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JEUDI 27 JANVIER 2011, A 14:30 AU CAPITAINE DES PÈLERINS Tu les as tant aimées,
Ces voiles blanches qui claquaient au vent,
Tu les as tant caressées,
Ces vagues lentes ou violentes
Qui t'emportaient au large
Pour de belles navigues !
Sur le minuscule voilier prêté
Et soigneusement repeint,
Quand mon visage devenait blême,
Et avant toute plainte,
Tu me donnais la barre
Et m'indiquais le cap :
Tu m'accordais le droit de me prendre
Pour une grande navigatrice,
Et tu ferlais la voile
En me surveillant sans me guetter.
Tu riais devant mon ignorance,
Mais toujours avec une joyeuse indulgence !
Patiemment, tu m'expliquais
Le savant tracé d'une voie invisible à mes yeux aveugles.
Comme on présente ses amis,
Tu me nommais tous les petits bateaux rencontrés,
Avec des dates, parfois, et de grands coups de chapeau !
Tu m'enseignais la politesse des flots :
La priorité des petits sur les gros,
Des voiles sur les moteurs,
Les couleurs et les pavillons,
Les balises et les fanions.
Les veillées étaient longues dans le carré :
Tu me parlais de ton enfance,
Bien souvent de ton père,
Et dans tes yeux amusés renaissait le petit garçon.
Je t'imaginais au milieu des moutons,
Ou les cheveux au vent sur une yole d'enfant.
Je confrontais ton enfance à mon enfance en banlieue ouvrière,
Et les fumées des usines plâtrières
Attristaient un peu mes souvenirs.
Mon cœur pleurait ta peine
Quand sur une île bien désolée
Tu me disais ton désir de louer
La maison isolée qui t'appelait,
Ayant en toi une lutte funeste
Entre le désir de lécher tes plaies
Seul, comme un loup abandonné de sa meute,
Et le désir d'organiser autour de toi
De belles rencontres.
J'ai été bien souvent malade
Sur ces petites nefs courageuses et téméraires
Qui franchissaient la passe du Golfe du Morbihan,
Et pour moi, c'était franchir le Cap Horn :
J'ai même cru sans te le dire
Que cette navigue serait la dernière…
J'ai même pensé aux profondeurs sombres et mouvantes
Qui m'avaleraient d'une seule bouchée
Si le bateau un peu plus encore se penchait.
J'ai pris, dans ces navigations de terrienne
La mesure de mes envies de vivre ou de mourir,
Et l'acceptation amusée de la fatalité.
Mon corps trop souvent s'est crispé de ta douleur
Quand une vague parfois t'envoyer valdinguer !
J'ai tant admiré ce courage
De ne pas vouloir t'enrober de ouate,
Et de partir, quel qu'en soit le prix de ta souffrance,
D'organiser et de partir pour ce long pèlerinage
De joie, de peines, d'échanges et d'amitié,
Pour ces marches, pour ces prières à la pieuse sainte Anne
Qui va t'ouvrir ses bras tout grand
Pour t'accueillir avec bonté,
Toi qui nous as menés vers elle
En donnant ton énergie, ton temps, ta gentillesse,
Pour que reviennent chaque année vers toi
Les pèlerins marins de Pénestin.
Xavier , sois heureux sur ton nouveau bateau
Qui te mènera vers tous les horizons, vers toutes les mers,
Vers une éternité où Dieu tiendra ta barre :
Je guetterai ton visage apaisé
Dans les nuages qui voguent sur la Bretagne,
Et je te remercie de ta précieuse amitié.
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MERCREDI 29 DÉCEMBRE 2010, A 20:02 GUEULETON DU PREMIER JANVIER Demain, demain, qu'y puis-je?
L'agneau sera immolé,
Mais le gigot bien parfumé
Réunira les convives enjoués!
Demain, demain, qu'y puis-je?
La vache dans le pré meuglera de chagrin:
Le veau sera mangé avec grande joie,
On se pourlèchera les doigts jusqu'au matin!
Demain, demain, qu'y puis-je?
Quand le homard encore vivant
Crèvera , ébouillanté, sans un cri,
On boira le frais vin blanc avec belle frénésie!
Demain, demain, qu'y puis-je?
La biche jamais plus ne s'enfuira dans les bois:
Dans le four, elle tremblera, mijotée,
Pour régaler nos papilles égayées!
Demain, demain, qu'y puis-je?
L'escargot jamais plus ne sortira de sa coquille
Pour croquer mes salades craquantes:
Recroquevillé en ses vrilles, il est mort d'épouvante!
Demain, demain, qu'y puis-je?
L'oie gavée délicatement sera opérée:
On soignera son foie malade
Avec des soins de chirurgien et de bonnes rasades!
Demain, demain, qu'y puis-je?
Petit requin deviendrait grand,
Mais le pécheur est bien trop prompt:
Il lui coupera ses ailerons!
Demain, demain, qu'y puis-je?
Voler, brûler, tuer, bafrer le premier janvier!
On n'échappe pas à son destin,
On sera tous des assassins!
Miam, miam!
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 29 DÉCEMBRE 2010, A 19:33 BONNE ANNÉE POUR NOS VIEUX BIEN-AIMÉS J'ai quelque chose à vous dire,
Vous dire: »Bonne Année »,
Et « Bonne Santé » à ceux qui n'ont plus de rire,
Juste des yeux pour pleurer,
Et des ordonnances en longues litanies
Pour des piluliers dorés.
Encore une année à vous ajouter,
Grands aïeux dans vos fauteuils d'osier,
Vous qui éructez, la lèvre pendante,
Vous qui perdez vos dentiers mal collés,
Vous qui gardez si bien votre enfance,
Mais vous qui vous oubliez...
J'ai quelque chose à vous dire,
Vous dire avec des baisers,
Vous dire avec des caresses,
Des mots pleins de tendresse,
Vous dire combien vous nous manqueriez
Si vous partiez cette nouvelle année...
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 28 DÉCEMBRE 2010, A 19:22 MES CENT POÈMES Mes poèmes sont beaux ou laids,
Ils éveillent la conscience
Ou provoquent l'ennui...
Ils chantent comme l'eau qui sourd
Des entrailles de la terre,
Ou gémissent comme le grabataire en son lit...
Comme la graine a séché ou germé,
Mes poèmes font mûrir les pensées
Ou creusent des abîmes d'absurdité.
Comme le soleil gonfle les épis
Comme le vent couche les récoltes,
Mes poèmes ouvrent les émotions, ou ferment les regrets.
