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    JEUDI 26 JANVIER 2012, A 12:04
    RÉUSSIR
     

     

     

    Tu n'es pas compétitif,

    A cause de tes chaussures,

    De ta cravate,

    De ta montre,

    De ta bedaine,

    De ta dégaine…

     

    Tu n'es pas compétitif :

    Tu arrives juste à l'heure,

    Tu repars quand c'est l'heure !

    Tu fais tes huit heures

    Et tu t'en vas, comme ça !

     

    Tu n'es pas compétitif :

    Tu prévois tes congés,

    Tu prends tes R.T.T,

    Vraiment, tu manques de sérieux,

    On se demande quel est on jeu !

     

    Tu n'es pas compétitif.

    Tu n'as pas le verbe haut,

    Tu ne sais ni toiser, ni bafouer :

    Tu copines avec le gardien,

    Tu écoutes les plus anciens.

     

    Tu n'es pas compétitif :

    Tu n'emportes pas de dossiers,

    Tu prends le temps de déjeuner,

    Et même, tu dors toute la nuit

    Sans t'inquiéter !

     

    Tu n'es pas compétitif.

    Tu remplis juste ton contrat.

    En protégeant ta vie privée

    Tu t'es discrédité.

    Tu encours donc notre mépris,

    Puisqu'on n'a plus d'estime pour toi,

    Tu partiras quand on le voudra.

     

     

    MERCREDI 18 JANVIER 2012, A 19:35
    LE BON VIEUX CALENDRIER
     

     

     

    Rando, photo, pastel,

    Piscine, débat, repas,

    La vie passe,

    Elle passe,

     Et puis,

    Il faut jeter le calendrier.

     

    Enfants, courrier, apéro,

    Concert et médecin,

    Passe la vie,

    Passent nos vies,

    La réunion, la répé,

    La banque et le ciné.

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en noir

    Sur mon calendrier.

    La conférence et le repas,

    La sécu, le notaire, les adieux.

     

    La vie sur mon calendrier :

    Radio, danse,

    Chat du voisin à garder,

    Voiture au garage,

    Bricolage et vernissage,

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en noir

    Sur mon calendrier,

    Avec des mots de tous les jours,

    Avec des bandeaux sur les yeux.

     

     

    La vie s'écrit sur le calendrier,

    Mais ne montre ni les larmes amères,

    Ni les sourires crispés,

    Ni la densité des retrouvailles,

    Ni les  rires complices.

     

    Avec des mots creux qui sont

    Autant de mensonges,

    Avec des injonctions qui provoquent

    Des douleurs dont on ne guérit pas,

    La vie s'échappe sur le calendrier usé.

     

    Comme des jours sans lumière,

    Certaines cases sont restées vides :

    Elles portent en leur silence

    Le poids de la solitude

    Ou le regret des égoïsmes.

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en noir

    Sur mon calendrier,

    Ce calendrier qui se déguise en clown,

    En fée, en marionnette, en Prométhée.

     

     

    Galette, anniversaire, voyage,

    Peinture, amis, resto,

    Le bonheur ne se grave pas avec des mots.

    Hosto, dispute, chagrin,

    Le malheur s'enterre au fond des cœurs.

     

    Passe, passera,

    La vie écrite en rose

    Sur mon nouveau calendrier.

    Passent, passeront mes journées,

    Au feu, au feu, le vieux calendrier !

     

     

     

     

     

     

    JEUDI 05 JANVIER 2012, A 10:40
    CIEL D'HIVER
     

     

     

    Il est orange, il est violet,

    Il est profond et il est grand,

    Fluide près du liquide,

    Musique proche du vent.

     

    Il est léger, il est pesant,

    Il est profond et il est grand,

    Ce ciel mouvant,

    Ce ciel changeant.

     

    Et sans ailes, s'envole,

    Et sans voiles, navigue,

    Ciel nuageux,

    Ciel nébuleux.

     

    Partir, c'est son désir,

    Et respirer la vague,

    Et attirer l'odeur,

    Senteur de la terre,

    Sillon mouillé,

    Ou l'onde de la mer,

    Sillon lavé.

     

    Cette brume chagrine

    Et cette pluie maligne,

    Vibrent là-bas

    Sur les grands bois.

     

    Cette nuée tout en résine,

    Susurre le bruissement

    Des feuilles sèches.

