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    JEUDI 27 JANVIER 2011, A 14:30
    AU CAPITAINE DES PÈLERINS
     

     

     

    Tu les as tant aimées,

    Ces voiles blanches qui claquaient au vent,

    Tu les as tant caressées,

    Ces vagues lentes ou violentes

    Qui t'emportaient au large

    Pour de belles navigues !

     

    Sur le minuscule voilier prêté

    Et soigneusement repeint,

    Quand mon visage devenait blême,

    Et avant toute plainte,

    Tu me donnais la barre

    Et m'indiquais le cap :

    Tu m'accordais le droit de me prendre

    Pour une grande navigatrice,

    Et tu ferlais la voile

    En me surveillant sans me guetter.

     

    Tu riais devant mon ignorance,

    Mais toujours avec une joyeuse indulgence !

    Patiemment, tu m'expliquais

    Le savant tracé d'une voie invisible à mes yeux aveugles.

    Comme on présente ses amis,

    Tu me nommais tous les petits bateaux rencontrés,

    Avec des dates, parfois, et de grands  coups de chapeau !

    Tu m'enseignais la politesse des flots :

    La priorité des petits sur les gros,

    Des voiles sur les moteurs,

    Les couleurs et les pavillons,

    Les balises et les fanions.

     

    Les veillées étaient longues dans le carré :

    Tu me parlais de ton enfance,

    Bien souvent de ton père,

    Et dans tes yeux amusés renaissait le petit garçon.

    Je t'imaginais au milieu des moutons,

    Ou les cheveux au vent sur une yole d'enfant.

    Je confrontais ton enfance à mon enfance en banlieue ouvrière,

    Et les fumées des usines plâtrières

    Attristaient un peu mes souvenirs.

     

    Mon cœur pleurait ta peine

    Quand sur une île bien désolée

    Tu me disais ton désir de louer

    La maison isolée qui t'appelait,

    Ayant en toi une lutte funeste

    Entre le désir de lécher tes plaies

    Seul, comme un loup abandonné de sa meute,

    Et le désir d'organiser autour de toi

    De belles rencontres.

     

    J'ai été bien souvent malade

    Sur ces petites nefs courageuses et téméraires

    Qui franchissaient la passe du Golfe du Morbihan,

    Et pour moi, c'était franchir le Cap Horn :

    J'ai même cru sans te le dire

    Que cette navigue serait la dernière…

    J'ai même pensé aux profondeurs sombres et mouvantes

    Qui m'avaleraient d'une seule bouchée

    Si le bateau un peu plus encore se penchait.

     

    J'ai pris, dans ces navigations de terrienne

    La mesure de mes envies de vivre ou de mourir,

    Et l'acceptation amusée de la fatalité.

     

    Mon corps trop souvent s'est crispé de ta douleur

    Quand une vague parfois t'envoyer valdinguer !

    J'ai tant admiré ce courage

    De ne pas vouloir t'enrober de ouate,

    Et de partir, quel qu'en soit le prix de ta souffrance,

    D'organiser et de partir pour ce long pèlerinage

    De joie, de peines, d'échanges et d'amitié,

    Pour ces marches, pour ces prières à la pieuse sainte Anne

    Qui va t'ouvrir ses bras tout grand

    Pour t'accueillir avec bonté,

    Toi qui nous as menés vers elle

    En donnant ton énergie, ton temps, ta gentillesse,

    Pour que reviennent chaque année vers toi

    Les pèlerins marins de Pénestin.

     

    Xavier , sois heureux sur ton nouveau bateau

    Qui te mènera vers tous les horizons, vers toutes les mers,

    Vers une éternité  où Dieu tiendra ta barre :

    Je guetterai ton visage apaisé

    Dans les nuages qui voguent sur la Bretagne,

    Et je te remercie de ta précieuse amitié.

     

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    MERCREDI 29 DÉCEMBRE 2010, A 20:02
    GUEULETON DU PREMIER JANVIER
     

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    L'agneau sera immolé,

    Mais le gigot bien parfumé

    Réunira les convives enjoués!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    La vache dans le pré meuglera de chagrin:

    Le veau sera mangé avec grande joie,

    On se pourlèchera les doigts jusqu'au matin!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    Quand le homard encore vivant

    Crèvera , ébouillanté, sans un cri,

    On boira le frais vin blanc avec belle frénésie!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    La biche jamais plus ne s'enfuira dans les bois:

    Dans le four, elle tremblera, mijotée,

    Pour régaler nos papilles égayées!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    L'escargot jamais plus ne sortira de sa coquille

    Pour croquer mes salades craquantes:

    Recroquevillé en ses vrilles, il est mort d'épouvante!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    L'oie gavée délicatement sera opérée:

    On soignera son foie malade

    Avec des soins de chirurgien et de bonnes rasades!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    Petit requin deviendrait grand,

    Mais le pécheur est bien trop prompt:

    Il lui coupera ses ailerons!

     

    Demain, demain, qu'y puis-je?

    Voler, brûler, tuer, bafrer le premier janvier!

    On n'échappe pas à son destin,

    On sera tous des assassins!

     

    Miam, miam!

     

     

     

     

    MERCREDI 29 DÉCEMBRE 2010, A 19:33
    BONNE ANNÉE POUR NOS VIEUX BIEN-AIMÉS
     

     

     

     

     

    J'ai quelque chose à vous dire,

    Vous dire: »Bonne Année  »,

    Et « Bonne Santé » à ceux qui n'ont plus de rire,

    Juste des yeux pour pleurer,

    Et des ordonnances en longues litanies

    Pour des piluliers dorés.

     

    Encore une année à vous ajouter,

    Grands aïeux dans vos fauteuils d'osier,

    Vous qui éructez, la lèvre pendante,

    Vous qui perdez vos dentiers mal collés,

    Vous qui gardez si bien votre enfance,

    Mais vous qui vous oubliez...

     

    J'ai quelque chose à vous dire,

    Vous dire avec des baisers,

    Vous dire avec des caresses,

    Des mots pleins de tendresse,

    Vous dire combien vous nous manqueriez

    Si vous partiez cette nouvelle année...

     

     

    MARDI 28 DÉCEMBRE 2010, A 19:22
    MES CENT POÈMES
     

     

    Mes poèmes sont beaux ou laids,

    Ils éveillent la conscience

    Ou provoquent l'ennui...

     

    Ils chantent comme l'eau qui sourd

    Des entrailles de la terre,

    Ou gémissent comme le grabataire en son lit...

     

    Comme la graine a séché ou germé,

    Mes poèmes font mûrir les pensées

    Ou creusent des abîmes d'absurdité.

     

    Comme le soleil gonfle les épis

    Comme le vent couche les récoltes,

    Mes poèmes ouvrent les émotions, ou ferment les regrets.

     

    Mes poèmes caressent ou grattent

    L'échine, le poil ou la plume fragile,

    Font résonner l'airain

    Ou s'étaler le silence

    Des grandes plaines blanches.

     

    Comme un alcool brûle langue et palais,

    Mes poèmes brûlent peines et chagrins,

    Ou font s'endormir dans une pâle indifférence

    Les gens bien que nulle conscience ne tourmente.

