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    MERCREDI 24 FÉVRIER 2010, A 19:41
    EDFOU, TEMPLE DU DIEU HORUS
     

     

    Les portes du sanctuaire d'Edfou sont scellées chaque soir :

    Horus replie ses ailes bleutées et ferme ses yeux fatigués,

    Oubliant pour la nuit ses combats contre Seth.

     

    Les portes de cèdre s'ouvrent au lever du jour :

    Horus reprend sa course diurne au-dessus du désert.

    Il ouvre ses ailes et déploie ses bienfaits

    Sur la terre d'Egypte.

     

    Une plume jaune tombe sur la pierre

    Et la transforme en sable fertile.

    Une plume bleue se détache :

    Voici le lac Nasser.

    La plume d'un rouge flamboyant

    Tombe sur l'homme et lui donne la vie.

     

    La mythologie d'hier se mêle aux contes d'aujourd'hui.

     

    Ni son bec courbé et puissant,

    Ni sa dent acérée,

    Ni ses redoutables serres

    Ne lui donnent autant de force et de gloire

    Que sa vue perspicace et divine

    Qui est mesure, ordre et victoire.

     

    Son regard tranche le bien du mal

    Et répand chaque jour l'harmonie.

    Les portes d'Edfou se ferment chaque soir,

    Mais au matin, le dieu solaire reprend son vol,

    Sa quête inlassable et universelle.

     

     

     

     

     

     

    LUNDI 22 FÉVRIER 2010, A 19:35
    RAMSÈS, DEBOUT POUR TOUJOURS À ABOU SIMBEL
     

     

    Les yeux ouverts

    Sur son rêve de gloire et d'éternité,

    Ramsès songe :

    La poussière ne fait pas ciller son œil,

    Le vent ne dessèche pas sa lèvre,

    L'eau ne noie pas sa fièvre.

    Sa grandeur s'est muée en folie,

    Sa folie s'est figée dans le grès

    Dont il est prisonnier.

     

    Il ne voyagera pas au royaume des morts,

    Il ne trouvera jamais les portes de l'au-delà.

    Dans les colosses de pierre

    Son âme est ligotée chaque soir

    Pour une veillée funèbre,

    Cruelle et solennelle

    Où il entend son nom célébré par l'écho de sa propre voix.

     

    Parfois son rêve le conduit

    Sur les rives de l'Oronte en lointaine Syrie

    Avec ses valeureux guerriers lui apportant Qadesh.

    Il se console aussi en pensant à sa couche douce

    Où l'attendait Nefertari.

     

    Il ne trouvera pas le sommeil de la mort :

    Ses semelles plombées lui ont donné

    L'éternité terrestre et l'attente immobile

    Du souffle qui passe là-bas,

    Au-dessus des obélisques purs,

    Et qui s'en va par delà le lac

    Lier la terre avec le ciel

    En séparant les vivants des morts

    Pour leur donner la paix..

     

     

     

    DIMANCHE 21 FÉVRIER 2010, A 10:13
    TOMBEAU DU ROI DJESER
     

     

    Le Roi Djeser erre sans fin

    Dans son palais de pierre grise

    Et de sable brûlant.

    On l'entend parfois crier le nom d'Imhotep,

    Et pleurer à grands sanglots bruyants

    La si longue famine

    Qui décima son peuple chéri.

    Il implore le dieu Knoum compatissant

    Et cherche de ses yeux brûlés

    Memphis la bien-aimée de son royaume unifié.

    Puis il retourne en sa chambre triste,

    Et guette pendant des heures

    Le chant du Nil où il aimait se baigner

    Parmi les lotus en fleurs.

    Aspiré par les effluves du fleuve révéré,

    Il gravit parfois les marches de son tombeau

    A pas lourds et pesants

    Et s'assied pensif sur les berges odorantes,

    Lavant son âme fatiguée de l'éternelle errance

    Sous le soleil implacable.

     

     

    VENDREDI 19 FÉVRIER 2010, A 12:35
    AUTREFOIS,
     

     

    Autrefois, il y avait des rossignols,

    Il y avait, tête bêche sous les feuilles d'aulne,

    Des moustiques ligotés dans leurs longues pattes.

     

    Il y avait des chalets silencieux

    Où l'on tendait l'oreille

    Vers les secrets de la nuit.

     

    Il y avait les sombres pénombres

     

    Autrefois, c'était un cri d'oie sauvage,

    C'était le soleil qui s'enroulait

    Aux vrilles de la vigne.

     

    Il y avait la lumière et les ombres.

     

    Autrefois, si le sommeil ne venait pas ;

    L'aube grise et rosée haletait

    De mille joies  précoces.

     

    Il y avait le jour et la nuit sombre.

     

    Et le fleuve chantant du bruit de ses eaux vives

    Emanait au printemps

    D'une âcre et fade odeur.

     

    Aujourd'hui, la ville est sombre le jour,

    Elle  est lumière toute la nuit :

    Même les passereaux se sont enfuis.

     

    C'est la ville sans nids et sans terriers,

    La ville sans fleurs ni fougères,

    La ville tremblante sous trop de bruit.

     

    Le ciel  profond est gris mais sans nuage,

    Nulle étoile ne brille au-dessus des néons :

    Ciel et terre aujourd'hui se cognent au béton.

               

     

     

     

     

    JEUDI 18 FÉVRIER 2010, A 10:41
    BANLIEUE
     

     

    Tu peux toujours parler des étoiles

    Et du firmament infini.

     

    Tu peux chanter les forêts, les montagnes,

    Et les sentiers parfumés.

     

    Tu peux parler du fleuve jaune

    Et des jonques dorées.

     

    Ces mensonges-là te font rêver

    Mais ta vie est ailleurs :

     

    Ta banlieue morne est bétonnée,

    Tes rêves ligotés, ta poésie asséchée.

     

    Il y a juste un arbre devant ta fenêtre,

    Fier et courageux pour abriter deux merles,

     

    Une palombe grise, un sansonnet bavard,

    Et ton espoir infini pour une vie plus belle.

     

     

     

    JEUDI 18 FÉVRIER 2010, A 10:10
    NOUS N'IRONS PLUS AU BOIS.
     

     

    Nous n'irons plus au bois,

    Les lauriers sont coupés,

    Nous n'irons plus au bois,

    Nos jambes sont sciées,

    Et nos bras,

     

    Nos bras chargés autrefois

    D'enfants, de fleurs et de lumière,

    Nos pauvres bras vidés

    De sang, de sève et d'amour,

    Nos bras coupés

     

    Ne savent plus s'élever vers le ciel

    Pour prier saints et saintes

    Reposant au firmament.

    Nos mains creusent la terre, inlassablement.

    Trouveront-elles un jour le trésor ?

     

     

    MERCREDI 17 FÉVRIER 2010, A 16:54
    PEINDRE OU ÉCRIRE?
     

     

    Comme c'est facile,

        Mon ami,

    De prendre un peu de rose, un peu de bleu,

    De tremper ton pinceau

    Pour dessiner tout l'univers !

     

    Comme c'est facile,

        Mon ami,

    De peindre sur la toile

    Des noirs moroses, des idées folles,

    Et d'y trouver la joie !

     

    Comme c'est facile,

        Mon ami,

    Une aquarelle, un beau pastel

    En deux petits mouvements

    Qui font passer le temps !

     

    Mais comme tu peines,

        Mon ami,

    Les mots en bout de plume,

    Les mots au bord du cœur,

    Comme tu peines !

     

     

     

     

     

     

     

     

    MARDI 16 FÉVRIER 2010, A 13:19
    LA CENT ET UNIÈME LETTRE D'AMOUR.
     

     

    Tous les deux, on s'allongerait côte à côte,

    On s'allongera tous deux côte à côte,

    On s'allongera sans bouger, sans rien dire,

    Sans bouger, sans rien dire.

    Tu mettrais ton visage contre mon visage,

    Tu mettras ton visage contre mon visage.

    Tu sentirais mon souffle près de ta joue,

    Tu sentiras mon souffle près de ta joue.

     

    Je respirerai ton souffle léger et pur.

    Tu poseras ta  lèvre sur ma lèvre

    Et je boirai ta lèvre sur ma lèvre.

    J'embrasserai ta paupière close

    Ta paupière fermée et priante,

    Ta paupière ombrée, douce et priante.

    Et toujours ton souffle dans mon souffle

    Et ta lèvre sur ma lèvre.

     

    Tes bras m'enserreraient, m'enserreront tout entière,

    Tes bras si grands, si protecteurs, si rassurants

    Qu'ils m'enveloppent jusqu'au cœur,

    Jusqu'à toucher mon âme,

    Tes bras me tiennent et me soutiennent,

    Me soutenaient, me soutiendront.

    Et la caresse de ta main,

    Non, je ne peux la dire,

     

    Ta main si douce qui m'est réconfort

    Qui m'est parole, amour et confiance,

    Ta main qui me recrée

    Comme le peintre dessine,

    Ta main qui me soulage de mes maux,

    Ta main qui efface mes douleurs,

    Ta main qui embellit mon corps

    En épousant mes courbes.

     

    On s'allongerait côte à côte,

    Sans bouger, sans rien dire.

    On s'allongera côte à côte,

    Sans parler, sans rien dire,

    Les jambes nouées, les mains serrées,

    Le cœur noué et bien serré,

    L'un contre l'autre,

    Sans bouger,sans parole inutile.

     

    Tes cuisses longues et noueuses

    Mes cuisses petites et rondes

    Côte à côte, sans bouger, sans frémir,

    Juste un souffle commun

    Léger et pur,

    Un seul souffle pour deux,

    Un seul souffle pour deux

    Et une mesure commune.