Mes poèmes caressent ou grattent
L'échine, le poil ou la plume fragile,
Font résonner l'airain
Ou s'étaler le silence
Des grandes plaines blanches.
Comme un alcool brûle langue et palais,
Mes poèmes brûlent peines et chagrins,
Ou font s'endormir dans une pâle indifférence
Les gens bien que nulle conscience ne tourmente.
Comme une lèpre sale ronge les peaux desséchées,
Comme un baume adoucit des lèvres gercées,
Mes poèmes rendent la vie plus dure ou plus jolie,
Mais je ne suis que celle qui les écrit:
Les poèmes ont leur vie, leur trajet, leur histoire,
Ils se taisent parfois, et parfois nous enivrent,
Mais celui qui les lit est celui qui les crée,
Et celui qui écrit se retire sans bruit...
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 26 DÉCEMBRE 2010, A 19:38 IL A NEIGÉ SUR PARIS Il a neigé sur Paris.
Il y a pourtant quelques vélos épars
Glissant sur les pavés boueux
Dans le brouillard du soir…
Il a neigé sur Paris :
Des pans de manteaux noirs
Flottent sur les trottoirs…
Il a neigé sur Paris,
Mais pourtant l'on peut voir, attristés,
De pauvres loques grises
Dormant sur des cartons mouillés…
Il a neigé sur Paris,
Mais on observe dès le petit matin
De très jeunes filles chaussées de légers escarpins,
Les pieds rougis sous la morsure du froid,
Extasiées devant les sublimes vitrines
Qu'elles reverront encore demain !
Il a neigé sur Paris,
Mais pourtant sur les quais
Se promènent avec joie sous le gel et la bise
De longues jambes grises dans des shorts d'été.
Il a neigé sur Paris,
Mais des marchands d'oranges, de fraises et de kiwis
Rangent sur les trottoirs leurs caisses colorées ;
D'une voix basse et profonde,
Ils chantent de sombres mélopées,
Frappent leurs mains gercées protégées de mitaines,
Attendant, souriant, la manne des passants attardés.
Il a neigé sur Paris :
Des bus à impériales
Sont bondés de touristes transis mais ravis.
Il a neigé sur Paris :
Devant le Grand Palais, le Louvre et l'Opéra Garnier
S'étire un long serpent humain
Bavard, polyglotte, patient et serein,
Cependant que des toits tombe une poudre blanche.
Il a neigé sur Paris :
On voit pourtant au seuil des portes-cochères
Quelques fumeurs givrés battant de la semelle
Au pied des tours de verre si bien chauffées !
Il a neigé sur Paris.
Les gamins imprudents
Font de la rue Lepic un long toboggan blanc.
Il a neigé sur Paris.
La neige a posé sur la Tour de l'Horloge
Une lourde couronne crémeuse,
Et sur le Panthéon humilié un énorme gâteau autrichien.
Il a neigé sur Paris.
Sous la Grande Arche de la Défense
Galope le grand blizzard sibérien !
Il a neigé sur Paris :
Le Parc Monceau est silencieux,
La Butte aux Cailles est désertée,
Les cafés noirs font des heureux,
Les chocolats font des envieux.
Il a neigé sur Paris :
Dans le Jardin du Luxembourg
Les bouleaux et les aulnes
Courbent leurs frêles épaules ;
La neige anéantit les souples rameaux des saules,
Mais transforme le tronc des arbres
En épaisses colonnes de marbre.
Il a neigé sur Paris,
Mais sur les Grands Boulevards,
On se bouscule, on s'embouteille,
Horde de piétons, tribus d'acheteurs,
De farfouilleurs, de fouineurs,
On se comprime, on se tasse,
Presse des spectateurs, des baroudeurs,
Cohue des auditeurs, des arsouilles, des vauriens,
Foule habituelle de la Grande Ville,
Troupeaux de buffles à quatre roues,
Piaffant, grondant, crachant le CO2 avec rage et puissance,
Sirènes et klaxons, rires et grabuge,
Paris se moque du froid, de la boue, de la glace,
Paris continue sa fête et son cirque,
Paris s'interdit le sommeil et la douceur.
Il a neigé sur Paris :
Il y a toujours autant de lumières, d'odeurs, de rumeurs,
Mais souffle cependant un vent d'espace, de campagne,
Un vent frivole de liberté.
Il a neigé sur Paris :
Dans les rues déguisées ce soir de décembre,
J'aimerais pouvoir danser !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 08 DÉCEMBRE 2010, A 19:00 LE CYGNE Et le voici, ce cygne blanc :
Un matin l'a vu paraître,
Il tolérait sa faim et j'avais du vieux pain.
Il aimait les ruisseaux, les criques et les rivières,
Les lagunes mouvantes et les étangs voilés de brume.
Il aimait les roseaux et le chant des roseaux.
Il aimait les rainettes et le saut des rainettes,
Il aimait les anguilles luisantes et les crabes accroupis.
Il aimait les chevesnes moulés de bronze et d'étain.
Caressé par les brèmes indolentes,
Il rêvait de l'envol des courlis et des bergeronnettes,
Il rêvait des ibis et des spatules blanches.
Il dansait parmi les nénuphars,
Valsait dans les algues brunes,
Glissait à travers les roseaux.
Il habitait le ruisseau au printemps,
Mais choisissait le fleuve en plein cœur de l'hiver.
Il aimait les eaux douces ou les débâcles vives.
Il aimait la sagesse des vieilles arches de pierre,
Il aimait les blessures des berges inondées,
Il aimait les cailloux polis et ronronnant.
Il aimait les armées de peupliers frémissant sous le vent,
Et les vallées ouvertes sur de petits villages,
Les saules torturés au tronc noueux et blancs.
Le voici, ce cygne palpitant, écroulé dans la neige,
Et la gorge rougie d'une atroce morsure :
Adieu, l'eau portera ses rêves jusqu'à l'océan !
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 08 DÉCEMBRE 2010, A 17:36 AU-REVOIR Avant de nous dire au-revoir,
Mon petit enfant au corps si grand,
Avant de nous dire au-revoir,
Mon petit devenu géant,
Avant de nous dire au-revoir,
Avec des larmes et de la joie,
Toi qui te courbes pour m'embrasser,
Moi qui me mets sur la pointe des pieds,
Va-t-en, va-t-en, mon grand,
Va-t-en fouiner dans le grenier…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 08 DÉCEMBRE 2010, A 17:26 LE COEUR INHABITÉ Silence,
Tout est silence.
Et ma bouche, et mes yeux,
Mes oreilles et mes lèvres :
Tout est silence.