    Se voile le soleil-roi

    De cidre doux

    Et de pomme dorée,

    Dans cette brusque averse,

    Que tout ce plomb déverse

    Pour retrouver

    Ses yeux d'azur.

     

    A l'occident, pourtant,

    La terre sent le maïs et la paille,

    Ciel couchant,

    Ciel ténébreux et ruisselant

    De rayons d'or,

    De longues tiges

    Et larges feuilles

    De ciel mouvant,

    De ciel changeant.

     

     

    MERCREDI 04 JANVIER 2012, A 11:28
    VIEILLESSE
     

     

     

    Voilà,

    Voilà ce petit mot

    Tout racorni,

    Voilà,

    Voilà ce petit mot

    Tout défraîchi.

     

    Voilà,

    Voilà ce petit mot

    Tout édenté,

    Tout hébété,

    Tout rabougri.

     

    Voilà,

    Ce petit mot

    Tout tremblotant,

    Tout chevrotant,

    Voilà, voilà.

     

    Le voici,

    Ce mot banni,

    Le voici,

    Ce mot courbé,

    Secoué,

    Abandonné.

     

    Laissé aux longs ennuis,

    Aux longues nuits,

    Aux tristes siestes,

    Laissé aux longs soupirs,

    Aux souvenirs.

     

    Voilà, voilà,

    Ce petit mot

    De l'être mis au passé :

    J'étais, je fus,

    Hélas,

    Je le suis

    Vieux, vieux, vieux…

     

     

    LUNDI 02 JANVIER 2012, A 17:56
    AMEN
     

     

     

    Oui, je le veux

    Crier pour naître,

    Respirer,dormir,

    Ouvrir les yeux,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Grandir et jouer,

    Apprendre et inventer,

    Courir et chanter,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Compter et réciter,

     Ressentir et  comprendre,

    Danser de joie, aimer la vie,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Dans un cri, donner la vie,

    Puis chaque jour

    M'en dessaisir un peu,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    A pas menus,

    Par l'âge un brin courbée,

    Vieillir sans soupirer,

    Amen.

     

    Oui, je le veux,

    Un soir, fermer les yeux,

    Trouver la paix,

    Rencontrer Dieu.

    Amen.

     

     

     

     


    LUNDI 02 JANVIER 2012, A 12:04
    NOUVELLE ANNÉE
     

     

     

    Prends-le,

    Viens, il va falloir te lever

    Et sourire malgré les soucis.

    Prends-le,

    Viens, il va falloir travailler,

    Et régler un à un les problèmes

    Qui reviendront demain.

    Prends-le,

    Viens, il va falloir te dominer,

    Parler avec patience,

    Faire preuve d'autorité,

    Discerner le bon du pire,

    Alors que le fauteuil t'attend

    Et Mendelssohn pour te bercer.

    Prends-le,

    Viens, il va falloir salir tes mains,

    Oublier ta fatigue,

    Oublier tes muscles endoloris.

    Prends-le,

    Viens, il te faudra beaucoup donner

    Quand bien même tes mains seront vides.

    Prends-le,

    Viens, voici la nouvelle année

    Et son corso fleuri de bonnes décisions,

    Ses processions chantantes de bons vœux,

    Ses pèlerinages pieux

     De rencontres difficiles et de pardons.

    Prends-le,

    Ton courage … et viens.

     


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    MARDI 03 MAI 2011, A 11:59
    J'EN AI ASSEZ!
     

     

     

    J'en ai assez,

    Assez de ma télé

    Qui ne me donne à voir

    Que des images tristes,

    Qui ne me donne à écouter

    Que des clameurs stridentes,

    Qui ne me donne pour penser

    Que des paroles vides,

    Des paroles grises,

    Des paroles voilées

    Des paroles censurées.

     

    Les chanteurs hurleurs,

     Les journalistes prolixes,

    Les messieurs –météo

    Parlent avec des excitations de D.J

    Et je peine à trouver le fil de leur pensée.

     

     

    Hier, j'ai vu encore sur mon écran rageur

    Les incendies, les crimes, les inondations.

    Mon pain fut trempé de larmes

    Quand les tours ont été frappées

    Par des avions furieux.

     

    L'eau de mon verre devient amère

    Quand sur l'écran apparaît le visage

    Des otages, des orphelins, des affamés.