     

    Ta poitrine me soulevant

    Comme la houle soulève un esquif.

    Ta poitrine comme un coffre

    Empli de trésors merveilleux

    Me soulèverait, me soulèvera

    D'un souffle léger et pur.

    Allongés côte à côte,

    Bien serrés dans notre amour précieux.

     

    J'écouterai alors ta voix, étrange sous mon oreille

    Bien collée contre toi pour d'étranges musiques.

    Côte à côte, pour vivre enfin

    Demain, demain.

    Et comment survivre à cette nuit si longue,

    Cette nuit qui jamais ne finit ?

    Et puis encore des heures et des heures d'attente,

    Des heures et des heures de journée ?

    .

     

    Demain,

    C'est tellement loin, demain !

    Qui ose ainsi nous séparer,

    Oter l'eau à la plante,

    Séparer la racine de la terre,

    Nous faire dormir ainsi

    Loin, loin l'un de l'autre

    Et loin de la certitude du lendemain ?

     

     

     

     

    SAMEDI 13 FÉVRIER 2010, A 18:28
    DÉMISSION
     

     

    Que fais-tu là, petite,

    Devant ton écran noir

    Et ton journal ouvert

    Et ta porte fermée ?

    Que fais-tu là, petite,

    A regarder la foule

    Hurler des mots vengeurs ?

    Que fais-tu là, assise,

    Ton chat sur les genoux

    Et ton livre à la main,

    A pleurer Héloïse,

    A tricoter des riens ?

    Que fais-tu dans la rue

    Les yeux couchés à terre

    Pour ne voir ni l'affiche

    Ni le rapeur râleur,

    Ni la violence rose

    Ni la pâleur du vieux,

    Ni l'apatride exsangue,

    Ni la main qui se tend ?

    Que fais-tu là, petite,

    A trier devant l'urne,

    Tout le mauvais du pire

    Et te laver les mains ?

    Que fais-tu là, petite

    A doucement chanter,

    Doucement tu respires,

    Doucement tu expires…

     

    Si petite sois-tu

    Tu peux encore crier .

     

     

    DIMANCHE 07 FÉVRIER 2010, A 20:37
    LE COQUILLAGE
     

     

    Je ne vois rien :mes yeux se sont fermés.

    Je joue, je cours, je ris et j'étudie,

    Paupières closes, lèvres pincées.

    Les yeux rivés sur mes pensées moroses.

     

    Je ne vois rien :aveugle je suis devenue

    Et sourde, et muette, et malheureuse aussi,

    Repliée comme un coquillage vide

    Où chante encore la mer.

     

    Caressée et polie, mais pliée de douleur,

    Nul ne pourra déplier la coquille blanchie

    Qui perd sa nacre et sa douceur,

    Au fil des vagues violentes et lentes,

     

    Au fil des jours qui m'usent et qui m'effritent

    Je deviens sable souple,

    Sable mouvant, sable stérile,

    Sur moi la mer s'acharne et me rend au néant.

     

     

     

     

     


    DIMANCHE 07 FÉVRIER 2010, A 19:56
    LE MARCHÉ
     

     

    M'enfuyant du marché

    Aux gorges arrogantes,

    Bousculant les chalands,

    Mon bras lourd de denrées,

    Heureuse, les mains frémissantes,

    Joyeuse, les doigts frissonnants,

    Dans mon panier de jonc

    Au milieu des salades,

    Des oranges râpeuses,

    Des endives dorées,

    J'ai posé doucement

    Noir, pourpre et violine,

    Précieux et inutile

    Et les pétales enflés,

    Un bouquet d'anémones

    Pour nourrir mes pensées,

    Et d'un pas plus léger

    Poser en ma maison

    Une idée du bonheur

    Qui me fera chanter.

     


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    VENDREDI 29 JANVIER 2010, A 20:25
    MÉLODIES OUBLIÉES
     

     

    L'ariette oubliée des temps passés

    Chante une mélodie légère,

    Les doigts s'envolent sur le clavier,

    Le petit air est enjoué.

     

    La barcarolle caracole

    Et dansent les notes frêles,

    Le musicien a froid aux mains,

    L'été est encore loin.

     

    La romance doucement geint

    Et la trille se plaint.

    L'Italien pleure sur le piano

    Des mots d'amour en solo.

     

    Ecoutez bien la complainte

    Du pauvre petit cheval blanc,

    Le vieux berger a du chagrin,

    Sa voix s'éteint dans le matin.

     

     

     

     

    MERCREDI 27 JANVIER 2010, A 23:01
    MACHO
     

     

    De coquecigrues en balivernes

    T'en auras tant dit de fadaises

    De sornettes en calembredaines

    T'en auras parlé à ton aise.

     

    De fariboles en billevesées

    T'en auras encore ajouté

    De bêtises en balançoires

    Y'en a toujours jusqu'au soir.

     

    T'es qu'une buse, t'es qu'une sotte

    Une bêtasse, une bourrique

    Une bedole, une pauv'cruche

    Qui m'en radote même la nuit.

     

    C'est ma déveine

    C'est mon guignon

    Que ta bouche toujours ouverte

    Déverse autant de chansons.

     

    Petite gourdiflotte

    Petite gourgandine,

    Insupportable pipelette,

    Ferme ta bouche   et ta bavette.

     

    Enfin, enfin, comprends enfin

    Des rubans, des jarretières

    De la poudre et de la soie,

    Ok, mais sois belle et tais-toi !

     

    .

     

     

     

     

    MARDI 26 JANVIER 2010, A 11:41
    LES LETTRES
     

     

    Pour le nourrisson qu'on gave de tendresse

    Les seuls lettres vraiment importantes

    Sont celles chantées par sa maman

    Dodo, l'enfant do.

     

    Pour l'enfançon  sans détresse,

    Les seules lettres super importantes

    Sont les lettres calligraphiées de la  super maîtresse

    Qu'il faut super imiter.

     

    Pour l'étudiant licencié,

    Les lettres essentielles

    Sont celles qu'il écrit en secret

    A sa jolie dulcinée.

     

    Pour le petit prof déprimé,

    Les lettres plutôt importantes

    Sont celles qui vont s'imprimer

    Sur les résultats des lycées.

     

    Pour l'académicien pontifiant et bougon,

    Les lettres définitivement importantes

    Sont celles qui le loueront

    Dans sa posthume renommée.

     

    Pour le journaliste du bitume,

    Les seules lettres vraiment importantes

    Sont celles qui s'additionnent à la une

    Et font vendre du papier.

     

    Pour moi, poète du lendemain

    Qui remet chaque jour les lignes à taper,

    Les seules lettres importantes

    Sont celles que je ne peux écrire,

     

    Qui s'entortillent et s'entre-bouchonnent

    Dans ma pauvre tête échauffée,

    Et que mes mains trop inquiètes

    N'oseront jamais étaler.

     

     

     

    JEUDI 21 JANVIER 2010, A 20:38
    PRAJÂPATI
     

     

    Le Verbe est tout ce qu'il possède :

    Avec le Verbe, il emplit l'univers.

     

    La parole s'élance et remplit l'espace

    D'un satellite à la terre,

     

    D'un fleuve à l'océan,

    Des étoiles éteintes et lumineuses,

     

    Des montagnes enneigées

    Au plus profond des enfers.

     

    Prajâpati, le seigneur créateur

    Par le Verbe a créé la terre.

     

    Prajâpati, le seigneur de l'univers

    Par la parole a créé l'espace.

     

    Prajâpati, le dieu de l'absolu

    Par les sons  a créé le ciel.

     

    Prajâpati, maître de l'énergie

    A insufflé la vie par le cri.

     

    Le Verbe est tout ce qu'il possède,

    Avec le Verbe, il emplit l'univers.

     

    Et l'homme à son image

    Ecoute, parle, chante, écrit,

     

    Homme et dieu par le Verbe,

    De toute éternité, il est esprit.

     

     

     

    MERCREDI 20 JANVIER 2010, A 20:57
    HAÏTI
     

     

    Sur la nappe damassée,

    La bonne assiette de soupe

    Et des couverts d'argent ;

    Des bougies parfumées,

    Un verre de frais vin blanc.

     

    La télé ouvre sa fenêtre

    Sur le soleil d'Haïti :

    Des pierres, une main, un cri.

    Je bois mon frais vin blanc.

     

    Dans mon fauteuil capitonné

    Je ressasse ma dure journée.

    J'attends un film rigolo ou stressant,

    Je grignote sans y penser

    De jolis chocolats noirs ou blancs.

     

    La télé ferme sa fenêtre

    Sur le soleil noir d'Haïti.

    Plus de pierres, plus de main, plus de cri :

    J'ai mangé tous mes chocolats blancs.

     

     

     

    DIMANCHE 17 JANVIER 2010, A 11:51
    DEMAIN
     

     

    Demain, sans doute, demain,

    Je pourrai de nouveau

    Goûter le sel, goûter

    L'amer et le sucré,

    Goûter autour d'une table

    Avec de joyeux amis,

    Le vin et l'eau,

    Le rire et les larmes.

     

    Demain, oui, demain,

    Si mes lèvres savent encore sourire,

    Si mon cœur sait encore battre,

    Je pourrai de nouveau

    Plaisanter pour un rien,

    Parler pour parler,

    M'étonner d'un regard,

    Admirer sans comprendre,

    Aimer sans questionner.