     

    Comme une lèpre sale ronge les peaux desséchées,

    Comme un baume adoucit des lèvres gercées,

    Mes poèmes rendent la vie plus dure ou plus jolie,

    Mais je ne suis que celle qui les écrit:

     

    Les poèmes ont leur vie, leur trajet, leur histoire,

    Ils se taisent parfois, et parfois nous enivrent,

    Mais celui qui les lit est celui qui les crée,

    Et celui qui écrit se retire sans bruit...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 26 DÉCEMBRE 2010, A 19:38
    IL A NEIGÉ SUR PARIS
     

     

     

     

    Il a neigé sur Paris.

    Il y a pourtant quelques vélos épars

    Glissant sur les pavés boueux

    Dans le brouillard du soir…

     

    Il a neigé sur Paris :

    Des pans de manteaux noirs

    Flottent sur les trottoirs…

     

    Il a neigé sur Paris,

    Mais pourtant l'on peut voir, attristés,

    De pauvres loques grises

    Dormant sur des cartons mouillés…

     

    Il a neigé sur Paris,

    Mais on observe dès le petit matin

    De très jeunes filles chaussées de légers escarpins,

    Les pieds rougis sous la morsure du froid,

    Extasiées devant les sublimes vitrines

    Qu'elles reverront encore demain !

     

    Il a neigé sur Paris,

    Mais pourtant sur les quais

    Se promènent avec joie sous le gel et la bise

    De longues jambes grises dans des shorts d'été.

     

    Il a neigé sur Paris,

    Mais des marchands d'oranges, de fraises et de kiwis

    Rangent sur les trottoirs leurs caisses colorées ;

    D'une voix basse et profonde,

    Ils chantent de sombres mélopées,

    Frappent leurs mains gercées protégées de mitaines,

    Attendant, souriant, la manne des passants attardés.

     

    Il a neigé sur Paris :

    Des bus à impériales

    Sont bondés de touristes  transis mais ravis.

    Il a neigé sur Paris :

    Devant le Grand Palais, le Louvre et l'Opéra Garnier

    S'étire un long serpent humain

    Bavard, polyglotte, patient et serein,

    Cependant que des toits tombe une poudre blanche.

     

    Il a neigé sur Paris :

    On voit pourtant au seuil des portes-cochères

    Quelques fumeurs givrés battant de la semelle

    Au pied des tours de verre si bien chauffées !

     

    Il a neigé sur Paris.

    Les gamins imprudents

    Font de la rue Lepic un long toboggan blanc.

     

    Il a neigé sur Paris.

    La neige a posé sur la Tour de l'Horloge

    Une lourde couronne crémeuse,

    Et sur le Panthéon humilié un énorme gâteau autrichien.

     

    Il a neigé sur Paris.

    Sous la Grande Arche de la Défense

    Galope le grand blizzard sibérien !

     

    Il a neigé sur Paris :

    Le Parc Monceau est silencieux,

    La Butte aux Cailles est désertée,

    Les cafés noirs font des heureux,

    Les chocolats font des envieux.

     

    Il a neigé sur Paris :

    Dans le Jardin du Luxembourg

    Les bouleaux et les aulnes

    Courbent leurs frêles épaules ;

    La neige anéantit les souples rameaux des saules,

    Mais transforme le tronc des arbres

    En épaisses colonnes de marbre.

     

    Il a neigé sur Paris,

    Mais sur les Grands Boulevards,

    On se bouscule, on s'embouteille,

    Horde de piétons, tribus d'acheteurs,

    De farfouilleurs, de fouineurs,

    On se comprime, on se tasse,

    Presse des spectateurs, des baroudeurs,

    Cohue des auditeurs, des arsouilles, des vauriens,

     Foule habituelle de la Grande Ville,

    Troupeaux de buffles à quatre roues,

    Piaffant, grondant, crachant le CO2 avec rage et puissance,

    Sirènes et klaxons, rires et grabuge,

    Paris se moque du froid, de la boue, de la glace,

    Paris continue sa fête et son cirque,

    Paris s'interdit le sommeil et la douceur.

     

    Il a neigé sur Paris :

    Il y a toujours autant de lumières, d'odeurs, de rumeurs,

    Mais souffle cependant  un vent d'espace, de campagne,

    Un vent frivole de liberté.

    Il a neigé sur Paris :

    Dans les rues déguisées ce soir de décembre,

    J'aimerais pouvoir danser !

     

     

     

     

     

     

     

     

    MERCREDI 08 DÉCEMBRE 2010, A 19:00
    LE CYGNE
     

     

    Et le voici, ce cygne blanc :

    Un matin l'a vu paraître,

    Il tolérait sa faim et j'avais du vieux pain.

     

    Il aimait les ruisseaux, les criques et les rivières,

    Les lagunes mouvantes et les étangs voilés de brume.

    Il aimait les roseaux et le chant des roseaux.

     

    Il aimait les rainettes et le saut des rainettes,

    Il aimait les anguilles luisantes et les crabes accroupis.

    Il aimait les chevesnes moulés de bronze et d'étain.

     

    Caressé par les brèmes indolentes,

    Il rêvait de l'envol des courlis et des bergeronnettes,

    Il rêvait des ibis et des spatules blanches.

     

    Il dansait parmi les nénuphars, 

    Valsait dans les algues brunes, 

    Glissait à travers les roseaux.

     

    Il habitait le ruisseau au printemps,

    Mais choisissait le fleuve en plein cœur de l'hiver.

    Il aimait les eaux douces ou les débâcles vives.

     

    Il aimait la sagesse des vieilles arches de pierre,

    Il aimait les blessures des berges inondées,

    Il aimait les cailloux polis et ronronnant.

     

    Il aimait les armées de peupliers frémissant sous le vent,

    Et les vallées ouvertes sur de petits villages,

    Les saules torturés au tronc noueux et blancs.

     

    Le voici, ce cygne palpitant, écroulé dans la neige,

    Et la gorge rougie d'une atroce morsure :

    Adieu, l'eau portera ses rêves jusqu'à l'océan !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    MERCREDI 08 DÉCEMBRE 2010, A 17:36
    AU-REVOIR
     

     

     

    Avant de nous dire au-revoir,

    Mon petit enfant au corps  si grand,

    Avant de nous dire au-revoir,

    Mon petit devenu géant,

    Avant de nous dire au-revoir,

    Avec des larmes et de la joie,

    Toi qui te courbes pour m'embrasser,

    Moi qui me mets sur la pointe des pieds,

    Va-t-en, va-t-en, mon grand,

    Va-t-en fouiner dans le grenier…

     

     

    MERCREDI 08 DÉCEMBRE 2010, A 17:26
    LE COEUR INHABITÉ
     

     

     

    Silence,

    Tout est silence.

    Et ma bouche, et mes yeux,

    Mes oreilles et mes lèvres :

    Tout est silence.

     

    Très seul,

    Mon cœur inhabité

    Parle, parle,

    Parle

    Tout seul…

     

     

    JEUDI 02 DÉCEMBRE 2010, A 21:09
    L'ATTENTE
     

     

     

    Il n'y a rien d'autre en moi que mon attente :

    Le plus dur, c'est de faire avancer le soir.

     

    Les petits matins ont de longues pattes :

    Ils courent comme des lièvres apeurés.

     

    Comme des renards affamés,

    Les petits matins longent les murs sombres,

     

    Ils cherchent dans le grillage la faille où pénétrer

    Pour assouvir leur grande faim.

     

    Les petits matins sont remplis de projets,

    Les petits matins vont au grand galop.

