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Hou ! Hou !
Quand j’étais petite,
J’avais peur du loup,
Du vilain loup gris
Aux yeux brillant dans la nuit,
Aux dents acérées
Qui croquent à grand bruit
Petits enfants et tendres mamies.
Quand j’étais petite,
J’avais peur du coq,
Du coq à la crête rouge
Dansant comme une flamme saoule,
Un coq me poursuivant
De ses pattes écailleuses et cornées,
Un coq criard et borné.
Quand j’étais petite,
J’avais peur du soir,
Et, bien sûr, j’avais peur du noir.
Dès la porte close
Entraient les rêves sombres
Et les chimères de l’ombre
M’engloutissaient.
Quand j’étais petite,
J’avais un livre d’Histoire :
J’avais peur des guerres,
Des Maures aux coutelas courbés,
Des Attilas échevelés,
De tomber sous les balles
Ou de mourir de faim
Cachée dans des caves voûtées.
J’avais peur dans les églises vides
Des Christs qui descendraient de la croix,
Des Saints qui voudraient me parler
De martyre et de sainteté.
J’avais peur de l’ostensoir doré
Dont l’œil unique
Me regardait pour me peser.
Et puis ces peurs se sont envolées
Avec les centimètres et les années.
Par quoi les remplacer
Si ce n’est par la vérité ?
Plus inquiétante et plus soudaine,
Ennuyeuse ou lugubre,
Elle peut encore me faire trembler…
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Quand, vingt-neuf fois dans le ciel de Chypre,
La lune eut rempli son disque lumineux,
Pygmalion jeta un regard glacé sur Galatée.
Un à un, il lui ôta des doigts,
Nés sous son burin habile,
Les diamants et les jaspes ;
Un à un, il ôta les anneaux légers
De ses oreilles douces.
De son cou à la blancheur de neige,
Pygmalion détacha les lourds colliers de jade
Et les précieuses chaînes dont l’or scintillait.
Il déchira les tissus moirés
Qui ondulaient sur le corps inanimé de la reine déchue.
Dans le coffret d’ébène,
Il enferma les cadeaux jadis offerts
Avec amour et dévotion
A sa bien-aimée Galatée
Jadis aimée avec passion :
Fleurs aux pétales colorées,
Petits oiseaux légers,
Balles nuancées, larmes d’ambre,
Coquillages irisés.
Depuis longtemps déjà,
Le corps doux et parfait de Galatée
Ne connaissait plus les regards caressants.
Depuis longtemps déjà,
Ses lèvres avaient oublié les baisers ardents,
Et Vénus pleurait malgré l’offrande
De blanches génisses aux cornes recourbées.
Nulle main ne réchauffait de Galatée
La chair tiède et fragile,
Qui devenait froide et sèche
Sans l’étreinte lascive
Pygmalion, dans son canapé chaque soir un peu plus affalé,
Se reposait le journal à la main,
Ou, devant l’écran intarissable,
Ne voyait que son verre, attendait son repas.
Peu à peu, de l’ex bien-aimée,
Les traits du visage s’affaissent,
Elle n’est pas morte encore,
Mais son regard est vide.
Elle se tient dans un coin de la pièce,
Debout, abandonnée, figée sur son destin :
Elle redevient statue dont l’ivoire s’écaille.
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Que t’importe
Le livre fermé,
La télé silencieuse,
Ou le portable éteint ?
Que t’importe
L’acariâtre voisin,
L’ami taciturne,
L’employé peu malin ?
Que t’importent donc tant
Les broutilles chagrines,
Les soucis passagers,
Les chicanes enfantines ?
Que t’importe,
Si, pour toi, chaque matin,
Le soleil s’ouvre comme une rose
En déployant secret et parfum ?
Que t’importe,
Si ton cœur bat d’un rythme régulier,
Si ta parole est sage
Et ta mémoire fidèle,
Si tu souris à de nouveaux visages,
Et si, malgré ton âge,
Ton pas t’emporte
Encore, encore un peu plus loin ?
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