     

    Aujourd'hui, aujourd'hui,

      seul compte le présent,

    Où seule s'éveille la nuit,

    Aujourd'hui, je dors,

    Mais mon sommeil me trouve debout

    Prête à m'affaler,

    Prête à renoncer,

    A tout, sauf à dormir si je suis allongée,

    A tout, sauf à vivre si je suis éveillée.

     

     

     

    MERCREDI 13 JANVIER 2010, A 16:00
    COMME UN CHIEN,
     

     

    Je voudrais me coucher par terre comme un chien,

    Le museau sur les pattes,

    Les yeux fermés,

    Et qu'entre le visiteur,

    Et qu'entrent le voleur,

    L'enfant et sa nounou,

    La grand'mère et son chat.

    Rester couché sur le paillasson

    Aussi immobile que le chien de faïence

    Figé sur la cheminée,

     

    Aussi inutile,aussi transparent.

    A peine ouvrir une paupière lourde et paresseuse

    Sur le vent déplacé par la porte ouverte .

    Ne rien voir, ne rien penser,

    Ou du moins, faire semblant,

    Et que sonne l'horloge, et que sonnent les portables,

    Et que défilent les clips assourdissants à la télé,

    Et que passent et s'oublient les films couronnés,

    Et que braillent chanteurs et journalistes

    Parlant de foot, de cyclones et d'amours mortes...

     

    Ne plus voir les larmes des hommes,

    Ne plus entendre leur rire

    Aussi loin, aussi proches soient-ils.

    Hier pourtant, j'écartais mes ailes de mouette blanche,

    Hier, je flottais au vent joyeux.

    Dominant du regard océan et falaise,

    J'étais l'oiseau planant sous les nuages clairs,

    J'étais l'oiseau dansant au soleil levant.

    Aujourd'hui,j'ai perdu mes plumes blanches et légères,

    Sur le seuil poussiéreux, je suis devenu chien.

     

    Et maintenant, laissez-moi dormir

    Entre mes pattes douces,

    Réglant mon rêve noir

    Sur le souffle de ma truffe mouillée.

    Ne caressez au passage

    Ni mes oreilles inquiètes agitées de tremblements,

    Ni le poil de mon échine maigre,

    Ni mon cou arrondi sur mes peurs...

    Je veux seulement dormir au chaud

    Près d'une porte qui s'ouvre.

     

     

     

     

    LUNDI 11 JANVIER 2010, A 12:41
    L'HOMME DEBOUT
     

     

    L'homme debout  (musée d'archéologie de Nemours)

     

    Dans la pierre ou sur les feuilles d'agave,

    Sur les peaux de cerf bien tannées

    Et sur les vélins transparents,

    Au fond des grottes des Eyzies

    Ou dans la tombe de Dame Hao à Xiaotun,

    Dans la brûlure du désert

    Ou sous les vertes frondaisons,

    Moi, l'homme debout,

    J'ai voulu dessiner, écrire,

    Dessiner, écrire et écrire toujours,

    Encore et encore,

     

    En points groupés,

    En bâtonnets sévères et droits,

    En sillons, en hiératique,

    En pictogrammes,

    En inscriptions oraculaires,

    En caroline, en lettres capitales,

    En arabesques,

    De gauche à droite, de haut en bas,

    Ou tout à l'envers, la tête en l'air,

    La main posée, la main levée

    Ou frappant sur la touche froide,

    Toujours et toujours,

    Pour signer de mon nom 

    L'intelligence de l'homme,

     

    Moi, l'homme debout,

    J'ai trouvé le caillou, la craie et l'encre,

    L'os et l'ivoire, le bambou et la soie,

    Le fusain noir, le clavier blanc,

    Pour signer de mon nom,

    De mon nom d'enfant de Dieu

    L'esprit, le génie et le courage,

    La bêtise et la méchanceté,

    La pensée exprimée, partagée, contestée,

    Le bien et le mal,

    Le pardon et le génocide,

    Le mariage et la répudiation,

    Moi, l'homme debout,

    J'ai pu procréer et mourir,

    J'ai pu vivre misère et magnificence,

    J'ai pu ouvrir les mers et conquérir la lune rousse,

     

    Rien, rien d'autre ne m'a fait avancer

    Que ce désir permanent d'écrire,

    D'écrire et d'écrire

    Avec plume ou clavier

    Pour signer mon fulgurant passage

    Sur cette terre hospitalière,

    Remuer le cœur d'une femme,

    Traverser fleuves et océans,

    Etablir lois et décrets,

    Jeter l'espoir ou le désespoir,

    L'éloquence et le mensonge,

    La vie, la mort,

     

    Moi, l'homme debout,

    J'ai la mission d'écrire,

    La passion des mots,

    Le culte de la pensée,

    Et  le désir puissant de fixer pour toujours

    Ma brève destinée

    Sur cette terre  où tournent les heures,

    Et qui me donne argile, peau, encre,

    Juste pour quelques mots

    Soufflés par mon esprit divin,

    Quelques mots écrits

    Qui me séparent de l'animal

    Muet pour toujours

    Et pour toujours soumis, pourchassé, domestiqué.

     

    Je suis vivant, je suis  debout,

    J'écris, je suis libre et éternel.

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 03 JANVIER 2010, A 23:27
    LE GRAND SILENCE
     

     

    Au vent qui m'enveloppe

    Jamais je ne dirai de dormir;

    A la vague impatiente,

    A la rivière bruissante,

    Jamais je ne dirai de se taire:

    Et ma parole, il faut la baillonner,

    Ou attendre patiemment dans la nuit

    Qu'une étoile me fasse signe.

     

     

    DIMANCHE 03 JANVIER 2010, A 12:32
    ESTAMPE JAPONAISE
     

     

    Estampe japonaise Surimono, vœu du 3 janvier.

     

    Qui sait où partent

    Sur ce bateau trop chargé

    Les sept divinités du bonheur

    Qu'un dragon malicieux conduit ?

     

    Qui sait où les mènent

    Vents et marées ,

    Qui sait où trouver les îles

    Où boire l'eau de l'espoir ?

     

    Qui choisira la bonne route,

    Celle qui conduit au bonheur,

    Qui noiera sa boussole

    En préférant le vent ?

     

    Elles partent bien habillées,

    Les cheveux lisses et la soie brillante,

    Entassées sans bagages ni sacs de riz

    Vers l'aventure de la vie.

     

    Emmenez-moi, déesses du bonheur,

    Je promets d'être sage et de vous écouter,

    Et je promets de croire

    A des orients dorés.

     

     

     

    SAMEDI 02 JANVIER 2010, A 09:38
    LA VILLE ET LE NOUVEL AN
     

     

    Poussée par la folie

    Des néons, des tams-tams,

    Folie des fringues, des jeux, des miroirs,

    Je cours la ville, aux abois,

    N'osant hurler ma lassitude

    Et zappant les vitrines

    Qui blessent mes yeux.

     

    Sur moi s'écroulent

    Consommation, lumière et bruit.

    Mon sang à ma tempe

    Tape à mesure, brûlé de fièvre.

    Je suis la proie chassée, convoitée, piégée

    Des vendeuses fielleuses

    Et des baratineurs.

     

    Où puis-je poser mon pied

    Dans l'herbe verte, douce et tendre,

    Et  goûter à la source qui me rafraîchira

    Froide, pure, exquise?

     

     

     

    VENDREDI 01 JANVIER 2010, A 17:14
    DERNIERE PRIÈRE POUR LA NOUVELLE ANNÉE
     

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Toi qui connais le nombre de mes jours,

    Toi qui as sondé mon cœur,

    Toi qui comptes mes cheveux fous ?

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Toi qui me donnes l'eau, la lumière et le pain,

    Toi qui étends sur moi ta main

    Lorsque la nuit s'accroupit

    Sur mon dos fatigué

    Sur mes pensées figées ?

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Et quel sens a pour toi une nouvelle année,

    Toi, l'éternel dans cette immensité ?

     

    Quel vœu ferai-je pour mon Seigneur,

    Lui qui m'a donné

    L'arbre de la forêt,

    La fleur sur le talus,

    Mon chien fidèle et mon chat engourdi ?

     

    Quel vœu ferai-je pour mon Seigneur,

    Lui qui m'a donné

    La mer et le chant des baleines,

    La neige et les glaciers bleutés ?

     

    Quel vœu ferai-je pour toi, Seigneur,

    Toi qui m'as donné une si belle terre

    Où chaque pièce a son unique place ?

     

    Je fais vœu pour cette année nouvelle

    De ne plus abîmer ta  création,

    De ne plus en abuser,

    De ne plus la détruire

    Car c'est un merveilleux puzzle

    Où je suis moi-même imbriquée.

     

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    JEUDI 31 DÉCEMBRE 2009, A 17:22
    DEUXIÈME PRIÈRE POUR LA NOUVELLE ANNÉE
     

     

    Je donnerais beaucoup, Seigneur,

    Et mon chant, et ma voix,

    Pour t'oublier un peu,

    Douter de toi,

    Renoncer à ta présence,

    Etre sûre de ton absence.

    Pour une fois seulement,

    Une heure pour un rire d'ivresse,

    Un cri de désespoir,

    Un dimanche pour célébrer le culte de mon corps :

    Footing et sauna, tennis et cinéma.

    Un mois pour tempêter contre moi-même

    Contre l'enfant, l'ado, le collègue,

    Et les vieillards, et les politicards

    Et tous les autres forcément imparfaits,

    Forcément agaçants

    Qui me renvoient mon imparfaite image

    Une année plutôt, où j'enfourcherai le cheval d'égoïsme

    Cornu et fougueux,

    Les narines fumantes de désirs refoulés. 