     

    Ainsi, dès potron-minet, je suis debout,

    La tête explosant d'idées qui me tordent le cou.

     

    Je me transforme en fourmi travailleuse,

    Je me déguise en abeille laborieuse.

     

    Ainsi passent les heures, riches et fructueuses,

    Les heures traversées par le TGV de mon infatigable énergie.

     

    Mais la nuit finit toujours par venir,

    Tôt ou tard, le soir m'attrape de ses tentacules noires.

     

    Alors, j'arrête mes courses vagabondes

    Et je regarde les lendemains profonds.

     

    J'efface tout ce qui porte le nom d'aujourd'hui :

    Je suis une attente vers l'avenir.

     

    Le plus dur, c'est de passer la nuit

    Car il y aura encore d'autres lendemains.

     

    Non pas quelques jours, non pas quelques années,

    Mais des siècles et des siècles, une éternité.

     

    Le plus dur, c'est le soir, et la nuit immobile,

    Et le chagrin qui vous dévore, et les  monstrueux soucis.

     

    Il suffirait pourtant que je m'étende,

    Il suffirait que je m'endorme pour trouver la paix.

     

    Alors, demain serait là, avec ses émotions,

    Avec son sac à malices d'agitation.

     

    Mais voilà, je reste en attente, luttant contre le sommeil,

    Luttant contre mon corps  réclamant le repos.

     

    Je prolonge le soir, je n'éteins pas, pas encore !

    Il n'y a rien d'autre en moi que cette attente du lendemain.

     

    Je veille sur le soir pour éviter la nuit,

    Elle passera pourtant plus lentement.

     

    Et cependant, je suis une flamme qui vit,

    Une flamme qui brille dans le noir de ma vie.

     

    Le plus dur, c'est de faire avancer les autres soirs :

    J'ai consumé celui-là…

     

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    JEUDI 25 NOVEMBRE 2010, A 13:02
    PREMIERS FRIMAS
     

     

     

    Hier, pourtant, c'était l'été !

    Aujourd'hui, ce matin, cette nuit même,

    Un vent coléreux s'est échappé

    Des steppes stériles, des montagnes sévères.

    Il vient d'on ne sait où , là-bas, au bout du monde,

    De la Bretagne grise où finit le beau temps.

     

    Mon beau jardin se tord et geint

    Et les feuilles roidissent, noircissent et tombent,

    Et les sépales pâles de mes derniers rosiers

    Se rouillent de douleur sous la pique du froid.

    Mes dahlias attristés agonisent et se cassent

    Et se crispent de peur les boutons d'hortensias.

     

    Est-ce déjà l'hiver qui vient à petits pas,

    Et les fêtes gourmandes qu'on attendra en vain ?

    J'ai peur de l'heure qui vient et des heures d'hiver

    Qui m'emprisonnent, me désolent et tiédissent mon pas.

    Qu'il est loin le soleil, et la brise légère sur mon visage ouvert,

    Qu'il est loin mon bonheur au cœur de mon jardin !

     

     

     

    MERCREDI 24 NOVEMBRE 2010, A 20:22
    INVITATION
     

     

     

    Viens chez moi pour un café,

    Viens chez moi te reposer :

    Chaque soir, la soupe est prête,

    On crie tous à qui mieux mieux,

    Viens chez moi pour faire la fête,

    Viens chez moi pour rire un peu.

     

    Je sers le vin au pichet,

    Mais on le boira longtemps.

    Ma cuisine est enfumée,

    Et la nappe est en papier,

    Il n'y a pas d'ortolans

    Mais on chantera gaiement.

     

    On est sur des tabourets,

    Parfois même on est debout,

    Viens chez moi, la table est prête

    Viens chez moi car c'est chez nous.

    Viens chez moi pour bavarder,

    Viens chez moi pour l'amitié.

     

     

    MERCREDI 17 NOVEMBRE 2010, A 20:19
    NÉANT
     

     

    La terre est plate

    Et bordée de néant :

    J'ai peur de mes lacunes et de ma viduité

    Et de la brume sur mes pensées.

     

    La terre bascule et je crains de sombrer :

    Il faut à mes pieds trop légers

    Chausses de plomb

    Et non sandales de papier.

     

    Et tourne la terre

    En une danse folle :

    Valse de l'Ange en démence,

    Vertige étrange dans l'ombre immense.

     

    Je tourne sur moi-même,

    Petit derviche articulé,

    Tiré par des ficelles

    Que je ne peux couper.

     

     

    LUNDI 15 NOVEMBRE 2010, A 09:13
    DESPERATE OUTWIFE
     

     

     

    Assise au bord de l'eau

    Je pleure ma vie

    Où les trésors se pétrifient.

    Boue et miasmes,

    C'est le regard d'autrui.

     

    En moi coule, transparente et vive

    Une eau domptée par les fouets du devoir,

    Et la source cachée sourd au fond de mes os.

     

    Cent fois, j'avale l'eau croupie du quotidien,

    Et bête sous le joug,

    Et machine imbécile,

    M'enfonce jusqu'au cœur dans le gris du travail.

     

    M'attend le papier blanc,

    M'attend la toile blanche.

     

    Autour de moi dansent les papillons de ville

    Qui font la fête, rient, battent des ailes :

    Mon pas pesant se traîne

    Désespérément sur une vie stupide.

    Je hais  chefs et chefaillons,

    Mandarins et tyranneaux,

     Voisins, amis, familles

    Qui me bouffent et me méprisent,

    Attendent des miracles de mon sac à poussière,

    Ferment à toute volée mon échappée timide,

    Mes tentatives vaines et légères

    Pour retrouver quelques instants volés 

     

    Ma pauvre toile blanche,

    Mon pauvre papier blanc.

     

    L'horreur est dans le quotidien,

    Les chaussettes à laver et le poulet au four.

    Mes poumons respirent avec le fumet du lapin,

    Mon cœur bat au rythme du lave-linge,

    Mon sang coule avec la serpillière,

    Et mon balai énervé

    Balaie aussi tout génie

    Qui crépite avec les frites

    Et pue de fatigue abrutie.

     

    Le miroir au matin n'a pas de pitié :

    J'y vois la gorgone en furie,

    Echevelée et folle,

    Les yeux exorbités de rêves interrompus.

    Et quand je souris à mon image hâve

    Apparaît, facétieux, le sourire d'E.T.

     

    Je suis prisonnière des tâches domestiques,

    Des leçons récitées et de l'aspirateur,

    Des dossiers à remettre et du patron boudeur.

    Le bagne quotidien me transforme en sorcière

    Et me fait patauger dans l'horreur absolue.

     

    Mon petit papier blanc,

    Ma toile immaculée !

     

    Il ne s'agit pour l'heure

    Ni de vent frais, ni de rosiers en fleurs,

    Ni de lecture, ni d'écriture, ni de peinture :

    Le poème écrasé suinte comme la vie elle-même,

    Laide et puante.

     

     

     

     

     

     

     

    JEUDI 11 NOVEMBRE 2010, A 11:10
    L'AMOUR NIGAUD
     

     

    J'aime ton amour…

    C'est un peu bêta, dit Nicolas.

    Mais pourquoi l'érable

    N'aimerait-il pas

    La sève qui le nourrit ?

