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Dans l'écluse moirée
La péniche s'avance,
Fière du sable doré
Pour une tour immense.
On ferme les vantaux:
L'eau s'engouffre en grondant,
Et la péniche danse
En montant sur les eaux.
Sur le fleuve calmé
La péniche s'en va,
De son allure tranquille,
S'en va vers la grand'ville
Où l'on bat le béton.
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Tu le disais,
Mais tu ne le dis plus.
Tu parlais
Mais tu ne parles plus.
Tu le faisais,
Mais tu ne le fais plus.
Tu souriais,
Mais tu ne souris plus.
Tu chantais,
Mais tu ne chantes plus.
Adieu !
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-Frère, mon beau seigneur,
Puisse Dieu en ce jour nouveau vous honorer !
-Avec les chants des anges, frère Odulon,
Pour votre politesse, soyez loué !
-Beau sire, vous me flattez,
Jamais en si gentil salut, je ne fus salué.
Que Dieu vous bénisse, messire,
En ce beau jour d'été !
-En grande loyauté,
Je vous aime,Odulon,
Autant que notre mère vous aime !
-Aussi beau que soleil de l'aube,
Frère Hurion, vous éclairez ma journée,
Et je serais félon
Si je méconnaissais votre courage et votre dignité !
-Mon bon seigneur,
Par moi, ne soyez jamais irrité :
Voulez-vous que demain,
Nous cheminions ensemble ?
A cheval, dans les prés verdoyants sur la vallée,
En bonne compagnie pourrons chasser :
Descendons de nos fières forteresses,
Vous de Girsberg le château,
Et moi du fort de Saint-Ulrich.
-Bel ami, que le plus matinal de nous deux,
D'un trait d'arbalète fiché dans le volet
Eveille celui qui dort
Derrière le volet clos
De la chambre assombrie.
-Frère, mon bel ami,
Avec l'aide du Dieu vivant
Et les trompes des anges,
Je vous éveillerai le premier,
N'attendant ni la cloche sonore,
Ni le coq à l'ergot dressé.
-Comte, vous voulez rire, je crois,
Rire ou bien plaisanter !
De Saint-Ulrich au château de Girsberg,
Ma flèche sitôt cochée
Dans le bois de votre volet clos
Vous sortira du songe
Où vous aimez vous prélasser !
Le lendemain,
Déjà vêtus du mantelé broché,
Sur leurs épaules rondes et musclées,
Les deux frères tout ensemble
Ouvrirent leurs deux fenêtres,
Et, d'un château à l'autre,
La flèche rapide de l'agile Hurion
Atteignit Odulon en plein cœur,
Rougissant de sang pur
L'olifan d'ivoire blanc
Qui onc ne chanta plus.
Odulon n'a senti ni peur, ni souffrance :
Il tombe en pâmoison,
Ses yeux pâlissent et se ferment,
Il est mort à l'instant.
-O, mon frère bien-aimé,
Toi, vaillant chevalier preux et courtois,
Sache que de la terre au ciel,
Il n'y aura plus pour moi de jour en repos :
J'ai perdu mon frère, mon ami,
Je ne peux que gémir et pleurer !
Il s' arrache à poignées les cheveux,
Il crie sa grande peine,
Il bat sa coulpe,
Demande à Dieu merci…
Hurion ne saurait assez
Sur lui-même se venger,
Meurtrier de son frère,
Dans l'heure, sans confession et sans pardon,
Il en meurt de chagrin…
Père et Mère, pleurez le beau lignage,
Pleurez sur vos deux fils,
A grande douleur qui ne guérira pas.
Frappez votre poitrine offerte,
Et que Dieu vous protège,
Et que les saints du Paradis
Vous tendent les bras…
Il n'y a plus de comtes à Ribeaupierre :
Et ne restent à présent
Sur les pitons escarpés des Vosges sombres
Dressés comme des poings vengeurs
Au-dessus de Ribeauvillé,
Que des ruines de mur et un donjon carré
Où souffle la complainte cruelle et éternelle
Des deux frères qui s'aimaient tant d'amitié
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Je n'aime pas
Quand je rentre chez moi
Trouver la maison vide,
La maison vide et froide.
Juste un chat qui ronronne,
Une mouche importune,
Un meuble poussiéreux,
Des factures à payer.
Je n'aime pas
Quand je reviens chez moi,
Trouver les herbes hautes
Dévorant mes rosiers.
Juste un moineau qui chante,
Une abeille occupée,
Des liserons fleuris,
Le mûrier desséché.
Pour revenir le soir
Dans ma maison tranquille,
Je veux une lumière
Au-dessus de l'évier,
Et dans le creux du lit,
Pour bien fermer les yeux,
L'amoureux attendri
Qui me prend dans ses bras.
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