    Une décennie encore pour réaliser

    Mes rêves les plus fous.

     

    Je donnerais beaucoup, Seigneur,

    Pour qu'une fois seulement,

    Dans ma vie de mille et un soupirs,

    Vers toi, Seigneur, mille et un sourires,

    Vers toi, Seigneur, un millier de  chansons,

    Vers toi, Seigneur, des millions de  clameurs,

    Vers toi, Seigneur, l'essor de mon âme,

    Portée vers toi, Seigneur, par brise ou par zéphyr,

    Par l'impétueux aquilon,

    Par l'autan desséché,

    Par le mistral qui caracole,

    Par la bise coupante ou le baiser du vent,

    Vers toi, Seigneur, toujours portée au ciel

    Là-haut, trop haut pour moi,

    Trop haut perchée.

    Mon nom même, Seigneur,

    A tes lèvres toujours prononcé,

    Toujours appelé.

     

    Oublie-moi un peu Seigneur,

    Une heure, un jour, un mois peut-être,

    Car ta présence s'impose

    Et lors, s'impose  ma vie.

     

     

     

    JEUDI 31 DÉCEMBRE 2009, A 07:29
    PREMIÈRE PRIÈRE POUR LA NOUVELLE ANNÉE
     

     

    Je suis entré dans le temple, Seigneur, la synagogue et l'église

    Je t'ai parlé, Seigneur, je me suis incliné,

    Je t'ai prié, Seigneur, j'ai psalmodié ton nom trois fois saint.

    J'ai appelé sur moi ta bénédiction, ton regard, ta providence,

    Et toujours, toujours, Seigneur,

    Tu m'as regardé, écouté, répondu.

     

    J'ai cru en ta présence. J'ai cru en mes prières

    Et plus d'une fois, le souffle de ton esprit

    Est descendu en moi,

    Chaleur réconfortante ou langues de feu brûlantes,

    Mais au seuil de cette année,

    Oublie-moi,Seigneur, oublie-moi car tu as trop à faire.

     

    Les martyrs, les saints et les prophètes

    Tu les as beaucoup aimés.

    Vois comme leur vie fut dure,

    Leur destinée cruelle :

    Par le glaive d'Abraham, tu as éprouvé sa fidélité

    Et dépouillé Job qui clamait tes louanges.

     

    Le 31 décembre pose un couvercle sur cette année

    Qui fut acide à mes dents agacées.

    Les pauvres ont encore faim, les esseulés ont soif,

    Les migrants poursuivent leur marche éperdue

    Les mendiants quêtent dans les rues,

    Dans les déserts n'ont pas fleuri les amandiers.

     

    Mille vœux s'échapperont des lèvres cette nuit,

    Des vœux pour ceux qu'on aime et qu'on voudrait heureux.

    Courriel, voix ou papier,

    Tous ces vœux gagneront le ciel comme bulles légères.

    Mon vœu pour moi est simple, unique et désespéré :

    Laisse-moi rêver, Seigneur, au moins le premier janvier

     

     

     

    MARDI 29 DÉCEMBRE 2009, A 22:25
    VIEUX DICTIONNAIRES
     

     

    Vous en craquerez peut-être,

    Pauvres étagères de hêtre,

    Mais vraiment, non, je ne veux jeter aucun livre.

     

    Mes préférés sont les plus vieux et les plus inutiles

    Ceux dont la couverture est arrachée,

    Ceux dont on n'a plus le titre,

    Ceux dont les pages sont détachées.

     

    Je ne jetterai pas une poupée au bras avulsié,

    A la tête brinquebalante

    A l'œil énucléé,

    Je ne jetterai pas non plus mon papier.

                Bigre, t'es démodée !

     

    Mon préféré est un vieux dictionnaire

    J'en ai dix neufs, mais je m'en sers

    Pour le plaisir de feuilleter

    Du papier missel à peine écorné.

     

    Avec des mots qu'on ne dit plus

    Et sans les mots que j'abomine

    Avec des croquis démodés

    Et le passé que j'aveignis.

            Parle verlan !

     

    C'est le poète qui me le dit

    Ou nos républicains de la primaire ?

    Ma fille, prends ton rouet et file

    Ton ordinateur a craché.

    Reprogrammez le logiciel !

     

    On voit dans la campagne sommeillante

    Le bœuf attaché au travail,

    Le sonnailler marche devant l'agneau,

    Le lavandier met ses houseaux.

     

    Le schlitteur descend le lourd sapin,

    Sa femme remplit la huche à pain,

    Le fils pipe l'oiseau de grand matin,

    La fille donne au bourrin son picotin

            Aie, aie, aie, les reins !

     

    Quand les enfants de Marie jettent des roses sur l'ostensoir

    Le porte-dieu est à côté du porte –dais

    Qui suit le porte-croix précédé du porte-crosse

    Car le porte-bannière a préféré le porte-bobèche .

          C.R.S  et pavés ?

     

    Le militaire au shako effrangé suit la rocade stratégique

    Pour aller voir les riz-pain-sel du Mozambique

    Et leur mendier la rocambole authentique

    Avant d'aller coucher dans le pailler.

          Et l'air conditionné ?

     

    Le plumeau de la chambrière à la journée

    Effleure le plumier de l'écrivassier

    Qui trempe sa plume d'acier (sergent-major )

    Dans l'encrier de buis sculpté.

         Zut ! mon imprimante est bloquée !

     

    On traverse la Manche en picoteux,

    On prend les flots sur le sacolève du Levant,

    On gobelotte en phaéton plein de gueuses,

    On use ses godillots en marchant .

         Et vive mon 4-4 !

     

    Le paravent suit la parasolerie

    Où les parapluies abritent une famille entière,

    Le pétrole sert à l'éclairage,

    Les images s'animent au cinématographe.

          Achète un I-pod !

     

    On voit aussi dans mon dico un pied de chèvre épaté

    Et de lourds pieds de biche à la poignée de bois.

    On met les poucettes au prisonnier

    On reçoit les étrennes du bonhomme Janvier !

        C'est une pub ?

     

    L'Algérie est colonie française

    Et je suis de Seine et Oise,

    On cultive l'armoise aux Pays-Bas,

    New York est La Nouvelle Amsterdam.

     

    La Bohème est fière de Prague,

    Les Anglais boudent en Palestine,

    Les Mosellans parlent allemand,

    On vend le riz de Cochinchine.

    Combien de morts inutiles !

     

    On mange les feuilles de roquette,

    Des fèves vertes à la sarriette,

    Du pâté d'alouette pour Guillaumette

    Des raves cuites dans l'aneth .

         Oh !  oh !Mac Donald !

     

    Vieux dictionnaire, tu m'enchantes

    Et  cernes mon front de souvenirs,

    L'or des mots doux et durs que prononce parfois

    Feu mon grand-père dans tes pages bruissantes…

           J'ai vraiment rien pigé !

     

     

     

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2009, A 20:03
    MATIN D’HIVER
     

     

    Quand le matin s'éveille

    J'aime tôt me lever

    Et marcher dans les grandes plaines.

    J'aime voir s'empourprer les bosquets de roseaux

    Et s'embraser de feu sous les jets de soleil.

    L'hiver sans eux est triste de grisaille

    Mais la lumière jaillit

    Et sous la coupole rose de l'air brumeux

    Les matins appuient leur flanc

    Contre les terres rougies.

    Ici, tout semble rouillé comme un fer

    Abandonné aux hasards de la pluie,

    Et le socle immense de la terre

    Défriche inlassablement les heures mêlées

    Mes pas me portent toujours

    Vers l'arche blonde d'une eau passante

    Agenouillée sur les cailloux crémeux.

    Elle envoie chaque instant vers les cieux

    Ses prières mouillées d'espoir.

    Au ras de l'eau,

    Près des vases huileuses frôlées par les tritons

    Les fresques mouchetées d'un courant immobile

    Dessinent des yeux pleins de confiance.

    Puis, quand les heures descendent

    Sur les berges blafardes,

    Les peupliers peignent des songes.

    Et l'onde dénouée se gorge de flocons d'or

    Précipités du ciel en poudroiements perlés,

    Etoiles sans chaleur

    Qui s'endorment

    Lorsque l'aube s'évase.

    Dans la campagne,

    Les chênes pensifs gravement veillent,

    Leur ramure crénelée couverte de feuilles

    Marcescentes convolutées et sèches

    Les jardins endormis

    Attendent pour l'été

    Le concert des rosiers à vif.

    En automne, on a planté

    Près des pivoines aux paupières closes

    Des iris au regard de violet velours

    Qui jailliront en flèches dès le premier soleil .

    Et le romarin bleu refleurira

     Pour enivrer les guêpes brunes,

    Oui, le soleil sèmera sa poudre de mimosa

    Egrenée par les vents tièdes d'avril.

    Les yeux fendus de malice,

    Un lézard parcheminé

    Filera des fils d'or

    Sur une branlante muraille.

    Hélas, je  rêve seulement, quand, vers midi,

    La fourrure moelleuse de cette fin décembre

    Caresse mon visage en oubliant quelques heures

    La morsure détestée de la bise cruelle.

    Je rêve pourtant aux papillons pliés

    Qui en secret s'exercent

    A faire frémir de beauté

    Le petit peuple des insectes.

     

     

    DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2009, A 19:58
    LA NAISSANCE
     

     

    Grâce à quoi je demeure

    Grâce à quoi je survis.