     

    Chaque jour, je vois la forfaiture et l'esbroufe,

    Chaque jour s'étalent sur ma nappe blanche

    Les vies fracassées,

    Et s'invitent à ma table

    Les escrocs de tout acabit.

     

    C'est pourquoi

    Je prends ma télé-commande en horreur :

    J'éteins l'écran violeur de vie.

    Je sors dans mon petit jardin :

    Je m'y crève et m'y ressource

    A biner, sarcler, serfouir.

     

    Je sème des radis,  repique les fraisiers,

    Je bouture,  je greffe, je marcotte,

    J'amende ma terre  et je noircis mes mains,

    Et puis, bien fatiguée,

    Je m'assieds au soleil dans mon fauteuil d'osier

    Pour surveiller les milliers de graines

    Semées pour tout l'été :

    J'attends que les petites pousses vertes

    Me redonnent envie de vivre et d'espérer…

     

     

     


    LUNDI 02 MAI 2011, A 23:53
    SANS TE CHERCHER
     

     

     

    Je te rencontrerai sans te chercher

    Car ton bras s'est creusé pour que j'y repose.

     

    Dans tes yeux, je pourrais me noyer

    Mais ta présence est le silence.

     

    Le regard que d'autres posent sur toi

    M'empêchent de te rêver,

     

    Ton grand silence et tes lèvres serrées

    M'empêchent de te  comprendre.

     

    Tes yeux encore fermés

    M'empêcheht de te parler :

     

    Je t'aime,

    Mais je suis un glissement sur ta surface…

     


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  •  

    MARDI 03 MAI 2011, A 11:59
    J'EN AI ASSEZ!
     

     

     

    J'en ai assez,

    Assez de ma télé

    Qui ne me donne à voir

    Que des images tristes,

    Qui ne me donne à écouter

    Que des clameurs stridentes,

    Qui ne me donne pour penser

    Que des paroles vides,

    Des paroles grises,

    Des paroles voilées

    Des paroles censurées.

     

    Les chanteurs hurleurs,

     Les journalistes prolixes,

    Les messieurs –météo

    Parlent avec des excitations de D.J

    Et je peine à trouver le fil de leur pensée.

     

     

    Hier, j'ai vu encore sur mon écran rageur

    Les incendies, les crimes, les inondations.

    Mon pain fut trempé de larmes

    Quand les tours ont été frappées

    Par des avions furieux.

     

    L'eau de mon verre devient amère

    Quand sur l'écran apparaît le visage

    Des otages, des orphelins, des affamés.

     

    Chaque jour, je vois la forfaiture et l'esbroufe,

    Chaque jour s'étalent sur ma nappe blanche

    Les vies fracassées,

    Et s'invitent à ma table

    Les escrocs de tout acabit.

     

    C'est pourquoi

    Je prends ma télé-commande en horreur :

    J'éteins l'écran violeur de vie.

    Je sors dans mon petit jardin :

    Je m'y crève et m'y ressource

    A biner, sarcler, serfouir.

     

    Je sème des radis,  repique les fraisiers,

    Je bouture,  je greffe, je marcotte,

    J'amende ma terre  et je noircis mes mains,

    Et puis, bien fatiguée,

    Je m'assieds au soleil dans mon fauteuil d'osier

    Pour surveiller les milliers de graines

    Semées pour tout l'été :

    J'attends que les petites pousses vertes

    Me redonnent envie de vivre et d'espérer…

     

     

     


    LUNDI 02 MAI 2011, A 23:53
    SANS TE CHERCHER
     

     

     

    Je te rencontrerai sans te chercher

    Car ton bras s'est creusé pour que j'y repose.

     

    Dans tes yeux, je pourrais me noyer

    Mais ta présence est le silence.

     

    Le regard que d'autres posent sur toi

    M'empêchent de te rêver,

     

    Ton grand silence et tes lèvres serrées

    M'empêchent de te  comprendre.

     

    Tes yeux encore fermés

    M'empêcheht de te parler :

     

    Je t'aime,

    Mais je suis un glissement sur ta surface…

     


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    LUNDI 12 AVRIL 2010, A 07:31
    TEMPÊTE XYNTHIA
     

     

    Je suis douce à leurs pieds tout l'été :

    Je les entends crier de joie

    Lorsque mon eau douce et chaude

    Frappe les mollets qui pataugent

    Dans des éclaboussements de rires .

