
Désolantes certitudes qu'on ne pourrait entrer.
Si vieilles étaient les barrières,
Si vieilles étaient les clôtures,
Et si vieux les vieux murs,
Construits pour une éternité,
Que j'ai pu lire en ce village
Aux paupières froncées :
Ici, défense d'entrer.
Au bout du village tout gris,
J'ai longé tant de noires bergeries,
Tant de noires laiteries :
Pas de foin, pas de fontaine,
Juste une route étroite pour marcher,
Assoiffée de paroles
Et de contact humain.
Passez, passez, passez,
Dans ce village gris, il n'y a pas de halte,
Pas de visage, pas de main,
Village de grillage, village grillagé,
Village impénétrable où je suis étranger,
Je voudrais bien entrer.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 15 JUILLET 2010, A 21:29 LA VEUVE Il faut jeter ces vieux diapos,
Tout ce fouillis, toutes ces photos,
Et tu ne peux tout de même pas garder
Ces vieux dessins, ces vieux papiers !
Elle a des enfants si gentils,
Ils s'occupent bien de sa vie…
T'as les lunettes de grand-papa ?
C'est pas possible, ce bazar-là !
On s'y mettra avec Sarah,
On va très vite trier tout ça !
Ses enfants sont très gentils,
Toujours présents dans sa vie…
Ces bouquins lus et relus
Faudra aussi les mettre au rebut !
Et ces boutons pleins les tiroirs,
Pourquoi en faire tout une histoire ?
Ces livres-ci sont mes amis
Je ne les lis plus, je les caresse :
Ils m'apportent la tendresse
Dans leurs pages encore tapie.
Comme ses enfants sont gentils !
Ils s' intéressent à sa vie…
Cette jupe-là est trop usée,
Ce chemisier est démodé !
Ce long veston est à papa :
Pourquoi donc garder tout ça ?
Dans cette jupe abîmée et ces bottes,
Je suis partie en mai pour accoucher.
Dans ce veston usé à redingote
Papa m'a demandé de l'épouser…
Ces pyjamas font carnaval :
Gardes-en un pour l'hôpital ;
Ces escarpins ne te vont pas :
Tu devrais mettre des souliers plats.
Ces pyjamas me tiennent au chaud
Quand je regarde les infos.
Je sais marcher avec des talons
Et sans boiter, et sans bâton !
Ses enfants sont si gentils !
Ils l'aident à ranger son fourbi…
Il faut trier, il faut jeter,
Il faut enfin tout nettoyer :
Les armoires pleines, les tiroirs bondés
De tous ces trucs dépareillés !
Ce bouton peint d'un paysage,
Ces vieux tricots pas terminés,
Ce ruban vert, cette dentelle défraîchie
Sont les pages de ma vie…
Ses enfants sont très présents :
Tant d'attention, c'est émouvant !
Maman, tu n'es pas raisonnable :
La maison est bien trop grande,
Et tu n'es plus du tout capable
De l'entretien : il vaut mieux vendre !
Prends donc un appart plus petit,
Et pourquoi pas, change de quartier !
Tu as ici trop d'escaliers,
Sur le parquet, tu peux glisser…
Un grand deux pièces, c'est suffisant,
Avec balcon, évidemment :
Tu pourras mettre quelques pensées,
Une petite table pour déjeuner…
Ses enfants sont si gentils,
Ils sont attentifs à sa vie…
On te demande de réfléchir,
Et pour cela, tu as tout le temps :
Pense aux années qui vont venir,
On ne s'ra pas toujours présents…
J'ai cru ma vie terminée
Mais j'ai des projets pleins la tête :
Je passe des heures sur internet,
Je vais m'inscrire à l'université !
N'oublie pas, maman, ta santé est fragile :
Tu n'es plus ni forte, ni agile :
Bien sûr, tu as encore de bons moments
Quand on t'invite au restaurant !