     

    Une aube légère

    Dans un bébé tout neuf

    Grâce à quoi je demeure

    Grâce à quoi je survis.

     

    Un regard malicieux

    Une exigence pleine

    Et des mains potelées

    Qui pétrissent mon cœur.

     

    Grâce à quoi j'aime enfin

    Grâce à quoi je vieillis

    Une aube légère

    Et un regard nouveau.

     

    Car j'ai donné naissance

    Et j ai donné la vie

    Plus le droit )à présent

    De dormir.

     

    Grâce à quoi je demeure

    Grâce à quoi je survis.

     

     

    DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 2009, A 10:47
    VIRELAI DU TEMPS JADIS
     

     

    Au temps que toute chose est gaie

    Vire chante, virelai

    Au temps que toute chose est gaie

    De la rosée des champs

    Ma lèvre a tout goûté,

    De la rosée des champs

    A la grande marée.

     

    Lors vint à ma bouche

    Chanson qu'ainsi j'écris

    Lors vint aussi à mon cœur

    Paroles claires de mon bonheur.

    L'hiver qui pèse nuit et jour

    Ce que c'est que décembre qui dure

    Sans cesser d'aller, sans séjour,

    Sans se laisser prendre cassure

    L'hiver m'a devancée.

     

    Mon âme encore ensoleillée

    Voit la blanc neige, voit le chagrin,

    Et tant de joie en elle est fière

    Que mon regard en est serein

    Vœu donc ferai pour terre entière

    Où hommes sont comme rameaux,

    Au printemps ils se délectent

    Et que la sève les humecte

    Pour que verts et fleuris

    Vivent tous et chacun depuis,

    Et soit en eux le Paradis...

     

     

    MARDI 08 DÉCEMBRE 2009, A 14:57
    MENDICITÉ
     

     

    T'as pas cent balles?

    C'est pour brouter

    Sur l'beau gazon de l'Evêché.

     

    T'as pas cent ronds

    Pour écouter

    Tous les flonflons de l'orphéon?

     

    T'as pas cent thunes

    C'est pour buller

    Sous les soleils  de l'Elysée?

     

    T'as pas cent sous

    C'est pour chanter

    Mon pauv'copain qu'est sidayé?

     

    T'as pas d'l'oseille?

    C'est pour l'appel

    D'une jolie fille su'mail

     

    T'as pas d'galette

    Pour jouer les riches

    Au grand hôtel?

     

    Si t'as l'grisbi , t'as des amis

    On ira boire

    Au Paradis.

     

    Donne des quibus

    J'prends l'autobus!

    Pour le taxi, faut trop d'radis!

     

     

    T'as une minute

    Qu'on boive un pot,

    Qu'on s'dise un mot, même en argot?

     

    Y'a plus d'écus

    Y'a plus d'pétrole

    Y'a des euros, moi, c'est zéro!

     

     

     

     

     

     

     

    MARDI 08 DÉCEMBRE 2009, A 00:11
    A TOUTES LES FEMMES EXILÉES PAR LA MISÈRE OU LA GUERRE
     

     

    Exode des femmes

    Pliées de peur, de honte et de chagrin,

    Je ne suis plus qu'une feuille abîmée ;

    Je me dessèche sur la terre glaciale ou brûlante,

    Accroupie pour des prières muettes et sans dieu.

    Je suis un cocon mort replié sur un cœur figé

    Et mes ailes flétries ne voleront jamais.

    J'ai bu de l'eau croupie

    Tiédissant dans un fossé de bord de route

    Et je n'ai vu ni le ciel bleu

    Ni l'or de l'Orient rompant le grand silence

    Ni la pluie étoilée claquant sur le pavé

    Ni la terre enneigée attendant le printemps

    Ni les avions d'argent glissant dans les nuages.

    Sèche et nue, et seule et vidée de larmes ;

    Feuille tombée de l'arbre bouillant de sève,

    Quand Dieu jeta du Paradis,

    Eve ma sœur douloureuse,

    Eve ma mère humiliée,

    Eve ma fille souillée,

    Eve ma bien-aimée privée de lumière,

    De mots, de justice.

    O douleur des femmes aux entrailles déchirées

    Proies de l'ogre affamé,

    Proies des Eglises saintes et muettes,

    Proies des bébés haineux et dévorants,

    Vous et vos pères majestueux,

    Vous et vos fiers maris

    Caressant vos cheveux dénoués

    En murmurant des mots d'amour

    Qui bleuissent leurs lèvres

    Et brisent votre crâne,

    Qu'avez-vous donc appris en traversant les siècles ?

    Femmes aux paumes calleuses,

    Femmes aux doigts noués,

    Femmes aux dents éclatées

    Par les paroles de haine,

    Par les vipères sifflantes qui nouent votre parole,

    Femmes aux épaules sèches

    Que nul bras n'a protégées

    Femmes, mes sœurs aux lèvres cousues,

    Femmes, mes sœurs cachées,

    Mes sœurs de misère,

    Mes sœurs d'injustice,

    Mes sœurs pitoyables,

    Vous qui cherchez dans la poussière et le sable et la glace

    Le bois pour vous chauffer,

    Le grain pour vous nourrir, la miette, l'eau,

    Vous qui offrez vos mains à vos fils désarmés,

    Vous qui suintez les larmes, le lait, le sang,

    Vous toutes mes sœurs divines,

    Chantez, chantez, chantez

    Vos Requiem in pace.


     



     

     


    MERCREDI 02 DÉCEMBRE 2009, A 15:15
    STRING ET BURKA
     

     

    Et pour cacher sa nudité

    Elle avait mis sur son petit devant

    Un triangle de soie trop étroit.

    Elle avait mis sur son petit derrière

    Un cordon de ficelle dorée

    Mais pour cacher sa nudité

    Ce n'était pas assez.

     

    Elle avait mis alors

    Sur ses petits vallons bien ronds

    Une culotte à fleurs en coton très serré

    Qui cachait son petit devant

    Qui cachait son petit derrière

    Mais pour cacher sa nudité

    Ce n'était pas assez, le pantalon fut demandé.

     

    Pour se baigner dans les flots

    Un petit haut à balconnet

    Un petit bas sous le nombril

    Mais pour cacher sa nudité

    La blancheur de sa gorge

    Et sa jambe galbée

    Ce n'était pas assez, elle se baigna toute habillée.

     

    Pour marcher dans les rues de Kaboul

    Pour marcher dans les rues de Paris, d'Istanbul

    Elle avait mis sous ses genoux

    L'ourlet de sa jupe évasée

    Mais pas de collant gris.

    C'était loin d'être assez

    Elle a reçu cinquante coups de fouet.

     

    Pour aller au marché

    Elle avait caché ses cheveux de feu

    D'un joli foulard bien noué

    Ce n'était pas assez

    Et pour cacher sa nudité

    Il fallut mettre aussi

    La longue robe noire sur ses souliers de fée.

     

    Et pour cacher sa nudité

    Pour éviter les regards appuyés

    Elle partit grillagée, verrouillée, enterrée

    De la tête jusqu'aux pieds, la burka s'imposa.

    De noire toute vêtue

    Juste un fantôme dans les rues

    Qui la verrait pleurer ?

     


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  •  

    LUNDI 30 NOVEMBRE 2009, A 18:18
    LE BONHEUR VERT
     

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    On dit fleur ou fruit

    Et des arômes et des douceurs de pétales et de pulpe

    S'exhalent et m'enlacent.

    Douces et vireuses

    Elles me disent : sois heureux.

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Je dis vent et bourrasque

    Et brise qui murmure

    Et coulis qui s'éteint.

    La girouette qui geint

    Apaise mes colères

    Et me souffle tout bas : sois heureux

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile.

    Cascade et eau dormante me coroient et me ripent.

    Et jaillissent et ondulent

    Des sources et des étangs.

    Je m'immerge et me trempe

    Et l'eau suinte pour moi : sois heureux..

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Prendre l'arbre à plein bras

    Et planter, et semer

    Chanter sous la tonnelle, danser dans  le vallon .

    Chenus ou filardeaux, douçains et sauvageons

    Les sylves ont fredonné pour moi : sois heureux.

     

    Mais non, ça ne doit pas être si difficile

    Je claironne : soleil, se réveillent Osiris, Phébus et Mithra

    Qui de forces dorées couronnent l'univers étincelant,

    Et réveillent mes yeux endormis sur mes rêves

    Effacent de ma nuit mes brûlantes  peines

    Et d'or et de lumière clament très fort : sois heureux

     

    Chanvre, plainte et déchirure

    Et velours ou tendresse

    Et clémence ou satin,

    Que te louangent toutes les fleurs, toutes les eaux,

    Tous les vents, tous les fruits, et les arbres dressés

    Et le soleil radieux et les racines obscures.

     

    Que la nature toujours à ton oreille vigilante,

    Doucereuse et pateline

    Cassante et dévorante

    En une mélopée gracieuse, en un cri proclamé

    Te dise, oui, te dise :

    Homme, sois heureux..

     

     

    LUNDI 30 NOVEMBRE 2009, A 12:55
    JARDIN
     

     

    Et tu pourrais sans doute

    Descendre en ton jardin

    Marcher dans l'herbe douce

    Caresser le matin.

     

    Et tu pourrais ainsi

    D'une timide main

    Effleurer la rose rouge

    Qui a fleuri ce matin.

     

    Un petit homme a baillé:

    C'était un nain de jardin..

    La rose rouge est fanée

    Le petit homme est tombé .

     

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 16:25
    L' ÉPERVIER
     

     

    As-tu vu au bord de la falaise

    Le petit épervier immobile et vibrant?