     

    J'aime ton amour…

    C'est un peu facile, a dit Basile,

    Mais pourquoi la fleur

    N'aimerait-elle pas

    Le soleil qui l'épanouit ?

     

    J'aime ton amour…

    C'est un peu nigaud, dirait Renaud.

    Mais pourquoi l'oiseau

    N'aimerait-il pas

    Le ciel où s'envoler ?

     

    J'aime ton amour…

    C'est un peu simpliste, me dit Baptiste,

    Mais pourquoi le ver

    Tout fragile et tout nu

    N'aimerait-il pas sa terre ?

     

     

    MERCREDI 10 NOVEMBRE 2010, A 12:07
    CE SOIR
     

     

     

    Ce soir, j'ose t'aimer :

    En moi, un feu doré a remplacé la braise dormante,

    Et les tièdes rameaux de ma raison desséchée,

    Je les laisserai se consumer à ton amour.

     

    Ce soir, j'ose t'aimer,

    Ou bien plutôt me l'avouer.

    Et je crois qu'avec mon amour,

    Les malades aux lèvres pâles se dressent de leur lit,

    Je crois qu'avec mon amour,

    Les visages au regard triste

    Trouveront le sourire et la joie.

     

    A mon propre bonheur, je réchauffe les mal-vêtus,

    J'abreuve les assoiffés,

    Les affamés, je les nourris.

    A mon propre amour,

    Tout se lève avec résolution

    Et s'apprête à marcher et rire.

    Les aveugles dessinent,

    Les sourds écoutent la voix du rossignol.

    Ce soir, j'ose t'aimer.

     

    Ce soir,

    Je prends sur moi toutes les misères des peuples ;

    Je les regarde avec douceur et tendresse,

    A la flamme de mon amour éveillé,

    Je les transforme en étoiles vivantes,

    En espoir, en confiance, en amitié,

    Puisque je lance dans l'univers

    Un peu plus d'amour partagé.

     

    Ce soir, j'aime l'humanité.

     

     

     

     

     

     

    MARDI 09 NOVEMBRE 2010, A 13:33
    DES TOUT PETITS SOUS
     

     

     

     

    Pour deux sous de soleil de tes yeux dorés,

    Pour deux sous de soleil de tes yeux mordorés,

                        Donne-moi…

     

    Pour trois sous de rivière de ton rire si franc,

    Pour trois sous de cascade de ton rire d'enfant,

     

    Ajoute un sou du fleuve d'eau de ton sourire,

    Ajoute aussi  la chaleur de ton bras,

                        Et donne-moi…

     

    Un sou de ton pas ferme  de rocher et de terre ,

    Plus un euro de la surface plane où nage ton espoir,

     

    Et  encore une pièce  pour la flèche directe

    De ton regard si droit.

     

                         Pour tous ces sous,

                         Pour tous ces sous,

     

    Charge-toi

                       

                         De mon visage

                          Et de mon âme…

     

     

    MARDI 09 NOVEMBRE 2010, A 10:14
    LE VENT D'AUTOMNE
     

     

     

     

     

    Peu importe ce que pense le vent

    Qui s'échappe en criant des horizons poudrés,

    Peu importe sa rage, sa vague mugissante

    Et sa fureur annoncée,

    Si mes cheveux dansent,

    Et glissent sans s'emmêler,

    Si mon front goutte l'air purifié de froidure,

    Si mes épaules rejetées

    M'appellent à respirer,

    Peu importe ce que le vent rumine,

    Ce qu'il gronde entre ses lèvres rageuses,

    Peu importe qu'il ricane

    Et se moque de ma fragilité,

    Peu importe qu'il se vante de m'avoir fait pleurer !

    Mon corps s'emplit de rire

    Et mon esprit se lave

    Sous la violente rafale

    Qui peut me faire tomber

    Mais transforme mon jardin d'automne

    En  un camp du Drap d'or.

     

     

     

    LUNDI 08 NOVEMBRE 2010, A 11:04
    QUELQUES FEUILLES MORTES
     

     

     J'étais seule au monde,

    Orpheline et veuve de tout bonheur.

    Je rêvais de toi sans te connaître,

    Sans prononcer ton nom.

     

    Un après-midi d'août, accablée,

    Je t'ai rencontré sur un premier sentier…

    L'ombre des feuilles était noire,

    Noires étaient mes pensées.

     

    L'eau du lac doucement clapotait,

    Doucement nos voix s'écoutaient,

    Et l'on entendait bruire les feuilles

    Des peupliers affolés par le vent.

     

    Tu étais seul au monde,

    Seul et orphelin de tout bonheur,

    Ton visage était grave et soucieux,

    Tendu par une vie fermée.

     

    Je t'ai parlé quand tu m'as regardée,

    Et tu m'as écoutée quand je t'ai parlé.

    Chaque jour de cette fin d'été,

    Nous avons bu autant d'eau que d'espérance.

     

    J'ai gardé tes paroles graves ou frivoles,

    J'ai gardé l'eau qui jaillissait de tes lèvres,

    J'ai gardé tes épaules qui se relevaient,

    Tes jambes dépliées, ta marche vers moi.

     

    La nuit, j'ai rêvé de ton image

    Tendre au-dessus de mon visage.

    J'ai mis ton nom sur mes lèvres ouvertes,

    Je te parlais quand nous étions séparés.

     

    Je n'étais plus ni veuve, ni orpheline,

    J'ai pu écrire, boire et dormir,

    J'ai accepté mon avenir,

    Le regarder sans m'affoler…

     

    J'ai mis dans mes pas titubants

    Ton pas, ta marche verticale.

    Tu as posé dans ma main

    Ton cœur et ta main.

     

    J'ai mis dans mon regard

    Tes paupières fermées de tendresse,

    Tu m'as parlé d'amour et de fête,

    J'ai essuyé tes pleurs et j'ai reçu ta joie.

     

    Et ton oreille a retenu mes secrets

    Comme le coquillage retient le bruit des vagues.

    Tu m'as sauvée de l'oubli

    Et tu t'es mis à chanter…

     

     

     

    *

     

     

     

     

     

     

     

     

    VENDREDI 05 NOVEMBRE 2010, A 22:35
    LA PRINCESSE ET LE RENARD
     

     

     

    Si tu veux m'aimer,

    Jamais plus, plus jamais,

    Tu ne dormiras tranquille

    Si tu ne sais où je suis,

    Et plus jamais, jamais plus

    Je ne dormirai tranquille

    Si je te sais au loin,

    Sur la route,

    Si je te sais malade,

    Si je te sais chagriné…

     

    Jamais, jamais plus,

    Si tu veux bien m'aimer,

    Je ne pourrai me passer de ta parole,

    Ni de tes bras autour de ma taille,

    Ni de la bonté de ton regard,

    Et si je veux t'aimer,

    Jamais plus tu ne pourras oublier

    La caresse de ma main,

    Mon sourire à toi seul donné,

    Mon abandon dans tes bras…

     

    Et si tu veux de cet amour,

    Jamais plus, jamais plus je ne veux

    Attendre et attendre encore,

    Je veux que ta flamme m'éblouisse,

    Brûle mon propre désir,

    Et si je t'aime, et si tu m'aimes,

    Je te ferai oublier le ciel gris et la terre fangeuse,

    J'effacerai tes cicatrices 

    Je te ferai accepter le passé.