Mon logis est mon cocon
Qui me protège de ses grands bras :
J'aime les cris dans ma maison,
J'aime y entendre du brouhaha.
Mes enfants sont trop gentils
Mais je veux diriger ma vie…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 13 JUILLET 2010, A 12:09 FASCINATION Je la vois,
Je la vois continuellement,
Je la vois toujours,
Car j'ai failli être fasciné par elle.
Vous la connaissez sûrement aussi :
Elle a des yeux très clairs,
Des yeux sans fond,
Des yeux très pâles, très bleus.
Et son visage est blanc et rose,
Et son visage a bel ovale.
Elle a des yeux très clairs
Et j'ai failli être fasciné par elle.
Et ses mains sont toutes fines,
Ses doigts sont longs et souples.
Comme j'aime ses petits ongles nacrés !
Je les vois,
Je les vois continuellement,
Je les vois toujours.
Elle a,
Elle a de longs cheveux soyeux,
Tout en douceur,
Tout en blondeur.
Elle a de longs cheveux soyeux
Et des perles à ses oreilles.
Et son visage est blanc, est rose,
Et son visage a bel ovale.
Elle a, elle a aussi,
De fines jambes, et des épaules
Bien tendrement,
Bien chaudement rondes.
Elle a des doigts très souples
Et j'ai failli être fasciné
Par sa peau et son teint très clairs.
Et j'ai failli être fasciné par elle.
Elle a de longs cheveux soyeux,
Tout en douceur, tout en blondeur.
Elle a de longs cheveux soyeux
Et des perles à ses oreilles.
Ses robes sont très belles,
Bien coupées, bien lavées, bien repassées.
Ses chaussures me ravissent aussi, oui, aussi.
Je les vois,
Je les vois continuellement,
Je les vois toujours.
Et ses mains sont toutes souples,
Ses doigts sont longs et fins.
Qu'elle est jolie,
Qu'elle est jolie !
Mais son regard est perdu,
Et ses cheveux soyeux inutiles ;
De ses mains, elle ne saurait que faire :
Elle ne sait que les regarder,
Elle ne sait que parader,
Elle ne sait que se faire adorer,
Se faire aduler…
Jamais, jamais elle n'a aimé,
Et j'ai failli être fasciné par elle.
Sa fadeur, qui me l'a dit ?
Mes rochers, mes montagnes,
Mes herbes et mes fleurs…
Elle, elle est juste jolie,
Elle est jolie sans mes paroles,
Elle a juste à se regarder…
Comme j'aime ses petits ongles nacrés,
Et sa douceur, et sa blondeur !
Et son visage blanc et rose,
Et son regard un peu perdu !
Elle n'a jamais connu,
En robe claire, en short délavé,
La montée des rochers,
Elle n'a jamais glissé sur le talus du torrent,
Sautant, riant, chantant !
Elle a de longs cheveux soyeux,
Elle est si bien coiffée,
Le vent du large,
Le vent violent, pirouettant, le vent hurlant,
Le connaît-elle ?
Et sa caresse, et son sable brûlant les yeux ?
Qu'elle est jolie,
Qu'elle est jolie !
De ses jambes galbées, elle ne saurait que faire :
Elle ne sait que les regarder…
La voici sur son canapé :
Elle rêve, elle dort : un ange !
Un ange rose, et bleu, et pâle,
Un ange endormi sur son charme.
Comme j'aime son parfum de fleurs légères !
Comme j'aimerais respirer son haleine !
Mais le gel de la nuit à la belle étoile
Qui jamais ne l'a mordue ?
Mais la rosée de l'aube
Qui jamais ne l'a réveillée ?
Elle dort sur son canapé, inanimée.
Elle a de longs cheveux soyeux,
Des lèvres colorées,
Et j'ai failli être fasciné par elle.
Elle a de grands cils noirs,
Mais les cils verts du lac,
Mais les franges des pins ?