Très seul,
Mon cœur inhabité
Parle, parle,
Parle
Tout seul…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 02 DÉCEMBRE 2010, A 21:09 L'ATTENTE Il n'y a rien d'autre en moi que mon attente :
Le plus dur, c'est de faire avancer le soir.
Les petits matins ont de longues pattes :
Ils courent comme des lièvres apeurés.
Comme des renards affamés,
Les petits matins longent les murs sombres,
Ils cherchent dans le grillage la faille où pénétrer
Pour assouvir leur grande faim.
Les petits matins sont remplis de projets,
Les petits matins vont au grand galop.
Ainsi, dès potron-minet, je suis debout,
La tête explosant d'idées qui me tordent le cou.
Je me transforme en fourmi travailleuse,
Je me déguise en abeille laborieuse.
Ainsi passent les heures, riches et fructueuses,
Les heures traversées par le TGV de mon infatigable énergie.
Mais la nuit finit toujours par venir,
Tôt ou tard, le soir m'attrape de ses tentacules noires.
Alors, j'arrête mes courses vagabondes
Et je regarde les lendemains profonds.
J'efface tout ce qui porte le nom d'aujourd'hui :
Je suis une attente vers l'avenir.
Le plus dur, c'est de passer la nuit
Car il y aura encore d'autres lendemains.
Non pas quelques jours, non pas quelques années,
Mais des siècles et des siècles, une éternité.
Le plus dur, c'est le soir, et la nuit immobile,
Et le chagrin qui vous dévore, et les monstrueux soucis.
Il suffirait pourtant que je m'étende,
Il suffirait que je m'endorme pour trouver la paix.
Alors, demain serait là, avec ses émotions,
Avec son sac à malices d'agitation.
Mais voilà, je reste en attente, luttant contre le sommeil,
Luttant contre mon corps réclamant le repos.
Je prolonge le soir, je n'éteins pas, pas encore !
Il n'y a rien d'autre en moi que cette attente du lendemain.
Je veille sur le soir pour éviter la nuit,
Elle passera pourtant plus lentement.
Et cependant, je suis une flamme qui vit,
Une flamme qui brille dans le noir de ma vie.
Le plus dur, c'est de faire avancer les autres soirs :
J'ai consumé celui-là…
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JEUDI 25 NOVEMBRE 2010, A 13:02 PREMIERS FRIMAS Hier, pourtant, c'était l'été !
Aujourd'hui, ce matin, cette nuit même,
Un vent coléreux s'est échappé
Des steppes stériles, des montagnes sévères.
Il vient d'on ne sait où , là-bas, au bout du monde,
De la Bretagne grise où finit le beau temps.
Mon beau jardin se tord et geint
Et les feuilles roidissent, noircissent et tombent,
Et les sépales pâles de mes derniers rosiers
Se rouillent de douleur sous la pique du froid.
Mes dahlias attristés agonisent et se cassent
Et se crispent de peur les boutons d'hortensias.
Est-ce déjà l'hiver qui vient à petits pas,
Et les fêtes gourmandes qu'on attendra en vain ?
J'ai peur de l'heure qui vient et des heures d'hiver
Qui m'emprisonnent, me désolent et tiédissent mon pas.
Qu'il est loin le soleil, et la brise légère sur mon visage ouvert,
Qu'il est loin mon bonheur au cœur de mon jardin !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 24 NOVEMBRE 2010, A 20:22 INVITATION Viens chez moi pour un café,
Viens chez moi te reposer :
Chaque soir, la soupe est prête,
On crie tous à qui mieux mieux,
Viens chez moi pour faire la fête,
Viens chez moi pour rire un peu.
Je sers le vin au pichet,
Mais on le boira longtemps.
Ma cuisine est enfumée,
Et la nappe est en papier,
Il n'y a pas d'ortolans
Mais on chantera gaiement.
On est sur des tabourets,
Parfois même on est debout,
Viens chez moi, la table est prête
Viens chez moi car c'est chez nous.
Viens chez moi pour bavarder,
Viens chez moi pour l'amitié.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 17 NOVEMBRE 2010, A 20:19 NÉANT La terre est plate
Et bordée de néant :
J'ai peur de mes lacunes et de ma viduité
Et de la brume sur mes pensées.
La terre bascule et je crains de sombrer :
Il faut à mes pieds trop légers
Chausses de plomb
Et non sandales de papier.
Et tourne la terre
En une danse folle :
Valse de l'Ange en démence,
Vertige étrange dans l'ombre immense.
Je tourne sur moi-même,
Petit derviche articulé,
Tiré par des ficelles
Que je ne peux couper.
3 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 15 NOVEMBRE 2010, A 09:13 DESPERATE OUTWIFE Assise au bord de l'eau
Je pleure ma vie
Où les trésors se pétrifient.
Boue et miasmes,
C'est le regard d'autrui.
En moi coule, transparente et vive
Une eau domptée par les fouets du devoir,
Et la source cachée sourd au fond de mes os.
Cent fois, j'avale l'eau croupie du quotidien,
Et bête sous le joug,
Et machine imbécile,
M'enfonce jusqu'au cœur dans le gris du travail.
M'attend le papier blanc,
M'attend la toile blanche.
Autour de moi dansent les papillons de ville
Qui font la fête, rient, battent des ailes :
Mon pas pesant se traîne
Désespérément sur une vie stupide.
Je hais chefs et chefaillons,
Mandarins et tyranneaux,
Voisins, amis, familles
Qui me bouffent et me méprisent,
Attendent des miracles de mon sac à poussière,
Ferment à toute volée mon échappée timide,
Mes tentatives vaines et légères
Pour retrouver quelques instants volés
Ma pauvre toile blanche,
Mon pauvre papier blanc.
L'horreur est dans le quotidien,
Les chaussettes à laver et le poulet au four.
Mes poumons respirent avec le fumet du lapin,
Mon cœur bat au rythme du lave-linge,
Mon sang coule avec la serpillière,
Et mon balai énervé
Balaie aussi tout génie
Qui crépite avec les frites
Et pue de fatigue abrutie.
Le miroir au matin n'a pas de pitié :
J'y vois la gorgone en furie,
Echevelée et folle,
Les yeux exorbités de rêves interrompus.
Et quand je souris à mon image hâve
Apparaît, facétieux, le sourire d'E.T.
Je suis prisonnière des tâches domestiques,
Des leçons récitées et de l'aspirateur,
Des dossiers à remettre et du patron boudeur.
Le bagne quotidien me transforme en sorcière
Et me fait patauger dans l'horreur absolue.
Mon petit papier blanc,
Ma toile immaculée !