    Je ne te donnerai pas l'oubli,

    Et tu ne me donneras pas l'oubli,

    Mais la force de comprendre et de pardonner…

     

     

    Jamais, plus jamais,

    Tu ne pourras songer

    Paisiblement, quotidiennement,

    Sans que la pensée de notre amour

    Remue en toi des vagues et des vagues

    De tendresse et d'inquiétude,

    Sans que la pensée de ta vie,

    Sans que la pensée de ta survie,

    Soient liées à la pensée de ma vie,

    Soient liées à la pensée de ma survie…

     

    Et plus jamais je n'entendrai

    Le son ordinaire de ta voix,

    Car cette voix sortira de l'ordinaire

    Pour devenir un signe, un appel, un secret,

    Et le son de ma voix

    Pour toi sera signe, appel, confidence.

    Et les silences entre nous seront paroles,

    Et les silences s'enrichiront au lieu de se détruire,

    Et les silences deviendront complicité et paix…

     

    Et si tu veux m'aimer,

    Jamais plus, jamais plus,

    Mon grand lit ne me paraîtra confortable et douillet,

    Et jamais plus,

    Si je sais bien t'aimer,

    Ton lit ne te paraîtra refuge douillet. 

    Ton bras me manquera,

    Mon bras te manquera,

    Et toute la place vide sera ruelle glacée,

    Et la nuit sera froide, longue et cruelle…

     

    Eh bien, nous le savons,

    Le renard pleurera

    Quand le Petit Prince disparaîtra.

    Et si tu veux m'aimer,

    Des jours et des jours de lumière,

    Et si tu veux m'aimer,

    Des nuits et des années lumières,

    Un jour, nous pleurerons,

     

    Toi, ou moi,

    Parce que les blés dorés

    Seront couchés par le vent,

    Parce que les roses offertes

    Un jour seront fanées,

    Parce que l'océan tout-à-coup

    Pour l'un de nous sera tempête,

    Parce que l'air sera devenu lourd

    Sous les orages d'un été…

     

    Mais la vie sera belle encore quelques années,

    Et riche, et puissante, et créative.

    Il y aura la genèse à inventer,

    Il y aura le soir et le matin,

    Il y aura le lundi et le dimanche,

    Et le calendrier rempli,

    Les amis de passage,

    La fête et les  rires,

    Les pleurs à essuyer ensemble,

    Et les enfants à promener.

     

    Les mots prononcés seront entendus,

    Les regards auront un sens,

    Les projets verront leur dénouement,

    Les vacances s'appelleront découvertes,

    Les voyages s'appelleront rencontres.

    Alors la vie reprendra sa vraie place,

    Si tu veux m'aimer,

    Si je veux t'aimer,

    Si nous nous aimons tous deux…

     

     

     

     

     

     

    VENDREDI 05 NOVEMBRE 2010, A 08:33
    VERS UN NOUVEAU CHEMIN
     

     

     

    Mes mains se sont vidées,

    Mon corps n'est plus habité.

    Un désert jaune et caillouteux

    Me blesse à chaque pas.

    Tantôt un soleil dur et cruel

    Me brûle les paupières

    Et vrille mon cerveau,

    Tantôt une pluie raide et tranchante

    Liquéfie mes pensées,

    Détrempe peau, os et muscles,

    Et fait plier mon dos qui se courbe

    Et me lance à genoux,

    En une prière muette et effarée…

     

    Et pourtant, dans mes artères

    Où circule avec lenteur

    Un sang transparent

    Comme une sève de rosier,

    Un petit germe s'est glissé.

    En mes veines bleutées

    Coule un sang porteur d'une autre vie,

    Et c'est comme un trésor caché

    Qui tinte doucement,

    Une mélodie légère et frémissante

    Posée quelque part en mon corps,

    Chantant tout doucement

    Comme le ferait une mère

    Pour son enfant malade,

    Chantant tout doucement

    Pour éteindre ses pleurs,

    Chantant tout doucement

    De peur qu'on l'entende chanter,

    Chantant tout doucement

    Pour m'insuffler la vie…

     

    Je porte en moi ce trésor caché,

    Qui porte peut-être le nom : attente,

    Qui porte sans doute le nom : confiance,

    Qui porte enfin le nom : espoir.

    Je relève la tête

    Et j'accomplis ces gestes extraordinaires :

    Ouvrir mes mains, sourire, parler, écrire.

    Avec  timidité mais pleine d'espérance,

    Je regarde les jours à venir.

    Le soleil dorera ma peau au lieu de la brûler,

    La pluie m'abreuvera au lieu de me noyer,

    Je marcherai bien droite

    Sur un nouveau sentier,

    Je trouverai dans la forêt tutélaire

    Un plus large chemin,

    Où les arbres solides

    M'envelopperont de leur ombre légère…

     

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  •  

    MARDI 26 OCTOBRE 2010, A 12:27
    FLORE
     

     

    L'iris

     

      Sur ses robes violines ont grimpé trois chenilles jaunes.

     

    La pensée

     

      Elle boude et fait la moue, engoncée dans ses velours.

     

    L'œillet

     

      Franges en bouquets.

     

    Le lys martagon

     

      Les joues enflées, il soigne sa rubéole.

     

    La tulipe

     

    Buvez à ma santé !

     

    L'ancolie

     

      Un essaim de papillons embrassés.

     

    Le lupin

     

      Eteignez donc ces cierges !

     

    Le liseron

     

      Farandole de danseuses en tutu rose et blanc.

     

    Le chèvre-feuille

     

      Tiens, de gros moustiques blancs !

     

    La giroflée

     

      Jolie, mais rouillée, dommage !

     

    L'hortensia

     

      Un chou-fleur très coquet.

     

    La sauge

     

      Elle est sortie du feu de l'enfer.

     

    Le muguet

     

      De petites dents de lait.

     

    Le pois de senteur

     

    Les jeunes moniales ont accroché leurs petites coiffes au portemanteau.

     

    Le callas

     

      L'orchestre de saxophones, très digne.

     

    L'anémone

     

    Une grosse araignée au cœur d'un berceau.

     

     

    Le bleuet

     

    Dans sa bouche, dix langues bleues de serpent.

     

    Le nénuphar

     

      Les confettis sont tombés dans l'étang.

     

    Le dahlia pompon

     

      Il y a beaucoup de poufs à papillons, par ici !

     

    Le glaïeul

     

      En garde, toutes ces épées vertes !

     

    Le diélytra, cœur de Marie

     

      Secoué de sanglots, de son cœur tombent des larmes roses.

     

    Le tritoma

     

      Eteignoir tout rouge de la flamme qu'il veut éteindre.

     

    Le pétunia

     

      Quel estomac doit-il toujours gaver, avec ses grands entonnoirs ?

     

    Le cyclamen

     

      C'est la coiffe retroussée d'une Hollandaise aux joues bien roses.

     

    La nivéole

     

      C'est ici qu'on fabrique les balles de ping-pong.

     

    Le gouet

     

      Il se croit dans une église, près du maître-autel, bien sûr !

     

    La soldanelle

     

      Petit soldat casqué, c'est encore ton tour de garde !

     

    La ficaire

     

      Maladie de foie ?

     

    Le lotier corniculé

     

      Bébé dragon à gueule rouge.

     

    La linaigrette

     

      Un bec, un plumetis : c'est un oiseau tout petit.