Elle se regarde, ou bien, elle dort, inanimée !
Et son visage blanc et rose,
Et son regard un peu perdu ?
Elle n'a jamais connu,
En short usé, en souliers plats,
La montée des rochers,
Les neiges de l'été.
Elle a de grands cils noirs,
Et ses cheveux sont tout dorés.
Elle se regarde, si jolie,
Mais l'amitié des cordées,
Mais les premiers névés ?
Elle n'a jamais eu froid en plein été,
Elle n'a jamais glissé sur les pierriers,
Et j'ai failli être fasciné par elle…
Et le poids de son corps sur la mousse des montagnes,
L'a-t-elle jamais sue, cette joie de sombrer ?
Elle est dans un lit blanc, un lit douillet,
Un matelas très doux l'écoute,
Et j'ai failli être fasciné par elle,
Et j'ai failli l'adorer !
Elle a des lèvres colorées,
Mais la couleur des épilobes,
Mais le courage des soldanelles ?
Sa propre voix, je la connais,
Elle est plainte à mon oreille
Habituée aux répons des coucous.
Mais elle est si jolie,
Et ses yeux sont si clairs !
J'ai bien failli être fasciné par elle…
Mais moi, je marche sous les étoiles,
Et j'engloutis ainsi
Tous les nuages qui embrument ma vie…
Oui, je suis fasciné aussi
Par l'air des prés,
Par l'air des monts,
Par les buées, par les rosées,
Les chemins et les sables,
Les déserts , les forêts et les fleuves,,
Et le soleil, et les gelées.
Me voici tel, et tel il faut m'aimer !
Elle est très belle,
Et j'ai failli être fasciné par elle,
Mais toujours, toujours,
Elle dort…
3 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 12 JUILLET 2010, A 23:18 GRIFFES D'UNE ÂME DOUCE Dans le petit matin
Mon âme, mignonnette,
Dans le petit matin,
Mon âme s'est levée.
Mon âme grise s'est levée,
Dans le petit jardin,
Mon âme , mignonnette,
Mon âme grise s'est levée.
Mon âme grise s'est lavée
Au soleil, mon âme,
Au soleil, doucette,
Mon âme s'est lavée.
Dans la fraîcheur du jour,
Frimousse, frimousette,
Dans la fraîcheur du jour,
Mon âme a espéré.
Elle a couru bien vite
Grisette, la civette,
Elle a couru bien vite,
Mon âme dans la rosée.
Et dans le pré mouillé,
Mon âme chatte-reine,
Et dans le pré mouillé,
La minette a chassé.
A vu la libellule,
Mon âme chatte-belle
A vu la libellule,
Mon âme l'a croquée.
A vu le mulot gris,
Mon âme douce et rousse,
A vu le mulot gris,
La chatte l'a griffé.
Les toiles d'araignée,
Caline, calinette,
Les toiles d'araignée,
Bien tôt les eut froissées.
A vu la feuille sèche,
Mon âme ronronnette,
A vu la feuille sèche,
Mon âme l'a brisée.
A vu le nénuphar,
Nage, mon âme, nage,
A vu le nénuphar,
Mon âme s'est noyée.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 09 JUILLET 2010, A 17:04 LA GARRIGUE EN CORSE Connais-tu la Corse ?
Mer ? Montagne ? Soleil ?
Ile de beauté ?
La bien-aimée s'extasie à la lumière
Et fait chanter les cigales.
Moi, je te parle de garrigue.
Garrigues à germandrées poilues,
Garrigues tomillares dominées par le thym,
Garrigues d'immortelles
Accrochées aux cailloutis brûlants :
Je chante votre courage.
J'ai marché sur les calcaires
Où pend la thymélée hirsute
Des garrigues à passerine.
Je me suis tordu les pieds
Dans les garrigues à genévrier,
Ouvertes sur les parfums d'Orient.