     

    Je suis douce à leurs mains en été

    Quand ils brassent mon eau caressante

    Et s'allongent, les yeux pleins de soleil,

    Les cheveux dansant sur mes flots

    Comme des algues brunes.

     

    Je suis douce en été

    Lorsque munies de pelles rouges et de sceaux bigarrés,

    Les sérieuses fillettes cuisinent les gâteaux de sable,

    Les offrent aux grand-pères attendris

    Qui lèvent leurs lunettes embuées sur leur front dégarni.

     

    Mais en ce mois fatal de février,

    J'ai sucé l'ocre des sables,

    J'ai rongé le béton gris,

    J'ai croqué pierres et rochers,

    J'ai dévoré la digue comme un monstre affamé.

     

    Comme un galérien délivré de ses fers,

    Je me suis précipité vers la liberté,

    Vers les espaces infinis étendus devant moi .

    Comme un chien enragé,

    J'ai mordu toute vie.

     

    Comme une pouliche grisée par un nouvel herbage,

    Sans mors et sans licou, j'ai galopé vers le soleil levant ;

    Ivre de violence et de haine, j'ai charrié sable et sédiments,

    Je les ai lancés sur les routes plates, les jardins délicats

    Où pointaient les narcisses du printemps promis.

     

    Les serpents de mes sœurs monstrueuses

    Méduse, Euryale, Sthéno ont craché leur venin :

    Sous les portes fermées, sous les fenêtres closes,

     J'ai inséré mes langues salées de vipère venimeuse

    Et j'ai noyé le minéral, le végétal et l'homme endormi.

     

    Les pêcheurs ne vendront plus leur poisson,

    Les draps ne claqueront plus dans le vent des jardins,

    Les volets ne s'ouvriront plus sur des matins frisquets

    Où l'on partait bottés pour des récoltes sûres

    De moules chuintantes et d'huîtres qui vous coupaient les mains.

     

     

     

    Du sel de mes vagues folles, il restera les larmes,

    Les cris de peur et de colère et les sanglots désespérés.

    Vos maisons ne seront plus ni port, ni phare, ni havre :

    On rasera les murs que vous aviez bâtis 

    On rasera jusqu'à vos souvenirs.

     

     

    Pleins de rancœur et de peine,

    Vous serez exilés dans votre propre pays.

     

     

     

    MARDI 06 AVRIL 2010, A 10:19
    LA POUPÉE
     

     

    J'ai gardé la poupée dans le berceau.

    Je l'ai caressée,

    Habillée,

    Câlinée.

    Dans le léger berceau d'osier

    Dormait une poupée

    Dure et sèche,

    Froide et raide.

     

    Et je l'ai câlinée,

    Bercée, caressée.

    Elle était belle,

    Si belle,

    Habillée de velours et de soie.

    Un petit chaperon couvrait sa tête,

    Des petits chaussons abritaient ses petons.

     

    Ma belle poupée

    Dans son berceau d'osier,

    Je l'ai tant câlinée

    Et tant bercée !

    J'étais femme pourtant

    Et bien sûr, je me cachais…

     

    Je me cachais des regards de pitié

    Des regards qui se seraient trompés

    Car je n'étais pas folle

    Et mes gestes l'étaient.

    Mais cette douce folie

    M'aidaient à rester mère

    Et raisonnable, et sage, et vivante,

     

    Car mon bébé,

    Mon bébé de chair et de sang,

    Mon bébé nu et chaud

    N'habitait plus le berceau d'osier.

    Mon enfant était sous la terre

    Pour jamais, pour jamais.

    Je n'avais pas de larmes,

    Séchée par le chagrin.

     

     

     

    ;

     

     

    LUNDI 05 AVRIL 2010, A 11:01
    PÂQUES
     

     

    Chaque année qui passe

    M'apporte en automne ses feuilles dorées,

    Sa pelouse jonchée et crissante,

    Les apéritifs bavards sur la terrasse froide,

    Ses poires éclatées où butinent les guêpes attardées,

    Ses pommes rouges et les derniers soleils.

     

    Chaque année qui passe,

    Je m'en vais par les bois,

    Je longe une rivière,

    Et je peins la forêt

    Pour retenir l'insaisissable couleur

    Des ocres et des vermeilles

    Qui auréolent le front des arbres.