     

    Les iris le long du fossé

     

      Voilà le couvent de bonnes sœurs !

     

    Le lis tigrinum

     

      Dans un jardin vert, il y a une vasque rose d'où s'échappe en jet d'eau une fontaine d'étamines.

     

    La rose

     

      « Je suis la plus belle, la pus belle, la plus belle ! Ah, je me meurs ! »

     

    Le bouton d'or

     

      Pour dire la messe, son calice pur.

     

    La campanule

     

      Et pour sonner matines, ses clochettes.

     

    Le myosotis

     

      Il entend tous les secrets de la terre, avec ses petites  oreilles de souris.

     

    La pâquerette

     

      Bébé joufflu, avec son  bonnet autour de ses joues rondes.

     

    Le lin

     

     «  Je vous assure que je vais me trouver mal ! »

     

    Le tussilage

     

      -Allez, du balai !

     

    L'ancolie

     

      Elle a des ailes d'hirondelle.

     

    L'edelweiss

     

      Un peu trop poudré , ce masque vénitien.

     

    La tulipe

     

      Turban coloré d'un élégant cheik arabe.

     

    Le dahlia

     

      Quelle tignasse ! Jamais un peigne dans ses cheveux !

     

    La violette

     

    Lèvres retroussées, elle dit avec dédain : ma chère !

     

    L'orchidée des prairies

     

      Les petits clowns font leur cirque !

     

    Le séneçon

     

      « Je deviens vieux, quelle barbe ! »

     

    Le pissenlit

     

      Quel tour de force, attraper un nuage !

     

    Le serpolet

     

      C'est la chenille qui redémarre…

     

    La gentiane lutea

     

      Que feras-tu de ton panier d'étoiles ?

     

    La gueule de loup

     

      Miam !

     

    Le pissenlit

     

      Pauvre dragon qui ne fait même pas peur, et surtout pas aux petits enfants !Pourtant, ça lui arrive à lui aussi de cracher un peu de fumée !

     

     

     

      Terminé pour ce matin, à toi de jouer maintenant !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    SAMEDI 23 OCTOBRE 2010, A 15:46
    TROP, C'EST TROP!
     

     

    A trop vouloir prévoir,

    N'a pas su voyager.

    A trop vouloir diriger,

    N'a pas su divaguer.

    A trop vouloir étudier,

    N'a pas su s'étonner.

    A trop vouloir parler,

    N'a pas su écouter.

    A trop vouloir chanter,

    N'a jamais pu pleurer.

    A trop vouloir aimer,

    N'a pas su se donner.

    A trop vouloir, n'est-ce pas !

     

     

    DIMANCHE 17 OCTOBRE 2010, A 21:05
    LE GRAND DÉPART
     

     

    Et dans la chambre pâle,

    Dolente, elle est couchée :

    Blanches mains et blanc visage.

    Au creux du lit,

    Volent les âges.

     

    Sans bruit, elle s'en va,

    A petits pas.

    Au creux du lit, sa vie s'envole,

    Car dans la chambre pâle,

    Souffrante, elle est couchée.

     

    Son regard est blotti

    Au feston de ses cils :

    Parle-moi, parle-nous,

    Dis-moi, dis-moi, dis –nous

    Une dernière fois.

     

    Au creux du lit,

    Sa voix s'étiole,

    Sa vie s'en va, mais sans parole.

    Sa vie s'en va. Elle s'envole

    Comme l'oiseau apeuré.

     

    Voir le soleil, encore un peu,

    Voir les jonquilles,

    Et sentir les premières violettes…

    Mais dans la chambre pâle,

    Malade, elle est couchée.

     

    Des vapeurs de douleur

    Font ondoyer le lit.

    Chacun entre et se tait, sourit,

    Et pleure, et sort timidement.

    Au creux du lit vole sa vie.

     

    Même en plein jour,

    C'est la peur de la grande nuit.

    Ne brillent ni étoile, ni lumière,

    Car dans la chambre pâle,

    Mourante, elle est couchée.

     

    Ici, c'est la pâleur du lit

    Où s'endormiront bientôt

    Tous ses méchants soucis.

    Les fioles et les seringues

    Elle n'en a plus besoin.

     

    Dans la chambre attristée

    On vient la regarder :

    On caresse sa main,

    On essuie une larme,

    On lui dit : à demain !

     

     

     

     

    DIMANCHE 17 OCTOBRE 2010, A 14:09
    NOTRE PÈRE
     

     

     

     

     

    L'enfant

     

    Notre Père qui es aux cieux

         

          Dans les nuages, je vois parfois des lapins,

          Mais Toi, je ne t'ai jamais vu ; j'aimerais bien !

     

     

    Donne-nous aujourd'hui notre pain

     

         Mais donne-moi  d'abord quelques bonbons,

         Des rouges, surtout !

         Je ferai peur à ma mamie,

         Je lui dirai que j'ai mal au cœur !

     

     

    Comme nous pardonnons aussi,

    A ceux qui nous ont offensés.

     

     

        Je veux bien pardonner à Maxence,

        Mais je lui dirai pas !

        Et je lui ferai un croche-patte à la récré,

        Juste pour rigoler !

     

     

    Mais délivre-nous du mal

     

         ça me fait mal,

         Que je tombe tout le temps de vélo !

         Fais-moi grandir un peu plus vite,

         Que je fasse des dérapages un peu bien,        

         Comme mon grand frère !

     

         Amen !

     

     

    L'ado

     

    Que ton règne vienne

     

         Le règne de Dieu, ce serait chouette !

         Tout le monde il est gentil,

         Même pas en rêve,

         ça serait méga barbant !

     

     

    Que ta volonté soit faite

        

         Un coup de gueule ou un coup de poing,

         ça  règle pas grand'chose,

         ça  détend quand même,

         Et on sait qui respecter !

     

         Amen !

     

     

    Le philosophe

     

    Mais délivre-nous du mal

     

         Le mal, le bien, qu'est-ce ?

         Eros, Méphisto, le Veau d'Or ?

         Une époque ? Un lieu ? Une culture ?

         « L'homme n'est ni ange ni bête… »

         Qui décide ? Qui choisit ?

         Détermination ? Hasard ?

        

         Amen !

     

     

    La rebelle

     

    Que ta volonté soit faite sur la terre

     

         Moi, on ne me commande pas !

         Fais-ci, fais-ça !

         Le premier patron qui me parle sur ce ton,

         Je le jette !

         Et si c'est comme avec le paternel dans le temps,

         Autant lui dire tout de suite,

         À votre petit Jésus :

         Moi, je suis libre,

         Je fais exactement ce qui me plaît,

         Et la volonté de Dieu, hein,

         Qui la connaît ?

         C'est peut-être que je sois libre !

         T'as quelque chose à dire à ça ?

     

         Amen !

     

     

    La mère

     

    Donne-nous  notre pain de ce jour

     

         Donne-moi du bois sec

         De la farine de manioc et de l'eau

         Pour cuire mes galettes.

         Donne-moi un fruit mûr

         Pour en verser le jus

         Dans le gosier desséché de mon enfant.

         Donne au potager de mon petit enclos

         Un peu de pluie,

         Et quelques bouses sèches,

         Afin qu'à la nouvelle lune

         Mon petit n'ait plus ce ventre tendu !

        

         Amen !

     

     

     

    Le vieux

     

    Notre père qui es aux cieux

     

         Accepteras-tu que je t'y rejoigne ?