Il ne s'agit pour l'heure
Ni de vent frais, ni de rosiers en fleurs,
Ni de lecture, ni d'écriture, ni de peinture :
Le poème écrasé suinte comme la vie elle-même,
Laide et puante.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 11 NOVEMBRE 2010, A 11:10 L'AMOUR NIGAUD J'aime ton amour…
C'est un peu bêta, dit Nicolas.
Mais pourquoi l'érable
N'aimerait-il pas
La sève qui le nourrit ?
J'aime ton amour…
C'est un peu facile, a dit Basile,
Mais pourquoi la fleur
N'aimerait-elle pas
Le soleil qui l'épanouit ?
J'aime ton amour…
C'est un peu nigaud, dirait Renaud.
Mais pourquoi l'oiseau
N'aimerait-il pas
Le ciel où s'envoler ?
J'aime ton amour…
C'est un peu simpliste, me dit Baptiste,
Mais pourquoi le ver
Tout fragile et tout nu
N'aimerait-il pas sa terre ?
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MERCREDI 10 NOVEMBRE 2010, A 12:07 CE SOIR Ce soir, j'ose t'aimer :
En moi, un feu doré a remplacé la braise dormante,
Et les tièdes rameaux de ma raison desséchée,
Je les laisserai se consumer à ton amour.
Ce soir, j'ose t'aimer,
Ou bien plutôt me l'avouer.
Et je crois qu'avec mon amour,
Les malades aux lèvres pâles se dressent de leur lit,
Je crois qu'avec mon amour,
Les visages au regard triste
Trouveront le sourire et la joie.
A mon propre bonheur, je réchauffe les mal-vêtus,
J'abreuve les assoiffés,
Les affamés, je les nourris.
A mon propre amour,
Tout se lève avec résolution
Et s'apprête à marcher et rire.
Les aveugles dessinent,
Les sourds écoutent la voix du rossignol.
Ce soir, j'ose t'aimer.
Ce soir,
Je prends sur moi toutes les misères des peuples ;
Je les regarde avec douceur et tendresse,
A la flamme de mon amour éveillé,
Je les transforme en étoiles vivantes,
En espoir, en confiance, en amitié,
Puisque je lance dans l'univers
Un peu plus d'amour partagé.
Ce soir, j'aime l'humanité.
3 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 09 NOVEMBRE 2010, A 13:33 DES TOUT PETITS SOUS Pour deux sous de soleil de tes yeux dorés,
Pour deux sous de soleil de tes yeux mordorés,
Donne-moi…
Pour trois sous de rivière de ton rire si franc,
Pour trois sous de cascade de ton rire d'enfant,
Ajoute un sou du fleuve d'eau de ton sourire,
Ajoute aussi la chaleur de ton bras,
Et donne-moi…
Un sou de ton pas ferme de rocher et de terre ,
Plus un euro de la surface plane où nage ton espoir,
Et encore une pièce pour la flèche directe
De ton regard si droit.
Pour tous ces sous,
Pour tous ces sous,
Charge-toi
De mon visage
Et de mon âme…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 09 NOVEMBRE 2010, A 10:14 LE VENT D'AUTOMNE Peu importe ce que pense le vent
Qui s'échappe en criant des horizons poudrés,
Peu importe sa rage, sa vague mugissante
Et sa fureur annoncée,
Si mes cheveux dansent,
Et glissent sans s'emmêler,
Si mon front goutte l'air purifié de froidure,
Si mes épaules rejetées
M'appellent à respirer,
Peu importe ce que le vent rumine,
Ce qu'il gronde entre ses lèvres rageuses,
Peu importe qu'il ricane
Et se moque de ma fragilité,
Peu importe qu'il se vante de m'avoir fait pleurer !
Mon corps s'emplit de rire
Et mon esprit se lave
Sous la violente rafale
Qui peut me faire tomber
Mais transforme mon jardin d'automne
En un camp du Drap d'or.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 08 NOVEMBRE 2010, A 11:04 QUELQUES FEUILLES MORTES J'étais seule au monde,
Orpheline et veuve de tout bonheur.
Je rêvais de toi sans te connaître,
Sans prononcer ton nom.
Un après-midi d'août, accablée,
Je t'ai rencontré sur un premier sentier…
L'ombre des feuilles était noire,
Noires étaient mes pensées.
L'eau du lac doucement clapotait,
Doucement nos voix s'écoutaient,
Et l'on entendait bruire les feuilles
Des peupliers affolés par le vent.
Tu étais seul au monde,
Seul et orphelin de tout bonheur,
Ton visage était grave et soucieux,
Tendu par une vie fermée.
Je t'ai parlé quand tu m'as regardée,
Et tu m'as écoutée quand je t'ai parlé.
Chaque jour de cette fin d'été,
Nous avons bu autant d'eau que d'espérance.
J'ai gardé tes paroles graves ou frivoles,
J'ai gardé l'eau qui jaillissait de tes lèvres,
J'ai gardé tes épaules qui se relevaient,
Tes jambes dépliées, ta marche vers moi.
La nuit, j'ai rêvé de ton image
Tendre au-dessus de mon visage.
J'ai mis ton nom sur mes lèvres ouvertes,
Je te parlais quand nous étions séparés.
Je n'étais plus ni veuve, ni orpheline,
J'ai pu écrire, boire et dormir,
J'ai accepté mon avenir,
Le regarder sans m'affoler…
J'ai mis dans mes pas titubants
Ton pas, ta marche verticale.
Tu as posé dans ma main
Ton cœur et ta main.
J'ai mis dans mon regard
Tes paupières fermées de tendresse,
Tu m'as parlé d'amour et de fête,
J'ai essuyé tes pleurs et j'ai reçu ta joie.
Et ton oreille a retenu mes secrets
Comme le coquillage retient le bruit des vagues.
Tu m'as sauvée de l'oubli
Et tu t'es mis à chanter…
*
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 05 NOVEMBRE 2010, A 22:35 LA PRINCESSE ET LE RENARD Si tu veux m'aimer,
Jamais plus, plus jamais,
Tu ne dormiras tranquille
Si tu ne sais où je suis,
Et plus jamais, jamais plus
Je ne dormirai tranquille
Si je te sais au loin,
Sur la route,
Si je te sais malade,
Si je te sais chagriné…
Jamais, jamais plus,
Si tu veux bien m'aimer,
Je ne pourrai me passer de ta parole,
Ni de tes bras autour de ma taille,
Ni de la bonté de ton regard,
Et si je veux t'aimer,
Jamais plus tu ne pourras oublier
La caresse de ma main,
Mon sourire à toi seul donné,
Mon abandon dans tes bras…
Et si tu veux de cet amour,
Jamais plus, jamais plus je ne veux
Attendre et attendre encore,
Je veux que ta flamme m'éblouisse,
Brûle mon propre désir,
Et si je t'aime, et si tu m'aimes,
Je te ferai oublier le ciel gris et la terre fangeuse,
J'effacerai tes cicatrices
Je te ferai accepter le passé.