     

    Chaque année qui passe,

    L'hiver me semble éternel

    Avec ses pluies débilitantes

    Derrière mes fenêtres infranchissables,

    Ses journées froides et blanches,

    Le soleil rasant ou le ciel plombé,

    Et les arbres givrés où pleurent les mésanges.

     

    Chaque année qui passe au jardin,

    Je guette les bourgeons gonflés de vie,

    Mes jonquilles précoces,

    Mon camélia délicat

    Frôlés par des bourdons endormis

    La météo capricieuse et ses étonnantes surprises.

     

    Chaque année où revient le printemps,

    Où carillonnent les cloches de Pâques

    Suivies par les cris des enfants,

    Je me sens vivante et éternelle

    Prête à me confondre avec l'humus,

    Prête à enrichir les racines profondes

    Où revient chaque année la vie,

    La vie qui part de la terre

    Et touche ciel et lumière.


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    MARDI 30 MARS 2010, A 23:08
    HYPOCRISIE
     

     

    Garde-toi de pleurer

    O mon visage blanc,

    O ma bouche de cire

    Où se noie mon chagrin.

     

    Tu souris à la ronde

    Et parle pour tromper.

    La béance des mots

    Tord ta bouche hébétée.

     

    Parle, on t'écoute avec bienveillance

    Si tu souris au vent.

    Garde serrées tes lèvres

    Pour taire ton malheur.

     

    Ainsi, on t'écoute,

    On te cajole, on t'aime,

    Ainsi on t'invite,

    Tu fais joli dans le décor.

     

    Tes mots de perles blanches

    Ourlent tes phrases vaines ;

    Sèche tes larmes pures

    Scelle ton regard triste.

     

    Nul n'écouterait ta peine :

    Ferme ton cœur à double tour.

    Ouvre une bouche sèche

    Sur des mots mensongers.

     

    La vérité, nul ne la sait,

    Nul ne la veut.

    Il faut savoir parler en société

    Sans  gêner, sans crier.

     

    Et moi, je ne saurais dire

    Si je pleure de rire

    Ou souris de chagrin

    Car ma parole est morte,

     

    Vierge mon âme de tout désir

    Blanc mon visage,

    Blanc mon sourire de convention :

    Livide la vie qui me conduit.

     

     

    Interdit à l'homme de pleurer,

    A la parturiente de hurler,

    Au veuf de crier son chagrin,

    Au clochard de chanter son ivresse :

     

    Je revendique la simple liberté de crier,

    La liberté ancestrale  de gémir, de supplier,

    La liberté humaine d'anéantir mes peurs

    Par le sel de mes larmes que quelqu'un essuierait.

     

     

     

     

     

    MERCREDI 17 MARS 2010, A 22:35
    TCHERNOBYL ET CAETERA
     

     

     

    L'aubade à l'aube

    Du rossignol invisible

    Désolera plus encore

    Le bois massacré et bitumé,

    Et les décombres enterrés

    De la ville détruite.

     

    La terre ulcérée, variqueuse

    Taira son tourment

    Un millénaire encore,

    Mutilée, moribonde.

    Science et poèsie ont mêmes fumées blanches,

    Même utopie, même amnésie.

     

    Encore quelques centrales,

    Encore quelques panaches,

    Encore quelques gerbes brûlantes,

    Encore quelques déchets enfouis

    Au cœur du cœur de notre terre

    Pour nos bébés rafistolés de l'avenir.

     

     

     

     

     

     

     

     

    MARDI 16 MARS 2010, A 11:21
    REVANCHE
     

     

    Moi je pleure

    Et toi tu joues

    Et tu ouvres tes yeux doux.

     

    Toi tu chantes

    Et moi je geins

    Et tu fermes tes deux mains.

     

    Moi je crie

    Et toi tu ris

    Et tu fermes tes yeux gris.

     

    Moi je vis

    Et toi tu meurs

    Tu as joué pour du beurre.

     

     

    LUNDI 15 MARS 2010, A 23:44
    DIX APHORISMES SUR LE BONHEUR
     

     

    Mon bonheur passe par plusieurs chemins

    Qui ne se rencontrent pas.

     

       _______________________

     

    Mon bonheur est d'argile

    Mais la sculpture est belle.

     

    __________________________

     

    Mon bonheur est un vase empli de fleurs fanées.

     

    ---------------------------------------- 

     

    Si je colle un sourire sur mes lèvres

    Qui croira en mon malheur ?