    Suspendu entre ciel et mer,

    IL hésitait sur sa destinée

    Et poussait un long cri plaintif

    Que la vague au loin étouffait...

    Comme j'aimerais ainsi me pendre dans le vent

    Et  croire atteindre les nuages blancs,

    Et croire entendre encore et encore

    L'herbe pousser sous mes pieds!

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 16:07
    SAGESSE
     

     

    J'ai pensé être reine

    Vivre un soleil doré.

    J'ai pensé être flot,

    Bateau errant et vogue sans galère;

    J'ai pensé être sainte

    Couronnée d'une épine ambitieuse.

    J'ai pensé être maudite

    Bateau en dérive et vogue le flot

    Qui nourrit savants et génies;

    J'ai pensé être sage

    Vivre sans heurt, sans blessure

    Les yeux fermés, la bouche close

    Et faire danser les idées rudes:

    Foi, bonté, droiture,

    Des mots oubliés, des mots démodés

    Petit roseau plié, j'ai bien courbé ma tige

    Ni sainte, ni reine, ni sage

    Sans combat mais cousue de blessures

    Et vogue mon bateau sur l'unique océan

    Centre de l'univers où mon Dieu m'a conduite.

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 15:58
    PRONOMS PERSONNELS
     

     

    De toi à moi

    Ou lui ou toi

    C'est toi ou moi

    Ou lui et moi

     

    De elle à moi

    Ou elle  ou moi

    c'est elle et toi

    Et toi sans moi

     

    De toi à elle

    Ou elle et toi

    C'est elle ou moi

    Et  elle sans toi

     

    Et nous sans elle

    Et nous sans vous

    Et vous sans nous

    Et nous pour nous.

     

     

     

     

     

    DIMANCHE 29 NOVEMBRE 2009, A 10:21
    PARIS
     

     

    Parfois, ne vous moquez pas,

    Je quitte mon jardin, lassée de mes herbes mouvantes

    Et du grand ciel qui ne me répond pas.

    Parfois, ne vous moquez pas,

    Je me sens irrésistiblement appelée

    Par la foule et le bruit

    Et le métro grinçant,

    Et les trottoirs bondés.

    Je marche dans les rues

    Choisissant avec soin

    La bousculade et les encombrements,

    Les néons lumineux et les moteurs rageurs.

    Oh, ne vous moquez pas,

    Je m'assieds sur un quai de métro

    Aux pires stations, aux heures de presse,

    Et les piétons qui me bousculent sans s'excuser

    Me rendent à mon humanité.

    J'aime ce bain de foule où je me sens unique

    Et membre d'un grand corps, frère de tous mes frères

    Clodos et pédégés, minettes et croulants.

    Je suis l'homme régnant sur terre

    Couronné, vainqueur, immortel.

    Non, ne vous moquez pas, Paris parfois m'appelle

    Ou Londres, Sao Paulo, Rome et Milan.

    Et je m'échappe de mes prisons

    Dans un rire, une danse, un opéra

    Quand je marche sur le bitume

    Vibrant des mille cœurs qui battent

    Au rythme de mes pas.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:47
    MA MAISON
     

     

    J'habite une maison haute

    Ou règne une belle harmonie

    Du lin de Cogolin, des toiles peintes

    Et des fleurs un peu assoupies.

     

    Une chambre à baldaquin

    Un parquet ciré sous l'alcôve

    Des porte-plumes, un guéridon fragile

    Et des cache-pots sous les amandiers nains.

     

    Au salon, des médaillons empire

    Des figurines en biscuit sous  l'opalescence des lampes

    Un portrait sépia du prince impérial

    Une horloge  qui ne sait pas compter.

     

    Une collection de chats hiératiques

    Sur la commode palissandre

    Et des aquarelles pâlies

    Encadrées de dorure mouchetée

     

    Une salle de bain carrelée

    Une vasque en pâte de verre

    Une  psyché bancale

    Et des fontaines en col de cygne.

     

    Une grande cuisine dallée

    Avec des poutres raides et un évier carré

    Une rangée de cafetières étiques

    Et le fourneau paré de céramiques .

     

    Entrez, entrez dans ma maison

    Elle est faite pour vous, visiteurs et amis

    Moi, j'ai ma niche et ma pâtée

    Dans un bureau empoussiéré.

     

    Des livres couchés, des livres étranglés

    Des revues lues, découpées, des crayons rongés

    Des papiers à classer, à trier, à jeter

    Des papiers à relire, des papiers pour pleurer.

     

    Pagaille, désordre et fatras

    Pêle-mêle d'ouvrages brochés

    Capharnaum de lettres et d'épîtres

    De missives à corriger, de messages à poster

     

    C'est dans cette confusion plumitive

    Cette misère domestique

    Que je scribouille, que je tartine,

    Que je découvre mes chansons.

     

    Je me vautre dans les phrases alanguies

    Je me ventrouille dans le sucre des mots

    Je me vitule dans les papiers noircis

    Je me barbouille d'encres séchées.

     

    De ce chaos,

    De cette bauge,

    De ce repaire,

    De ce terrier,

    De ce cloaque de papier ,

     

    Je vois, moi, mille colombes s'échapper.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:40
    MARIAGE D’AMOUR
     

     

    Si tu veux, oui, pourquoi pas

    Sans doute en blanc, en tulle et dentelle

    Noeud papillon, chapeaux de rêve

    Orgue  vainqueur, repas de fête.

     

    Si tu veux, oui, pourquoi pas

    Je serai demain à ton bras

    Chansons d'amour, refrains coquins

    Et nos parents un peu chagrins.

     

    Pour le meilleur et pour la joie

    Mais seulement pour aujourd'hui

    Si tu le veux, oui, pourquoi pas

    Nous croire liés la bague au doigt.

     

    On louerait tout pour de rire

    Le maire enrubanné et la calèche en fleurs

    On louerait seulement la journée de bonheur

    On n'aurait pas besoin de divorcer.

     

     

    JEUDI 26 NOVEMBRE 2009, A 20:34
    EDUCATION
     

     

    Un et un deux

    Deux et un trois

    Trois fois trois neuf

    Je, tu, il, nous, vous, ils

    Le pistil, les étamines

    Hugues Capet

    Robert le Pieux

    Henri 4 et Ravaillac

    La fourmi n'est pas prêteuse

    Sur un tapis de Turquie

    Le couvert se trouva mis

    Bijou, caillou, chou, genou

    Mais où est donc Ornicar,

    L'âge du capitaine point d'interrogation

    Le diamètre , les équations

    Rosa, rosa, rosam

    My taylor is rich

    Desayuno u cena

    Frites et purée-jambon

    Ravaudage et lessive

    Courses et maman-taxi

    Marivaudage et bavardage

    Sont les vraies mamelles de la femme

    Qui tricote au jour le jour

    Les heures perdues, les heures jetées

    Et ne voit pas d'ouvrage avancer

    Chers petits à éduquer

    Il faudra recommencer  encore et toujours

    Je bêtifie, tu bêtifies, vous bêtifiez

    C'est le destin des mères phagocitées

    Meurs, mourons, mourez.

     

     

    MARDI 24 NOVEMBRE 2009, A 19:19
    OBÉISSANCE
     

     

    Elle avait appris à dire

    Oui, madame et oui, monsieur

    Elle avait appris à se tenir à table

    Elle avait appris à ne pas crier.

     

    On lui avait dit: sois sage et tais-toi,

    Elle était sage, elle se taisait.

    On lui avait dit: obéis-moi

    Et elle obéissait.

     

    C'était à dix, c'était à vingt,

    A trente et quarante ans, la vie, la vie,

    Elle était sage et bien docile

    Tout un chacun l'aimait.

     

    Et puis des oui madame, des oui monsieur

    Elle eut un jour assez

    Elle voulut vivre et dire: je veux

    Mais la chanson était fêlée.

     

    Vole, bel oiseau vole

    Et sauve-moi de moi

    Qu'un tourbillon de plumes

    Libère la foi qui dort en moi.

     

     

    MARDI 24 NOVEMBRE 2009, A 16:02
    BROCANTE
     

     

    Le musicien est mort en juin

    Le vieux piano est à vendre

    Tout habillé de poussière argentée

    Entre un frigo et une télé.

    Les touches pleurent quand le client les frappe

    Le brocanteur n'a pas de cœur

    Le musicien est mort en juin  

    Le piano pleure, et meurt

    Il meurt de chagrin.

     

     

    LUNDI 23 NOVEMBRE 2009, A 18:31
    NOUVELLE JOURNÉE
     

     

    Le  jour se levait

    Lorsqu'une pensée lui troua l'esprit ,

    Comme une chiure de mouche

    Sur une vitre fraîchement lavée :

    Ma vie sera toujours une entreprise inachevée.

    Le jour se levait

    Avec cette idée

    Aussi débilitante que rigoureusement exacte.

    Il aurait fallu se rendormir,

    Rêver de nouveau à des prairies en fleurs,

    A des couronnes de mariée,

    A des plages de sable blanc.

    Au lieu de quoi,

    Elle se jeta hors de son lit

    Et se prépara à affronter une réalité

    Aussi pesante qu'une sinusite.

     

     

    DIMANCHE 22 NOVEMBRE 2009, A 14:18
    BÉATITUDES
     

     

    Centrales empoisonnées

    Bateaux de plutonium,

    Ozone troué

    Sida, vétusté, corruption,  L.S.D.