Je ne te donnerai pas l'oubli,
Et tu ne me donneras pas l'oubli,
Mais la force de comprendre et de pardonner…
Jamais, plus jamais,
Tu ne pourras songer
Paisiblement, quotidiennement,
Sans que la pensée de notre amour
Remue en toi des vagues et des vagues
De tendresse et d'inquiétude,
Sans que la pensée de ta vie,
Sans que la pensée de ta survie,
Soient liées à la pensée de ma vie,
Soient liées à la pensée de ma survie…
Et plus jamais je n'entendrai
Le son ordinaire de ta voix,
Car cette voix sortira de l'ordinaire
Pour devenir un signe, un appel, un secret,
Et le son de ma voix
Pour toi sera signe, appel, confidence.
Et les silences entre nous seront paroles,
Et les silences s'enrichiront au lieu de se détruire,
Et les silences deviendront complicité et paix…
Et si tu veux m'aimer,
Jamais plus, jamais plus,
Mon grand lit ne me paraîtra confortable et douillet,
Et jamais plus,
Si je sais bien t'aimer,
Ton lit ne te paraîtra refuge douillet.
Ton bras me manquera,
Mon bras te manquera,
Et toute la place vide sera ruelle glacée,
Et la nuit sera froide, longue et cruelle…
Eh bien, nous le savons,
Le renard pleurera
Quand le Petit Prince disparaîtra.
Et si tu veux m'aimer,
Des jours et des jours de lumière,
Et si tu veux m'aimer,
Des nuits et des années lumières,
Un jour, nous pleurerons,
Toi, ou moi,
Parce que les blés dorés
Seront couchés par le vent,
Parce que les roses offertes
Un jour seront fanées,
Parce que l'océan tout-à-coup
Pour l'un de nous sera tempête,
Parce que l'air sera devenu lourd
Sous les orages d'un été…
Mais la vie sera belle encore quelques années,
Et riche, et puissante, et créative.
Il y aura la genèse à inventer,
Il y aura le soir et le matin,
Il y aura le lundi et le dimanche,
Et le calendrier rempli,
Les amis de passage,
La fête et les rires,
Les pleurs à essuyer ensemble,
Et les enfants à promener.
Les mots prononcés seront entendus,
Les regards auront un sens,
Les projets verront leur dénouement,
Les vacances s'appelleront découvertes,
Les voyages s'appelleront rencontres.
Alors la vie reprendra sa vraie place,
Si tu veux m'aimer,
Si je veux t'aimer,
Si nous nous aimons tous deux…
2 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 05 NOVEMBRE 2010, A 08:33 VERS UN NOUVEAU CHEMIN Mes mains se sont vidées,
Mon corps n'est plus habité.
Un désert jaune et caillouteux
Me blesse à chaque pas.
Tantôt un soleil dur et cruel
Me brûle les paupières
Et vrille mon cerveau,
Tantôt une pluie raide et tranchante
Liquéfie mes pensées,
Détrempe peau, os et muscles,
Et fait plier mon dos qui se courbe
Et me lance à genoux,
En une prière muette et effarée…
Et pourtant, dans mes artères
Où circule avec lenteur
Un sang transparent
Comme une sève de rosier,
Un petit germe s'est glissé.
En mes veines bleutées
Coule un sang porteur d'une autre vie,
Et c'est comme un trésor caché
Qui tinte doucement,
Une mélodie légère et frémissante
Posée quelque part en mon corps,
Chantant tout doucement
Comme le ferait une mère
Pour son enfant malade,
Chantant tout doucement
Pour éteindre ses pleurs,
Chantant tout doucement
De peur qu'on l'entende chanter,
Chantant tout doucement
Pour m'insuffler la vie…
Je porte en moi ce trésor caché,
Qui porte peut-être le nom : attente,
Qui porte sans doute le nom : confiance,
Qui porte enfin le nom : espoir.
Je relève la tête
Et j'accomplis ces gestes extraordinaires :
Ouvrir mes mains, sourire, parler, écrire.
Avec timidité mais pleine d'espérance,
Je regarde les jours à venir.
Le soleil dorera ma peau au lieu de la brûler,
La pluie m'abreuvera au lieu de me noyer,
Je marcherai bien droite
Sur un nouveau sentier,
Je trouverai dans la forêt tutélaire
Un plus large chemin,
Où les arbres solides
M'envelopperont de leur ombre légère…
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MARDI 26 OCTOBRE 2010, A 12:27 FLORE L'iris
Sur ses robes violines ont grimpé trois chenilles jaunes.
La pensée
Elle boude et fait la moue, engoncée dans ses velours.
L'œillet
Franges en bouquets.
Le lys martagon
Les joues enflées, il soigne sa rubéole.
La tulipe
Buvez à ma santé !
L'ancolie
Un essaim de papillons embrassés.
Le lupin
Eteignez donc ces cierges !
Le liseron
Farandole de danseuses en tutu rose et blanc.
Le chèvre-feuille
Tiens, de gros moustiques blancs !
La giroflée
Jolie, mais rouillée, dommage !
L'hortensia
Un chou-fleur très coquet.
La sauge
Elle est sortie du feu de l'enfer.
Le muguet
De petites dents de lait.
Le pois de senteur
Les jeunes moniales ont accroché leurs petites coiffes au portemanteau.
Le callas
L'orchestre de saxophones, très digne.
L'anémone
Une grosse araignée au cœur d'un berceau.
Le bleuet
Dans sa bouche, dix langues bleues de serpent.
Le nénuphar
Les confettis sont tombés dans l'étang.
Le dahlia pompon
Il y a beaucoup de poufs à papillons, par ici !
Le glaïeul
En garde, toutes ces épées vertes !
Le diélytra, cœur de Marie
Secoué de sanglots, de son cœur tombent des larmes roses.
Le tritoma
Eteignoir tout rouge de la flamme qu'il veut éteindre.
Le pétunia
Quel estomac doit-il toujours gaver, avec ses grands entonnoirs ?
Le cyclamen
C'est la coiffe retroussée d'une Hollandaise aux joues bien roses.
La nivéole
C'est ici qu'on fabrique les balles de ping-pong.