         Je suis si fatigué, usé jusqu'au désespoir…

         La vie est trop longue quand elle n'a plus de sel…

     

     

    Que ton nom soit sanctifié

     

         C'est vrai, je jurais un peu autrefois,

         J'avais le sang chaud, je m'énervais pour rien !

         Mais ça, je n'ai jamais blasphémé, tu peux me croire !   

         Ou bien, j'ai oublié…

     

     

    Que ta volonté soit faite

         Si  ta volonté, c'est de me faire clamser

          Après la Marie,

          Faut que tu réfléchisses un peu :

         Tu me vois avec une étrangère qui me dirait :

         « Allons, Pépé, faut te changer ! »

         En m'ôtant le cigare des lèvres ?

     

     

    Pardonne-nous nos offenses

     

         Bon, j'offense plus grand'monde depuis cinq ans !

         Tout'façon, je vois quasiment personne,

         Même les enfants, y me laissent seul,

         Et quand ils viennent, ils causent à leur mère.

         Moi, je compte pour du beurre,

         Tout ça depuis ma trachéo !

         On m'emmène pas plus faire les commissions,

         Ça serait pourtant une bonne sortie !

     

     

    Et ne nous soumets pas à la tentation

        

         Pas de danger, mais j'aimerais bien !

         La dernière tentation,

         C'est le tabac, le sel, le sucre,

         Et un peu de gnole, aussi !

         On me cache même les bouteilles entamées !

         Chienne de vie, c'est pas une vie !

         Tous pareils, des chiens pour un chien !

         Mon Dieu, donne-moi un peu de tentation

         Une dernière fois,

         Que je me sente encore vivant !

        

         Amen !

     

     

        

      

     

     

            

     

     

     

     

    SAMEDI 16 OCTOBRE 2010, A 17:47
    AUBE EN BOURGOGNE
     

     

     

    Jamais le ciel ne fut

    Si pâle.

     

    J'entends les hulottes blotties

    Qui gémissent sous les broussailles.

     

    Jamais le ciel ne fut

    Si rose.

     

    L étang éveillé

     Palpite sous des reflets mauves.

     

    Jamais la pierre des maisons ne fut

    Si blanche.

     

    La poussière de l'aube fait grincer

    La lanterne éteinte sous le portail.

     

    Jamais l'horizon ne fut

    Aussi joyeux.

     

    Les vignes  vendangées dorment

     Dans une brume rousse.

     

    Jamais la terre ne fut

    Aussi enivrante.

     

    Mon sommeil a glissé sur la nuit.

     Sur la forêt pèse une brume lourde :

     

     

    Et ce matin d'octobre,

    J'ai trouvé par ma fenêtre ouverte

     

    Le coassement moqueur d'un rayon de soleil,

    Au rire trompeur

     

     Pour me faire croire

    Au retour de l'été.

     

     

     

    MARDI 05 OCTOBRE 2010, A 11:21
    QUEL MOIS POUR UNE NOUVELLE ANNÉE?
     

     

       

     

    L'année commence en septembre

    Avec la trousse des écoliers,

    Les listes au judo, au caté,

    Les billes, les cartes à échanger.

     

    L'année commence en octobre

    Avec les vignes vendangées,

    L'espoir d'un jus coloré et fruité

    Qui réjouira les fins gosiers.

     

    L'année commence en décembre

    Avec l'avalanche de cadeaux,

    Le sapin dressé dans un seau

    Et les maisons illuminées.

     

    L'année commence en janvier :

    On prend de bonnes résolutions,

    On en fera des collections

    Qui resteront sur le papier.

     

    L'année commence en février :

    Enfin les skis et les descentes !

    Il faut chercher les meilleures pentes

    Et s'épuiser sans se casser !

     

    L'année commence au mois de mars

    Quand les crocus montrent leur nez.

    On voit s'ouvrir les camélias,

    Il faut tailler les hortensias.

     

    L'année commence au mois d'avril :

    Ne te découvre pas d'un fil.

    Tombe la pluie encore glacée,

    L'hiver bientôt sera passé.

     

    En mai naissent les petites filles

    Dans les jardins remplis de roses.

    Les fleurs blanchissent les coteaux,

    Le vent frémit sur le hameau.

     

    En juin bûchent les étudiants

    Qui se condamnent au dernier bagne :

    Les révisions sont très austères,

    Les résultats sont un mystère !

     

    L'année s'élance vers juillet

    Quand on a pris le sac à dos :

    On enjambe toutes les clôtures,

    Pour de fabuleuses aventures…

     

    En août, on marche les pieds nus

    A la rencontre d'inconnus.

    Les parasols peuplent la plage,

    Dans le lointain gronde l'orage.

     

    Le premier jour est un sentier

    Eclairé par trente bougies :

    Une à une, elles guident nos vies

    Et nous font traverser l'année…

     

     

     

     

     

     

     


    LUNDI 04 OCTOBRE 2010, A 11:32
    AOÛT IMPLACABLE
     

     

    Le mois d'août est un tissu léger

    Qui danse autour de mes jambes

    Et des teintes rosées sur mon cou dénudé.

     

    Comme des paupières fermées sur des yeux fatigués,

    Les magasins ont tiré les rideaux,

    Et dans les rues désertes roulent quelques vélos.

     

    On a bouclé toutes les persiennes :

    Plus de voisins et plus de pain :

    Même les oiseaux désertent mon jardin.

     

    La pelouse désespérée a jauni,

    Le ruisseau est tari au creux du vallon.

    Dans le pré communal ont fleuri les chardons.

     

    Le soleil grille muscles et pensées

    Et mon corps indolent cherche la méridienne

    Pour rêvasser à l'ombre des pommiers.

     

    Le sommeil filtre derrière mes yeux

    Des images embrumées de plage ou de montagne :

    Août sans vacances me déracine et m'écrase…

     

    Pour partir, il faut attendre encore un peu

    Dans l'ennui et l'abrutissement

    De journées saturées de siestes et de mouches piqueuses.

     


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  •  

    MARDI 28 SEPTEMBRE 2010, A 12:10
    JUILLET
     

     

    Si l'on me demandait,

    Si l'on me demandait,

    Je dirais que c'était loin d'ici,

    Si l'on me demandait…

     

    Que c'était en juillet,

    Si l'on me demandait,

    Qu'il faisait assez sombre

    Et qu'il faisait frisquet…

     

    Que l'air était léger,

    Que nous avions marché.

    C'était un bel été,

    Si l'on me demandait…

     

    Et nous avions parlé,

    Et nous avions chanté,

    Sur des sentiers pentus,

    Si l'on me demandait…

     

    Sur une herbe séchée

    Nous avions bien parlé,

    Et la nuit s'étira sans que passent les heures,

    Si l'on me demandait…

     

    Que des étoiles folles

    Dans le ciel éclataient,

    Qu'une cloche au village,

    Dans un lointain sonnait…

     

    Et qu'il m'a dit trois mots

    Ecoutés en tremblant,

    Trois mots pour une éternité,

    Si l'on me demandait…

     

    Mais j'ai demandé trop,

    Si l'on me demandait,

    Car je croyais alors

    A la force des mots…

     

     

    MARDI 28 SEPTEMBRE 2010, A 11:26
    JUIN
     

     

    Et voici ma préférée,

    Ma fluette, ma fragile,

    Celle qui ne tient pas dans un vase d'eau fraîche,

    Celle qui ne tient pas dans mes cheveux,

    Celle qui rampe, et court,

    Et envahit prés et chemins.