Ecoute, écoute la voix des garrigues à euphorbes
Tapies en coussinets épais :
Tu entendras la mer en fête.
Oui, je parle de garrigues,
Et des senteurs ivres de soleil
Ensorcellent mes cheveux tordus par la vague
Et séchés par le vent.
Je me fais sirène- oiseau pour plonger
Dans la vague mousseuse
Ou mon corps se libère,
Et je m'envole sur les pentes chaudes et cuivrées
Ou vit la marjolaine,
Fredonnant la chanson.
Mes pieds ne sont pas sûrs
Dans les sentiers de hasard,
Et j'accroche mes jambes nues
Aux piques acérées des végétations folles.
Feuilles sorcières qui brûlent et lacèrent la main,
Fausses fleurs préparées dès l'automne,
Plantes succulentes aux noms évocateurs :
Perce-pierre sur les côtes,
Nombril de Vénus agrippé aux vieux murs.
Plantes voyageuses, enracinées dans la chaleur d'été :
Figuier venant de Barbarie, agave d'Amérique,
Figue marine du sud africain,
Je vous suis dans vos périgées hasardeux,
Je vous envie vos racines libérées,
Vos promenades sur les airs et les vents.
Les garrigues sont des prodiges de la vie,
Des prodiges d'astuce, de malice et de courage,
Des prodiges qu'il faudrait aduler.
Prodiges de l'imagination de cette flore
Et de ses feuilles en écailles,
Ses feuilles en aiguilles,
Ses très petites feuilles,
Ses feuilles coriaces,
Ses feuilles persistantes,
Ses plantes ligneuses,
Ses plantes aqueuses,
Les arbustes épineux,
Les coussins de verdure,
Tous, toutes ont trouvé le bon salut,
La voix royale, l'éternité de la reproduction
Pour faire face à la chaleur de l'été.
Homme, ne brûle plus,
Homme, ne construis plus,
Homme, oublie l'homme.
Admire, oui, admire avec moi les garrigues,
Les garrigues courageuses, inventives, fragiles,
Et pleure quand elles sont ravagées.
Regarde une fois encore
Les immortelles jamais fanées,
Les liserons volubiles,
Les arbouses fades,
Les bruyères de cinq mètres
Et les myrtes bibliques.
J'étouffe de bonheur et de chaleur
Dans ces garrigues de lumière et de feu,
Et j'aperçois au loin la mer
Ouverte sur le golfe de Valinco
Où j'ai passé mes jours d'été.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 09 JUILLET 2010, A 16:08 MONUMENT AUX MORTS D'UN VILLAGE BRETON Il y a dans le jardin
Un p'tit landau charmant,
Des brassières vont séchant
Su'fil à linge branlant.
Eliaz n'est pas au loin,
Il est mort à Verdun.
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Dans le jardin mouillé
Un p'tit vélo rouillé.
Dans le jardin chantant,
Un p'tit camion d'fer blanc.
Yves est parti un biau matin,
Mais pour mourir à Verdun.
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Il y a dans le jardin
Un arrosoir d'enfant.
Il y a dans le lavoir
Un petit canard blanc.
Merlin n's'ra pas marin,
L'est ben mort à Verdun.
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Il y a dans le boudoir
Un bureau d'écolier,
Une plume a séché
Dans l'encrier cassé.
Brizh plus jamais n'écrira,
Brizh est mort au combat.
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Il y a dans le jardin
Un grand fauteuil d'osier,
Un canotier percé
Tombé dans les rosiers.
Brieuc n'est pas marié,
S'est juste fiancé.
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Il y a au cimetière
Cent mille cris de colère.
Des fronts pour les démons,
Du sang pour la nation.
Des noms et des prénoms
Pour une génération.
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Sur la place du village
Un monument gravé :
Cent noms qu'on a jetés
A la postérité.
N'ont eu que leur enfance,
Sont tous morts pour la France.
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