     

    __________________________

     

    Mon bonheur sonne comme cloche d'église

    Toujours au loin se perd le tintement.

     

    ------------------------------------------

     

    Qui sait ? le bonheur viendra peut-être au printemps

    De la sève des arbres géants

    Ou de la violette cachée sous la feuille ?

     

    -----------------------------------------

     

    Mon bonheur est pour demain,

    Mais je vis aujourd'hui.

     

    ------------------------------------------

     

    Je veux bien croire au bonheur.

    Pour le malheur, il y a la réalité.

     

    --------------------------------------------

     

    Rire m'est aussi facile que pleurer.

    Mais une heure de rire est vite oubliée.

     

    -------------------------------------------

     

    J'envie les gens heureux :

    On les dit égoïstes et oublieux.

    Moi, je n'oublie pas grand-chose

    Des grandes causes et des petites gens

    Qui m'ont tant fait pleurer

    Et qui, hélas, m'ont rendue sage.

     

     

    VENDREDI 12 MARS 2010, A 10:28
    LA TÊTE À L'ENVERS
     

     

    Reprenons

         Le monde est à l'envers

         Ma tête est à l'endroit

    Non, reprenons

         Ma tête est à l'envers

         Le monde va tout droit

    Non, c'est pas ça

         Le monde est un enfer

         Ma tête est à l'étroit

    Non, reprenons

         Ma tête est en colère

         Le monde est une croix

    Non, reprenons

         Ma tête dégénère

         Le monde est aux abois

    Non, reprenons

         Ma tête est trop légère

         Le monde danse de joie

    Non, c'est pas ça

         L'univers est vulgaire

         Mon âme se fourvoie

    Non, reprenons

         Dans la vie, rien à faire

         On s'y perd quelquefois

    Non, reprenons

         Si le monde se perd

         Je serai nommé Roi.

     

     

    LUNDI 08 MARS 2010, A 11:40
    JOURNÉE DE LA FEMME
     

     

    Mais non, Seigneur, tu le sais bien,

    Je ne t'ai pas oublié.

    La petite a crié: un loup, maman !

    Et je me suis levée.

    Ce matin, oui, j'étais bien énervée.

    Mon cher lit douillet, comme j'aimerais

    Te retrouver pour quelques minutes encore,

    Des minutes volées !

     

    Mais il a fallu les habiller

    Et puis les faire déjeuner,

    Ces chers petits affamés.

    Le chocolat renversé, tu le sais, toi,

    Qui a bien pu le nettoyer ?

     

    Et puis vite, vite, il était l'heure :

    Chez moi, il est toujours l'heure

    De faire quelque chose d'urgent ou d'assez pressé,

    Quelque chose de barbant,

    Quelque chose d'utile,

    Très provisoire et surtout très  stupide.

     

    Eh non, il ne faut pas oublier le petit monstre

    Qui vous mord le poignet,

    La montre aux désirs totalitaires et permanents :

    Le matin, les aiguilles sont folles.

    A peine levés, il faut déjà partir !

     

    On ne peut pas non plus laisser

    La maison en chantier, les couettes à l'envers

    Les bols dans l'évier.

    On pourrait, dit le mari, mais le soir,

    On n'aurait plus envie de revenir…

     

    Et puis une fois partis, c'est encore pire !

    Mails, téléphones, rendez-vous à déplacer

    Réunions, concertations,

    Salut, ça va ? Bonjour, monsieur le Directeur !

    Bonjour, Monsieur l'Inspecteur,

    Bonjour, Monsieur le Contrôleur,

    Nicolas, t'as pas vu mon stylo,

    Mon dossier, mon café ?

     

    Quelle heure est-il ? Une heure ?

    Il faut nourrir la machine affamée,

    Juste de quoi continuer,

    Car c'est encore pire après :

    A trois heures, il est déjà six heures ;

    Il faut courir vers le foyer béni

    Que tu as béni, Seigneur!

     

    Vite, les petits, Maman est pressée de rentrer !

    La lecture, le cahier à signer, le cours de gym

    Et les montagnes à repasser.

    Et puis aussi, il faudra bien dîner,

    Et surtout, ne pas oublier les bons petits légumes

    Bien présentés, frais et vitaminés

    C'est bon pour la croissance, tous ces machins épluchés !