    Comme je t'aime, mon joyeux bouton d'or,

    Malicieux trolle des prairies,

    Né des étoiles en fleurs

    Ou de la lune tombée sur mon jardin.

     

     

    LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 09:22
    LE MOIS DE MAI
     

     

    Et l'angélus au loin se répand au jardin,

    Notes fêlées et cassées par le vent ;

    Splendeur du temps qui coule

    Et qui s'égoutte et que j'écoute

    Au cœur de mon jardin.

     

    En mai, épanouie de joie verte

    Et de bonheur en fleur, je vis

    Sous le soleil léger,

    Sous le vent,

    Sous la pluie,

    Je regarde et j'admire

    Les pétales fragiles qui s'ouvrent

    En rêvant de lumière.

     

    O douces, les mousses vertes

    Sur les pierres disjointes,

    Et glissants les pavés miroitant sous la pluie.

     

    La glycine me donne, mauve et violine,

    L'aquarelle pastelle et parfaite à mes yeux ;

    Et la giroflée d'or, et de fête, et de feu

    D'odeurs lourdes et captives

    Appelle les bourdons consciencieux.

     

    O, mon pommier fleuri de promesses rosées,

    Léger de fleurs, pesant bientôt de fruits,

    Tu es l'arbre biblique.

     

    Je prie  en regardant, seule, de mes yeux souriant,

    Un jardin de printemps éclairé de sépales

    Et de duvet mousseux, et d'ailes pépiantes,

    O, mon petit jardin ouvert sous le ciel clair,

    De rosée le matin, source perlée de vie.

     

    Je t'admire en silence, mes yeux d'enfant ouverts,

    Les mains fermées pour mieux prier la terre

    Et rendre grâce de ce bonheur donné.

     

    En mai, je suis silence,

    Je suis espoir, liberté, envol, lumière ;

    Chante avec moi la vie dans mon jardin fleuri,

    Chante l'amour,

    O, mon Dieu créateur

    D'herbe et de pâquerette !

     

     

     

     

     

    LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:48
    AVRIL
     

     

     « Soldanelle, petit soldat aux jambes grêles,

    Que gardes-tu sous ton casque violet ?

     

    - Je surveille les névés de l'Oisans

    Qui pleurent sous les soleils d'avril.

     

    - Bientôt gagneront la mer

    Où voguent les bateaux blancs. »

     

     

     

    LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:31
    MARS: LE SAULE
     

     

    Et voici l'espérance :c'est un bâton aride,

    Une branche bien raide sur l'arbre racorni :

    Pas de sève, pas de sang.

     

    Mais sur le rameau brun, un duvet de poussin

    Qui crève une coquille verte :

    C'est le chaton de saule dont le bourron explose,

    C'est l'espérance verte annonçant le printemps,

    C'est joie de ma rivière

    Qui s'en va fredonnant.

     

     

    LUNDI 20 SEPTEMBRE 2010, A 08:03
    FÉVRIER : CENDRES
     

     

     

     

    La mort triomphe

    Et l'Esprit a soufflé ;

    Passe, passera…

     

    Sous la terre lassée

    Ton corps flétri disparaîtra ;

    Passe, passera…

     

    C'est l'âme qui s'envole

    Quand le corps a sombré ;

    Passe, passera…

     

    Cendres, tu es poussière,

    Cendres, tu es lumière,

    Cendres, tu es diamant…

     

    Passe, passera ta vie,

    Ici-bas, passe, passera,

    La dernière ou la première,

     

    Passe, passera,

    Et ton âme,

    Et ton âme restera…

     

     

    VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2010, A 15:20
    JANVIER
     

     

    La route toujours me semble longue

    Pour attendre demain

    Et surtout l'an prochain…

    Blanche est ma route,

     Long le chemin.

     

    La vie s'allonge toujours trop loin

    Pour voir grandir l'enfant

    Ou d'ennui, périr chaque matin.

    Longue est la route,

    Blanc le chemin.

     

    Mon cri s'échappe avec la nuit

    Dans mes rêves sans trêve

    Et mes éveils chagrins.

    Les heures s'égrènent à petits pas :

    Vide ma vie, vide ma main…

     

     

    VENDREDI 17 SEPTEMBRE 2010, A 15:04
    DÉCEMBRE
     

     

    Ils ont fait un bon gueuleton,

    Et moi, et moi, et moi ?

    Soir de Noël pour la bâfrée,

    Sans moi, sans moi, sans moi.

     

    Pour s'empiffrer ont préparé salmigondis ,

    Dindes farcies et bûches grasses,

    Pour la bamboche vins de pays ,

    Et moi, et moi, et moi ?

     

    Minuit venu, un vieux bonhomme,

    Robe rouge et barbe blanche,

    A présenté cent-vingt cadeaux enrubannés :

    Mais rien pour moi, mais rien pour moi.

     

    « Les anges dans nos campagnes »

    Pas plus ne furent conviés,

    Leurs ailes douces ne purent se déployer :

     On festoya sans célébrer.

     

    Misérable, je suis resté derrière les portes nues,

    Ils s'amusaient, ils s'embrassaient sans m'inviter :

    Personne n'a ouvert en criant à voix forte :

    « Mais, entrez donc, petit Jésus ! »

     

    Et toi, et toi, et toi ?

     

     

     

     

     

     

     

     

    JEUDI 09 SEPTEMBRE 2010, A 10:37
    NOVEMBRE: LA TOUSSAINT
     

     

    Et chacun aujourd'hui de penser au passé :

    Nos morts, nos pauvres morts ont aussi leur journée.

    On fête le cimetière en jaune et violacé,

    Les chrysanthèmes pleurent  et la grille a grincé.

     

    Pour qui ces tombes blanches et ces croix astiquées ?

    Le marbre est doux quand la douleur est forte

    Et triste l'est plus encore la tombe abandonnée

    Et la croix qui se penche avant de s'enterrer.

     

    Les dates bien gravées s'enfilent en chapelets

    Psalmodiés par des hommes debout

    Pour des hommes couchés :

    Dure est la pierre et dure la souvenance.

     

    Mon corps vient au secours de mon chagrin

    Sur le tombeau impitoyable où je polis le grès,

    Emue de me savoir mortelle et d'être apprivoisée

    Par les monstres rieurs qui gisent sous mes pieds.

     

     

    LUNDI 06 SEPTEMBRE 2010, A 20:12
    OCTOBRE
     

     

    L'automne une fois encore

    Me précipite vers l'infinie tristesse

    Des jours abandonnés.

    Je guette, affligée,

    La dernière feuille jaune

    Où souffle un peu de vie,

    Accrochée comme un pendu de cire

    Sur mon poirier replié pour l'hiver.

     

     


    LUNDI 06 SEPTEMBRE 2010, A 20:04
    SEPTEMBRE
     

     

    Garde-toi d'être triste :

    L'automne ne fait que commencer.

    Que feras-tu au cœur de l'hiver

    Quand tes arbres te feront peur ?

     

    Je me brûlerai dans la ville,

    Sur les néons, sur les vitrines ;

    J'embrasserai le béton

    Mais la forêt guettera mon retour.

     


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