    Violence et insanité

    Internet rose et truqué

    Faim et chômage

    Guerres et suicides

    Racismes et intégrismes

    Mensonges et perversité,

     

    Ouvrir ou fermer les yeux

    Est mon seul choix.

     

    Non, je ne peux pas croire

    Que l'oiseau ne chantera plus,

    Et je ne peux pas croire

    Que mes yeux dessillés

    Ne verront que le Diable

    Portant en croupe

    L ‘humanité bafouée ;

     

    Nous verrons l'espérance dans les yeux des bébés

    Nous verrons les enfants jouer

    Nous verrons le printemps jaillir sous la lumière.

     

    Nous verrons les malades se lever en riant

    Nous verrons l'océan où dansent les dauphins

    Nous verrons les blés dorer dans les déserts

     

    Nous verrons l'alouette chanter sous le soleil

    Nous verrons le chômeur debout tôt le matin

    Nous verrons le poète éteindre les écrans.

     

    Nous verrons les ministres servir l'humanité

    Nous verrons des lois justes et des journaux ouverts

    Nous entendrons des chants, des prières, des pardons.

     

    Et des prophètes à nouveau parleront

    Que nous saurons écouter avec déférence

    Et des savants chercheront, pour trouver la vérité de la vie.

     

    Non, je ne peux pas croire

    Que la terre se dessèche

    Que le ciel m'asphyxie

     

    Je ne peux pas croire

    Ceux qui brament, ceux qui grondent

    Et que les hommes de bien se taisent,

    Liés de peur, de lâcheté.

     

    Je fais ma part de chemin

    J'écoute l'homme en moi.

     

    Socrate, Marc Aurèle,  Saint- Thomas, Spinoza,

    Montesquieu et Voltaire, Goethe et Hugo,

    Darwin et Claude Bernard, Jaspers et Gandhi,

    Bâillonneront les nouveaux loups hurleurs

    Qui ne pourront ni mordre ni tuer.

     

    Une sève de chêne

    Sourd de nos veines bleutées

    Attendant le printemps et guettant la lumière

    Pour jaillir et réclamer ses droits. 

     

     

    SAMEDI 21 NOVEMBRE 2009, A 20:43
    UNE ALLÉE
     

     

    Il y a bien une barrière blanche

    Et une allée cernée de fleurs;

    Il y a même au bout  une maison,

    Et une porte bleue sous la lucarne ouverte,

    Et une main de cuivre pour appeler l'ami.

    Pourtant le vent  m'emporte

    Vers mes chimères et mes folies;

    Je ne fais que passer

    Tel un duvet de fleur

    Effleurant cette terre

    Sans jamais me poser. 

     

     


    SAMEDI 21 NOVEMBRE 2009, A 20:28
    PAPIER, ESPOIR ET PAPIER .
     

     

    Avec une feuille de papier,

    Livre ou journal,

    Canson pour dessiner,

    Cahier pour travailler,

    Les jours sont plus supportables

    Et le réveil, au matin,

    Plus probable .

     


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  •  

    MERCREDI 28 DÉCEMBRE 2011, A 10:53
    AU DONON
     

     

     

    En ce soir du mois d'août, il partit pour marcher,

    Et sans aimer la lune, il aima sa clarté.

    Paysage d'hiver par une nuit d'été,

    L'herbe de la prairie semblait être rasée,

    Et la rosée tremblait sous le rayon jauni

    D'une couche de givre dormant sur les paillis.

     

    Quand vint le vent frisquet, il put se réfugier

    Dans une clairière ouverte où paissaient quelques biches.

    Couleur de lysimaque, un ciel jaune s'étendait

    Aux sommets veloutés des montagnes si riches.

    La pluie pulvérisée sur les branches légères

    Des sapins argentés figeait l'ombre sévère.

     

    Tandis que, dominant et seul de sa race,

    De sa branche faîtière semblant une vraie croix

    Un hêtre dépassait un peuple d'arbres droits

    Qui luttaient sous le poids de leurs épines lasses.

    Et lui seul écoutait le murmure de la nuit,

    Sa marche encore lointaine mais de rêves éblouie.

     

     

     

    MARDI 27 DÉCEMBRE 2011, A 10:08
    QUAND ELLE ÉTAIT LÀ, ET PUIS, PAS LÀ.
     

     

     

    Absente,

    J'ai cultivé les phrases jolies

    S'évaporant de ses lèvres roses

    Comme une haleine chaude et douce.

     

    Présente,

    J'ai trop parlé de moi-même.

    S'échappant de mes lèvres caustiques,

    Les brumes et les critiques caracolaient :

    Je voulais être d'une absolue rigueur.

     

    Absente,

     Je me sentais tendresse,

    Présente, je me faisais raseur.

     

    Absente,

     J'étais obsédé par sa beauté :

    Sa peau de velours à peine dénudée,

     Son cou aussi gracile que la tige des fleurs.

    Son regard de myosotis pâle

    Faisait chavirer mon travail.

     

    Présente,

    Je marchais droit devant moi,

    Absente,

    Je posais ma paume forte

    Sur ses petits doigts légers.

     

    Je râlais pour des riens quand elle était là,

    Puis, quand elle était partie,

     Je rêvais à son sourire

    Que malgré moi, j'avais éteint.

     

    Elle est partie, j'ai tellement froid !

    J'ai peur du vide

    Que mes paroles arides ont creusé.

     

    Elle est partie, la reverrai-je ?

    Tout résonne et frissonne…

    J'ai froid dans mon cœur sec

    Qui chante sourd ou reste muet,

    Ce cœur vidé pleure

    Des épis mûrs et non coupés

    L'attente vaine.

     

     

     

    MARDI 27 DÉCEMBRE 2011, A 09:10
    QUELQUE SOIT SON NOM
     

     

     

    Entre nous deux,

    Et quelque soit son nom,

    Il se créera d'abord un silence,

    Et ce silence ressemblera à une attente.

    Puis, il y aura un certain regard,

    Et peut-être alors sa lèvre sourira…

     

    Enfin, il y aura une parole, une première parole,

    Et quelque soit son nom,

    Cette parole sera comme un cadeau.

    Vers ses yeux partiront des paroles

    Que son oreille n'entendra pas,

    Je recevrai des noms usés : train, livre, pain,

    Que seuls mes yeux entendront .

     

    Tout à l'heure, il me dira ce qu'il a fait aujourd'hui,

    Ce qu'il a fait hier, et puis avant-hier,

    Et doucement, j'entrerai dans sa vie,

    Quelque soit son nom.

     Doucement, doucement,

    Avec des mots de tous les jours,

    J'entrerai dans sa vie.

     

    Et si j'attends bien patiemment,

    Si j'attends que sa lèvre ait rendu mon sourire,

    Je sais qu'il me dira aussi

    Ce qu'il fera demain, après-demain,

    Et même ce qu'il fera  l'an prochain ;

    Quelque soit son nom,

    Il parlera de ses inavouables projets,

    Et mieux encore, il parlera de ses regrets.

     

    Je ne le connais pas,

    Il n'a pas encore de nom,

    Il n'a pas traversé mon chemin.

     

    Demain, demain peut-être,

    Je l'appellerai par ce nom,

    Il me dira bonjour en prononçant le mien :

    Alors, je saurai s'il peut entrer dans ma vie,

    S'il peut entrer doucement dans mon cœur.

    Ce nom sera le visage d'un ami.

    Il pèsera tout le poids de l'espoir,

    Quelque soit son nom.

     

     

     

    SAMEDI 24 DÉCEMBRE 2011, A 17:50
    CADEAU DE NOËL EN MAI
     

     

     

    Je n'avais ni cheval de bois,

    Ni lapin au tambourin,

    Ni landau, ni trottinette,

    Ni polichinelle sur une échelle.

    Je n'avais ni poupée ni poupon,

    Juste un vieil ours dans les bras :

    On me trouva trop grande pour ça !

     

    On me somma de le donner

    Y'a plein d'enfants qui n'auront rien,

    Va le porter chez les voisins,

    Le petit Jules n'a point d' papa.

     

    J'étais contente d'avoir grandi,

    Mais je revins très chagrinée.

    Mémé qui n'avait rien pour vivre,

    Voulut m'en consoler.

    Sou à sou , elle épargna son pécule :

    J'eus un nounours au mois de mai.

     

    Son poil est élimé,

    Ses jambes sont déformées,

    Son nez part de travers,

    Un œil est éraillé, les oreilles sont pliées.

    Recousu  par mes petits doigts maladroits,

    Les copeaux de bois

    S'échappent de son ventre percé,

    Ses vêtements serrés

    L'empêchent de sombrer !

     

    C'est mon nounours :

    Il m'a suivie partout.

    Je le prête le soir

    Quand un enfant a peur du noir :

    Mémé donne sa voix

    A ce vieil ours délabré.

    Câlinant le vétuste joujou,

    Les enfants dont la chambre est un magasin

    De jouets rutilants et modernes

    S'en trouvent toujours consolés,

    Et moi, je pense à ma pauvre mémé…

     

     

     

     

    MARDI 20 DÉCEMBRE 2011, A 10:31
    PAROLES EN L'AIR
     

     

     

    J'ai parlé d'hirondelles et de libellules,

    J'ai parlé soirs d'été

    Et j'ai vécu de brumes

    Et de paroles châtrées.

    Quelques paroles en bleu ou noir,

    Que voulez-vous, je ne sais pas danser !

     

    Ma chanson triste,

    D'où vient-elle ?

    Il n'y a en moi ni soleil ni vent.

    J'écoute le grand souffle qui passe autour de moi,

    Je pourchasse les traces des plus petits émois,

    Que voulez-vous, je ne sais pas jouer !