     

    Pour tes enfants chéris, Seigneur :

    (Et en un tourne-main,

    Il suffit de s'organiser, ben, voyons)

    Brosser, laver, rôtir,

    Bouillir, braiser, cuire à l'étouffée,

    Et de la bonne humeur pour  présenter!

     

    Ciel, mon mari !

    Le pauvre, il est épuisé.

    Coup de peigne, sourire, bisous,

    Et l'intérêt habituel et factice :

    Pour ton projet, ils ont marché ?

    Comment, mais ils ne te connaissent pas !

    Tu as  mérité cette promo plus que lui!

     

    Onze heures ! Je n'ai pas vu la soirée passer…

    Calin, dodo, et je m'endors hébétée,

    Satisfaite de cette belle journée.

    Comment, Seigneur, que me dis-tu ?

    Je ne t'ai pas prié ?

     

    Je le sais pourtant bien,

    Pas un seul moment ,tu n'as cessé de compter

    Les cheveux de ma tête.

    Non, Seigneur, je ne t'ai pas oublié

    Pas  une seule seconde,toi qui as mille bras,

    Toi qui es partout à la fois,

    Toi qui sais tout, vois tout, entends tout,

    Je n'ai cessé de t'envier !  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 07 MARS 2010, A 09:18
    JE SUIS UN ARCHAÏSME.
     

     

     

    Je suis un vivant archaïsme

    Qui lit Ronsard, Desnos et Mac Orlan.

    Je multiplie les illusions

    Mais je n'ai pas de carte bleue.

    Dans ma poche, ni portable, ni internet,

    Mais un caillou poli ramassé sur la grève.

     

    Plus perdue qu'un pavé sur le boulevard,

    J'erre de trottoir en boutique,

    Hébétée devant les brillantes  vitrines.

    Je sursaute quand tremblent les néons jaunes

    Et rentre en mon ghetto

    Quand les musiques de série

    Claquent mon visage blanc.

     

    Les affiches et les pubs

    Asphyxient mes pensées,

    Coupent ma chair et lacèrent mon âme.

    A vingt ou quarante ans, je ne suis pas d'ici :

    Ni venue tôt, ni venue tard

    Mais tombée des constellations

    Pour un bagne brillant qui m'est une prison.

     

    Je n'en suis pas complice,

    L'esprit torturé de lames rouges.

    Agressée par ce nouveau siècle qui chavire,

    Si je marche, je titube,

    Si je dors, je m'évanouis,

    Et si je parle, c'est pour crier

    Sans voix, comme dans un cauchemar.

     

     

     

    SAMEDI 06 MARS 2010, A 17:48
    SUPERSTITION
     

     

    L'eau qui sourd, ivre et glacée

    Au bas de ma maison,

    A petits pas légers de danseuse affolée,

    L'eau qui bruit dans la nuit,

    Contente et jaillissante,

    L'eau qui jase et saille des cavernes profondes

    Des entrailles fertiles et des rumeurs fécondes,

     

    Me donnera enfin l'amour et le bonheur

    Si je jette à son fil un fil de mes cheveux

    Sous la lune mordante, un beau matin d'avril,

    Le premier fil d'argent pour mieux conduire ma vie.

    Et je ferai trois vœux pour broyer le malheur :

    L'un de fermer les yeux, l'autre de tendre mes mains,

    Et le troisième enfin sera pour mon jardin.

     

     

     

     

     

    JEUDI 04 MARS 2010, A 19:43
    LA PETITE ÉGLISE,
     

     

    Adieu, petite église écrasée par les tours de verre,

    Les bureaux, les cinés, les néons ;

    La ville a grandi dans une chape étroite

    Qui obscurcit le ciel et rend l'homme méchant.

    Petite église accroupie, adieu,

    Tu t'enfonces dans la terre

    Et le béton t'avalera bientôt,

    Très content de ta disparition.

     

    Mais le germe est vivant

    Et bientôt, sous un soleil nouveau,

    Tu croîtras fièrement et jailliras de terre,

    Dominant les décombres du siècle passé.

    Les hommes alors pousseront ta porte de chêne,

    Le dos courbé par l'humilité,

    Les yeux cherchant la voie et la lumière,

    Le cœur empli d'espérance et de foi.

     

     

    JEUDI 04 MARS 2010, A 11:19
    LE DERNIER COMPTE
     

     

    J'ai compté sur mes doigts

    Un deux, trois.