Le gouet
Il se croit dans une église, près du maître-autel, bien sûr !
La soldanelle
Petit soldat casqué, c'est encore ton tour de garde !
La ficaire
Maladie de foie ?
Le lotier corniculé
Bébé dragon à gueule rouge.
La linaigrette
Un bec, un plumetis : c'est un oiseau tout petit.
Les iris le long du fossé
Voilà le couvent de bonnes sœurs !
Le lis tigrinum
Dans un jardin vert, il y a une vasque rose d'où s'échappe en jet d'eau une fontaine d'étamines.
La rose
« Je suis la plus belle, la pus belle, la plus belle ! Ah, je me meurs ! »
Le bouton d'or
Pour dire la messe, son calice pur.
La campanule
Et pour sonner matines, ses clochettes.
Le myosotis
Il entend tous les secrets de la terre, avec ses petites oreilles de souris.
La pâquerette
Bébé joufflu, avec son bonnet autour de ses joues rondes.
Le lin
« Je vous assure que je vais me trouver mal ! »
Le tussilage
-Allez, du balai !
L'ancolie
Elle a des ailes d'hirondelle.
L'edelweiss
Un peu trop poudré , ce masque vénitien.
La tulipe
Turban coloré d'un élégant cheik arabe.
Le dahlia
Quelle tignasse ! Jamais un peigne dans ses cheveux !
La violette
Lèvres retroussées, elle dit avec dédain : ma chère !
L'orchidée des prairies
Les petits clowns font leur cirque !
Le séneçon
« Je deviens vieux, quelle barbe ! »
Le pissenlit
Quel tour de force, attraper un nuage !
Le serpolet
C'est la chenille qui redémarre…
La gentiane lutea
Que feras-tu de ton panier d'étoiles ?
La gueule de loup
Miam !
Le pissenlit
Pauvre dragon qui ne fait même pas peur, et surtout pas aux petits enfants !Pourtant, ça lui arrive à lui aussi de cracher un peu de fumée !
Terminé pour ce matin, à toi de jouer maintenant !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 23 OCTOBRE 2010, A 15:46 TROP, C'EST TROP! A trop vouloir prévoir,
N'a pas su voyager.
A trop vouloir diriger,
N'a pas su divaguer.
A trop vouloir étudier,
N'a pas su s'étonner.
A trop vouloir parler,
N'a pas su écouter.
A trop vouloir chanter,
N'a jamais pu pleurer.
A trop vouloir aimer,
N'a pas su se donner.
A trop vouloir, n'est-ce pas !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 17 OCTOBRE 2010, A 21:05 LE GRAND DÉPART Et dans la chambre pâle,
Dolente, elle est couchée :
Blanches mains et blanc visage.
Au creux du lit,
Volent les âges.
Sans bruit, elle s'en va,
A petits pas.
Au creux du lit, sa vie s'envole,
Car dans la chambre pâle,
Souffrante, elle est couchée.
Son regard est blotti
Au feston de ses cils :
Parle-moi, parle-nous,
Dis-moi, dis-moi, dis –nous
Une dernière fois.
Au creux du lit,
Sa voix s'étiole,
Sa vie s'en va, mais sans parole.
Sa vie s'en va. Elle s'envole
Comme l'oiseau apeuré.
Voir le soleil, encore un peu,
Voir les jonquilles,
Et sentir les premières violettes…
Mais dans la chambre pâle,
Malade, elle est couchée.
Des vapeurs de douleur
Font ondoyer le lit.
Chacun entre et se tait, sourit,
Et pleure, et sort timidement.
Au creux du lit vole sa vie.
Même en plein jour,
C'est la peur de la grande nuit.
Ne brillent ni étoile, ni lumière,
Car dans la chambre pâle,
Mourante, elle est couchée.
Ici, c'est la pâleur du lit
Où s'endormiront bientôt
Tous ses méchants soucis.
Les fioles et les seringues
Elle n'en a plus besoin.
Dans la chambre attristée
On vient la regarder :
On caresse sa main,
On essuie une larme,
On lui dit : à demain !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG DIMANCHE 17 OCTOBRE 2010, A 14:09 NOTRE PÈRE L'enfant
Notre Père qui es aux cieux
Dans les nuages, je vois parfois des lapins,
Mais Toi, je ne t'ai jamais vu ; j'aimerais bien !
Donne-nous aujourd'hui notre pain
Mais donne-moi d'abord quelques bonbons,
Des rouges, surtout !
Je ferai peur à ma mamie,
Je lui dirai que j'ai mal au cœur !
Comme nous pardonnons aussi,
A ceux qui nous ont offensés.
Je veux bien pardonner à Maxence,
Mais je lui dirai pas !
Et je lui ferai un croche-patte à la récré,
Juste pour rigoler !
Mais délivre-nous du mal
ça me fait mal,
Que je tombe tout le temps de vélo !
Fais-moi grandir un peu plus vite,
Que je fasse des dérapages un peu bien,
Comme mon grand frère !
Amen !
L'ado
Que ton règne vienne
Le règne de Dieu, ce serait chouette !
Tout le monde il est gentil,
Même pas en rêve,
ça serait méga barbant !
Que ta volonté soit faite
Un coup de gueule ou un coup de poing,
ça règle pas grand'chose,
ça détend quand même,
Et on sait qui respecter !
Amen !
Le philosophe
Mais délivre-nous du mal
Le mal, le bien, qu'est-ce ?
Eros, Méphisto, le Veau d'Or ?
Une époque ? Un lieu ? Une culture ?
« L'homme n'est ni ange ni bête… »
Qui décide ? Qui choisit ?
Détermination ? Hasard ?
Amen !
La rebelle
Que ta volonté soit faite sur la terre
Moi, on ne me commande pas !
Fais-ci, fais-ça !
Le premier patron qui me parle sur ce ton,
Je le jette !
Et si c'est comme avec le paternel dans le temps,
Autant lui dire tout de suite,
À votre petit Jésus :
Moi, je suis libre,
Je fais exactement ce qui me plaît,
Et la volonté de Dieu, hein,
Qui la connaît ?
C'est peut-être que je sois libre !
T'as quelque chose à dire à ça ?
Amen !
La mère
Donne-nous notre pain de ce jour
Donne-moi du bois sec
De la farine de manioc et de l'eau
Pour cuire mes galettes.
Donne-moi un fruit mûr
Pour en verser le jus
Dans le gosier desséché de mon enfant.
Donne au potager de mon petit enclos
Un peu de pluie,
Et quelques bouses sèches,
Afin qu'à la nouvelle lune
Mon petit n'ait plus ce ventre tendu !