     

    Ma parole s'essouffle et mon âme s'en va,

    J'habite un corps qui ne m'appartient pas.

    Je suis une oreille aux aguets,

    Une main tendue mais gantée,

    Un regard aux abois, un errant de la vie,

    Que voulez-vous, je ne sais pas aimer !

     

     

     

    VENDREDI 16 DÉCEMBRE 2011, A 11:27
    SOLITUDE MAIS PREMIER JANVIER
     

     

     

    Des murmures, des voix, des cris habitent les murs.

    Je perçois des sons, des syllabes, des mots :

    On parle quelque part,

    On bavarde, on écoute, on murmure,

    On prie ?

    Je discerne quelque chose…

    Des mots au milieu de sons,

    Des voix,

    Un appel…

    J'entends des silences chauds, riches,

    Des silences plus oppressants,

    Des silences qui sont des creux :

    Il y a quelque part des palabres,

    Une réplique,

    Un rire…

    Oui, là-bas, des gens se parlent, au loin,

    Des gens qui se regardent

    Des gens qui ont été invités :

    Ils sont tournés les uns vers les autres

    Autour d'une table ?

    Autour d'un verre ?

    On ouvre des cadeaux enrubannés, peut-être,

    On allume des guirlandes lumineuses,

    On partage un gâteau de fête ?

    Il y a une humanité derrière ce mur

    Où je me tiens pliée.

    Et moi , que dirais-je ?

    Pourquoi ? Pour qui ?

    Qu'aurais-je à dire que quelqu'un puisse écouter ?

    Avec qui partager mon verre ?

    Mon silence m'écrase :

    J'allume ma télé.

     

     

     

     

    JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011, A 20:32
    JEUNESSE
     

     

     

    Ainsi parlent les bouches d'ombre

           Qui ont vieilli.

    Ma bouche à moi est jeune,

           Elle se tait donc, parfois.

     

    Elles n'ont pas ma parole,

           Légère,

    Elles ont la sagesse

           Amère.

     

           Moi, je ris

    Quand elles sourient,

           Moi, je danse,

    Quand elles avancent.

           Moi, je m'élance

    Quand elles cheminent .

     

    Nous ne sommes plus de même feu,

    Nous ne sommes plus de même argile.

     

           Je chante

    Quand elles murmurent,

           Je pleure

    Quand elles oublient.

     

    Suis-je un ruisseau

    Face à cette eau dormante ?

    Quelle est ma chance,

    Face à mon essence qui s'en va,

     

    O, ma filante enfance ?

     

     

    JEUDI 15 DÉCEMBRE 2011, A 19:35
    INSOMNIE
     

     

     

    Un soir de plus,

    La nuit viendra encore.

    Je ne tiens plus debout,

    Je ne veux me coucher,

    Et je me plains moi-même.

     

    Un soir encore,

    La nuit me guette,

    A pas menus,

    Le sourire carnassier,

    Il fait si noir en ma maison !

     

    Mais comment voulez-vous

    Que je dorme sans rêve ?

     

     

    MERCREDI 14 DÉCEMBRE 2011, A 21:21
    POÉSIE INCERTAINE
     

     

     

    Un jour de bel enthousiasme,

    J'écrivis un poème vif comme une chanson,

    En trois mots, quatre temps,

    Mémoire, rends-moi mon poème d'antan.

     

    Quatre mots pour un poème,

    M'en souviendrais-je encore ?

    Ciel, vent, rose de sable ? Le saurais-je ?

    Quatre mots de bruyère et de mer.

     

    Avec des doutes et des larmes salées,

    Des mots de tous les jours

    Pour des matins remplis de brume,

    Et des soirées près d'une cheminée.

     

    J'écrivis ce jour-là le plus doux des poèmes.

    Hélas, il s'est perdu  en s'envolant,

    Et j'ai perdu la clef des mots en quatre temps

    Qui parlaient doucement de la rose des vents.

     

    Sans me lasser, avec des mots plus acérés,

    Je cherche encore les bruyères mauves,

    Je cherche les marées bruissantes et salées

    Qui vous feront rêver en me lisant.

     

    J'ai oublié les mots jolis,

    Les rêves roses et les jardins du paradis,

    Mais j'ai gravé les titres amers

    Car je parlais d'amour, de peine et d'amitié.

     

     

     

    MERCREDI 14 DÉCEMBRE 2011, A 20:58
    SOUS L'ÉCORCE
     

     

     

    Terre, éternité,

    Ou seulement le mot toujours.

    Amours liées d'une lanière étincelante,

    Mais création d'une constante fragilité.

    Un jour suffit à faire ou à défaire,

    Un jour construit,

    Un jour mûrit,

    Un jour meurtrit.

    Peine ou bonheur, les fruits diffèrent :

    Magie des regards et des mots,

    Parfois, sorcellerie.

    Quand le fruit est rongé 

    Le noyau se dénude, découvrant sa beauté :

    L'écorce était bien belle,

     Et  plus beau le noyau.

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 20:32
    LES INFOS DE CE JOUR
     

     

     

     

    Sur mon petit écran

    Et sur le vieux papier,

    Tout un jeu désaccordé,

    Un feu qui couve sans brûler.

     

    Des années, des siècles de sagesse

    Ont été oubliés :

    On peint sur des cailloux,

    On écrit sur les nuages qui passent,

    Là-bas, bien loin des foules

    Tendues vers leur écran.

     

    On grave le verre déjà dépoli,

    Et les cœurs blancs

    N'ont plus assez de mouchoirs

    Pour se consoler des chiens écrasés.

     

    Dans la boue, les incroyants

    Vont se laver,

    De fiel,

    Les mécréants vont se nourrir.

     

    Tandis qu'on amuse le public

    Avec des simagrées de clown,

    Les étendues salées

    Autrefois appelées mers

    Font périr les alevins,

    Et l'on efface l'espérance

    Des enfants qui auraient

    L'outrecuidance de naître.

     

    Sur de nouveaux sentiers

    Qu'on a baptisés routes,

    Routes de l'information standardisée,

    Toute une confortable banalité.

     

    On ne peut même plus se plaindre,

    On est trop habitué.

    Pas de lunettes, pas de loupes,

    Ne plus rien voir, juste écouter

    La fuite de la pensée.

     

    Soutenir des ombres,

    Flatter la bêtise,

    Epaissir les rire :

    Les mouvements intérieurs restent cachés

    Puisqu'il faut s'unir

     En une unique pensée.

     

    Gare à l'incandescent propos,

    Gare au merle blanc

    Et au cygne noir

    Qui n'amusent  et ne sont acceptés

     Que dans les contes de fées.

     

    Il ne faut pas troubler les ombres,

    Ne pas effrayer les abeilles mourantes,

    Ne pas salir les déchets,

    Mais de ces décrets morbides,

    Le plus hypocrite est

    De  ne pas réveiller l'homme

    Dont l'ennuyeuse pensée pourrait

    Déranger l'ordre établi

    Par des experts aux yeux pochés.

      

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:43
    UNE QUESTION
     

     

     

    Une question ?

    -Je n'ai pas de question en moi.

     

    Une réponse ?

    -En moi, nulle réponse.

     

    Un souhait ?

    -Juste un vide,

     

    Un vide immense

    Un vide empli de sommeil.

     

    La nuit ?

    -Sans l'aube nouvelle.

     

    -Alors, éteins ta solitude

    Et rêve !

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:27
    LE GRAVIER
     

     

     

    Un gravier gris,

    Un gravier pointu,

    Un gravier tout petit,

    Un gravier bien coupant,

    Un gravier sur le joli chemin

    S'est niché dans mon cœur,

     

    Saurais-tu me l'ôter ?

     

     

     

     

    SAMEDI 10 DÉCEMBRE 2011, A 19:07
    LE TEMPS DES FÊTES,
     

     

     

    Mais qu'importent vos peurs

    Ou vos agitations de fourmis engluées,

    Et qu'importent vos pleurs

    Devant les horizons bouchés,

     

    Sonnez tous,

    Lourds carillons de bronze,

    Sonnez,

    Cloches et clochetons des hameaux !

     

    Chantez vos joyeuses chansons,

    Petits enfants emmitouflés,

    Dansez,

    Lucioles sur les balcons !

     

    Voici venir le temps des fêtes !

    Que la Noël et même l'an nouveau

    Ceignent vos fronts soucieux

    De lumineux diadèmes !

     

     

    LUNDI 05 DÉCEMBRE 2011, A 09:52
    ET MÊME SI !
     

     

     

    Et même si,

    Sur le trottoir décoré, chauffé,

    Illuminé pour Noël,

    Dorment de pauvres bougres,

     Sur des cartons mouillés,

     

    Et même si,

    Devant les épiceries sociales

    Et les soupes populaires

    S'allonge un serpent de ventres affamés,

     

    Et même si,

    Dans l'hôpital sonore

    Gémit la vieille dame abandonnée,

     

    Et même si,

    L'oppression

    Couvre le bruit des bottes

    Et de la corruption,

     

    Et même si,

    Les traders véreux

    D'un doigt agile

    Entassent des écus d'or,

     

    Et même si,

    Des illusionnistes

    Prétentieux et cupides,

    Avec un sourire carnassier

    Vendent des pommes vides,

     

    Je sèmerai à Noël mes grains de folie

    Conservés dans des pochons de soie,

    Légers mais bien solides,

    Pour faire germer l'espérance et la sérénité

    Et moissonner tout l'hiver un peu de joie.

     

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