    J'ai sauté sur mes pieds

    Sans pitié.

    J'ai chanté sur les toits

    Sans émoi.

    Et si j'avais dû attendre

    Pour t'entendre ?

    Et si j étais resté

    Pour aimer ?

    Un deux, trois

    Par ici.

    Huit, neuf, dix,

    Les dés sont jetés

    Sans compter.

    Celui qui restera pour moi

    Ce sera le dernier

    Car la roue a tourné.

     

     

     

     

    MARDI 02 MARS 2010, A 18:54
    ALOUETTE, Ô MON ÂME
     

     

    Calme-toi, mon âme inquiète,

    Pas plus que le duvet de l'oiseau,

    Pas plus que la brise légère

    Ne penchera ton âme

    Sur la balance qui oscille

    De l'amour vers le péché,

    Pas plus, tu ne pèseras dans la main de Dieu.

     

    Il est des âmes lourdes

    D'or ou de plomb

    Qui pèsent d'importance

    Sur le toit de l'humanité.

    De César à Hitler, de Socrate à Gandhi,

    Les âmes lourdes font leurs comptes

    Avec un Dieu vengeur, consolation des affligés.

     

    Mais mon âme légère,

    Quel fléau pourrait-elle faire pencher ?

    Mais mon âme insouciante,

    Pour quelle valeur pourrait-on l'échanger ?

    Pas plus que l'âme de l'enfant nouveau-né

    Ne pèse mon âme sur cette terre

    Que je n'ai fait qu'effleurer.

     

    Calme-toi donc, ô mon esprit chagrin

    O mon âme assoiffée de justice et de décomptes,

    Triste compagne de peu de poids,

    Tu as l'humilité sans la honte,

    Petit fétu de paille  oublié  sur la glèbe,

    L'alouette qui vole

    N'a pas plus à porter.

     

    Laisse ton chant striduler sans harmonie

    Et que la mort te soit légère :

    Tu as si peu vécu à travers tes années :

    Qui donc pourrait te réclamer un butin ?

    Qui donc te demanderait pour l'éternité

    L'alpha ou l'oméga ?

    Qui donc voudrait mesurer tes lieues et tes pas ?

     

    Laisse le souffle divin te diriger tout droit

    Vers les limbes nimbées de sainteté larvée ;

    Souffle ta bougie,

    Oublie le sel et le pain,

    Eteins ton corps,

    Petite âme craintive , l'Esprit de Dieu te pousse :

    Vole vers sa clarté.

     

     

     

     

    LUNDI 01 MARS 2010, A 23:45
    LE VENT DE BRETAGNE
     

     

    Le volet qui tape contre les pierres grises

    C'est le vent dehors qui t'appelle.

    Le volet grince et gémit

    La mer au loin blanchit la grève.

     

    Dors, petit enfant, dors, va rejoindre les rêves.

    Le volet tapera demain,

    Le volet grince et gémit :

    La mer n'est pas encore ton amie.

     

    Le volet tape et gémit,

    Dors, petit enfant, dors avec les elfes.

    N'écoute pas les appels du vent :

    Le diable rôde…

     

     

     

     

    LUNDI 01 MARS 2010, A 23:30
    CARMEN
     

     

    Comment peut- elle

    A la fois,

    Etre si chaude et si glacée,

    Peser si lourd et voltiger ?

     

    Comment peut- elle

    Susciter ton désir

    Et réveiller tes peurs,

    Te regarder et t'éviter ?

     

    Comment peut-elle ainsi

    Porter le rouge des amoureuses,

    Porter le noir des endeuillées

    Et magnifier la virginité ?

     

    Comment peut-elle s'enflammer

    De rouge et de sang

    Dans l'arène dorée,

    Sans oublier de s'éventer ?

     

    Couvrant ses petits souliers,

    Comment peut-elle mettre

    De si pesants volants

    Et dévoiler sa cuisse ombrée ?

     

    Devant les boléros serrés,

    Comment peut-elle crier d'amour

    Et détourner son majestueux  regard,

    En éclatant d'un rire dédaigneux ?

     

    Comment sa bouche sombre

    Peut-elle ainsi

    Etre cruelle et caressante,

    Donner et refuser ?

     

    Eloigne- toi si tu le peux,

    Car sur l'Espagne en fête,

    Le soleil brûle et danse

    Jusqu'à la nuit.

     

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