Amen !
Le vieux
Notre père qui es aux cieux
Accepteras-tu que je t'y rejoigne ?
Je suis si fatigué, usé jusqu'au désespoir…
La vie est trop longue quand elle n'a plus de sel…
Que ton nom soit sanctifié
C'est vrai, je jurais un peu autrefois,
J'avais le sang chaud, je m'énervais pour rien !
Mais ça, je n'ai jamais blasphémé, tu peux me croire !
Ou bien, j'ai oublié…
Que ta volonté soit faite
Si ta volonté, c'est de me faire clamser
Après la Marie,
Faut que tu réfléchisses un peu :
Tu me vois avec une étrangère qui me dirait :
« Allons, Pépé, faut te changer ! »
En m'ôtant le cigare des lèvres ?
Pardonne-nous nos offenses
Bon, j'offense plus grand'monde depuis cinq ans !
Tout'façon, je vois quasiment personne,
Même les enfants, y me laissent seul,
Et quand ils viennent, ils causent à leur mère.
Moi, je compte pour du beurre,
Tout ça depuis ma trachéo !
On m'emmène pas plus faire les commissions,
Ça serait pourtant une bonne sortie !
Et ne nous soumets pas à la tentation
Pas de danger, mais j'aimerais bien !
La dernière tentation,
C'est le tabac, le sel, le sucre,
Et un peu de gnole, aussi !
On me cache même les bouteilles entamées !
Chienne de vie, c'est pas une vie !
Tous pareils, des chiens pour un chien !
Mon Dieu, donne-moi un peu de tentation
Une dernière fois,
Que je me sente encore vivant !
Amen !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG SAMEDI 16 OCTOBRE 2010, A 17:47 AUBE EN BOURGOGNE Jamais le ciel ne fut
Si pâle.
J'entends les hulottes blotties
Qui gémissent sous les broussailles.
Jamais le ciel ne fut
Si rose.
L étang éveillé
Palpite sous des reflets mauves.
Jamais la pierre des maisons ne fut
Si blanche.
La poussière de l'aube fait grincer
La lanterne éteinte sous le portail.
Jamais l'horizon ne fut
Aussi joyeux.
Les vignes vendangées dorment
Dans une brume rousse.
Jamais la terre ne fut
Aussi enivrante.
Mon sommeil a glissé sur la nuit.
Sur la forêt pèse une brume lourde :
Et ce matin d'octobre,
J'ai trouvé par ma fenêtre ouverte
Le coassement moqueur d'un rayon de soleil,
Au rire trompeur
Pour me faire croire
Au retour de l'été.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 05 OCTOBRE 2010, A 11:21 QUEL MOIS POUR UNE NOUVELLE ANNÉE? L'année commence en septembre
Avec la trousse des écoliers,
Les listes au judo, au caté,
Les billes, les cartes à échanger.
L'année commence en octobre
Avec les vignes vendangées,
L'espoir d'un jus coloré et fruité
Qui réjouira les fins gosiers.
L'année commence en décembre
Avec l'avalanche de cadeaux,
Le sapin dressé dans un seau
Et les maisons illuminées.
L'année commence en janvier :
On prend de bonnes résolutions,
On en fera des collections
Qui resteront sur le papier.
L'année commence en février :
Enfin les skis et les descentes !
Il faut chercher les meilleures pentes
Et s'épuiser sans se casser !
L'année commence au mois de mars
Quand les crocus montrent leur nez.
On voit s'ouvrir les camélias,
Il faut tailler les hortensias.
L'année commence au mois d'avril :
Ne te découvre pas d'un fil.
Tombe la pluie encore glacée,
L'hiver bientôt sera passé.
En mai naissent les petites filles
Dans les jardins remplis de roses.
Les fleurs blanchissent les coteaux,
Le vent frémit sur le hameau.
En juin bûchent les étudiants
Qui se condamnent au dernier bagne :
Les révisions sont très austères,
Les résultats sont un mystère !
L'année s'élance vers juillet
Quand on a pris le sac à dos :
On enjambe toutes les clôtures,
Pour de fabuleuses aventures…
En août, on marche les pieds nus
A la rencontre d'inconnus.
Les parasols peuplent la plage,
Dans le lointain gronde l'orage.
Le premier jour est un sentier
Eclairé par trente bougies :
Une à une, elles guident nos vies
Et nous font traverser l'année…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG
LUNDI 04 OCTOBRE 2010, A 11:32 AOÛT IMPLACABLE Le mois d'août est un tissu léger
Qui danse autour de mes jambes
Et des teintes rosées sur mon cou dénudé.
Comme des paupières fermées sur des yeux fatigués,
Les magasins ont tiré les rideaux,
Et dans les rues désertes roulent quelques vélos.
On a bouclé toutes les persiennes :
Plus de voisins et plus de pain :
Même les oiseaux désertent mon jardin.
La pelouse désespérée a jauni,
Le ruisseau est tari au creux du vallon.
Dans le pré communal ont fleuri les chardons.
Le soleil grille muscles et pensées
Et mon corps indolent cherche la méridienne
Pour rêvasser à l'ombre des pommiers.
Le sommeil filtre derrière mes yeux
Des images embrumées de plage ou de montagne :
Août sans vacances me déracine et m'écrase…
Pour partir, il faut attendre encore un peu
Dans l'ennui et l'abrutissement
De journées saturées de siestes et de mouches piqueuses.
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MARDI 28 SEPTEMBRE 2010, A 12:10 JUILLET Si l'on me demandait,
Si l'on me demandait,
Je dirais que c'était loin d'ici,
Si l'on me demandait…
Que c'était en juillet,
Si l'on me demandait,
Qu'il faisait assez sombre
Et qu'il faisait frisquet…
Que l'air était léger,
Que nous avions marché.
C'était un bel été,
Si l'on me demandait…
Et nous avions parlé,
Et nous avions chanté,
Sur des sentiers pentus,
Si l'on me demandait…
Sur une herbe séchée
Nous avions bien parlé,
Et la nuit s'étira sans que passent les heures,
Si l'on me demandait…
Que des étoiles folles
Dans le ciel éclataient,
Qu'une cloche au village,
Dans un lointain sonnait…
Et qu'il m'a dit trois mots
Ecoutés en tremblant,
Trois mots pour une éternité,
Si l'on me demandait…
Mais j'ai demandé trop,
Si l'on me demandait,
Car je croyais alors
A la force des mots…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG MARDI 28 SEPTEMBRE 2010, A 11:26 JUIN Et voici ma préférée,
Ma fluette, ma fragile,
Celle qui ne tient pas dans un vase d'eau fraîche,
Celle qui ne tient pas dans mes cheveux,
Celle qui rampe, et court,
Et envahit prés et chemins.
Comme je t'aime, mon joyeux bouton d'or,
Malicieux trolle des prairies,
Né des étoiles en fleurs
Ou de la lune tombée sur mon jardin.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 09:22 LE MOIS DE MAI Et l'angélus au loin se répand au jardin,
Notes fêlées et cassées par le vent ;
Splendeur du temps qui coule
Et qui s'égoutte et que j'écoute
Au cœur de mon jardin.
En mai, épanouie de joie verte
Et de bonheur en fleur, je vis
Sous le soleil léger,
Sous le vent,
Sous la pluie,
Je regarde et j'admire
Les pétales fragiles qui s'ouvrent
En rêvant de lumière.
O douces, les mousses vertes
Sur les pierres disjointes,
Et glissants les pavés miroitant sous la pluie.
La glycine me donne, mauve et violine,
L'aquarelle pastelle et parfaite à mes yeux ;
Et la giroflée d'or, et de fête, et de feu
D'odeurs lourdes et captives
Appelle les bourdons consciencieux.
O, mon pommier fleuri de promesses rosées,
Léger de fleurs, pesant bientôt de fruits,
Tu es l'arbre biblique.
Je prie en regardant, seule, de mes yeux souriant,
Un jardin de printemps éclairé de sépales
Et de duvet mousseux, et d'ailes pépiantes,
O, mon petit jardin ouvert sous le ciel clair,
De rosée le matin, source perlée de vie.
Je t'admire en silence, mes yeux d'enfant ouverts,
Les mains fermées pour mieux prier la terre
Et rendre grâce de ce bonheur donné.
En mai, je suis silence,
Je suis espoir, liberté, envol, lumière ;
Chante avec moi la vie dans mon jardin fleuri,
Chante l'amour,
O, mon Dieu créateur
D'herbe et de pâquerette !
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:48 AVRIL « Soldanelle, petit soldat aux jambes grêles,
Que gardes-tu sous ton casque violet ?
- Je surveille les névés de l'Oisans
Qui pleurent sous les soleils d'avril.
- Bientôt gagneront la mer
Où voguent les bateaux blancs. »
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:31 MARS: LE SAULE Et voici l'espérance :c'est un bâton aride,
Une branche bien raide sur l'arbre racorni :
Pas de sève, pas de sang.
Mais sur le rameau brun, un duvet de poussin
Qui crève une coquille verte :
C'est le chaton de saule dont le bourron explose,
C'est l'espérance verte annonçant le printemps,
C'est joie de ma rivière
Qui s'en va fredonnant.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:03 FÉVRIER : CENDRES La mort triomphe
Et l'Esprit a soufflé ;
Passe, passera…
Sous la terre lassée
Ton corps flétri disparaîtra ;
Passe, passera…
C'est l'âme qui s'envole
Quand le corps a sombré ;
Passe, passera…
Cendres, tu es poussière,
Cendres, tu es lumière,
Cendres, tu es diamant…
Passe, passera ta vie,
Ici-bas, passe, passera,
La dernière ou la première,
Passe, passera,
Et ton âme,
Et ton âme restera…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2010, A 15:20 JANVIER La route toujours me semble longue
Pour attendre demain
Et surtout l'an prochain…
Blanche est ma route,
Long le chemin.
La vie s'allonge toujours trop loin
Pour voir grandir l'enfant
Ou d'ennui, périr chaque matin.
Longue est la route,
Blanc le chemin.
Mon cri s'échappe avec la nuit
Dans mes rêves sans trêve
Et mes éveils chagrins.
Les heures s'égrènent à petits pas :
Vide ma vie, vide ma main…
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2010, A 15:04 DÉCEMBRE Ils ont fait un bon gueuleton,
Et moi, et moi, et moi ?
Soir de Noël pour la bâfrée,
Sans moi, sans moi, sans moi.
Pour s'empiffrer ont préparé salmigondis ,
Dindes farcies et bûches grasses,
Pour la bamboche vins de pays ,
Et moi, et moi, et moi ?
Minuit venu, un vieux bonhomme,
Robe rouge et barbe blanche,
A présenté cent-vingt cadeaux enrubannés :
Mais rien pour moi, mais rien pour moi.
« Les anges dans nos campagnes »
Pas plus ne furent conviés,
Leurs ailes douces ne purent se déployer :
On festoya sans célébrer.
Misérable, je suis resté derrière les portes nues,
Ils s'amusaient, ils s'embrassaient sans m'inviter :
Personne n'a ouvert en criant à voix forte :
« Mais, entrez donc, petit Jésus ! »
Et toi, et toi, et toi ?
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG JEUDI 09 SEPTEMBRE 2010, A 10:37 NOVEMBRE: LA TOUSSAINT Et chacun aujourd'hui de penser au passé :
Nos morts, nos pauvres morts ont aussi leur journée.
On fête le cimetière en jaune et violacé,
Les chrysanthèmes pleurent et la grille a grincé.
Pour qui ces tombes blanches et ces croix astiquées ?
Le marbre est doux quand la douleur est forte
Et triste l'est plus encore la tombe abandonnée
Et la croix qui se penche avant de s'enterrer.
Les dates bien gravées s'enfilent en chapelets
Psalmodiés par des hommes debout
Pour des hommes couchés :
Dure est la pierre et dure la souvenance.
Mon corps vient au secours de mon chagrin
Sur le tombeau impitoyable où je polis le grès,
Emue de me savoir mortelle et d'être apprivoisée
Par les monstres rieurs qui gisent sous mes pieds.
0 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG LUNDI 06 SEPTEMBRE 2010, A 20:12 OCTOBRE L'automne une fois encore
Me précipite vers l'infinie tristesse
Des jours abandonnés.
Je guette, affligée,
La dernière feuille jaune
Où souffle un peu de vie,
Accrochée comme un pendu de cire
Sur mon poirier replié pour l'hiver.
1 COMMENTAIRE(S) - LIEN PERMANENT - FAIRE CONNAITRE CE BLOG
LUNDI 06 SEPTEMBRE 2010, A 20:04 SEPTEMBRE Garde-toi d'être triste :
L'automne ne fait que commencer.
Que feras-tu au cœur de l'hiver
Quand tes arbres te feront peur ?
Je me brûlerai dans la ville,
Sur les néons, sur les vitrines ;
J'embrasserai le béton
Mais la forêt guettera mon retour.
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